• 30 ans de la collection "Grands détectives" chez 10/18

     Grands Détectives 10/18 : 30 ans et tout son cran ! 

     

      

    Pour son anniversaire, “Grands Détectives”, LA collection emblématique du roman policier historique a invité les lecteurs à partager souvenirs et anecdotes avec certains de ses auteurs les plus populaires. Le débat animé par Michel Dufranne mettait en présence Claude Izner (Liliane et Laurence Korb), Odile Bouhier et David Khara. 

     

    Pourquoi des romans policiers dans des contextes historiques ? Prenez-vous des libertés avec l’Histoire ?

    CI : Quand nous avons commencé à écrire, nous n’avons pas pensé à une série historique. On n’a pas pris non plus de liberté avec l’Histoire. On a choisi une période qui nous plaisait, riche en événements et on y a incrusté les faits dans la trame de notre récit. Notre série avec Victor Legris s’arrête en 1900. Nous l’avions prévu dès le départ. On ne veut pas tirer sur la corde et on a l’impression d’avoir fait le tour de nos personnages. Nous préparons un autre récit qui se déroulera dans les années 20 avec d’autres héros.

    OB : J’aime m’imprégner de tous les personnages, de l’Histoire elle-même, pour être sûre du décor. Ensuite, c’est la fiction qui m’intéresse. La trame narrative est de la fiction. Je m’amuse.

    La documentation est une grande partie de mon travail en amont. Pour mon roman « Le sang des bistanclaques », j’ai rencontré longuement la fille d’Edmond Locard (fondateur du tout premier laboratoire de police scientifique à Lyon, NDLR)

    DK : Avec la Seconde Guerre mondiale, quand on y met le doigt, on n’a jamais fini d’apprendre. Je voulais montrer que le passé a encore une influence sur le monde d’aujourd’hui. Quand j’ai parlé des déportés, j’ai visionné des centaines de reportages historiques, insoutenables… Simone Lagrange, déportée survivante d’Auschwitz, torturée par Barbie, a inspiré mon personnage masculin. Elle a dénoncé Barbie et témoigné à son procès. J’ai aussi travaillé sur les témoignages de Stéphane Hessel.

    Ce qui est du thriller pour nous est la réalité de certains, leur vie… en écrivant, je leur rends hommage. L’histoire de Rudolf Hess, par exemple, est incroyable mais vraie. La vérité historique est importante quand on est dans l’hommage.

      

    Quelles sont vos sources ?

    CI : La presse, les photos (très important les photos !) Tout doit être juste. Le décor est réel, on est la conséquence du 19e siècle, il doit être correct. Cette époque, c’est le début de tout : industrialisation, immigration antisémitisme, grands travaux à Paris… On ne peut être vague ou incohérente.

    On a choisi le domaine populaire, qu’on connait bien et qui est très intéressant à décrire. La forme ludique est préférable au documentaire si on veut faire passer l’Histoire. Si dans un roman, l’auteur explique, fait une pause, le récit n’est pas réussi. Cela doit être fluide.

    OB : Je me sers de dossiers de police, de la presse, d’imprégnation de la ville de Lyon. Je suis allée aux archives aussi, lire « Le Progrès », vérifier la météo qu’il faisait, les faits divers… J’ai intégré tout ça dans l’histoire, j’ai pris des photos aussi…

    J’ai visité le laboratoire de police scientifique, me suis fait expliquer le fonctionnement… J’ai fait des études de scénario et cela m’aide beaucoup. Je visionne plein de films aussi.

     

    Etes-vous attentifs à être précis au niveau du langage, du champ lexical ?

    DK : Je pratique beaucoup d’imprégnation pour en donner une toute petite partie dans mes récits.

    Pour ce qui est du vocabulaire, je dirais oui et non. Je fais attention à ce que les termes soient vrais, de l’époque. Dans mon livre, une scène entre Hitler et Himmler est inventée mais j’ai vérifié que tout aurait pu être vrai, plausible, réaliste. J’aime maîtriser le contexte avant d’écrire.

