• Journée internationale des droits des femmes & Féminismes

    Journée internationale des droits des femmes & Féminismes

     

    En cette journée du 8 mars, j’ai vu fleurir de nombreux messages sur les murs Facebook. J’ai lu des choses très fortes, très belles, très vraies mais aussi des mots durs, radicaux, violents qui me font m’interroger sur ce qu’on met aujourd’hui derrière le mot « féminisme ».

     

    Je me suis toujours sentie féministe. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été libre, indépendante, informée et active dans la défense des droits des femmes.

    A l’adolescence, j’admirais Simone Veil, Rosa Parks, Sophie Scholl, Marie Curie. A 20 ans, je découvrais les écrits d’Elisabeth Badinter. A 21 ans, je vivais seule, travaillais dans un milieu essentiellement masculin où je n’ai jamais eu peur de m'affirmer et de me faire entendre puis me suis assez vite engagée dans des associations qui aidaient les femmes à s’émanciper, se former, prendre une place dans la société…

    Je n’ai jamais eu besoin d’être accompagnée pour aller au cinéma, au théâtre, au restaurant ou partir en voyage. Je vivais à ma guise et cela a peu changé.
    C’était une autre époque sans doute. Nous étions dans l’action plus que dans la vocifération. Bien sûr, les médias n’étaient pas ce qu’ils sont et les réseaux sociaux n’existaient pas. Mais être féministe c’était une manière d’être au quotidien et pas seulement une manière de penser.

     

    Je ne me reconnais pas dans le féminisme qui s’affiche aujourd’hui parfois, et dans les écrits haineux que j’ai pu lire en ce jour. On assiste à un féminisme victimaire et sexiste dont la violence n’a parfois rien à envier à celle des hommes envers les femmes. Être féministe pour certaines c’est endosser la cape de Fantômette et se faire la justicière des temps modernes. J’ai entendu parler de « lutte contre le mâle blanc dominant » cet après-midi, ce monstre dominateur, harceleur, violeur, castrateur, raciste et tout puissant. Et d’appeler à une réaction punitive envers cet ennemi susnommé. Et pire, j’ai entendu réduire au silence par des moqueries acerbes, une femme qui prétendait apporter quelques nuances au discours.

     

    Donc aujourd’hui, on est en lutte contre le mâle blanc dominant (avec tous les excès que cela amène parfois et le manque de recul) ou on n’a pas le droit de se dire féministe ?
    Mais je ne suis absolument pas contre les hommes, moi. Je ne l’ai jamais été. Je me bats pour un respect de chacune par tous, pour une amélioration des conditions de vie de celles qui en ont besoin, pour une égalité des droits. Et je n’ai pas besoin de me conduire comme certains d’entre eux en agissant bêtement, vulgairement, médiocrement ou violemment. Je me refuse à devenir comme ceux que je combats depuis toujours, les agressifs, les prédateurs, les violents. Je ne souhaite pas me substituer à eux. Ni infantiliser les femmes en leur disant que celles qui ne pensent pas comme moi sont forcément à côté de la plaque.

     
    On ne peut pas vouloir lutter contre un système binaire rigide qui punit quiconque ne s’y conforme pas et lui substituer un autre qui opprime ceux qui ne s’identifient pas complètement au modèle donné.


    Ma manière de voir n’est pas celle-là. Mon combat quotidien n’est pas celui-là. Le mien passe par l’éducation, l’apprentissage de l’esprit critique, l’ouverture aux autres, le respect de l’autre dans sa différence et un refus de l’homogénéisation.

     
    Même si je ne me reconnais pas dans ce mouvement féministe excessif, je respecte les choix différents du mien. Mais je dénie à quiconque le droit de me dire que faire et que penser ou de m’imposer une définition du féminisme qui se voudrait la seule et l’unique.

     

     

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  • Commentaires

    1
    elia
    Lundi 9 Mars 2020 à 12:04

    Je suis d’accord avec toi. On est entré dans une lutte permanente et hostile de certaines vis-à-vis des hommes, une lutte qui manque cruellement de nuance.

    Quand je lis, par exemple, l’article de Virginie Despentes qui se veut défendre Adèle Haenel, je me dis qu’on n’est pas dans le même registre. Haenel a bien joué, elle est en accord avec elle-même et a « cassé » l’image des Césars en attirant la caméra sur elle et sa sortie. C’était sobre et puissant à la fois.
    Le discours de Despentes, c’est facho, haineux. Cela devient politique. On n’est pas dans la colère, on la transforme en discours politique, brut. Cela n’a rien de subtil ; Despentes vomit là où Haenel pense. Et le féminisme revendiqué par Despentes n’est pas le mien. Mais c’est celui qui fait flores aujourd’hui.
    Or, les droits des femmes ne se défendent pas seulement sur le terrain de la sexualité mais aussi de l’égalité, de l’émancipation, du respect, de l’autonomie et de l’éducation. Je te rejoins à 100%

     

     

     

      • Lundi 9 Mars 2020 à 12:09

        La colère sans pensée ne produit que de la violence aveugle. Je suis d'accord.

