• Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne SAUCIER

     Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne SAUCIERVers quelle forêt secrète se dirige la photographe partie à la recherche d’un certain Boychuck, témoin et brûlé des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario au début du XXe siècle ? On ne le saura pas. Boychuck, Tom et Charlie, dorénavant vieux, ont choisi de se retirer du monde. Ils vivent relativement heureux et ont même préparé leur mort. De fait, Boychuck n’est plus de ce monde où s’amène la photographe.

    Tom et Charlie ignorent que la venue de la photographe va bouleverser leur vie. Les deux survivants feront la rencontre d’un personnage aérien, Marie-Desneige. Elle a 82 ans, tous ses esprits, même si elle est internée depuis soixante-six ans. Elle arrivera sur les lieux communs comme une brise espérée alors que la photographe découvrira que Boychuck était un peintre et que son œuvre était tout entière marquée par le Grand Feu de Matheson.

     

    Mon avis :

     

    « Le bonheur a besoin simplement qu’on y consente. » 

    Cette phrase extraite de la fin du livre résume parfaitement mon ressenti au sortir de ce roman. Un roman poétique sur la vie, la mort, l’amour, la nature… Une histoire qui parle de la vieillesse, de l’acceptation de la mort mais qui est aussi une magnifique ode à la vie.

     

    Il pourrait se lire vite (180 pages) mais il vaut mieux prendre son temps pour savourer l’émotion qui sourde à chaque page, l’écriture concise de l’auteure, la beauté du texte et des images qu’il éveille en nous ou la tendresse qui émane des personnages marginaux qui le font vivre.

     

    Le point de départ est historique : les grands Feux qui ont ravagé le Témiscamingue, en 1922 et restent encore dans la mémoire collective comme un drame majeur de l’Histoire. Une photographe recherche, pour un projet d’album, les rescapés de ces grands feux. Une d’entre eux lui confiera : « Quand le vent s’est levé et qu’il a couvert le ciel d’un dôme de fumée noire, l’air s’est raréfié, c’était irrespirable de chaleur et de fumée, autant pour nous que pour les oiseaux, et ils tombaient en pluie à nos pieds. » p.81

     

    Cette quête va la mener au cœur d’une forêt du Nord, à la recherche de Boychuck, figure légendaire des récits qu’elle a glanés au fil du temps. Et l’histoire des Grands Feux passe à l’arrière plan pour donner la parole à ces vieux, cachés au fond des bois. Leur histoire devient le fil narratif du roman.

     

    Le narrateur se fait pour nous le témoin de la petite communauté. Il passe aussi la parole à trois intervenants extérieurs – la photographe, Steve et Bruno – qui apporteront chacun leur point de vue sur l’histoire et révèleront les pensées intimes des uns et des autres. De rencontres improbables aux sentiments qui ne disent par leur nom, par pudeur ; de vies ébréchées, malmenées à un doux bonheur de vivre ; de la noirceur à la lumière la plus pure, ce récit nous entraîne au plus profond des forêts canadiennes où le mot liberté prend tout son sens.

     

    J’ai été envoutée par ce récit original et tendre. Une fois de plus, ce roman québécois est un coup de cœur. Il y a dans ces romans, une tendresse, une pudeur, une émotion que l’on trouve rarement dans notre littérature. Comme si nos cousins d’Outre Atlantique avaient gardé une âme pure, un regard bienveillant qui permet de s’émouvoir et de s’enthousiasmer devant des plaisirs simples, des petits bonheurs de vivre.

     

    Ce récit a plu aussi au Canada, puisqu’il a reçu, à ce jour, pas moins de quatre prix littéraires, dont le prix des collégiens.

      

     

    Lecture commune avec Itzamna, vous pourrez trouver son avis sur son blog.

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Juillet 2012 à 20:26

     Je partage pleinement ton enthousiasme pour cette lecture. A savourer sans compter... et comme tu le dis, en prenant le temps ou en y revenant pour y puiser quelques instants de poésie et de vie. Merci pour cette découverte.

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