•  Un monde idéal où c'est la fin, J.HESKABienvenue dans un monde idéal ! 
    Un monde idéal où la civilisation telle que nous la connaissons n’existe plus. Dérèglement du temps ? Avènement de la magie ? Crise climatique irréversible ? Épidémie mondiale de mort subite ? Extra-terrestres maladroits ? Invasion de poireaux découpeurs de cervelles ? Crise de déprime globale ? Robots hors de contrôle ? Zombies entreprenants ?
    Découvrez 100 histoires drôles, émouvantes, tragiques ou absurdes qui mènent à notre perte ! 

    Mon avis :

    Ayant lu, même dévoré, « On ne peut pas lutter contre le système », c’est avec confiance que je suis entrée dans ce troisième ouvrage de J.Heska. Très différent des précédents, ce livre est un recueil de courtes nouvelles où l’auteur imagine un monde idéal ayant subsisté au nôtre. Mais lequel ?
    Poussant à l’extrême les travers de notre société contemporaine, les réflexions et les idées reçues de notre époque, il donne à voir un monde du futur robotisé, déshumanisé, bêtifiant… et tragicomique. Car ses textes sont drôles. Percutant, dérangeant, il met le doigt sur l’absurde avec une réelle lucidité et le porte à son paroxysme. Truffées de références littéraires, cinématographiques et autres, ces histoires poussent la réflexion plus loin qu’il n’y paraît de prime abord. Et c’est tout le génie de J.Heska : amuser, divertir sur des sujets graves et amener le lecteur à voir les écueils et les travers de notre quotidien.

    Parmi ces cent nouvelles, j’en épinglerai trois, évocatrices de l’humour de l’auteur mais aussi du tragique de notre société : « Un monde idéal où la spéculation économique est interdite », « Un monde idéal où être parent implique un sens du sacrifice » et surtout « Un monde idéal où l’instruction est facultative ».
    Je ne peux que vous conseiller cet ouvrage où l’ironie est maniée avec habileté, sans lourdeur et où le regard porté sur notre époque est lucide, acéré et sans concession.

    Un bon moment de lecture !

     

     

     

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  • Tu es le mal, Roberto COSTANTINIRome, juillet 1982. Alors que l'Italie remporte la Coupe du monde de football, la très belle Elisa Sordi, employée du cardinal Alessandrini, disparaît. Elle est retrouvée sur les berges du Tibre, le corps mutilé. Balistreri, le jeune et fringant policier chargé de l'enquête, n'élucidera pas le meurtre.
    Rome, juillet 2006. La mère d'Elisa se suicide pendant la finale du Mondial qui consacre une nouvelle fois la « Squadra Azzura ». Alcoolique, cardiaque et dépressif, Balistreri n'est plus que l'ombre de lui-même. Incorruptible en dépit de sa dérive personnelle, il décide de rouvrir le dossier qui le hante depuis plus de vingt ans...

    Mon avis :

    « La limite entre un assassin et un justicier est le motif pour lequel il tue. » C’est ce que j’ai voulu montrer dans mon livre affirme Roberto Constantini.
    Ce roman pose en effet la question de la limite entre le bien et le mal, entre le défendable et l’indéfendable. Est-on différent si on tue pour sauver une vie ? Si on ment pour sauver une vie ? Si on laisse faire en espérant sauver une vie ?
    Toutes ces questions se posent à un moment ou à un autre dans ce roman noir qui nous plonge dans une Italie gangrénée par la corruption, les petits arrangements entre amis, les magouilles, les accointances entre politique, économie, monde des affaires, mafia et même Vatican… L’intrigue est dense, fouillée et les personnages nombreux. Mais Constantini prend le temps de les installer, de leur donner une consistance et par là même, de nous faire entrer en douceur dans les arcanes de son récit.

    Michele Balistreri, jeune policier sûr de lui et tombeur, est au cœur de l’histoire. Marqué par une affaire non résolue de son début de carrière, il va glisser peu à peu dans la dépression en raison du remord qui l’assaille. Seules son intégrité et sa volonté de faire la lumière sur une série de meurtres atroces, quoi qu’il remue, vont lui donner la force d’aller jusqu’au bout et de rouvrir ce dossier qui le hante.

