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Ecoute la ville tomber, Kate TEMPEST
Becky, Harry, Leon quittent Londres en pleine nuit, une valise pleine d’argent pour seule ressource, avec la furieuse envie d’échapper à tout et de se réinventer. Comment en sont-ils arrivés là ? Que cherchent-ils ?
Mon avis :
« Ecoute la ville tomber » est le premier roman de Kate Tempest, jeune auteure anglaise de 32 ans, poétesse, dramaturge et rappeuse de surcroit. Une vie bien remplie et un roman qui ressemble à la jeunesse londonienne d’aujourd’hui, oscillant entre rêve d’absolu et cynisme, besoin d’amour et peur des liens aliénants, envie de liberté et besoin de speed pour avancer.
Dans l’ensemble, j’ai trouvé ce roman assez noir. Entre Becky qui rêve d’une carrière de danseuse mais ne décroche que des apparitions dans des clips vidéo, Harry qui a en tête d’ouvrir sa propre affaire avec son ami Leon et deale pour rassembler la somme, zigzaguant entre les noctambules, les paumés et les businessmen qui se la racontent ou Joey qui ne trouve aucun boulot digne de lui et ne sait pas goûter le bonheur quand il est là, les personnages de Kate Tempest sont assez déprimants. Pourtant, elle parvient à nous les faire aimer parce qu’ils sont vivants et brûlent de désir et d’idéal.
Pour diverses raisons, ils semblent être passés à côté de leur vie et même pas trentenaires sont déjà dépités, désenchantés. Mais comme un malade qui s’attache à la vie qu’il sent palpiter en lui, ils tentent de préserver leurs rêves. Broyés par le néolibéralisme qui transforme le Londres de leur enfance en ville tentaculaire qui laisse de moins en moins de place aux citoyens lambda, leur quotidien est âpre. Refusant la gentrification de leur quartier, ils sont confrontés à des difficultés financières, à un monde d’apparences qu’ils refusent d’intégrer et s’accrochent vaille que vaille à un idéal qui leur permettrait de s’accomplir, enfin.
Ces personnages jeunes et beaux sont complexes, versatiles, irritables et d’une crédibilité incroyable. L’auteure parvient à nous les rendre sympathiques et captivants parce qu’ils sont avant tout profondément humains.
Poétique et politique à la fois, l’écriture de Kate Tempest est ciselée, précise et claque comme un air de métal. Elle nous donne ainsi un roman noir éblouissant, certes un peu long à mon goût, mais humaniste et poignant. Je ne peux que vous le conseiller.
Tags : littérature anglaise, Londres, gentrification, rêves, utopie, jeunesse, espoir, roman noir
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Commentaires
Des personnages jeunes te beaux : j'ai failli reculé. Mais le côté politique m'attire.
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Mardi 15 Mai 2018 à 18:32
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4eva kolnMardi 22 Mai 2018 à 15:28
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Oui, je comprends. Mais il est très bien écrit.