• UC'est quand le bonheur ? Martine DELVAUXne amitié s'est nouée il y a presque vingt ans entre un homme et une femme. C’est cette dernière qui raconte les années, fait l'inventaire des petites phrases prononcées et des grandes, laissant ainsi entrer le lecteur dans un univers clos, jusque-là jalousement fermé aux autres.
    Les années passent, leur amitié traverse le temps, les études, les ruptures amoureuses, le travail, leur enfance qui remonte par à coups, et une question résonne au milieu de cette complicité extrême : c’est quand le bonheur ?

    Mon avis :

    De très courts chapitres racontent de manière fragmentaire, comme autant de souvenirs remontant à la surface, l’amitié qui unit un homme et une femme depuis l’adolescence.
    A partir de quelques phrases notées sur un carnet, de bribes de conversations, des situations qu’elles évoquent, la narratrice parle d’elle, de lui, de leur improbable duo. Il est resté son ami au fil des ans et est devenu le parrain de sa fille. Il est là, toujours, dans les moments de fête, de joie, de peine, dans les silences ou les absences. Il n’est pas omniprésent. La relation n’est pas fusionnelle. Une heure par ci, quelques instants par là, en tête à tête, en famille, par téléphone... des moments de bonheur qui se tissent.

    Elle le porte en elle, le dévoile, confie son enfance bancale, sans tendresse, ses amours instables ; elle cherche dans son passé un sens à ce qu’il est aujourd’hui. Un homme taquin, ironique, secret, un peu marginal, vrai.

    A l’aide de mots choisis, de jolies citations, l’auteure nous raconte une histoire d’amitié, d’amour, de jalousie, de tendresse, de générosité. Une ode à la vie. On la sent investie toute entière dans cette relation. Le ton est sincère et pudique, romantique. Le style sobre, l’écriture touchante.
    Une autofiction à savourer, tant pour l’histoire que la beauté du texte.

    Professeur de littérature à Montréal, Martine Delvaux est née en 1968. C’est quand le bonheur ? est son premier roman. Il est paru en 2007.

     

    C'est quand le bonheur ? Martine DELVAUX

     

     

     

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  • Il ne faut pas parler dans l'ascenseur, Martin MICHAUDUne jeune femme s'éveille après vingt quatre heures passées dans le coma et se lance à la recherche d’un homme qui semble ne pas exister.
    Un meurtrier sans merci décide que chacun doit payer pour ses fautes et applique sa propre justice. Des meurtres commis à une journée d'intervalle tourmentent le responsable de l’enquête, le sergent détective Victor Lessard de la police de la ville de Montréal.

    Mon avis :

    C’est toujours un plaisir de lire Martin Michaud. Après « Sous la surface » et « Violence à l’origine », je m’attaque au premier tome mettant en scène Victor Lessard.
    Pour les amateurs de romans policiers, le personnage de Lessard paraitra stéréotypé. Le bon flic en lutte contre sa hiérarchie, tellement marqué par son job qu’il sombre dans l’alcool et voit sa famille s’éloigner, cela n’a rien de bien original. (Pour avoir lu le 4e tome, je peux vous dire que ce héros évolue et s’étoffe ; ne le condamnez pas trop vite). Mais l’intérêt du roman est ailleurs.
     
    Dans la construction d’abord. Martin Michaud choisit d’alterner différents récits qui, tel un puzzle, s’imbriquent les uns dans les autres au fur et à mesure. Le début du roman semble partir dans tous les sens mais les fils tendus se tissent déjà entre eux et créent la trame d’une intrigue cohérente et d’un mystère qui s’éclaircira lentement. Il en fait également un récit choral où les différents points de vue se succèdent, passant de la 3e à la 1e personne. Il faudra vivre de nombreux rebondissements troublants pour élucider cette affaire et mettre en lumière la vérité qui révèlera trois sombres destins.

    Dans la forme ensuite. L’auteur mêle habilement le surnaturel au genre policier sans que cela n’alourdisse ou ne court-circuite l’enquête. Il crée une atmosphère étrange, aux frontières du réel, qui surprend et brouille les repères. Elle a le mérite d’être originale et d’attiser la curiosité.

    Enfin, malgré quelques défauts inhérents à tout premier roman, Martin Michaud nous entraine dans une histoire sans temps mort où la tension est constante d’un bout à l’autre. Rien de spectaculaire dans ce récit mais un rythme soutenu par de courts chapitres, une écriture entrainante et le passage subtil d’une intrigue à l’autre qui nous pousse à tourner les pages fébrilement.

    Si ce n’est déjà fait, je vous invite vraiment à rencontrer Victor Lessard. Vous ne le regretterez pas.

