• Civilizations, Laurent BINETVers l’an mille : la fille d’Erik le Rouge met cap au sud.

    1492 : Colomb ne découvre pas l’Amérique

    1531 : les Incas envahissent l’Europe.

    À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ?

    Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux conquistadors. Donnez-leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l’histoire du monde est à refaire.

    Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l’Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ?

      

    Mon avis :

     

    Débuté fin septembre, j’ai abandonné ce roman avant la fin, me disant que j’y reviendrai peut-être mais je n’en ai pas ressenti l’envie. J’avais rédigé un premier billet, rapidement interrompu. Je pensais ne pas le publier. C’est l’avis d’une blogueuse qui m’a donné envie de revenir à mes notes pour le finaliser.

     

    « Civilizations » est le nom d’un jeu vidéo. Je l’ignorais jusqu’à ce que mon fils m’en informe. Il consiste à développer une civilisation et à être meilleur que les concurrents. Laurent Binet indique donc dès le début que tout cela n’est qu’un jeu.

    Ce roman est divisé en quatre parties. La première évoque la fille du pirate Erik le Rouge, (j’ai eu du mal à entrer dans cette saga nordique et à comprendre son intérêt jusqu’à ce qu’on parle du fer) la deuxième est une parodie de journal de bord de Christophe Colomb, suivie d’une chronique sur l’arrivée des Incas en Europe alors que la guerre de religion fait rage, probablement la plus dynamique mais j’y ai perdu pied, je n’ai plus suivi l’auteur.

     

    Ce roman se veut une uchronie, c’est-à-dire un récit de fiction basé sur des faits historiques mais dont une donnée aurait changé. Ici, Binet imagine que Christophe Colomb n’a pas découvert l’Amérique et ne rentre pas en Espagne et qu’au contraire ce sont les Incas qui vont envahir l’Europe où leur religion remplace le catholicisme. C’est amusant un temps (pour autant qu’on ait des connaissances historiques sur l’époque), les chapitres sont brefs et permettent une progression assez rapide et puis… pfff.

     

    Cela aurait dû me plaire, j’aime les romans historiques, l’uchronie, Binet… Mais le mélange des genres m’a semblé d’une grande maladresse. Laurent Binet écrit bien, son récit tient la route mais c’est un tel étalage de savoirs, d’allusions littéraires, de parodies, de références de toutes sortes… qu’on arrive à saturation. L’uchronie devient un exposé historique (à l’envers) et didactique sans émotion. Et on ne sait plus s’il s’adresse aux amateurs de SF en cherchant à les instruire (pensant ainsi qu’ils ne le sont pas) ou s’il tente d’attirer son public vers un genre qui ne lui est pas familier, surfant ainsi sur la vague à la mode. « Moi aussi, je peux écrire de l’uchronie, mais en mieux ».

     

    Déception donc et abandon, ce qui est assez rare chez moi mais j’ai trouvé le récit par trop inégal.

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  • Il revient !

    Comme chaque automne, le challenge de Karine et Laurence nous revient avec son accent chantant, ses grands espaces, ses écrivains talentueux et ses histoires fortes.

    Cette année, nous étrennons un tout nouveau logo, réalisé par Isabelle Soucy. Tout beau, épuré, élégant, rappelant la nature, la mer, la montagne, la liberté. Je l'adore !

    Je ne lis pas québécois qu’en novembre, mais c’est toujours un rendez-vous privilégié où je prends le temps de ne lire que cette littérature et d’en profiter pleinement, une bonne tasse de thé au vin de glace à la main.

    J’ai hâte ! Et vous ?




