• Communion mortelle, Frank TALLISAlors qu'en ce début de XXe siècle une série de crimes endeuille la ville de Vienne, l'inspecteur Oskar Rheinhardt et son ami, le psychiatre Max Liebermann, se lancent à la poursuite d'un insaisissable psychopathe dont l'arme favorite est... une épingle à chapeau. S'agirait-il du fameux complexe d'Oedipe, que Freud vient de mettre au jour ? Mais Liebermann doit également traiter ses propres patients, dont un homme obsédé par son doppelgänger, un double inquiétant... Traumatisme ? Hallucination ? Quand de nouveaux meurtres remettent en cause ses déductions, l'affaire prend dès lors une tournure très obscure.

     

    Mon avis :

     

    Un peu déroutant par sa construction, ce roman nous fait suivre trois voies parallèles. Il y a tout d’abord le récit des troubles dont souffre un patient du docteur Liebermann. Ensuite, l’affaire des meurtres en série, commis sur de jeunes et misérables jeunes femmes. Puis la confession écrite du meurtrier dont les passages émaillent le récit à proprement parler. Il faut quelques chapitres pour s’habituer ensuite, on prend goût à ce thriller bien bâti, aux personnages attachants et à l’écriture rigoureuse. Vocabulaire choisi, détails historiques, géographiques, lyriques ou culinaires apportent à l’histoire un petit plus plaisant. On vit littéralement dans le Vienne du début du 20e siècle.

    Le milieu de la mode est aussi concerné par ces affaires et on a droit à un cours d’histoire sur les chapeaux, les robes à corset, la Sécession et tout ce qui a fait la joie de nos grands-mères.

    C’est dans ce Vienne de l’avant-guerre qu’opèrent l’inspecteur Reinhardt et son ami le psychiatre Liebermann. Ce duo collabore de manière très complémentaire rendant l’intrigue passionnante à suivre. Ou plutôt devrais-je dire les intrigues car subtilement d’autres affaires viennent se greffer à l’enquête criminelle de départ.

     

    C’est chez Alex, du blog mot-à-mots, que j’ai découvert cet auteur, psychologue spécialiste des troubles obsessionnels, et je suis sous le charme. Nul doute que je me procurerai les romans précédents mettant en scène Max Liebermann. J’ai en effet pris plaisir à lire ce thriller psychanalytique, mettant en scène un meurtrier sous l’emprise du complexe d’Œdipe.

      

      

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  • Be Safe, Xavier-Laurent PETITIl y a quelques semaines encore, je grattais la guitare avec Jeremy dans le garage, en rêvant de gloire et de rock'n'roll pendant que P'pa, couché dans le cambouis, trafiquait ses moteurs. Il a fallu que nous croisions les sergents recruteurs, sur le parking du supermarché, un jour où nous avions soif de Coca.

    Ils lui ont promis qu'il aurait un bon job, qu'il construirait des ponts. Alors il a signé.

    «Le soldat spécialiste de première classe Jeremy O'Neil est définitivement affecté à la compagnie Sygma du 3e bataillon du 504e régiment de parachutistes de la 82e division aéroportée» dit le papier. En clair, ça veut dire que Jeremy part là-bas. Là où la guerre fait rage. Il y va pour tuer ou pour se faire tuer. On ne va pas le revoir avant des mois. Il a promis de m'écrire.

    Et tous ses mails, il les termine par cette formule : Be safe. Reste en vie.

     

    Mon avis :

     

    Un récit touchant et juste dénonçant les pratiques de recrutement de l’armée américaine.

    Jérémy est un jeune au chômage, dans une petite ville où les usines ont fermé les unes après les autres. Issu d’une famille moyenne, il ne rêve que de faire de la musique. Il passe d’ailleurs ses journées à gratter la guitare avec son frère, Oskar. Jusqu’à ce qu’il rencontre quelqu’un qui lui ouvre des portes et des perspectives qu’il n’avait jamais imaginées. Il va partir apprendre un métier. L’armée lui apprendra à construire des ponts. Mais la réalité est-elle si belle que les promesses tenues ?

      

    Le récit est raconté par Oskar, jeune adolescent de 16 ans, amoureux et insouciant. Partagé entre son quotidien de lycéen et les mails que son frère lui envoie en cachette, il est écartelé entre deux mondes, deux réalités. Aura-t-il les épaules assez solides pour vivre ça ? Trouvera-t-il dans la musique la possibilité d’extérioriser ses angoisses et sa révolte ? Ses espoirs aussi ?

     

    Intelligemment construit, recelant des histoires dans l’histoire, ce roman met en scène avec justesse et humanité la vie d’une famille (d’une communauté même) marquée par la guerre, les non dits, l’attente et la peur. Il pose de bonnes questions sur les motivations des jeunes qui décident de s’engager dans l’armée et sur ce que celle-ci peut représenter dans une société gangrénée par le chômage.