     

    Il ne faut pas parler dans l'ascenseur, Martin MICHAUD 

     

     

     

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  • Une année dessinée, faits et gestes de la librairie.Dans l’intimité de nos librairies, nous avons tous créé un petit royaume, un château où nous frémissons pour des valeurs qui nous dépassent. Cette année, 450 libraires indépendants se sont rassemblés une fois de plus, forts des différences qui les unissent et de leurs parentés. Dans vos villes, nous aimerions que nos lieux soient phosphorescents. Ils le seront si vous les fréquentez.

    Mon avis :

    A l’occasion de la journée mondiale du livre, 450 libraires indépendants en France et en Belgique ont créé l’événement. C’était le 25 avril dernier. Ce jour-là, j’ai reçu cet ouvrage à la librairie TULITU, à Bruxelles.

    Cette éphéméride rassemble 365 œuvres de dessinateurs et autant de faits, pensées, citations... provenant du quotidien des libraires indépendants. A travers ces dessins et écrits, on découvre la réalité d’un métier méconnu et tellement dynamique. Avec humour, les libraires nous parlent de leur métier, de ces petits et grands moments de joie et de solitude qui parsèment leurs journées. On sourit, on rit, on s’interroge... De bien plaisants moments passés à lire cet almanach.

    « Le client se fait parfois libraire. Alors, il conseille et dirige un autre client et immanquablement un troisième client va donner son avis... et la librairie se transforme en club de lecture ! »
    « Voir revenir les jeunes qui ont grandi en même temps que la librairie. »
    « Ouvrir un album, sentir l’odeur forte de l’encre encore fraîche. »

     

     Une année dessinée, faits et gestes de la librairie.Une année dessinée, faits et gestes de la librairie.

     

     

     

     

     

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  • GuduleElle est née en 1945 à Ixelles sous le nom de baptême d’Anne Duguël. Passionnée par la poésie, à 20 ans, elle a déjà écrit environ quatre cents poèmes et des dizaines de romans. Mais il faudra attendre 1987 pour qu’elle publie son premier livre.

    Après des études d’Arts-déco, elle part au Liban comme journaliste au quotidien Le jour et à l’hebdomadaire Ça Magazine (1965-1970) avant de rentrer en Europe où elle collabore à divers revues et magazines comme Pomme d’Api, Fluide Glacial, Charlie Hebdo... Elle publiera son premier roman en 1987 « Prince charmant poil aux dents » chez Syros. Un album dédié aux tout petits.

    Auteure prolifique, elle publiera des dizaines de romans jeunesse dont le plus lu par les collégiens belges et français est sans nul doute « La bibliothécaire ». On y perçoit à chaque page, son amour pour la langue française, la littérature, l’imaginaire mais c’est surtout son humour qui emportera l’adhésion de générations de jeunes lecteurs. « Ne vous disputez jamais avec un spectre » paru en 1997 n’a pas pris une ride non plus et est toujours donné à lire dans les écoles.

    Audacieuse dans le choix des thèmes qu’elle aborde (le racisme « L’immigré », les SDF « L’envers du décor », la séropositivité « La vie à reculons »...), Gudule aura apporté un vent frais dans la littérature jeunesse et entrainé à sa suite de nombreux écrivains.
    Proche du milieu de la bande dessinée, Gudule scénarisera plusieurs récits, notamment ceux écrits par son mari Paul Carali. On la découvrira aussi dessinatrice dans « Le havane Primesautier » fanzine de Charlie Schlingo.

    Mais on lui doit également quelques romans pour adultes, des œuvres de littérature plus classique et policière parues sous le nom d’Anne Duguël. 

    Elle nous a quittés ce 21 mai 2015, à l’âge de 69 ans. Elle manquera sans aucun doute à ses nombreux lecteurs.

    Découvrez son blog personnel ici et neuf chroniques publiées sur mon blog en romans jeunesse.

     

     

     

     

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  • Eux, Patrick ISABELLEEux, c’est l’histoire d’un adolescent victime d’intimidation. Un jeune battu, extorqué, ridiculisé à outrance par des camarades de classe. Un jeune dont la détresse est ignorée par les témoins silencieux que sont les autres élèves, le personnel de l’école, les parents, les rares amis. Sa douleur est si aiguë et son agonie si longue qu’elles l’inciteront à se venger de ses tortionnaires, à devenir la source d’une violence a priori inconcevable.

    Mon avis :

    Quel récit bouleversant que ce roman jeunesse ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que Patrick Isabelle n'y va pas de main morte ! En courts chapitres, l’auteur nous raconte la genèse d’un drame. Entre chacun, quelques phrases laissent présager de l’issue du calvaire d’un jeune garçon. Le narrateur décrit les souffrances et les humiliations qu’il subit pendant plus de deux ans avant d’oser réagir. Et même à ce moment-là, il ne trouvera pas la paix à laquelle il inspire tant.

    D’une violence inouïe, autant physique que psychologique, ce récit donne à voir l’immense solitude d’un ado qui vit en permanence dans la peur. Allant à l’essentiel, chaque situation décrite est comme une claque que l’on prend en pleine figure. Et bien sûr, on sait dès le départ qu’un autre drame se prépare.
    L’auteur décrit un parcours de vie qui ne peut que mener à une issue fatale. Il cherche à comprendre comment et pourquoi certains ados en arrive à un tel niveau de rage qu’un jour il entre avec une arme dans leur école.

