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La littérature belge, complexité et richesse
Le mois belge se poursuit chez Anne et Mina et avec lui de jolies pages d’écriture se tournent.
C’est Reka qui la première m’a donné l’envie de découvrir d’autres romans belges que ceux des auteurs que je lisais déjà (Amélie Nothomb, Simenon ou Nadine Monfils par exemple). Par la suite, en suivant le blog d’Anne, j’ai découvert d’autres écrivains comme Xavier Hanotte. J’aime lire belge régulièrement, comme j’aime lire québécois, car je retrouve dans cette littérature un art de vivre et des émotions qui font écho en moi.
Les puristes vous diront sûrement qu’il n’y a pas de littérature belge mais des écrivains francophones ou néerlandophones. Or ce sont justement ces deux aspects qui nous identifient et nous définissent. Nous ne serions rien l’un sans l’autre, nous ne serions pas ce que nous sommes et notre richesse littéraire en serait amoindrie. Bien malin qui peut dénouer la complexité de la situation en Belgique, dans la mesure où le contexte linguistique a influencé et influence encore grandement notre littérature. Au XIXe siècle, bon nombre d’auteurs belges francophones ont en fait le flamand comme langue maternelle dont Emile Verhaeren et Maurice Maerterlinck. Ecrivant en français, ils ont ainsi imposé la Flandre sur la carte littéraire européenne.
Parmi les Flamands, Jozef Muls et David Scheinert ont écrit respectivement de sensibles évocations de la vie urbaine ou paysanne témoignant de leur attachement à leur Flandre natale. On retrouve chez eux les préoccupations et un peu de la poésie d’Emile Verhaeren. -Verhaeren, dont le premier recueil « Les Flamandes » fit scandale à l’époque de sa parution et choqua ses compatriotes alors qu’il était encensé chez nous- Comme le fera plus tard, Jef Geeraerts dont les ouvrages racontent sa vision de l’Afrique et de la colonisation bien avant que David van Reybrouck ne nous propose son histoire du Congo.Ma connaissance de la littérature flamande s’arrête hélas ici. Trop d’auteurs, trop de romans et pas assez de temps. Peut-être qu’un jour, je lancerai un mois de la littérature flamande, qui sait ?
En ce qui concerne la littérature belge francophone, elle s’est longtemps confondue avec la littérature française, nos écrivains étant étudiés en France jusque dans les années cinquante, sans que l’on sache qu’ils étaient belges, comme les Liégeois Simon et Simenon. Aujourd’hui, force est de constater que Paris domine toujours largement le champ littéraire francophone. Pour être édités et connus, les auteurs belges ont intérêt à publier dans la capitale française, quitte à atténuer leur spécificité. Il y a quelques années encore, ils passaient donc pour Français – qui sait, en France, que Marguerite Yourcenar ou Françoise Mallet-Joris sont Belges ? Il semblerait que la roue tourne et qu’être Belge en France est de bon ton. Cela donnera-t-il plus de visibilité à nos écrivains ? Et nos auteurs doivent-ils revendiquer leur belgitude et mettre en avant leur différence culturelle ou gommer toute altérité ? Il n’est certes pas simple de trancher et je vous laisserai répondre.
Si ma connaissance des classiques de la littérature belge est à parfaire, celle de mes contemporains est plus riche. La tenue de mon blog m’ayant fait sortir des sentiers battus, pour aller à la rencontre d'auteurs et de maisons d’édition bien de chez nous. Sans vouloir être exhaustive, je citerai parmi ceux que vous pouvez y trouver : Barbara Abel, Elisa Brune, Valérie Cohen, Geneviève Damas, Gudule, Eva Kavian, Katia Lanero-Zamora, Aurélia Jane Lee, Nadine Monfils, Colette Nys-Mazure, Amélie Nothomb, Françoise Pirart, Nicolas Ancion, Frank Andriat, Luc Baba, Jean-Baptiste Baronian, Alain Berenboom, Daniel Charneux, Michel Dufranne, Frédéric Ernotte, Ferry, Xavier Hanotte, Alexandre Janvier, Armel Job, Arnaud de La Croix, Alain Magerotte, Jacques Martin, Jacques Neyrinck, Jean-Luc Outers, Thierry Robberecht, Romain Renard, Georges Simenon, Bernard Tirtiaux, Michel Torrekens, Antoine Wauters, …
Que ces auteurs revendiquent leurs origines ou les gomment, ils écrivent notre histoire dans sa diversité. Indirectement, leur belgitude transparait dans leur langue, leurs histoires, dans leur rapport à l’autre et à la vie en général. Leurs romans deviennent notre héritage et les auteurs, de merveilleux ambassadeurs de notre pays, terre du chocolat, de la bière, de la BD et…d’une douceur de vivre bien particulière.