    De rivières, Vanessa Bell
    Omaha Beach, Catherine Mavrikakis
    Jours d'attente, Desaulniers-Brousseau et Leclerc
    Un ménage rouge, Richard Ste Marie
    Rivière tremblante, Andrée A. Michaud   
    Le deuxième mari, Larry Tremblay
    La curieuse histoire d'un chat moribond, Maire-Renée Lavoie
    L'angoisse du poisson rouge, Mélissa Verreault



     

      

     

     

     

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  • Rien n'est noir, Claire BERESTÀ force de vouloir m’abriter en toi, j’ai perdu de vue que c’était toi, l’orage. Que c’est de toi que j’aurais dû vouloir m’abriter. Mais qui a envie de vivre abrité des orages ? Et tout ça n’est pas triste, mi amor, parce que rien n’est noir, absolument rien.
    Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé par un accident de bus et ses manières excessives d’inviter la muerte et la vida dans chacun de ses gestes. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème. 

     

    Mon avis :

     

    Claire Berest nous raconte dix ans de la vie de Frida Kahlo dans ce roman de la rentrée. Elle revient sur l’accident qui a failli la tuer et l’a laissée percluse de douleurs toute sa vie. Elle relate ensuite sa rencontre avec Diego Rivera et la passion qui les lia tous les deux.

     

    Le récit, divisé en quatre parties : bleu, rouge, jaune, noir, peint le portrait d’une femme hors normes, libre, passionnée, excessive… Une femme forte qui a une revanche à prendre sur la vie. Il parle aussi de peinture, de politique, d’amour, de colère… de vie, tout simplement. Tout ce qui fit le couple Kahlo-Rivera.

    Leur insouciance, leur soif de vivre, leur exubérance cachaient en fait leurs souffrances et leurs failles personnelles. C’est la raison qui les a attirés aussi passionnément l’un vers l’autre, malgré la différence d’âge, malgré les excès et les dérives de leur amour intense et destructeur à la fois.

     

    C’est aussi l’histoire du Mexique des années trente, du communisme de l’époque, d’un monde de fêtes et de dérives où les contradictions entre les idées et les actes sont légions.

     

    Soutenu par la jolie plume de Claire Berest ce récit nous emporte dans un tourbillon de rires et de larmes, de folie et de passion. C’est un roman lumineux et vibrant. Un très bel hommage à Frida Kahlo, la femme, l’amoureuse et l’artiste.

    Un très agréable moment de lecture que je recommande aux curieux et aux amateurs d’art.

     

     Rien n'est noir, Claire BEREST5e

     

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  • Zeus, le roi des dieux, Hélène MONTARDRELe jeune Zeus est tourmenté et ne peut s’empêcher de se poser des questions ; « Qui suis-je ? Qui sont mes parents ? Pourquoi m’ont-ils abandonné ? » Alors qu’il découvre enfin le terrible secret de ses origines, il n’a plus qu’une idée en tête : se venger de son père, le redoutable roi des Titans…

     

    Mon avis :

     

    Ce récit nous conte les origines de Zeus, sa naissance secrète, sa lignée, comment il a pris le pas sur ses frères et sœurs et choisi le mont Olympe comme demeure. Nous découvrons ou redécouvrons les Hécatonchires, ces trois frères dotés de cinquante bras à chaque épaule.

    Lu à sa sortie en 2013, je constate que cet ouvrage a été retravaillé et certains passages améliorés pour plus de clarté. Le style est fluide, l’histoire claire et les personnages suffisamment décrits pour être intéressants sans être trop complexes. Toute la série des petites histoires de la mythologie sont d’ailleurs extraordinaires.

    C’est un réel plaisir de redécouvrir la mythologie sous les mots d’Hélène Montardre. Les grands mythes racontés simplement, de manière brève allant à l’essentiel sont mis à la portée des enfants. Si vous ne les avez jamais lus, je ne peux que vous recommander de le faire au plus tôt.

    Merci aux éditions Nathan pour cet envoi.