     

    Merci à Paikanne qui m’a fait parvenir ce livre. J’avais déjà beaucoup aimé « Maestro » du même auteur. Ce roman confirme son talent et me donne envie d’en découvrir plus encore.

      

     

    Be Safe, Xavier-Laurent PETIT

      

      

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  • Conversation littéraire avec Eric-Emmanuel SchmittConversation littéraire avec Eric-Emmanuel SchmittCe mercredi, la librairie « L’oiseau Lire » proposait une conversation littéraire dont l’invité était Eric-Emmanuel Schmitt. Cette librairie dynamique et novatrice est nichée au cœur d’une petite ville de 5000 habitants mais n’a rien à envier aux grandes. Les rencontres littéraires y sont toujours chaleureuses et de qualité. Ce fut le cas, ce soir encore.

    Comme beaucoup, Eric-Emmanuel Schmitt a ses partisans et ses détracteurs. Original et sensible pour les uns, commercial et répétitif pour d’autres, il peut cependant s’enorgueillir d’ouvrages populaires, au sens noble du terme, de romans réflexifs, d’essais rigoureux ou de pièces de théâtre au sujet inattendu.

    Après avoir lu « Oscar et la dame rose », « L’enfant de Noé », « La part de l’autre », « La nuit de Valognes »ou « Odette Toulemonde », je l’avais un peu mis en quarantaine. Il aura fallu « La femme au miroir » et une émission littéraire télévisée pour me replonger avec délice dans un de ses romans.

      

    Homme de dialogue, accessible et passionnant, il a ravi les lecteurs présents, en répondant avec humour aux questions qu’on lui posait sur son roman et ses héroïnes. « La femme au miroir » nous présente trois aventures singulières, trois destins de femmes excessivement proches alors que plusieurs siècles les séparent. Ces femmes libres cherchant à s’affranchir du fardeau de la société de leur époque et du regard des autres me séduisent à plus d’un titre et c’est avec bonheur que j’ai écouté l’auteur les décrire et en parler comme s’il s’agissait d’êtres de chair et de sang.

    Elles me passionnent à cause de leur extraordinaire complexité. Je suis féministe depuis longtemps, d’abord par sympathie et par réflexion. Je suis très souvent scandalisé par des comportements et des réflexions faites aux femmes.

      

    Nous l’avons écouté pendant un peu plus d’une heure puis il s’est plié avec simplicité et une vraie gentillesse à la séance de dédicaces, ayant un mot personnel ou une question pour chacun. Je connaissais bien l’écrivain, j’ai rencontré l’homme et je ne suis pas du tout déçue de cette trop brève rencontre.

      

    Conversation littéraire avec Eric-Emmanuel Schmitt

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  • MERCI !Ce 27 octobre, mon blog fête son premier anniversaire !


    Je suis heureuse qu’il ait grandi harmonieusement (du moins, je crois) tout au long de cette première année. Grâce à vous, il s’est affiné, enrichi, développé.
    Sans vous, vos messages, votre soutien, votre amitié, il ne serait rien. Et je vous remercie de m’avoir accompagnée positivement durant ses premiers pas. Près de 20 000 visites en un an, je n'y rêvais même pas en débutant !

      

    Que vos messages, remarques, interpellations... continuent à l’alimenter et à le faire prospérer.

    Merci à vous !

     

      

      

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  • Swap littérature jeunesse de Léo ElfiqueIl y a peu, Léo Elfique a initié un swap jeunesse, en binôme.

    Vous me connaissez, j’ai craqué. Impossible d’y résister. Nahe fut ma swappée et pendant deux mois, nous avons peaufiné notre colis. J’avais envie de lui faire plaisir et de lui faire aussi découvrir mes coups de cœur. Dix fois, j’ai choisi, changé d’avis, pris dans les rayons, déposé un peu après… pour finalement en arriver à ce que je pensais être de bons choix.

     

    Mais j’étais loin d’imaginer que j’allais être gâtée au-delà de mes espérances. C’est un peu Saint Nicolas avant l’heure. Le colis reçu est énorme et simplement magnifique. Tout me plaît ! Elle a même pensé à mon fils ! De plus, il y a de nombreux points communs entre nos colis. J’ai a-d-o-r-é découvrir tout ça. Voyez plutôt :

      

    Swap littérature jeunesse de Léo Elfique

    Quatre livres, un agenda Charlie, un très joli cahier qui a déjà trouvé un rôle, un jeu pour inventer des contes, un petit singe à remonter - pour retourner en enfance - quatre super marque-page, des friandises en veux-tu en voilà et une belle boite de thé à la menthe. Mon fils a déjà choisi les Smarties et les jouets des Kinder Surprise !!

