• La belle de Casa, In Koli Jean BOFANE

    La belle de Casa, In Koli Jean BOFANEQui a bien pu tuer Ichrak la belle, dans cette ruelle d’un quartier populaire de Casablanca ?
    Elle en agaçait plus d’un, cette effrontée aux courbes sublimes, fille sans père née d’une folle un peu sorcière, qui ne se laissait ni séduire ni importuner. Tous la convoitaient autant qu’ils la craignaient, sauf peut-être Sese, clandestin arrivé de Kinshasa depuis peu, devenu son ami et associé dans un business douteux. Escrocs de haut vol, brutes épaisses ou modestes roublards, les suspects ne manquent pas dans cette métropole du XXIe siècle gouvernée comme les autres par l’argent, le sexe et le pouvoir. Et ce n’est pas l’infatigable Chergui, vent violent venu du désert pour secouer les palmiers, abraser les murs et assécher les larmes, qui va apaiser les esprits…
     

    Mon avis :

    Tout commence par un meurtre. Qui et pourquoi a-t-on tué la jeune Ichrak en pleine rue ? Les suspects ne manquent pas. Le commissaire Daoudi qui la désirait et est justement chargé de l’enquête ? Farida Azzouz qui règne en maître sur le quartier de Derb Taliane ou Nordine, son homme de main ? Un amoureux éconduit ? Et pourquoi semble-t-on vouloir faire porter le chapeau à Sese, devenu l’ami d’Ichrak ?

    Tout le quartier est en ébullition depuis ce meurtre et le vent chaud qui souffle sur la ville aiguise encore les tensions. Que lui reprochait-on à Ichrak si ce n’est de vivre libre et de tenir tête à tous ? Elle était belle mais solitaire, flanquée d’une mère malade, perdant un peu la tête. Elle cherchait aussi désespérément à connaitre ses origines et le mystère de sa naissance, elle, la fille sans père. Était-elle trop curieuse ?

    Au cœur d’un quartier populaire de Casablanca, on plonge au cœur des jalousies et des passions, du trafic et des affaires, des luttes d’influence et de la concupiscence masculine. Sese fait office de candide dans ce panier de crabes, lui qui a échoué là par hasard, roulé par un passeur. Débrouillard, il joue le séducteur sur internet, un brouteur dans le jargon congolais, et vit de l’argent que lui envoient des femmes naïves dont il exploite, sans scrupule, la solitude.

    D’un humour cynique, ce roman dénonce avec lucidité la corruption immobilière, l’exploitation des pauvres et des migrants, les magouilles et les intimidations. Certains sont prêts à tout pour obtenir ce qu’ils convoitent même à monter les gens les uns contre les autres et mettre la ville à feu et à sang dans l’indifférence totale des autorités.

    Tout au long des deux cents pages du roman, on oscille entre tragédie et comédie. In Koli Jean Bofane a la plume acérée, féroce et brillante. En quelques traits précis, il dépeint un microcosme populeux haut en couleurs et parvient à nous faire rire des malheurs de l’Afrique. Même si parfois, ce rire est triste.

    Un récit à lire pour découvrir une population et un état de fait. Brillant.

     

    La belle de Casa, In Koli Jean BOFANE8e

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 12 Octobre 2018 à 07:23
    eimelle

    s'il réussit à y insérer un peu d'humour, c'est vraiment chouette!

      • Vendredi 12 Octobre 2018 à 16:24

        Oui et heureusement car ce n'est pas un quotidien rose tous les jours.

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