• La promesse faite à ma sœur, Joseph NDWANIYE

    La promesse faite à ma sœur, Joseph NDWANIYEJean est Rwandais et vit depuis de nombreuses années en Belgique, où il suit un chemin sinueux d'étudiant-travailleur étranger. Il s'y est marié et est devenu père de deux enfants. Il a toujours rêvé de rentrer un jour au pays et d'être accueilli en enfant prodigue par toute sa famille. Il ne réalisera pas son rêve, hélas, d'abord faute d'argent, puis à cause du génocide qui s'est déroulé sous les yeux du monde entier et dans l'indifférence. Des centaines de milliers de ses compatriotes sont assassinés. Pourquoi sa sœur Antoinette fait-elle partie des victimes ? Où se trouve son frère jumeau porté disparu ?

    Il décide enfin d'aller sur place éclairer ses doutes auprès de sa vieille mère, la seule rescapée de la famille.

     

    Mon avis :

     

    Infirmier aux Cliniques St Luc à Bruxelles, Joseph Ndwaniye vit en Belgique depuis 30 ans. Son roman, réédité chez Espace Nord à l’occasion du 25e anniversaire du génocide au Rwanda, est paru en 2007.

     

    La première partie du récit se fonde sur les souvenirs d’enfance de l’auteur, dans un village quitté en 1986 pour suivre ses études en Belgique. Jean, le narrateur, vit paisiblement dans une famille heureuse et unie sur la colline de Kibingo. Avec l’arrivée de missionnaires protestants allemands, le village s’est doté d’un temple, d’une école primaire et d’un service de soin de santé. Avec son jumeau Thomas et les enfants du médecin allemand, il vit une enfance joyeuse et insouciante, va à l’école et travaille chez sa grand’mère, une femme de tête, paysanne intraitable sur la valeur du travail.

    La seconde partie est fictionnelle : Jean, lui aussi établi en Belgique, retourne au pays 17 ans après son départ, pour retrouver sa mère. Le conflit entre Tutsis et Hutus a eu lieu dix ans plus tôt. Son frère a disparu, sa sœur et sa famille ont été massacrés, son père est décédé quelques années après le génocide ; seule reste sa maman.

    Dès l’arrivée de Jean au Rwanda, un fort sentiment de culpabilité l’habite. Le regard des autres, leurs questions parfois, le mettent face à ses remords : pourquoi ai-je survécu ? Pourquoi n’étais-je pas là pour les sauver ? Jean se sent responsable et aura la vision de ses défunts auprès desquels il cherchera des réponses et des apaisements. Il est aussi bouleversé de ne pas reconnaitre son pays qui s’est modernisé et a abandonné nombre de coutumes ancestrales.

     

    Ce roman ne raconte pas le génocide en tant que tel car Jean n’en a pas été un témoin direct. Il l’évoque bien sûr et l’ombre des massacres est omniprésente. Ils sont là sur les visages croisés, sur les corps meurtris, sur les mots pesés avant d’être prononcés. Ce roman donne plutôt du génocide une vision post-traumatique. Il parle aussi de l’exil et du retour sur la terre natale qui confronte les souvenirs et les rêves à la réalité.

     

    J’ai bien aimé cette autofiction même si je m’attendais à un récit plus précis sur les événements. Cependant, il révèle d’intéressantes facettes de la situation d’après génocide qui démontrent toute la complexité du drame. C’est un roman touchant à lire et à faire lire aux adolescents.

     

    La promesse faite à ma sœur, Joseph NDWANIYE 

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 28 Avril 2019 à 10:52
    Anne (desmotsetdesno

    C'est un point de vue intéressant sur l'après génocide, en effet. Je note bien ce titre (une envie de plus...)

      • Mardi 30 Avril 2019 à 10:06

        Oui, c'est vrai.

    2
    Mardi 30 Avril 2019 à 13:16
    Alex-Mot-à-Mots

    Une autre facette du génocide ? Pourquoi pas.

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