• Le verdict du plomb, Michael CONNELLYL’avocat à la Lincoln est de retour. Guéri de son addiction aux antalgiques, Mickey Haller hérite de la clientèle d’un confrère mystérieusement assassiné. Il décroche ainsi l’affaire de l’année : Walter Ellit, un magnat de Hollywood, est accusé du meurtre de sa femme et de son amant. Bien que tout l’accable, Elliot semble curieusement peu inquiet de l’issue du procès…

    Mon avis :

    Il y a longtemps que je souhaite lire Michaël Connelly. C’est chose faite.

    Sans doute n’était-ce pas le livre idéal pour entamer ma découverte, étant donné que « Le verdict du plomb » est la suite de « La défense Lincoln », ce que j’ignorais. Cependant, il peut franchement se lire indépendamment du précédent. Même si je dois avoir raté une part de l’évolution du personnage principal, Mickey Haller, si j’en crois ses réflexions sur son passé. En effet, on sent, dès le départ, une fêlure chez cet homme, un avant et un après son agression. Dans sa relation avec la mère de sa fille, par exemple, on comprend qu’il se retient de réagir à certaines attaques, ce qu’il aurait sans doute fait autrefois.

    Après une année sabbatique, Haller se retrouve en début de roman héritier de la clientèle de son ami Jerry, qui vient de se faire abattre dans un parking. Parmi les dossiers se trouve Walter Elliot -accusé d’un double meurtre- un client fortuné, la poule aux œufs d’or dont rêve chaque avocat. Avocat atypique, sans bureau et travaillant à l’arrière de sa Lincoln, Haller est du côté de la défense. Il est assez cynique mais Connelly nous le rend malgré tout sympathique.

    Présentée comme une enquête de l’inspecteur Harry Bosch, l’histoire n’en fait pourtant pas le personnage principal. La rencontre et la confrontation de ces deux personnalités est donc certainement un plus pour les lecteurs fidèles de l’auteur. Ayant pris les choses à l’envers, je découvrirai cet inspecteur dans mes prochaines lectures. J’ai cependant pris plaisir à observer l’attention qu’ils se portent mutuellement et la tension subtilement décrite qui existe entre eux à chaque rencontre. Cela nous vaut quelques belles scènes d’émotions contenues.

    A travers ces deux affaires de meurtres et le procès d’Elliot, Michael Connelly dénonce les côtés pervers du système judiciaire américain. Il nous en décrit les dessous (coups de téléphone du procureur ou d’un juge, arrangements…) et met particulièrement bien en scène ses labyrinthes et ses arcanes. Je pense notamment au choix des membres du jury et à la description minutieuse des tactiques de la défense ou de l’accusation pour déterminer qui seront les meilleurs jurés. Chroniqueur judiciaire pendant de longues années, il a l’expérience et la connaissance du milieu : cela rend l’histoire intéressante et crédible d’un bout à l’autre.

    Vous l’aurez compris, j’ai été séduite par Connelly, ses connaissances et ses prises de position implicites sur la justice de son pays, son style, sa capacité à mêler plusieurs enquêtes et la façon minutieuse avec laquelle il dépeint ses personnages. J’ai passé un bon moment de lecture avec ce récit de procédure judicaire et retrouverai avec plaisir dans d’autres romans que l’on m’a d’ores et déjà conseillés.

     

     

     

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  • Murder Party, Agnès LAROCHE« Pour mon anniversaire, mon frère aîné a eu une idée géniale : organiser une murder party ! Un jeu de rôle en pleine nuit, au cœur de la forêt, avec un faux cadavre et des litres d’hémoglobine. Je dois faire équipe avec Margot, une fille mystérieuse dont j’espère me rapprocher à la faveur du noir. Mais qui jouera le rôle du mort ? »

    L’avis de mon fils :

    Max, un jeune garçon ordinaire, nous raconte ici un mois de sa vie, de la rentrée à son anniversaire. Dans sa classe, il fait la rencontre de Margot, une fille pas comme les autres. Attiré par elle, il essaie de lui parler mais perd ses moyens à chaque fois. Le jour où elle accepte son invitation à venir à son anniversaire, c’est le soulagement et la joie.