Ci-dessous, vous trouverez d'autres articles du blog parlant de la littérature belge.http://argali.eklablog.fr/trente-ans-de-lecture-made-in-belgium-a3391908
http://argali.eklablog.fr/la-litterature-belge-a1925065
http://argali.eklablog.fr/patrimoine-et-litterature-a5510757
Tags : La littérature belge, complexité et richesse, auteurs belges, mois belge d'Anne et Mina
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Commentaires
2Jacqueline HVendredi 18 Avril 2014 à 07:32Chouette billet!
À tes listes, je rajouterai Bauchau et Quiriny et, pour les auteurs flamands, Lanoye, peut-être le plus incroyable de nos auteurs contemporains.
Merci à vous. Je savais, Jacqueline, que tu me conseillerais Jacqueline Harpman et tu as raison de me le rappeler encore. Bauchau et Quiriny sont sur ma liste aussi avec Toussaint. J'ai découvert Tom Lanoye récemment sur les logs et il faut que je le lise aussi. Un mois, c'est trop court finalement
bel article - je te rejoins sur Verhaeren, et quelques autres, comme xavier hanotte - tu m'excuseras de ne pas être emballée par nicolas ancion, même s'il fait désormais partie du panorama des auteurs belges (soupir soupir) -
personnellement j'ai adoré "bruges la morte" de rodenbach et je conirme qu'il faut ajouter jacqueline harpmann et henri bauchau à ta liste
je viens de découvrir nadine monfils, et j'ai abandonné amélie nothomb
Je n'ai lu qu'un Nicolas Ancion (et encore, abandonné) et je penserais bien comme Niki... (mais c'est une vision un peu courte, c'est vrai !) Jacqueline Harpman, ouiiii ! J'aurais bien aimé la relire ce mois-ci mais c'est trop court, en effet !
Nicolas Ancion est assez inégal, je trouve. Je n'aime pas tout, loin de là. C'est souvent plus grinçant que drôle. Nothomb, je suis fan mais je reconnais qu'elle est aussi capable du meilleur comme du pire. De toute façon, la diversité est telle en littérature belge qu'on peut tous y trouver son bonheur.
Merci d'être venue laisser un message, Niki.Merci pour ce bel article, Argali. Il me donne l'impression que j'ai encore beaucoup d'auteurs belges à découvrir, aussi bien dans les classiques que les contemporains... J'ai du mal à me positionner quant à la question des spécificités à mettre en avant ou à gommer, les deux positions étant défendables.
Le mois de la littérature flamande serait ta revanche ? ;) Ce serait une belle initiative en tout cas.
Non, pas une revanche mais une idée pour lire d'autres auteurs belges, une continuité à votre challenge. L'an prochain peut-être...
10Amarilli SMardi 22 Avril 2014 à 12:39Très bon article qui me fait rougir car je ne connais pas la moitié des auteurs que tu cites.
Je n'aime pas Ancion, pas mon style d'humour et un côté revanchard par rapport à la Belgique qui m'agace un peu. Job, j'adore de même que Berenboom.moi qui suis pourtant proche géographiquement et généalogiquement, je suis bien ignorante devant les noms que tu cites. je note, merci à toi! ;)
Si je vous donne l'occasion de découvrir de nouveaux auteurs, j'en suis ravie. Il y a des perles parmi eux.
13somaja1Vendredi 2 Mai 2014 à 16:03Très beau billet ! Avec ce mois belge j'aurai appris énormément ! Il est vrai qu'en France, on a vite fait de s'approprier tout ce qui est francophone... J'imagine qu'il y a peut-être le même problème avec les écrivains flamands et néerlandophones.
Dans ta liste j'en connais très peu , mais je sens que ça va changer.
14MissyVendredi 13 Mai 2016 à 15:21Moi qui étais toute contente d'avoir lu Nothomb, Damas et Job, je me rends compte qu'il y a encore beaucoup à découvrir. Suite à mes déambulations sur votre blog, j'ai eu envie de lire "Monsieur Optimiste" d'Alain Berenboom et j'ai adoré. Je pense poursuivre ma découverte. J'ai aussi lu "Nos mères" d'Antoine Wauters mais je n'ai pas été emballée. C'est une écriture difficile. Enfin, j'ai acheté et je dois encore découvrir Barbara Abel. Je pense profiter du long we à venir pour le faire;
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Je dois dire que je ne connais pas beaucoup d'auteurs belges et que, parmi ceux que tu cites, il y en a plusieurs que je n'aime pas (ou plutôt je n'aime pas ce qu'ils écrivent).
Frank Andriat a sans doute ma préférence mais je viens de lire "Loin des mosquées" d'Armel Job et ce fut une révélation.
Bonne fin de vacances.