    Rome joue également un grand rôle. Son ambiance, son cadre tantôt enchanteur tantôt misérable, ses habitants, son sens de la fête et de la démesure… concourent à l’atmosphère légère ou oppressante de l’histoire. Ainsi, la chaleur, la moiteur, la grève des éboueurs, les odeurs nauséabondes qui imprègnent les rues… rien ne nous sera épargné lors des passages noirs.
    La force de ce roman est aussi sa plongée au cœur de la réalité d’un pays et d’un peuple que l’auteur connaît bien et dont il parle sans ambages. Les situations politiques ou sociales évoquées rappelleront des faits précis, des personnages connus… C’est voulu…

    Pour un premier roman, premier volet d’une trilogie, ce policier nous offre une intrigue structurée et maîtrisée qui nous emmène dans un labyrinthe de possibles. La vérité se fait jour lentement mais l’on reste surpris jusqu’au bout. Je vous le conseille vivement.

     

     

     Tu es le mal, Roberto COSTANTINITu es le mal, Roberto COSTANTINI

     

     

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  •  Juliette, élève en classe de 3e, s’ennuie durant ses vacances à la campagne chez ses grands-parents. Qu’à cela ne tienne, armée de son stylo, elle compte utiliser le temps qui s’étend à perte de vue pour régler quelques comptes avec ces adultes qui ont oublié qu’ils ont été adolescents : les parents ! En dix leçons, elle leur explique pourquoi ils ont tort. En dix vérités, elle leur livre la vie des collégiens. En dix idées, elle met son culot au service de tous les jeunes incompris.

     Mon avis :

     Un petit bouquin vite lu, drôle et intelligent. Devenue le porte-parole des collégiens qui publient des bribes d’insatisfaction sur leur mur, Juliette part en guerre contre les adultes qui n’ont rien compris aux jeunes. En dix leçons de quelques pages, elle leur explique que non, les jeunes n’ont pas la belle vie, que l’adolescence, ce n’est pas forcément l’âge bête ou que manger à la cantine, ne permet pas de faire des repas équilibrés. Des vérités toutes faites que les adultes semblent véhiculer de génération en génération.
    Ce court récit m’a fait sourire du début à la fin, tant j’y ai retrouvé les propos de mes élèves. Et, avouons-le, les miens aussi, parfois. 
    J 

     Un petit bouquin sympa, publié aux éditions Oskar, qui vous fera passer un bon moment.

     

     

     

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  • Petit éloge des vacances, Frédéric MARTINEZ«En vacances, il faut désapprendre les allées ratissées qu’empruntent nos vies au cordeau : le temps est nu. Le cri aigre des goélands, la rumeur stridente des cigales submergent la fureur des métropoles. L’air plus vif rompt les entraves que la routine a posées sur nos âmes. Le ciel se rapproche de nous. Nous voici libres. Tapis au creux du temps comme dans une combe, nous faisons le gros dos sous la lune et reprenons peu à peu possession de nos corps qu’ébrèchent les travaux et les jours. Loin du béton, dans cette vacance qui nous rend à nous-mêmes, quelque chose doit arriver.»

    Mon avis :

    Pour une fois, je n’ai pas lu ce livre en continu. J’ai dégusté quelques chapitres de-ci de-là, au gré de ma fantaisie. Obéissant à l’auteur j’ai désappris les allées ratissées et rompu les entraves de la routine. J Les vacances sont un état d’esprit. Jouissons-en.
    Le style soigné de ces pensées donnent envie de s’y plonger dès les premières lignes. Hélas, très vite, j’ai trouvé certains passages un peu creux. Joliment écrits, joliment décrits, mais vides d’une véritable réflexion. Les sujets abordés manquent de relief, d’originalité (ha les jeunes femmes en tenue estivale…) C’est pourquoi j’ai préféré picorer quand l’envie m’en prenait. J’ai pris parti de goûter à l’écriture, aux mots justement choisis, aux figures de style, à la syntaxe parfaite… Et j’ai coché de nombreux passages séduisants.

    Aussi loin que je me souvienne, il y a le ciel et les tilleuls. Enormes et rassurants, ils ombrageaient la place de l’église, abritaient mes jeux de petit citadin en vacances. Dans leur ombre tutélaire, je lus Jules Verne, Balzac, Maurice Leblanc et le Journal de Mickey. Je me souviens des livres de poche aux pages colorées que mon oncle avait rangés dans le grenier de sa demeure…

    Et voilà bien ce qui m’a plu le plus : les passages où Frédéric Martinez plonge dans ses souvenirs de jeune lecteur. Emporté par son imagination, il vogue sur les mers australes, voyage de la terre à la lune, contemple les rives de l’Amazone… et nous fait rêver avec lui. Le ton est juste, l’écriture précise, les métaphores filées… on savoure…

    Un livre bien trop inégal pour être un coup de cœur, mais plaisant à lire en ces soirées d’été. Merci Minou de me l'avoir offert.