    L’histoire est écrite à la 1e personne. Chaque chapitre a un titre original qui est aussi souvent le dernier mot du chapitre. J’ai aimé l’écriture, le vocabulaire facile, adapté aux adolescents et l’histoire en elle-même où il y a du suspens. Je pensais avoir compris ce qui allait arriver et un rebondissement inattendu s’est produit. Tout ce que j’aime.

    Je le conseillerais aux jeunes entre douze et quinze ans.

     

    Murder Party, Agnès LAROCHE

     




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  • Ma librairie a eu l’idée d’organiser ce vendredi 24 mai, un Club Ados. Qu’est-ce que c’est ? Une rencontre entre jeunes de 11 à 16 ans aimant les livres. Chacun devait apporter un coup de cœur et le présenter aux autres.

    Alors que les libraires n’attendaient que sept-huit personnes, vingt-trois jeunes se sont inscrits et sont venus ! Il a fallu faire deux groupes, en divisant selon les âges.

    Dans mon groupe, une trentaine de romans ont été présentés car certains en avaient apporté plusieurs. J’ai apprécié cette soirée agréable et j’ai été surpris de voir autant de jeunes aimer la lecture. C’était bien sympathique d’échanger nos avis sur des lectures communes et d’en découvrir d’autres. J’ai retenu quelques titres qui me tentent : « Les cent portes du secret », « Tobie Lolnes », « Gregor » ou « Instinct ».

    D’autres rencontres sont prévues dans les mois à venir, avec aussi la venue d’un écrivain et d’un traducteur. J’invite tous les jeunes intéressés à nous rejoindre. C’était vraiment bien.

     

    Club Ados, première rencontre

     




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  • Qui a tué Herman Henderson ? Rebecca PROMITZERBéatrice, qui vit à Elbow, une petite ville des Etats-Unis où il pleut sans cesse, rêve de partir au soleil ! Aussi décide-t-elle de participer à un concours photos dont le premier prix est un voyage en Floride. Pour qu’elle puisse faire LA photo qui lui permettrait de remporter le concours, son vieux copain, Sam, l’entraîne dans une vieille maison abandonnée. Mais une fois sur les lieux, ils découvrent un cadavre. Tout excités, les deux amis se lancent dans une enquête, avec l’aide d’autres enfants. Jusqu’au jour où ils se retrouvent en possession d’un sac contenant les intestins du mystérieux cadavre… Les voilà entrainés dans une bien sombre affaire.

    Mon avis :

    Quel rapport y a-t-il entre un pot de sauce aux piments, une décharge nauséabonde, un cadavre borgne, des insectes qui grouillent partout, une pluie incessante et les lettres HJS ? Comment va se nouer une amitié improbable entre cinq adolescents que tout oppose ? A qui peuvent-ils faire confiance dans cette ville étrange où ils vivent ? Ce sont quelques-unes des énigmes qu’il vous faudra résoudre.

    Rebecca Promitzer nous propose un thriller fantastique mettant en scène des adolescents cherchant à éclaircir un mystérieux meurtre. Plus ils approchent de la vérité, plus celle-ci s’obscurcit et plus les dangers les guettent. Obstinés, ils vont toutefois mettre tout en œuvre pour découvrir le fin mot de l’histoire.

    Une quarantaine de courts chapitres rythment cette enquête, nous entrainant dans un suspens enlevé et une intrigue angoissante. Le style alerte de l’auteur nous fait tourner les pages sans qu’on y prenne garde, désireux de connaitre rapidement le dénouement.

    Mêlant enquête, suspens et phénomènes irrationnels, ce récit est plaisant à lire. Malgré l’anxiété qui monte au fil des pages et des découvertes, il est parsemé d’humour, ce qui donne l’occasion de respirer un peu. 

    Les adultes trouveront quelques invraisemblances à l’histoire mais les jeunes s’attacheront surtout aux personnages, précisément dépeints et sympathiques, et se prendront au jeu de l’enquête.

