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Demain c'est loin, Jacky SCHWARTZMANN
Tête de beur, nom juif et chanteur homonyme : François Feldman était mal barré dès le début. Et ça ne s’est pas amélioré. Sa banquière BCBG, Juliane, lui refuse un nouvel emprunt et Saïd, qui règne sur la cité, cesse de l’aider. Mais grâce à un terrible accident François tient enfin sa chance : Juliane tue le cousin de Saïd et a besoin de son aide pour fuir les caïds et la police. S’ils s’en sortent, il sera en bonne position pour négocier. Encore faut-il s’en sortir…
Mon avis :
Si vous connaissez la chanson du groupe I am « Demain c’est loin » vous avez une petite idée de ce que raconte ce roman. La banlieue, les amis-à-la-vie-à-la-mort, les embrouilles, les coups foireux, la difficulté de s’en sortir, la police… Mais ce livre n’est pas un Xième récit sur le sujet.Jacky Schwartzmann jongle avec l’humour et l’ironie mordante tout au long de ce roman noir assez jubilatoire. D’accord, son héros sort d’une cité lyonnaise dite sensible, il a une tête d’arabe bien qu’il soit Français et ses amis et fréquentations le sont, eux, arabes. Pour réussir dans la vie, en se refusant à vivre de combines ou de deals, ce ne sont pas des atouts. Mais il a un truc en plus : l’humour ! Hélas, son humour décalé ne plait pas suffisamment aux Lyonnais pour que son affaire décolle et pas du tout à sa banquière qui le voit s’enfoncer dans le rouge de mois en mois. Un malheureux concours de circonstances viendra chambouler sa vie, ses certitudes et ses espoirs de s’en sortir.
Les thèmes de ce roman n’ont rien d’originaux ; les cités, les jeunes paumés, les règlements de compte, la course poursuite et l’improbable duo de héros ont été vus maintes et maintes fois. Cependant, Jacky Schwartzmann s’en sort plutôt pas mal grâce à l’humour acéré de son propos et à la personnalité de François. Retors mais sympathique, de mauvaise foi mais franc du collier, il donne à l’histoire une dimension enthousiasmante. Les personnages enfilent les stéréotypes comme des perles mais le ton caustique installe d’emblée le second degré. Le ton est vif, l’histoire rythmée, pleine de rebondissements (souvent cocasses) et les répliques claquent.
Enfin, le propos de l’auteur est loin d’être superficiel. Son héros a une vision juste et lucide de la situation des banlieues en France, des relations humaines, de l’immigration, des inégalités sociales et de la société en général. L’air de rien, il élargit notre vision des choses et fait réfléchir.
Pas un coup de cœur mais un récit intelligent, drôle et plaisant qui fait passer un très bon moment.
Merci à Masse critique de Babelio pour cet envoi.
Tags : roman noir, Lyon, banlieues, cités, poursuite, humour
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Commentaires
Je ne connais pas la chanson, le livre non plus, même pas l'auteur !
Bon dimanche.
Je te le fais donc connaître. Et je participe ainsi à ton challenge.