• Québec en novembre

     

    Le challenge de Karine et Yueyin est de retour. Un mois consacré à la littérature québécoise dans sa diversité,  ses particularités, sa saveur unique. 

    L'an dernier, j'ai découvert onze romans, ferai-je aussi bien cette année ? J'ai choisi en tout cas de lire des récits très différents les uns des autres et d'oser l'inattendu. J'espère vous tenter, vous donner envie, vous surprendre.
     

     

    A très vite. 


    Cher Emile, Eric Simard
    Nous, Patrick Isabelle
    Là où commence la mer, Dominique Demers
    L'ordre du Méchoui, Lionel Noël
    Voyage léger, Mélissa Verreault
    Les cendres de Sedna, Ariane Gélinas
    Moi aussi j'aime les hommes, S. Boulerice et A. Labonté
    La disparition de Michel O'Toole, collectif
    L'impureté, Larry Tremblay
    Crimes à la librairie, collectif

     

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  • Alma Viva, Vincent ENGELVenise, 1740. À peine remis de l'échec de son dernier opéra, don Antonio est contraint à un nouveau succès s'il ne veut pas être cloîtré à la Pietà, l'établissement pour jeunes orphelines où il enseigne la musique. D'autant que l'on prétend que sa musique est vieille, sans parler des rumeurs qui bruissent sur les mœurs du vieux prêtre. 
    Son ami l'ambassadeur d'Espagne lui présente alors Lorenzo, qui écrira un livret à la hauteur du défi. Défi multiple, car il s'agira aussi pour le compositeur de sauver certaines de ses élèves les plus douées et les plus jolies. Se mettent alors en mouvement des rouages qui pourraient broyer à jamais le destin du prêtre roux. Ou le conduire à la gloire, une ultime fois...

    Mon avis :

    Le nouvel ouvrage de l’auteur belge Vincent Engel, professeur à l’université Catholique de Louvain-la-Neuve, vient de sortir. Intitulé « Alma Viva » il aborde la fin de vie du grand compositeur italien, Antonio Vivaldi.

    L’œuvre s’ouvre sur une multitude de descriptions de la Sérénissime, de sa lagune et de ses célèbres gondoles au 18e siècle puis poursuit en décrivant le protagoniste de l’histoire : Don Antonio. Il vient de subir un échec cuisant, celui de son dernier opéra. Il doit très vite en réécrire un nouveau et rebondir. De nombreuses descriptions, que ce soit de lieux ou de personnes, viennent étoffer la trame. Cela peut être appréciable pour des lecteurs qui prennent du plaisir à découvrir ces descriptions mais cela peut constituer un frein pour certains car beaucoup d’informations arrivent à la fois.

    Comme cela avait déjà été remarqué dans son précédent roman « Le miroir des illusions », de très nombreux personnages interviennent -parfois ponctuellement- et cela donne beaucoup de noms à retenir pour le lecteur, ce qui peut fortement le désorienter.

    Le roman reste un bon livre mais quelques points négatifs sont à retenir. Tout d’abord, lorsque l’on entend le nom du héros, Vivaldi, on s’attend à un roman qui raconte la vie de celui-ci. Mais finalement le lecteur est déçu de ne découvrir que sa fin de vie, une période assez sombre et triste. Ensuite, le livre se termine sur un monologue en 11 scènes qui, à mon sens, n’apporte rien de plus aux lecteurs, les informations étant des redites de l’histoire.

    Les amateurs du genre prendront beaucoup de plaisir à lire ce roman qui plonge le lecteur au cœur du 18e siècle. Personnellement, je regrette les redondances de l’histoire et la lenteur narrative, caractéristique de l’auteur.

    Alma Viva, Vincent ENGEL

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  • Je me suis réveillée en hurlant.
    Jamais de ma vie je n’avais poussé un tel cri, jamais. J’ai coupé court aux questions de mes parents qui ont déboulé dans ma chambre. D’instinct, j’ai su que ce rêve serait un secret. Mais il était là, parfaitement gravé dans ma mémoire.

    Mon avis :

    Et si les anges gardiens existaient ? Et s’il était possible d’entrer en télépathie avec quelqu’un du bout du monde ?

    Lorsque Julie, 15 ans, se réveille brusquement ce matin-là, elle a le sentiment confus qu’elle n’a pas fait un cauchemar mais que ce qu’elle a vu était bien réel. Elle n’a qu’une envie, replonger dans le sommeil et retrouver son rêve. Si c’était un rêve, elle n’y parviendra pas. Mais voilà. Elle retourne dans cette forêt de l’île japonaise de Hokkaido dont elle n’avait jamais entendu parler jusque-là. Quel sens cela a-t-il ? Que lui arrive-t-il ? Pourquoi a-t-elle l’impression d’être dans le corps d’un petit garçon et de pouvoir influer sur ses décisions ? Au risque de sa vie, Julie va tout tenter pour le sauver de cette forêt où il s’est perdu.

