• Boekenbeurs, Anvers

    J’ai déjà visité plusieurs salons et foires littéraires mais c’est la première fois que je me rendais à Anvers pour Boekenbeurs, le salon du livre flamand.

    J’ai été impressionnée par le lieu qui, même s’il s’agit aussi d’un grand espace de style hangar, est plus chaleureux de par ses dimensions et son aménagement intérieur : plafond moins haut, température agréable, meilleure acoustique, recherche dans les aménagements des stands et surtout, de nombreux endroits pour se poser un moment. Qu’ils s’agissent de coin lecture pour les petits, de bancs dans les allées, de tables pour manger et traîner un peu ou de coins détente, tout est prévu pour rendre la visite agréable.

     

    Boekenbeurs, AnversBoekenbeurs, AnversBoekenbeurs, AnversBoekenbeurs, Anvers

     

    Quatre halls accueillent les exposants durant douze jours. Oui vous avez bien lu. Ce salon est accessible du 28 octobre au 4 novembre puis du 8 au 11 novembre inclus. Douze jours dédiés à la littérature !

    Un public clairsemé en ce premier jour. De nombreux auteurs attendaient les lecteurs derrière des tables vides. Même Tom Lanoye (seul auteur néerlandophone que je connaissais). Puis, au détour d’une allée, une file impressionnante. « Un B. V. » pensais-je en me pressant avec curiosité. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une jeune femme, Sandra Bekkari, présentant son 5e ouvrage sur… les régimes et la nutrition. Ce fut sans conteste l’auteur qui a remporté le plus de succès en ce dimanche.

    Boekenbeurs, AnversBoekenbeurs, Anvers

     

    Quelques sources d’étonnement aussi, au fil de mes déambulations, et au-delà du prix d'entrée de 10 euros, quelque peu excessif. Ce salon ne présente pas seulement des livres. B.Post est présent avec ses collections de timbres et ses abonnements, de très nombreux produits dérivés à l’effigie de héros littéraires sont proposés au public (Pop !, vaisselle, cartes postales, porte-clés, peluches, sacs…) et les loisirs créatifs y ont une place impressionnante. Quant aux publications, on trouve une pléthore de publications pour enfants et jeunes, beaucoup d’ouvrages politiques, des biographies de sportifs (Tom Boonen, Franck Vandenbroucke…) et plusieurs ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale qui montrent que la Flandre n’en a pas fini avec cette période et ses conséquences. Mais ma plus grande surprise fut de trouver là, de manière tout à fait naturelle et banale, le stand de la Scientologie proposant les ouvrages de Ron Hubbard.  Je trouve cela extrêmement choquant.

     

    Boekenbeurs, AnversBoekenbeurs, AnversBoekenbeurs, Anvers

    Parmi la centaine, un unique stand francophone trône sous le « Boek-ô-Drome », celui de la Foire du Livre de Bruxelles. C’est d’ailleurs pour lui seul (et par curiosité, je l’avoue) que nous nous y sommes rendus ce dimanche. En effet, Adeline Dieudonné y dédicaçait son roman et rencontrait ses lecteurs, ou futurs lecteurs. L’occasion de les rencontrer dans des conditions plus détendues et de prendre le temps de discuter un peu vu qu’elle n’était pas pressée par la foule. Une conversation bien agréable avec cette auteure d’une grande simplicité qui échange avec plaisir avec ses lecteurs.

    Et une bonne après-midi sous le soleil d’Anvers.

     

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  • Demain c'est loin, Jacky SCHWARTZMANNTête de beur, nom juif et chanteur homonyme : François Feldman était mal barré dès le début. Et ça ne s’est pas amélioré. Sa banquière BCBG, Juliane, lui refuse un nouvel emprunt et Saïd, qui règne sur la cité, cesse de l’aider. Mais grâce à un terrible accident François tient enfin sa chance : Juliane tue le cousin de Saïd et a besoin de son aide pour fuir les caïds et la police. S’ils s’en sortent, il sera en bonne position pour négocier. Encore faut-il s’en sortir…

    Mon avis :


    Si vous connaissez la chanson du groupe I am « Demain c’est loin » vous avez une petite idée de ce que raconte ce roman. La banlieue, les amis-à-la-vie-à-la-mort, les embrouilles, les coups foireux, la difficulté de s’en sortir, la police… Mais ce livre n’est pas un Xième récit sur le sujet.