    Bouleversant, ce récit l’est aussi car on ne peut s’empêcher de se demander si on a aussi été un jour le témoin passif d’une telle situation. Ou si elle nous a carrément échappé. Même si la situation décrite est extrême, voit-on toujours tout ce qui se passe dans nos classes, notre entourage, nos familles ?

    Je découvre ici cet auteur québécois, libraire je pense, mais je n’en resterai pas là. Une suite est attendue et d’autres romans sont en cours. Un roman qui secoue et dérange et ne laisse pas indemne. Qu’il faut lire et faire lire aux adolescents afin de susciter une prise de conscience et dénoncer cette violence ordinaire. Une petite centaine de pages, comme autant de coup de poing à nos certitudes.

    Merci au libraire québécois, Sylvain Nault, de m’avoir conseillé cette lecture. J’ai hâte de lire les autres livres dont il m’a parlé avec enthousiasme.



    Sur le même sujet, un autre récit québécois tout aussi bouleversant peut être lu par les plus jeunes : Le coup de la girafe de Camille Bouchard, chroniqué ici.



    Eux, Patrick ISABELLE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Vango, Timothée de FOMBELLEVango est l’histoire d’un jeune garçon, Vango Romano. Le roman commence en avril 1934 à Paris devant Notre Dame, au moment où il va être ordonné prêtre. Mais la police survient pour l’arrêter. Ne comprenant rien à tout cela, Vango décide de fuir en escaladant la cathédrale, à la stupeur générale. Il ignore qui il est et ce qu'on lui veut. On retourne alors en 1918 : Vango a 3 ans et se trouve avec une nourrice. Nous découvrons alors son enfance et ses secrets, au fur et à mesure de sa quête de la vérité.

    Mon avis :

    Ce livre raconte diverses histoires parallèles. Chaque chapitre regorge d’informations et parfois on s’y perd un peu. Les histoires se recoupent et déroutent le lecteur, laissant certains faits en suspens. On se demande au fil des pages qui est Vango, ce qu’il a bien pu faire pour que la police soit à sa recherche... Ce n’est qu’à la fin du livre que le sens apparaît.

    Bien que complexe, ce livre est passionnant. L’intrigue est bien menée et les rebondissements sont nombreux, rythmés, palpitants. J’ai beaucoup aimé ce roman de Timothée de Fombelle qui a une plume superbe et accrochante dès les premières pages. J’ai aussi aimé le décor historique (cette période sombre et troublée de l'entre deux guerres) et les personnages surprenants qui gravitent autour du héros.

    Un vrai roman d’aventures que je conseille vivement à ceux qui aiment la bonne littérature, jeunes ou adultes.

     

     

     

     

     

     

     

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  • L'été des pas perdus, Rachel HAUSFATERMadeleine a un grand-père dont elle est très proche. Mais depuis quelque temps, il change, il oublie les choses ; pour lui, passé et présent se confondent. Le temps d’un été, Madeleine et lui vont cheminer ensemble.

    Mon avis :

    Ce court roman de 112 pages est un petit bijou de tendresse et d’émotion.
    Comment réagir quand on est une jeune ado, que son grand-père est le centre de l’univers - les parents étant quasi inexistants - et que l’on se rend compte qu’il commence lentement à perdre la mémoire ? Madeleine va être confrontée à cette dure réalité qu’est la maladie d’Alzeihmer (même si celle-ci n’est jamais citée).
    Parti en vacances en Normandie, sur les traces de son enfance, Gramps semble détendu et heureux de ce retour aux sources. Il raconte ses souvenirs à Madeleine et notamment la soirée du Débarquement. Périodes de lucidité et d’absence s’enchainent sans crier gare, de plus en plus fréquemment, et la jeune fille a bien du mal à trouver les bons mots, l’attitude rassurante alors qu’elle-même est complètement perdue. N’est-ce pas un poids trop lourd à porter pour une ado ?

    J’ai aimé les moments de complicité vécus par Madeleine et son grand-père quand tout va bien, leur tendresse, la transmission des souvenirs... et la maturité exceptionnelle de cette jeune fille qui trouve les mots qui rassurent lors des crises. La description des situations est d’une grande sensibilité ; sans forcer le trait l’auteure parvient à dépeindre avec justesse la complexité de cette maladie et les difficultés qu’elle entraine pour les proches. On peut cependant se demander si la situation est bien crédible vu le jeune âge de Madeleine.

    Cela reste cependant un bon roman, d’une vraie sensibilité, idéal pour permettre aux jeunes d’une dizaine d’années d’appréhender cette maladie et ses ravages.

    Merci aux édition Flammarion pour ce roman paru dans la collection Tribal.

     

     

     

     

     

     

     

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