    Inspiré d’un fait divers, ce récit d’Eric Pessan mêle drame, psychologie et fantastique et maintient la tension jusqu’au bout de ses 132 pages. Tout est crédible. L’atmosphère est pesante, la forêt angoissante et le désespoir poignant. J’ai retrouvé ici un peu de l’oppression ressentie dans « La petite fille qui aimait Tom Gordon » de Stephen King.

    Eric Pessan parvient a intégré subtilement le fantastique à son récit, au point de nous convaincre que tout cela est possible. C’est finement joué.

    J’ai apprécié ce roman jeunesse, abordable dès quatorze ans et qui ravira bons et moins bons lecteurs. Outre l’abandon et la disparition, il aborde les relations familiales, les non-dits et l’immigration. Le seul regret : je suis restée sur ma faim quant au personnage du gamin dont ne saura rien, ni le nom, ni la raison de son abandon.

     

    Peut-être l’occasion de demander aux élèves de les imaginer…

     

    9e

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  • Hillbilly Elégie, J.D VANCEDans ce récit à la fois personnel et politique, J.D. Vance raconte son enfance chaotique dans les Appalaches, cette immense région des États-Unis qui a vu l’industrie du charbon et de la métallurgie péricliter. 

    Il décrit avec humanité et bienveillance la rude vie de ces « petits Blancs » du Midwest que l’on dit xénophobes et qui ont voté pour Donald Trump. Roman autobiographique, roman d’un transfuge, Hillbilly Élégie nous fait entendre la voix d’une classe désillusionnée et pose des questions essentielles. Comment peut-on ne pas manger à sa faim dans le pays le plus riche du monde ? Comment l’Amérique démocrate, ouvrière et digne est-elle devenue républicaine, pauvre et pleine de rancune ?

     

    Mon avis :

     

    Cette « ode aux péquenots » que nous propose J.D Vance est d’abord une déclaration de tendresse à sa famille et à son Midwest natal, lové au cœur des Appalaches. A travers son histoire et celle de sa famille, il dresse le portrait d’une région dévastée. Jadis pourvoyeuse d’emplois, elle a vu se détériorer le paysage économique peu à peu et ses habitants n’ont pas pu rebondir. Dépités, ils acceptent leur sort et vivent dans la pauvreté de génération en génération, résignés voire apathiques. Elle est aussi un regard sur le chemin parcouru depuis cette petite ville de la Rust Belt et sur ce sentiment d’appartenance, trahi par l’obtention de son diplôme d’avocat.

    Cette élégie (poème plaintif qui décrit une situation de désespoir provoquée par un chagrin d’amour ou une séparation) évoque à la fois la vie chaotique de JD Vance et la réalité sociale des Appalaches. Ayant grandi au sein d’une famille allumée, avec une mère hystérique, capable d’entrer dans des rages folles et de jeter sa voiture sur un poteau parce que son fils l’a contrariée, il va vivre chez ses grands-parents au début de l’adolescence. -Grands-parents exemplaires bien que Mamaw, comme il l’appelle, a quand même aspergé son mari d’essence et menacé de le brûler vif s’il n’arrêtait pas de boire et de courir les filles.- Ce sera sa chance. Ils croient en lui et le poussent à vivre autre chose. Après quatre ans passés dans les Marines, il intègre la faculté de droit de Yale. Premier universitaire de sa famille, il sort de sa condition sans pour autant oublier d’où il vient et ce qu’il doit à sa terre, cette région, ces gens qui sont avant tout des voisins et des amis.

    Le Midwest c’est une région rurale où l’inculture est grande. C’est l’Amérique profonde, patriote, blanche et souvent raciste. C’est l’Amérique qui a voté pour Trump, en a marre des élites et de leurs privilèges et ne fait confiance qu’à ceux qu’ils connaissent et leur ressemblent. L’auteur nous emmène donc au cœur de ses racines familiales, de sa région dont il nous conte l’histoire, la géographie, l’économie et les liens que le tout a tissés entre ses habitants.

    Hillbilly Elégie donne une voix aux sans voix ayant perdu toute illusion. Il décrit de l’intérieur une communauté qui a complètement muté en deux générations passant d’une société démocrate et ouvrière à une société républicaine et pauvre. Il pose aussi des questions essentielles : comment le pays le plus riche du monde, peut-il laisser une région entière se paupériser à ce point ? Comment des ouvriers appliqués et fiers sont-ils devenus des assistés permanents ?

    Un récit fort qui nous permet de mieux comprendre qui sont ces laissés pour compte ayant perdu confiance dans le système, les hommes politiques, les médias et comment ils en sont arrivés là. Un style souple et une écriture fluide qui font de ce récit un vrai page turner.