    2
    Luc
    Lundi 9 Mars 2020 à 14:30
    Merci pour ce partage, chère Elia. En tant que « homme-mâle » , ton article me plonge dans une réalité que je ne connais pas: celui du féminisme radical. Je ne me « sens » pas autorisé à émettre un avis vis-à-vis de ces excès. Sinon d’y reconnaître une réaction à des souffrances subies et pas assez reconnues. Qui peut imaginer encore demeurer « zen » quand l’entourage (sans doute immédiat, mais, plus fondamentalement, systémique) ignore la souffrance subie? Ce n’est pas à un « homme-male » à s’immiscer dans ce débat, sinon, justement, à d’abord écouter respectueusement ce cri. Évidemment, à la lecture de tes mots, je ne peux qu’apprécier de lire que toutes les femmes ne posent pas sur tous les hommes le même mépris.
    Adolescent, j’ai beaucoup souffert de la culture dominante de nature machiste. Eh oui, dans les années 70, l’homme- mâle devait se construire un personnage s’il voulait exister. Le modèle de masculinité tel qu’il nous était imposé - aussi et d’abord par nos paires ! - n’avait rien de folichon. On peut avoir subi des violences physiques et psychologiques terribles quand notre nature ne nous dote pas d’emblée des canons de force, de virilité tels qu’ils étaient imposés. Et je peux facilement imaginer le déséquilibre profond vécu par certains « hommes - mâles » qui se retrouvent à devoir déconstruire les canons à partir desquels, eux-mêmes, ont dû se construire. Les phénomènes de harcèlement (certainement moins insidieux que ceux que nos jeunes doivent subir à cause des réseaux sociaux) existaient. Mais, quan, par nature, on appartient à l’autre genre, à celui vis-à-vis duquel les canons machistes s’érigent à système normatif, je ne peux, moi, que faire silence tout en reconnaissant et en respectant ce besoin légitime d’exister de ces femmes qui ont dû être niées. En tant que chrétien appartenant à une Église institutionnelle trop machiste, je me retrouve démuni quand des femmes la rejette parce que justement elles n’y retrouvent que ce contre quoi elles se sentent de lutter pour exister. Je me sens bcp plus proches des théologiennes qui osent interroger les fondements du christianisme à partir de leur féminitude que de certains théologiens- mâles qui passent à côté de l’extrême ouverte - extrême, mais tellement juste - du Jésus des évangiles. Mais c’est un tout autre débat. Je ne m’en autorise une allusion que parce que tu as réagi toi-même à l’écrit que j’ai rédigé à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme dans lequel j’écris que, selon ma propre analyse, le récit de la création en Genèse 2 et 3 pointe déjà les effets désastreux du machisme ambiant de son époque. Merci encore pour ton texte et ton partage. Luc
      • Lundi 9 Mars 2020 à 15:19

        Merci de ton passage ici, visiblement guidé par Elia. Et merci pour cette vision masculine pertinente et respectueuse qui nous ouvre une fenêtre différente sur le sujet.

    3
    dufauxj
    Lundi 9 Mars 2020 à 17:57

    Le féminisme se comporte trop souvent comme le veganisme en pensant que, qui n'est pas d'accord avec lui est forcément contre lui. C'est une erreur !
    Le féminisme c'est veiller à ce que chaque femme puisse vivre, penser, aimer, parler... comme elle l'entend où elle le veut. Mais pas comme une pensée unique le voudrait.
    Je suis pour les droits des femmes, pour le fait qu'elles puissent disposer d'elles-mêmes, penser par elles-mêmes, décider elles-mêmes, être respectées. Mais je ne comprends pas ce que le féminisme est devenu aujourd'hui.

    4
    Lundi 9 Mars 2020 à 17:59
    5
    Jacqueline
    Lundi 9 Mars 2020 à 19:16
      • Lundi 9 Mars 2020 à 22:00

        Je vois pas ton message. Effacé ?

      • Jacqueline
        Mardi 10 Mars 2020 à 08:29
        C'était des mains qui applaudissaient .....
      • Mardi 10 Mars 2020 à 12:49

        Merci Jacqueline. ^^

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