     

     

     

     

     

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  • Petits récits mythologiques, Jason et Europe, Hélène MONTARDREJason et la Toison d’or

    Pour récupérer son trône, Jason doit rapporter la Toison d’or au roi Pélias. Mais la parure du bélier merveilleux se trouve en Colchide, une région qu’il ne peut rejoindre sans risquer sa vie. Loin de se laisser impressionner, Jason s’entoure de héros courageux, les Argonautes, et se lance dans un périlleux voyage…

     

     

     

    Petits récits mythologiques, Jason et Europe, Hélène MONTARDREA la recherche d’Europe

    Europe est une jeune fille si jolie que Zeus en tombe amoureux. Transformé en taureau blanc, il l’enlève. Les trois frères d’Europe partent à sa recherche. L’un d’eux, Cadmos, croise sur sa route de nombreux défis et doit se battre contre un monstrueux serpent. Au milieu de tous ces dangers, retrouveront-ils la trace de leur sœur ?


     

    Mon avis :

     

    Hélène Montardre continue à nous proposer des récits issus de la mythologie grecque et rédigés dans une langue simple sans être simpliste. Destiné aux jeunes dès 9 ans, ces récits épiques leur transmettent non seulement le goût de l’aventure mais aussi celui de la lecture. Parus en 2011, ces deux histoires sont des rééditions des éditions Nathan et les légendes qu’ils mettent en évidence sont peut-être moins connues.

    Dans le premier, Jason, qui a échappé à la mort grâce à ses défunts parents, vient réclamer son trône à son oncle l’usurpateur. Pour s’en débarrasser, Pélias lui promet de le lui remettre à condition qu’il ramène pour lui la Toison d’or. Faisant appel à de jeunes Grecs en mal d’aventures, il embarque avec eux sur l’Argo, le bateau construit par Argos. Leur équipage prend comme nom « Les Argonautes » et part pour la Colchide. Un grand périple plein d’imprévus et d’embuches les attend.

    Dans le second, Zeus, aidé d’Hermès, se mêle à un troupeau de vaches et de taureaux qui paissent dans une prairie où des jeunes filles cueillent des fleurs. Il a repéré une de ces jeunes filles, la plus belle. Pour l’approcher, il se transforme en taureau. Séduite par la beauté et la puissance de la bête, elle l’approche et prend même le risque de grimper sur son dos. Le taureau s’approche de la mer et galope alors loin du rivage. Les frères et la mère de la jeune Europe partent alors à sa recherche. Nous suivons les traces de Cadmos, un de ceux-ci.

    Dans les deux cas de courts chapitres rythment le récit. Ces légendes sont sublimées par l’écriture d’Hélène Montardre où chaque mot est choisi avec soin. Elle ne s’embarrasse pas de superflu et chaque mot est réfléchi. La lecture en est facilitée tout en étant plaisante.

    Merci aux éditions Nathan pour cet envoi.

     

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  • Kilissa, Marie-Bernadette MARSAu palais de Mycènes, Clytemnestre côtoie tous les jours Kilissa, une esclave qui vit dans l'ombre. Leurs voix, leurs yeux, leurs regards se croisent et se répondent. Entre les deux femmes qui vivent dans un contexte de guerre, de séparation, d'injustice et de désespoir, la reconnaissance des sentiments et la compréhension se faufilent. Au-delà des personnages antiques, les interrogations, les douleurs, les joies et la recherche de justice ont des accents intemporels.

     

    Mon avis :

     

    Même sans avoir fait d’études classiques, tout le monde a entendu parler de la guerre de Troie et de son fameux cheval. Mais sait-on encore ce qui l’a déclenchée et qui étaient les protagonistes ?

    Marie-Bernadette Mars réécrit ici cette histoire en s’intéressant avant tout aux femmes. Les grands faits antiques sont toujours racontés par des hommes et du point de vue des hommes. Dans ces récits, les femmes sont soit détestées, soit ignorées. Ainsi Clytemnestre apparait-elle comme une femme cruelle (N’a-t-elle pas tué son mari ? N’a-t-elle pas un amant alors que son époux guerroie ?) mais qui cherche à comprendre les raisons de son geste ?

