• Le fleuve des brumes, Valerio VARESI

    Le fleuve des brumes, Valerio VARESIUn soir d’hiver, dans une vallée brumeuse du nord de l’Italie, alors que la pluie tombe sans discontinuer et que le Pô entre en crue, la péniche du vieux Tonna largue les amarres et quitte le port, semblant dériver avant de s’échouer à l’aube. Quand les carabiniers y entrent, le bateau est vide et Tonna est introuvable. Le même jour, le commissaire Soneri est envoyé sur la scène d’un suicide apparent. Mais le commissaire doute ; l’homme a peut-être été défenestré de force. Il s’agit du frère de Tonna.

    Mon avis :

    Valerio Varesi signe ici son douzième roman mais le premier à être traduit en français. Dès le départ, il nous happe et nous entraine sur les bords du Pô en crue. En quelques phrases au style ciselé, il crée une atmosphère, un décor, un paysage dans lequel on se glisse à la suite du commissaire Soneri. Débonnaire épicurien, il ne laisse cependant rien passer. Liant connaissance avec les habitants de la plaine autour d’un verre de vin ou d’un plat régional, il observe avec acuité les hommes et les lieux, s’imprégnant de l’ambiance et vérifiant la moindre intuition avec opiniâtreté. C’est un personnage attachant, un peu atypique, qui me plait presque autant que le commissaire Adamsberg.

    L’auteur prend le temps de camper ses personnages, de leur donner de l’épaisseur en installant des situations, en remontant les souvenirs, en titillant les mémoires endormies. Ce sont des hommes rudes, façonnés par le Pô et par l’Histoire, chacun ayant charrié son lot de drames et de passions. Sous sa plume, Soneri investigue finement, analysant chacun, notamment Barigazzi et les frères Tonna. Leurs relations l’intriguent, l’un étant communiste acharné et les autres fascistes durant la Seconde Guerre mondiale, ils ne s’appréciaient pas particulièrement. Mais le temps a passé et les hommes du Pô ont cessé de réveiller les fantômes du passé. Du moins, le croyait-on.
    Le Pô est lui aussi un personnage de l’histoire. Forgeant les paysages et les hommes, les soumettant à sa volonté, il est omniprésent tout au long du récit. En cela, ce roman m’a rappelé plus d’une fois celui de Dario Franceschini, « Dans les veines, ce fleuve d’argent »

    « Le fleuve des brumes » est un roman intimiste, tout en atmosphère et réflexion, où les scènes de vie ont la lenteur du fleuve… quand il n’est pas en crue… Il est plaisant de s’y plonger et de remonter avec les personnages le cours de l’Histoire et du temps et de laisser les airs d’opéra de l’auberge du Sourd nous imprégner au fil des pages jusqu’à la chute, émouvante et forte.

    Une belle réussite et un roman captivant qui trouvera sans conteste ses lecteurs francophones.

    Merci aux éditions Aguilo Noir pour cet envoi de roman voyageur.


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  • Commentaires

    1
    jackisbackagain
    Vendredi 26 Janvier 2018 à 18:56

    Je suis heureux que ce Fleuve t'ait conquis. Superbe chronique. Merci.

    2
    Vendredi 26 Janvier 2018 à 20:31

    Le premier d'une longue série alors ! 

    Bon weekend. 

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    3
    Jeudi 1er Février 2018 à 18:03
    Alex-Mot-à-Mots

    Une maison d'édition qui propose de bons romans. Noté ce titre.

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