    Auteur et réalisateur, Rebecca Promitzer a remporté le prix du jury des jeunes lecteurs de Vienne en 2011 pour ce roman, paru ce mois-ci en français chez Bayard.

     

     

     

     Qui a tué Herman Henderson ? Rebecca PROMITZER

     

     

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  •  Qui de nous deux ? Gilles ARCHAMBAULTVingt ans après le très touchant Un après-midi de septembre, où Gilles Archambault évoquait la disparition de sa mère, le romancier renoue avec le genre autobiographique pour nous tracer cette fois-ci une bouleversante chronique de la mort de sa compagne, celle qui a partagé sa vie pendant plus de cinquante ans.

    Mon avis :

    Je ne connais pas Gilles Archambault. J’en ai entendu parler, je sais ce qu’il a écrit mais je n’ai jamais eu l’occasion de le lire. Ce livre m’a été offert. Était-ce la bonne façon de le découvrir ?

    Je suis difficilement entrée dans ce récit autobiographique. Certes l’écriture est belle, la narration tendre et pudique, mais je suis restée en marge de cette histoire personnelle qui ne semblait pas m’être destinée.

    Refermant le livre, je n’ai pas appris grand-chose de sa femme. Je sais qu’il l’a aimée, j’en comprends les raisons, le reste se veut leur jardin secret. Alors pourquoi ce livre ? L’auteur dit lui-même qu’il n’écrit pas pour voir clair dans sa conscience, qu’il n’est pas psychologue et ne cherche pas évacuer ainsi sa douleur. S’adressant à sa femme, au-delà de la mort, l’auteur arpente son passé en écrivant des souvenirs, des regrets, des aveux dont elle pourrait prendre connaissance. De leur rencontre à son inhumation, 53 ans plus tard, il revisite –de manière dispersée, fragmentaire- le passé, « un passé qui a toujours hanté le présent » précise cet incurable nostalgique. On a l’impression qu’il écrit ce livre pour se racheter de ses manquements, de ses petites trahisons.

    Le livre achevé, j’ai découvert une plume, à la fois précise, belle et sobre. Un amoureux esseulé. Un érudit qui truffe son récit de citations et de références littéraires. Mais je n’ai pas éprouvé les émotions que j’espérais à la lecture de ce récit autobiographique, que les lectures de critiques m’avaient laissé espérer. Je suis restée en marge. Dommage.

      

     

     

     

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  • Un ennemi du peuple, Henrik IBSENLe docteur Stockmann découvre que les eaux de la station thermale de son village sont contaminées. Il se met donc en devoir de prévenir le public. Mais pour remédier au mal, des travaux dispendieux seraient nécessaires. Aussi la municipalité, dont le maire n’est autre que le propre frère du docteur, tente de faire taire Stockmann. Ce dernier, qui s’attendait naïvement à ce que les gens du village lui témoignent gratitude et reconnaissance, voit plutôt les villageois se liguer contre lui. Il perd peu à peu sa clientèle, sa maison est assiégée ; il est devenu un « un ennemi du peuple ».

    Mon avis :

    Cette pièce raconte le combat d’un homme, d’un médecin, Stockmann. Il est décidé à dévoiler la vérité, lui qui travaille pour les Thermes, si importants dans la croissance et la prospérité de la ville. C’est en fait la tannerie de la localité qui pollue par le rejet de ses eaux usées, au point de mettre en danger la santé des curistes. Sûr d’être entendu, il fait part de sa découverte. Mais la vérité n’est pas toujours bonne à dire. Si deux journalistes voient là un scoop juteux, le maire de la ville refuse de voir lui échapper son mandat politique et la manne financière des Thermes pour la ville. Et, comme si cela ne suffisait pas, le beau-père de Stockmann, un homme rusé, possède les tanneries.

