• Le big big boss, Anne MULPAS

    Le big big boss, Anne MULPASMoi, Gavin, en sixième exceptionnelle
    " Le autres, ils vont au collège parce qu'ils sont normaux. Ils vont à l'école primaire et après hop ! Normal, le collège. Moi, j'y vais parce que je suis exceptionnel : j'ai été choisi. "

    Mon avis :

    Voici un roman qui m’a laissée dubitative. Au point qu’avant de rédiger mon billet, je l’ai proposé à la lecture à deux de mes élèves de 13 ans. Mais commençons par le début.

    Ce roman d’Anne Mulpas met en scène Gavin (prononcez bien Gaivine surtout) et quatre de ses copains qui sont sélectionnés pour entrer au collège en classe d’inclusion. Pour enrayer la peur qui lui noue le ventre, Gavin se persuade qu’il fait partie des exceptionnels, ceux que l’on choisit pour le collège, au contraire des « normaux » qui y vont d’office. Mais ce passage ne se fera pas sans mal car le collège demande de la concentration, de l’application et laisse peu de place aux émotions.

    J’ai d’abord pensé que c’était une excellente idée de faire de jeunes élèves en difficultés d’apprentissage les héros de l’histoire. Gavin est le narrateur et il nous permet de nous mettre à sa place, dans sa tête et dans son corps. Nous comprenons mieux son ressenti, ses craintes et tout ce qui peut l’éloigner de l’apprentissage.
    Mais au fur et à mesure de ma lecture, j’ai été gênée par le choix de l’auteur d’employer un langage enfantin hésitant et bancal quand Gavin s’exprime. C’est décidemment un procédé avec lequel je suis très souvent en désaccord. 
    Je me suis alors posé la question du public ciblé. Les jeunes en difficultés s’identifieront-ils au héros ? Se retrouveront-ils dans ses pensées, ses actes, ses paroles ? Et les « normaux » ?

    J’ai donc proposé ce roman à deux de mes élèves qui aiment lire. Sans rien dire. L’un est bon élève le second éprouve des difficultés en raison de sa dysphasie. Pour ne pas déformer leur propos, je vous les livre bruts :

    « Je n’ai pas tout compris car Gavin s’exprime mal et dans son carnet d’humeur, on ne comprend rien. Il n’y a jamais de ponctuation. Ca existe des enfants qui parlent comme ça ? Il a beaucoup d’imagination, avec ses papillons dans le ventre, ses trous dans la tête... Ca veut dire quoi ? Et l’ITEP, c’est quoi ? Je ne sais pas si j’ai aimé. C’était drôle parfois mais compliqué. » 

    « Je n’ai pas tout lu, j’ai pas aimé. Pourquoi Gavin parle-t-il comme ça ? Pourquoi le traite-on de boloss ? On est un boloss quand on a des difficultés à l’école ? C’est nul ! Je ne parle pas comme ça et mes copains n’ont plus. Je suis d’accord pour la concentration. Moi aussi je trouve ça difficile d’être attentif et de retenir tout ce qu’on dit. Et parfois, j’ai aussi envie qu’on parle de sujets qui m’intéressent, comme le sport ou les films... Là je serais super fort. Mais on n’en parle pas souvent. Je ne ressemble pas à Gavin et il ne me ressemble pas. Je n’ai pas aimé sa façon de parler. C’était difficile à comprendre et ça fait passer pour débile les enfants qui ont des difficultés. »’
     

    J’attends de lire d’autres avis, ceux des amateurs de la littérature jeunesse et ceux des professionnels de la petite enfance peut-être.
    Quant à moi, je reste sur ma faim car l'idée est bonne et j'en attendais beaucoup. La prof qui suit les enfants est géniale, a de très bonnes idées. La manière dont Gavin la perçoit en fonction de son humeur est aussi d'une grande richesse. Mais je suis, moi aussi, passée à côté en raison du style adopté par l'auteur.

     

     

     

     

     

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