    Jacky Schwartzmann jongle avec l’humour et l’ironie mordante tout au long de ce roman noir assez jubilatoire. D’accord, son héros sort d’une cité lyonnaise dite sensible, il a une tête d’arabe bien qu’il soit Français et ses amis et fréquentations le sont, eux, arabes. Pour réussir dans la vie, en se refusant à vivre de combines ou de deals, ce ne sont pas des atouts. Mais il a un truc en plus : l’humour ! Hélas, son humour décalé ne plait pas suffisamment aux Lyonnais pour que son affaire décolle et pas du tout à sa banquière qui le voit s’enfoncer dans le rouge de mois en mois. Un malheureux concours de circonstances viendra chambouler sa vie, ses certitudes et ses espoirs de s’en sortir.

    Les thèmes de ce roman n’ont rien d’originaux ; les cités, les jeunes paumés, les règlements de compte, la course poursuite et l’improbable duo de héros ont été vus maintes et maintes fois. Cependant, Jacky Schwartzmann s’en sort plutôt pas mal grâce à l’humour acéré de son propos et à la personnalité de François. Retors mais sympathique, de mauvaise foi mais franc du collier, il donne à l’histoire une dimension enthousiasmante. Les personnages enfilent les stéréotypes comme des perles mais le ton caustique installe d’emblée le second degré. Le ton est vif, l’histoire rythmée, pleine de rebondissements (souvent cocasses) et les répliques claquent.

    Enfin, le propos de l’auteur est loin d’être superficiel. Son héros a une vision juste et lucide de la situation des banlieues en France, des relations humaines, de l’immigration, des inégalités sociales et de la société en général. L’air de rien, il élargit notre vision des choses et fait réfléchir.

    Pas un coup de cœur mais un récit intelligent, drôle et plaisant qui fait passer un très bon moment.

    Merci à Masse critique de Babelio pour cet envoi.

     

     

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  • Le blog fête ses 8 ans !

    Ce week-end, mon blog fête ses 8 ans !

    Je pense qu’il a atteint sa vitesse de croisière avec une moyenne d’un livre lu par semaine et trois challenges que je prends plaisir à réaliser sur l’année.

    La vie, le travail, la famille m’éloignent parfois du blog mais la lecture fera toujours partie intégrante de moi. J’ai toujours un livre dans mon sac et je ne reste jamais une journée sans lire une page.

    Et puis, d’année en année, le blog et la lecture me font rencontrer des personnes formidables, riches, amicales, sensibles, érudites… et je m’en réjouis.

    Merci aux lectrices, aux libraires, aux chroniqueurs ET aux auteurs qui croisent ma route. Merci pour leur amitié ; ils me sont source d’inspiration.

     

     

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  • Carnaval noir, Metin ARDITIJanvier 2016 : une jeune étudiante à l’université de Venise est retrouvée noyée dans la lagune. C’est le début d’une série d’assassinats dont on ne comprend pas le motif. Elle consacrait une thèse à l’une des principales confréries du XVIe siècle, qui avait été la cible d’une série de crimes durant le carnaval de Venise en 1575, baptisé par les historiens « Carnaval noir »…

    Cinq siècles plus tard, les mêmes obscurantistes qui croyaient faire le bien en semant la terreur seraient-ils toujours actifs ? Bénédict Hugues, professeur de latin à l’université de Genève, parviendra-t-il à déjouer une machination ourdie par l’alliance contre-nature d’un groupuscule d’extrême droite de la Curie romaine et de mercenaires de Daech, visant à éliminer un pape jugé trop bienveillant à l’égard des migrants ?

    Mon avis :

    Delendi sint haeretici !

    L’Histoire se répèterait-elle ? Les complots visant à déstabiliser l’Etat ou l’Eglise n’en finissent-ils jamais ? Le traité de Machiavel, rédigé au XVIe siècle, semble éminemment moderne, la réalité étant parfois pire que la fiction.

    Tout commence à Venise lorsqu’une jeune doctorante en Histoire s’approche de trop près, d’une confrérie caritative qui, en 1575, disparut corps et biens durant le carnaval. Le siège de la confrérie fut incendié et un prestigieux tableau peint par Paolo il Nano disparut à son tour avant que l’auteur ne soit retrouvé pendu au pont du Rialto, quelques jours plus tard. Personne n’a jamais su qui était derrière ces crimes et les historiens de l’époque ont appelé ces événements « Carnaval noir ».

    Mêlé à cette histoire bien malgré lui, Bénédict Hugues, éminent professeur de latin médiéval à Genève n’aura de cesse de comprendre le lien entre la confrérie du XVIe siècle et les meurtres de 2016.