    Sa découverte et sa divulgation vont servir de révélateur en posant la question de la vérité : peut-on encore être vrai et sincère dans une société régie par l’argent et l’économie ? Stockmann, lui, pense qu’il y a des vérités qui méritent qu’on se batte pour elles. Mais de sauveur, il va devenir l’homme à abattre.

    Il est étonnant de voir comment une pièce de 1883 peut être d’une insolente modernité. Dans une société où l’information est reine et où l’on sait quasiment en temps réel ce qui se passe au bout du monde, que faisons-nous pour changer ce qui doit l’être ? Pour réagir à ce qui nous met en danger ?

    Cette pièce véhicule des vérités essentielles et internationales. Tout qui la lit (ou la voit) n’importe où dans le monde, ne peut que reconnaitre une situation vécue dans son pays, son environnement. De plus, ce combat d’un homme seul face à la société, qui subit des pressions, perd ses appuis ou son statut social est toujours au cœur de notre actualité. Au sein de la démocratie, cette tragédie absolue pose la question du choix entre divers intérêts, lorsque ceux-ci sont contradictoires.

    Dénonçant les échecs d’une société embourgeoisée et le combat d’un homme seul contre tous, Ibsen nous offre des personnages à la psychologie fouillée, riches et passionnants. Toutefois, il ne prend pas clairement position et laisse planer un doute sur la condition humaine.

    Apothicaire, Henrik Ibsen (1828-1906) quitte le laboratoire où il s’ennuie et se met à écrire des drames (« Catilina », « Le Tertre du guerrier »). Après Copenhague et Oslo, il part en Europe où il trouve matière à de nouvelles pièces. Il développe de nouveaux grands thèmes comme celui de la défense de l’individualisme et écrit des drames contemporains où il décrit les tares de la société bourgeoise. Il est aussi l’auteur de « Peer Gynt » en 1866.

    Lecture publiée pour "Mai, le mois des classiques"

     

     

     

     

     Un ennemi du peuple, Henrik IBSENUn ennemi du peuple, Henrik IBSEN

     

     

     

     

     

     

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  • Mélodie en sous-sol, Sophie BENASTREJeannette a disparu sur le trajet du collège. Sa mère, désemparée, tente de faire bouger les choses, sans succès : la police n’est pas pressée d’enquêter sur la fugue d’une ado. Les jours passent. La détermination des débuts laisse place à l’angoisse et à l’abattement mais Corinne et Thomas, les deux meilleurs amis de l’adolescente, refusent de rester à ne rien faire et décident de mener l’enquête...

    Mon avis :

    Paru aux éditions Oskar, ce thriller pour jeunes lecteurs tient toutes ses promesses. Dès le départ, il nous plonge au cœur du problème : la disparition de Jeannette et nous décrit l’anxiété de ses amis et de sa maman. Il est impensable que Jeannette ait fugué, même si les autorités le pensent. Ses proches la connaissent bien. Après de trop longues journées d’angoisse, les jeunes vont décider d’agir. Les premières heures qui suivent une disparition sont déterminantes. On a perdu trop de temps. Il faut retrouver Jeannette !

    Dès les premières pages, la nervosité s’installe. Cela se sent dans les dialogues, les phrases courtes, les descriptions brèves. Avec sa personnalité, chacun réagit à sa façon, mais tout le monde est inquiet. C’est palpable. L’auteur maitrise l’art de faire passer les émotions par des mots choisis. Son écriture fine et acérée nous attache au texte et ne nous fait pas lâcher le livre tant que le dénouement n’est pas arrivé. L’intrigue tient la route et n’épargne pas les cœurs sensibles.

    Parfaitement adapté aux jeunes lecteurs, ce roman n’en est pas moins riche d’un vocabulaire soutenu et d’un style construit. Les thèmes abordés en marge de l’intrigue sont aussi en phase avec l’adolescence. On sent que Sophie Bénastre connait les jeunes. Professeur-documentaliste à Rouen et maman de deux enfants, ce livre est son tout premier roman. Je suis prête à parier qu’il ne sera pas le dernier.

    A lire dès douze ans.

     Mélodie en sous-sol, Sophie BENASTRE

     

     

     

     

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