     

     

     

     

     

     

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  •  Le mystère Sherlock Holmes, JM ERREL’éminent professeur Bobo est en quête d’un détective. Parmi les dix étudiants réunis à l’hôtel Baker Street, un seul aura l’immense honneur d’être nommé titulaire de la première chaire de Sherlock Holmes-éologie de la Sorbonne. Et quoi de mieux, pour passer ces profils à la loupe, qu’un bon crime à résoudre ? Qu’importe le cadavre, pourvu qu’on ait l’indice ! Meurtre, motif, trahison, rebondissement, suspense et humour (anglais) : « Elémentaire, mon cher Watson ! ».

    Mon avis :

    Dix éminents holmésiens sont réunis à l’Hôtel Baker Street près des chutes de Reichenbach, afin de participer à un colloque exceptionnel. De celui-ci doit sortir le nom du professeur émérite qui sera chargé de diriger la première chaire universitaire d’holmésologie de la Sorbonne. Rivalités, jalousies, mesquineries, bassesses… ils seront prêts à tout pour obtenir ce poste de titulaire tant convoité.
    Quand une tempête de neige puis une avalanche les isoleront du reste du monde, aucun ne s’en inquiètera outre mesure. Même un premier décès suspect ne leur mettra pas la puce à l’oreille, trop contents de compter un rival de moins. Et pourtant…

    Construit sur le principe du huis clos classique, hommage à « Dix petits nègres », ce roman est surtout l’occasion pour Jean-Marcel Erre de faire une brillante synthèse de ses connaissances sur Sherlock Holmes, des écrits de Conan Doyle à ceux des auteurs contemporains ayant perpétué le mythe. Rédigé dans une langue subtile, au style déjanté rempli d‘humour, le récit multiplie les références sherlokholmesques sans perdre la dynamique de l’intrigue. Accessible à tous, même aux néophytes, cette fiction truculente, véritable Cluedo, nous montre un Jean-Marcel Erre au mieux de sa forme, cultivé et drôle. On se délecte de ses jeux de mots, des situations cocasses imaginées et de son érudition. L’énigme tient ses promesses, elle-aussi, même si, comme dans les romans de Doyle, elle réside moins dans l’identité du coupable que dans celle du détective…
    Une lecture on ne peut plus plaisante, à lire lentement pour mieux la savourer.

    L'avis d'Alex ici et de George

     

     Le mystère Sherlock Holmes, JM ERRE

     

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  • Des hommes de tête, BIRKEFELD et HACHMEISTERAvril 1926. L’Allemagne est exsangue, encore meurtrie par les séquelles de la guerre et le « Traité de la honte ». A Hanovre a lieu la première course du Championnat motocycliste d’Allemagne. Deux des pilotes, Falk von Dronte et Arno Lamprecht, tentent désespérément d’effacer leur passé munichois. Alors que Lamprecht essaie d’oublier dans la vitesse, l’alcool et le jeu, la terrible vision du cadavre sans tête de sa femme, il se retrouve dans le collimateur de la police criminelle qui recherche un tueur en série, qui sévit justement sur les circuits motos. Quant à von Dronte, il a exécuté en 1923 un traitre à la patrie sur ordre de son ancien colonel. La dépouille, pourtant soigneusement enterrée dans une forêt des environs de Munich, vient d’être exhumée, à la suite d’une dénonciation, et la tête a disparu. Il va lui falloir répondre aux questions de l’ancien commanditaire devenu très nerveux : qui a guidé la police vers la fosse dans la forêt ? Et qu’est devenue la tête de cet homme ?
    Un affrontement entre deux hommes prêts à tout pour sauver leur honneur et garder la tête haute, dans une Allemagne en crise où le nazisme prend peu à peu racine.

    Mon avis :

    Après nous avoir emmenés dans le Berlin des derniers jours avant la chute (ici), Birkefeld et Hachmeister nous entrainent dans l’Allemagne de la république de Weimar.
    Nous sommes dans les années 20, l’Allemagne se cherche. Des groupuscules politiques se jaugent, des idéologies divergentes s’affrontent ; la violence est présente partout. La population essaie de survivre, marquée par les longues années de guerre dont elle sort à peine. Nous entrons dans le monde très fermé des courses motocyclettes ; un cercle de pionniers, passionnés par la vitesse et la technologie moderne. Ils courent sur une Horex, une Wanderer, une NSU, une Victoria, une Saroléa… Motos mythiques s’il en est.