    Dans ce roman, Metin Arditi nous raconte l’histoire d’un complot : le 29 juin 2016, un double attentat doit avoir lieu à Rome. Si les terroristes sont issus de la filière libyenne de Daesh, les commanditaires, eux, sont membres d’un groupuscule d’extrême droite. La raison de tout cela est double : la peur d’une Europe de moins en moins blanche et chrétienne, pour les uns, la volonté de tuer des infidèles pour les autres.

    Reliant les fanatismes d’hier et d’aujourd’hui, ce récit nous promène d’un siècle à l’autre avec érudition. On y retrouve l’univers d’Arditi que j’avais tant aimé dans « Le Turquetto » : le monde de la peinture italienne dont il parle si bien et l’Histoire de la Sérénissime à l’époque de sa splendeur. Soigné, passionnant, ce roman nous offre deux intrigues étroitement imbriquées et deux époques qui, finalement, ne semblent pas si éloignées.

    Une fois encore, Metin Arditi se montre un conteur d’exception. Il construit un roman fluide, dans une langue élégante et ciselée où se côtoient latin médiéval, frioulan et français contemporain mais aussi la Venise du XVIe siècle, l’univers feutré des banques suisses du XXI, les manigances de la Curie actuelle et les attentats terroristes de l’EI. Le tout agrémenté d’humour.

    On referme ce livre sous le charme de ce roman historique romanesque et proche du thriller ou Metin Arditi interroge la légitimité même de la Curie et sa fidélité au pape. Un sujet éminemment d’actualité.

     

    Carnaval noir, Metin ARDITI9e

     

     

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  • Québec en novembre 2018

    C’est avec joie que je vois revenir le challenge « Québec en novembre ». A l’heure des premiers frimas, ce challenge venu du froid réchauffe les cœurs. Il y a tant de titres, tant de romans que j’ai envie de lire, tant d’auteurs à découvrir. D’ici huit jours, il sera l’heure de se replonger dans la littérature québécoise.

    Ferais-je mieux que les dix titres de l’an dernier ?

    Je l’espère, même si le travail est de plus en plus prenant et m’éloigne de la lecture.

    Merci à Karine et Laurence qui est à la tête de ce challenge si chaleureux qui nous réunit chaque automne autour de la Belle Province.

     

    Pour tous les détails, les rendez-vous (auxquels je ne peux m’engager avec certitude) allez voir sur la page facebook ou sur le blog de Karine ou sur celui de Yueyin.

     


    Rencontre avec Juliana Léveillé-Trudel
    Janvier tous les jours, Valérie Forgues
    Au péril de la mer, Dominique Fortier
    Hackers, Isabelle Roy
    Maman veut partir, Jonathan Becotte 
    Je voudrais qu'on m'efface, Anaïs Barbeau-Lavalette
    Taqawan, Eric Plamondon
    Manikanetish, Naomi Fontaine 
    Le sang des prairies, Jacques Côté 
    Louis Riel, l'insurgé, Chester Brown


    Mon challenge est maintenant terminé. Encore une fois de belles lectures et des découvertes intéressantes voire passionnantes. Je progresse encore dans ma connaissance de la littérature québécoise et j'adore ça.

     

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  • Monsieur Coucou, J. SAFIEDDINE & K. PARKAllan est émigré en France. Il a fait sa vie avec Prune, sa compagne, et tous deux veillent sur Thésée, la mère de Prune, en fin de vie. Alors qu’il est heureux dans cette famille entre ces deux femmes et les deux sœurs de Prune, il refuse d’accepter les appels de sa sœur et de son frère, restés au pays, qui téléphonent tous les jours…

    Mon avis :

    Beaucoup d’implicites dans cette BD et de non-dits dans la vie Allan-Abel. Au fur et à mesure que le récit avance, on comprend par bribes ce qu’il en est.

    Exilé en France où il a fait sa vie, il a tiré un trait sur son passé et changé de nom. Un jour, sa belle-mère étant au plus mal, il décide de retourner chez lui, sur cette terre dont il s’est senti banni afin de lui trouver un remède qui la soulagerait un peu. Mais, malgré les décennies d’absence, les souvenirs douloureux sont encore bien ancrés en lui. Ecartelé entre ses origines et sa vie actuelle, Abel va tenter de recoller les morceaux de son identité.

    Il faut du temps avant de comprendre qu’Abel a quitté le Liban où il a vu mourir son père. Il ne parle plus sa langue natale, a abandonné la religion et mis de la distance avec sa famille. Le retour au pays sera initié par sa belle-mère qui, mourante, le pousse ainsi à renouer avec sa propre mère et les siens. Mais ce retour sera douloureux, fera remonter les souvenirs et mettra Abel face à un choix.