    #MRL17 #PriceMinister

     

     Hillbilly Elégie, J.D VANCE8e

     

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  • Sucre noir, Miguel BONNEFOYDans un village des Caraïbes, la légende d’un trésor disparu vient bouleverser l’existence de la famille Otero. À la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l’ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l’héritière de la plantation de cannes à sucre qui rêve à d’autres horizons.
    Au fil des ans, tandis que la propriété familiale prospère, et qu’elle distille alors à profusion le meilleur rhum de la région, chacun cherche le trésor qui donnera un sens à sa vie. Mais, sur cette terre sauvage, étouffante, la fatalité aux couleurs tropicales se plaît à détourner les ambitions et les désirs qui les consument.

     

    Mon avis :

     

    Franco-vénézuélien, Miguel Bonnefoy a certainement puisé son imaginaire au fond d’un bon verre de rhum. En est née une histoire de famille ancrée dans la terre de ses ancêtres, où les femmes ont une importance capitale. Réinventant la fin des aventures du pirate Henry Morgan, il nous offre un premier chapitre fantasque et superbe à la fois, qui s’inspire très certainement de divers récits de naufrages et de piraterie.
    Une légende, un trésor, une famille, des rêves, une jolie héritière, un miracle, une femme forte et indépendante, un pays magnifique sont les principaux ingrédients de l’histoire qu’il nous conte.

    A travers l’histoire d’une famille de planteurs de canne à sucre et de producteurs de rhum durant trois générations, Miguel Bonnefoy nous fait découvrir un pays magique, rude, exigeant, fier et beau où évoluent des personnages haut en couleurs, mus par leur rêve. La bonne ou la mauvaise fortune les amènera à les abandonner ou à les mettre en veille. On assistera à l’évolution du domaine qui en cinquante ans se développera prodigieusement jusqu’à la chute. On ne peut qu’y voir une métaphore de la société vénézuélienne tant il mêle habilement imaginaire et réalité quotidienne.

    Chaque personnage à lui seul mériterait une histoire à part. Serena Otero rêve à l’amour qu’elle magnifie et soupire telle Emma Bovary de s’ennuyer dans la vie ; Severo Bracamonte, ambitieux chercheur d’or prêt à tout pour atteindre son but, finira par mettre son rêve entre parenthèse par amour ; Eva Fuego se révèle rebelle et indépendante, mélange de Mary Read et de Sayyida al Hurra.

    Ce roman au réalisme magique nous offre de belles pages descriptives à la langue fluide, tour à tour concrète et onirique. La nature y joue un rôle prépondérant, à la fois généreuse et vengeresse. Miguel Bonnefoy lui rend un hommage appuyé, seule véritable richesse du Venezuela, ressource primordiale dont il faut prendre soin.

    Une phrase pourrait résumer ce conte philosophique que j’ai beaucoup aimé : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »

     

    Sucre noir, Miguel BONNEFOY7e

     

     

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  • Le grand saut 2, Florence HINCKEL Depuis l’accident d’Alex, le groupe des six amis inséparables a volé en éclat. Paul et Iris ne s’adressent plus la parole, Alex s’isole, Marion s’enferre dans une nouvelle relation d’amitié empoisonnée, Rébecca aime Alex qui ne l’aime pas, Iris découvre un nouveau secret perturbant, Paul ne va plus au lycée, et Sam ne se sent nulle part à sa place. Pour couronner le tout, le bac approche avec son lot d’angoisses et de promesses de liberté… Réussiront-ils à recoller les morceaux de cette amitié qui leur donnait des ailes ? Et à trouver, chacun, la force d’affronter obstacles et rêves les plus fous ? 

    Mon avis :

    Dans le premier tome, nous avons fait la connaissance d’Iris, Rébecca, Marion, Paul, Alex et Sam, élèves de Terminale et amis depuis la 6e. L’accident d’Alex a fait voler leur groupe en éclat. Sans surprise, ce deuxième tome les regarde évoluer chacun de leur côté. Une question se pose : leur amitié sera-t-elle la plus forte ?

    Je m’attendais à une suite un peu plate, ce n’est pas tout à fait le cas mais les réactions des adolescents sont, hélas, souvent prévisibles. Nous découvrons le point de vue d’Alex qui a vu sa vie changer le soir d’Halloween, six mois plus tôt. Mais aussi celui de Sam et Marion. Le bac est proche mais rien ne va plus entre les membres du groupe. Alex n’est plus le garçon doux et rêveur qu’il était ; il est devenu plus sombre et révolté. Sam se démène pour tenter d’arranger les choses et recoller les morceaux. Quant à Marion, elle est malmenée par une relation d’amitié toxique et une vie de famille difficile. Cela fait beaucoup.

    Bref, un roman qui parle d’adolescents pour des adolescents qui se reconnaitront sans doute dans les préoccupations des personnages mais qui n’apporte pas grand-chose d’autre qu’un moment de détente. Heureusement, l’écriture et le style sont agréables.

     

     

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