     

    Dans ce roman deux femmes sont mises à l’honneur : Clytemnestre le « je » et Kilissa le « elle ». Kilissa est une esclave, une femme de l’ombre. Dans l’Antiquité, les esclaves n’avaient pas de nom. On les déterminait selon leur origine, ils perdaient toute identité. Kilissa signifie la Cilicienne. Dans la maison de Clytemnestre, c’est l’accoucheuse. Elle développe donc une relation particulière aux enfants qu’elle a mis au monde et dont elle a pris soin. C’est ce lien particulier entre Kilissa et les enfants de la famille des Atrides que l’auteure met en évidence dans ce récit. Quand, trompées par Agamemnon, les deux femmes vont assister impuissantes à la mort d’Iphigénie, leur existence va en être bouleversée à jamais.

    Entre Kilissa et Clytemnestre va se nouer une relation autre. Sans jamais sortir de son rôle, Kilissa va soutenir et aider Clytemnestre à survivre à son deuil. Discrète, elle va prendre soin d’Electre et d’Oreste dont sa maîtresse n’arrive plus s’occuper.

     

    Ce roman poignant rend à ces deux femmes un rôle fort et clair qui permet de comprendre ce qui s’est passé à Mycène, à l’époque d’une société patriarcale où défendre son honneur était primordiale, quitte à s’en prendre à sa propre famille pour le rétablir. Un récit d’une modernité incroyable qui fait écho à certains faits de notre époque.

     

    C’est un récit sur la violence, l’absence de justice, l’honneur et l’amour maternel. C’est aussi deux beaux portraits de femmes, des femmes de l’ombre auxquelles on donne enfin la parole. Le tout servi par une écriture maîtrisée, à la fois belle, forte et mélodieuse. Toutes ces raisons me l’ont fait beaucoup aimer et je ne peux que vous le recommander chaleureusement.

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  • Marie-Bernadette MARS

    Ce samedi 12 octobre, « Saveurs de lire » (le club de lecture d’Olne) et la Bibliothèque d’Olne accueillaient l’auteure liégeoise Marie-Bernadette Mars.

     

    Professeure de latin et de grec retraitée depuis peu, passionnée de Grèce et de culture antique, elle est aussi écrivain et ce beau pays est naturellement au cœur de ses romans. Pendant une heure trente, elle y a embarqué à sa suite la vingtaine de participants venus écouter la présentation de son deuxième roman, « L’échelle des Zagoria » paru aux éditions Academia.

     

    Marie-Bernadette MARSCe roman est l’histoire de Léa, petite-fille de Stamatia. Alors que sa grand-mère est d’origine grecque, elle n’a jamais parlé de son pays à sa famille, ni de son passé et n’évoque jamais ses souvenirs. Sentant la fin arriver, elle demande à Léa d’effectuer à sa place un voyage aux Zagoria dont elle est originaire. Léa commence alors une quête sur ses origines et plonge dans le passé douloureux de la Grèce en proie à la dictature des Colonels.

    Alors que son premier roman « Kilissa » nous plongeait au cœur des récits antiques avec une revisite de la Guerre de Troie, celui-ci nous parle de la Grèce contemporaine, de la seconde Guerre mondiale à nos jours établissant des parallèles entre hier et aujourd’hui.

     

    Ce roman aborde également deux thèmes plus intimes : celui de la transmission et celui de la mémoire. Que laisse-t-on à ses descendants ? Quelle valeur apprise restera finalement ancrée chez nos enfants et petits-enfants ? Deux thèmes au cœur même de notre existence et de notre humanité, faisant de nous des passeurs d’expériences. Exactement ce que fut ce samedi, Marie-Bernadette Mars.

     

    Cette rencontre, agrémentée de lecture d’extraits, s’est ensuite poursuivie par un échange avec le public, touchant au cœur des romans de l’auteure et de sa passion pour l’écriture.

    Enfin, une si belle rencontre ne pouvait se clôturer que sur des saveurs helléniques et nous avons partagé tous ensemble un verre de Retsina et des amuse-bouche grecs.

     

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