       Swap littérature jeunesse de Léo Elfique

      

    Les romans jeunesse sont particulièrement bien choisis. Je n'en ai aucun, trois me tentaient et un est une vraie découverte. "Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère", "Les premières aventures de Sherlock Holmes", "L'huile d'olive ne meurt jamais" et "Une île trop loin". Auxquels, il faut ajouter "Kamo, l'idée du siècle" pour mon fils qui est en 6e primaire. Il est ravi et moi, très touchée de cette attention !

      

    Un tout grand merci à Nahe qui fut un super binôme !

      

      

     

     

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  • Le rêve de Champlain, David HACKETT FISHERC’est la première fois que je présente un livre dans un sujet d’accueil de mon blog. Mais je trouve qu’il en vaut la peine. De plus, long de 600 pages plus les appendices et les notes bibliographiques, je ne pourrais le terminer rapidement. Or, j’ai envie de vous mettre l’eau à la bouche.

     

    Il est gros, très gros. D’ailleurs, Amazon ne précise pas le nombre de pages qu’il contient mais bien son poids : 1kg400. Vous imaginez aisément qu’il n’est pas facile à transporter et que lire au lit est une gymnastique périlleuse. Mais il ne faut pas s’arrêter à ce détail.

     

    C’est d’abord un très bel ouvrage. J’adore la couverture sur laquelle on peut admirer un tableau de Vermeer « Le géographe ». Baigné d’une douce lumière, ce géographe étudie des cartes anciennes, un compas à la main, dans un décor baroque cher au peintre. Peint en 1669, un siècle après la naissance de Samuel de Champlain, il pourrait le représenter. En effet, il n’existe pas de portrait de cet homme illustre. Ceux qui le représentent ne sont qu’extrapolation. La seule image qu’on ait de lui, est une gravure de 1609 où Champlain participe à une bataille entre indiens de tribus adverses.

    C’est cette gravure qui sert de point de départ au travail de recherche puis d’écriture de David Hackett Fisher. La biographie qu’il nous livre ici est le fruit d’un travail colossal et richement documenté. Pour l’écrire, il s’est rendu aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi au Québec et en France. Il commence son voyage à Brouage en Saintonge d’où est originaire Samuel de Champlain.

    L’ouvrage est agrémenté d’une dizaine de pages en couleur, présentant villages, bâtiments, lieux cités ; de nombreuses gravures, tableaux anciens, cartes… interrompent le texte pour l’illustrer.

    C’est un travail d’érudit qui nous est livré ici mais l’écriture fluide et enlevée est accessible au grand public. J’ai lu une petite centaine de pages jusqu’ici et je découvre un homme simple et intègre, talentueux dans l’art de la guerre, la diplomatie et aussi cartographe de génie et artiste doué, sans parler du navigateur hors pair. Un récit dense et plaisant qui nous révèle un homme au rêve immense : développer et regarder grandir un grand projet novateur pour la France, sur le sol américain.

    Merci à Babelio pour cet envoi issu de Masse Critique, aux Editions Boréal qui me l’ont fait parvenir et au facteur qui me l’a livré !

     

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  • Le silence de Nélio, Christine PALLUYNélio a 12 ans. Ce qui lui arrive n’est pas banal : il est victime de racket. Craignant le regard des autres et de crainte de mêler sa famille et ses amis à ce drame qui le ronge, il préfère ne rien dire et s'enferre dans des mensonges. Menaces, représailles, violence, honte, peur… le minent lentement. Il comprend pourtant que pour résoudre ce problème, il doit parler et partager, accepter le fait qu'il lui faut une aide extérieure. Y parviendra-t-il ?

     

    Mon avis :

     

    Ce roman rédigé à l’intention de jeunes lecteurs (10 ans et plus) fait mouche. Ce récit poignant nous conte le calvaire que peut subir un enfant victime de racket. A travers le regard de tous les protagonistes qui prendront tour à tour la parole, on découvre aussi comment l’entourage se doute que quelque chose ne va pas chez l’enfant sans pour autant être capable de déceler ce dont il s’agit. Avec doigté, l’auteur montre aux enfants que le racket enferme et isole et que la seule solution est d’en parler. Inutile de croire que l’on peut sortir seul de l’engrenage.

      

    L’écriture de Christine Palluy est vraie. Elle trouve les mots justes pour informer et convaincre et le ton qu’il faut pour alerter sans exagérer. On referme ce livre en se disant qu’il faut le faire lire aux enfants afin qu’ils prennent conscience que le racket est une réalité, qu’il peut toucher n’importe qui mais que des solutions existent. La première étant d’en parler.

      

    Sur le même sujet, mais pour lecteurs adolescents, voyez "Indésirables" dans la rubrique policiers.

      

    Le silence de Nélio, Christine PALLUY

     

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