    OB : Le titre est l’onomatopée des métiers à tisser de la Croix Rousse. Je ne l’ai pas inventé. Le récit est une conséquence de la Première Guerre mondiale. J’avais envie d’en parler, d’expliquer la terreur et comment cela a permis à la science de se développer. Les atroces blessures de la guerre ont poussé la science, la médecine à innover notamment en chirurgie réparatrice. Bien sûr, le vocabulaire technique est d’époque car le matériel actuel n’existait pas encore. Je ne peux pas l’inventer. Par contre, mon inspecteur est assez moderne.

    CI : Pendant douze ans, nous avons écrit des romans jeunesse et nous devions brider notre vocabulaire car il était trop difficile pour les jeunes. Nous avons eu besoin de changer, de respirer et nous en sommes venues aux polars historiques.

    On aime rire quand on écrit, on choisit des noms farfelus par exemple, des gros mots… Mais on a douté au début.

    Avec Legris, la truculence est restée. Certaines expressions d’époque nous amusent alors on les intègre à l’histoire comme « en bas relief » ou « pêcher une friture dans le Styx »… elles datent vraiment du Paris du 19e. On aime ça. On ne choisit pas les mots qui ne sont pas de cette époque, comme par exemple « concocter » ou « alpaguer » qui n’apparaîtront qu’en 30-35.

    Ce qui compte c’est le rire, il est salvateur.

      

    Le héros récurrent est-il indispensable ? 

    CI : Il a été prévu en ce qui nous concerne. Ce fut une facilité et un plaisir.

    OB : C’est une difficulté pour l’écrivain. Je suis nourrie aux séries télé où le héros est récurrent. J’aime les créer, les creuser, montrer leurs zones d’ombre… Il faut pouvoir aussi le tenir sur la longueur et ce n’est pas toujours facile.

    DK : C’est le pied pour moi ! Dans la première version, il mourrait. Puis en tant que lecteur, je n’ai pas pu m’y résigner. J’ai eu envie d’une série. J’ai été emporté par mes recherches et découvert une dimension qui allait au-delà du sujet de mon premier roman et la suite s’est imposée. Il fallait qu’il poursuive. L’industrie pharmaceutique dont je parle, l’industrie alimentaire… découlent de la Seconde Guerre mondiale.

    Retrouver un héros, c’est retrouver un ami. Pourquoi s’en priver ?

    CI : La difficulté vient du fait que pour les lecteurs qui commenceraient la série au milieu, il faut rappeler quelques détails sans pour autant lasser les autres qui ont suivi depuis le début.

      

    La ville est aussi très importante dans vos romans.

    OB : J’ai eu envie de m’approprier Lyon, c’est une ville photogénique et sous utilisée en télé et en littérature. Comme le premier laboratoire scientifique a été créé à Lyon, cela s’imposait.

    La Croix Rousse raconte des choses sur les habitants, les métiers, c’est important. On ne peut en parler sans évoquer les traboules, les cours, ce serait impensable. La ville devient un élément de l’histoire. C’est drôle aussi.

    CI : Paris, c’est moins original. Mais je suis bouquiniste au pied de Notre Dame et j’ai été spécialisée un temps dans les cartes postales anciennes. Cela s’est donc imposé. Paris a marqué notre famille, notre vie. On n’aurait pas pu situer l’intrigue ailleurs.

    Liliane a connu le Paris de la Seconde Guerre mondiale, très proche du Paris du 19e avec ses marchandes des quatre saisons, ses cinémas, ses chanteurs de rue, ses petits métiers… Nous avons vécu avec eux, en tant que famille d’immigrés russes, déportés pendant la guerre.

    Nos héros vivent en quelque sorte dans un monde parallèle et existent vraiment pour nous.

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 23 Mars 2013 à 10:49
    Anne (desmotsetdesno

    Très sympa, cette rencontre !

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