    Joseph Safieddine, le scénariste, dépeint un homme tourmenté, déchiré entre deux cultures : une qu’il a reniée, une qu’il a choisie mais n’est pas tout-à-fait la sienne. C’est un être complexe, taiseux, renfermé mais dans lequel on sent beaucoup d’affection, de force et de doutes à la fois. L’auteur, comme le dessinateur Kyungeun Park installent une atmosphère, une ambiance que le rythme lent de l’histoire favorise. Par une foule de petits détails, de situations esquissées ou d’événements plus intenses, la personnalité d’Abel et l’origine de ses blessures se construisent peu à peu expliquant ses ambiguïtés.

    J’ai aimé le dessin de Park, notamment dans les décors qu’il rend à merveille : la justesse et la précision des traits des animaux ou les paysages montagneux du Liban. Thésée dont la santé décline est également dessinée de façon émouvante : traits vieillis, fatigués, visage souffrant…
    Le tout est mis en valeur par Loïc Guyon et Céline Badaroux dans des tons ocre, orange, crème, vert qui rendent bien l’atmosphère chaude du pays.

    En ce qui concerne l’histoire, j’ai aimé la manière dont l’auteur aborde la famille, ses secrets, ses blessures et ses apaisements ou les tensions qui habitent Abel et les thèmes du déracinement et de l’identité ainsi évoqués. Délaissant le côté politique, Safieddine ancre le récit sur un drame familial pour mieux parler de ces thématiques et c’est réussi.

    Beaucoup d’émotions dans cette bande dessinée qui touche à l’intime avec justesse.

     

     

     

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  • La belle de Casa, In Koli Jean BOFANEQui a bien pu tuer Ichrak la belle, dans cette ruelle d’un quartier populaire de Casablanca ?
    Elle en agaçait plus d’un, cette effrontée aux courbes sublimes, fille sans père née d’une folle un peu sorcière, qui ne se laissait ni séduire ni importuner. Tous la convoitaient autant qu’ils la craignaient, sauf peut-être Sese, clandestin arrivé de Kinshasa depuis peu, devenu son ami et associé dans un business douteux. Escrocs de haut vol, brutes épaisses ou modestes roublards, les suspects ne manquent pas dans cette métropole du XXIe siècle gouvernée comme les autres par l’argent, le sexe et le pouvoir. Et ce n’est pas l’infatigable Chergui, vent violent venu du désert pour secouer les palmiers, abraser les murs et assécher les larmes, qui va apaiser les esprits…
     

    Mon avis :

    Tout commence par un meurtre. Qui et pourquoi a-t-on tué la jeune Ichrak en pleine rue ? Les suspects ne manquent pas. Le commissaire Daoudi qui la désirait et est justement chargé de l’enquête ? Farida Azzouz qui règne en maître sur le quartier de Derb Taliane ou Nordine, son homme de main ? Un amoureux éconduit ? Et pourquoi semble-t-on vouloir faire porter le chapeau à Sese, devenu l’ami d’Ichrak ?

    Tout le quartier est en ébullition depuis ce meurtre et le vent chaud qui souffle sur la ville aiguise encore les tensions. Que lui reprochait-on à Ichrak si ce n’est de vivre libre et de tenir tête à tous ? Elle était belle mais solitaire, flanquée d’une mère malade, perdant un peu la tête. Elle cherchait aussi désespérément à connaitre ses origines et le mystère de sa naissance, elle, la fille sans père. Était-elle trop curieuse ?

    Au cœur d’un quartier populaire de Casablanca, on plonge au cœur des jalousies et des passions, du trafic et des affaires, des luttes d’influence et de la concupiscence masculine. Sese fait office de candide dans ce panier de crabes, lui qui a échoué là par hasard, roulé par un passeur. Débrouillard, il joue le séducteur sur internet, un brouteur dans le jargon congolais, et vit de l’argent que lui envoient des femmes naïves dont il exploite, sans scrupule, la solitude.

    D’un humour cynique, ce roman dénonce avec lucidité la corruption immobilière, l’exploitation des pauvres et des migrants, les magouilles et les intimidations. Certains sont prêts à tout pour obtenir ce qu’ils convoitent même à monter les gens les uns contre les autres et mettre la ville à feu et à sang dans l’indifférence totale des autorités.

    Tout au long des deux cents pages du roman, on oscille entre tragédie et comédie. In Koli Jean Bofane a la plume acérée, féroce et brillante. En quelques traits précis, il dépeint un microcosme populeux haut en couleurs et parvient à nous faire rire des malheurs de l’Afrique. Même si parfois, ce rire est triste.

    Un récit à lire pour découvrir une population et un état de fait. Brillant.

     

    La belle de Casa, In Koli Jean BOFANE8e

     

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