    Parmi ces fous du volant, nous en suivons deux que tout oppose et qui se battent avec une haine farouche pour remporter le premier Championnat motocycliste d’Allemagne. L’un, issu d’un milieu modeste, est rentré de la guerre salement amoché nerveusement. Il tire le diable par la queue, est colérique et bagarreur, alcoolique et joueur. L’autre est un hobereau du Brandebourg, ancien membre du corps franc mais n’ayant pas participé aux combats. Il vit dans le luxe et la facilité à mille lieues des préoccupations du peuple allemand. S’affrontant sur les circuits mais aussi dans la vie, ils vont, au gré de faits divers sordides, se confronter aux ombres de leur passé. Comme dans le roman précédent, les auteurs nous offrent deux beaux portraits antithétiques dynamisant l’intrigue  remplie de coups de théâtre, où se mêlent étroitement roman policier et roman historique.

    L’intrigue policière est ici plus complexe que dans « Deux dans Berlin », le rythme est plus soutenu mais le travail de recherche historique est tout aussi fouillé.
    J’ai apprécié la description du cadre historique qui évolue au fil des années, celle du développement de la moto et des enjeux technologiques et nationalistes qu’elle véhicule car ce nouveau sport apparait rapidement comme symboliquement porteur pour les chemises brunes qui s’imposent peu à peu dans le paysage. J’ai aussi aimé que la Saroléa soit mise en lumière, moto belge, liégeoise même, dont deux modèles créés en 1905 étaient alors révolutionnaires car équipés d’un moteur bicylindres en V. Le premier modèle de compétition sortira, lui, en 1921, avec une transmission secondaire par chaine et non par courroie. La production s’arrêtera en 1962 mais la marque reste une fierté pour le pays.

    Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce roman aux rebondissements nombreux, une vraie réussite sur tous les plans.

     

      

     Des hommes de tête, BIRKEFELD et HACHMEISTER

     

     

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  • L'atelier des miracles, Valérie TONG CUONGProfesseur d’histoire-géo, Mariette est au bout du rouleau. Rongée par son passé, la jeune Millie est prête à tout pour l’effacer. Quant au flamboyant Monsieur Mike, ex-militaire installé sous un porche, le voilà mis à terre par la violence de la rue.
    Au moment où Mariette, Mike et Millie heurtent le mur de leur existence, un homme providentiel surgit et leur tend la main – Jean, qui accueille dans son atelier les âmes cassées. Jean dont on dit qu’il fait des miracles.

    Mon avis :

    Qui n’a pas rêvé, quand tout va mal, de rencontrer une âme charitable, un bon Samaritain, qui lui tendrait la main ? D’un magicien qui règlerait les problèmes et tournerait la page des ennuis ? La bonne personne au bon moment ?
    Monsieur Mike, Millie et Mariette en ont rêvé aussi. Alors qu’ils sont au plus mal et que tout semble s’effondrer autour d’eux, Jean arrive et les prend sous son aile, comme ça, sans rien demander en retour. Juste pour les aider à refaire surface. Il les accueille dans un ancien atelier d’horlogerie, le temps de réparer la mécanique humaine et de remettre les pendules à l’heure. Cet homme providentiel est-il si généreux qu’il n’y paraît ? Son geste est-il vraiment désintéressé ? Ces trois êtres au désespoir pourront-ils encore faire confiance ?

    Comme à son habitude, Valérie Tong Cuong touche à notre humanité à travers ces personnages cabossés par la vie. Au départ d’une rencontre improbable, de la réunion de trois personnes n’ayant rien en commun, elle nous glisse dans leur intimité et réussit un joli roman psychologique mettant en scène les relations humaines. Persuadée qu’un geste désintéressé, qu’une générosité gratuite peut servir de déclencheur à un changement d’état, révéler à soi-même et enclencher un effet boule de neige, Valérie Tong Cuong nous entraine dans son sillage. Elle est tellement crédible et convaincue qu’on a envie de la suivre et de croire que tout est possible.

    L'écriture est fluide, le récit choral à la première personne entrainant, le style léger et le propos d’une vraie intensité. Les personnages sont touchants et si proches de nous qu’ils ne laissent pas indifférents. Un roman optimiste, d’une grande humanité qui fait du bien. Un message d’espoir qui change du quotidien !

    Un autre avis ici, celui de lulu38

     

    L'atelier des miracles, Valérie TONG CUONG

     

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