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Le long hiver, Patrick MALLET
Été 1914. Le monde bascule dans la guerre. Comme tant d’autres, Baptiste Beaufils abandonne champs, moisson, famille et enfant pour aller défendre son pays. Juste avant qu’il ne parte, sa femme Camille lui confie un charme obtenu de la rebouteuse du village, Louise : une pierre de foudre, qu’il devra toujours garder autour du cou pour être protégé des projectiles ennemis. Mais ce n’est pas des lignes allemandes que provient le coup le plus terrible. Un mois après le début des hostilités, Baptiste apprend la mort accidentelle de son jeune fils Jules. Désespéré, il se jette à corps perdu dans les combats, comme s’il cherchait absolument à en finir. Mais le charme de Louise parait opérer : la mort ne veut pas de Baptiste, baigné d’une aura de magie.
Mon avis :
Une histoire noire, une fois de plus, mettant en scène un soldat. Mais ici, l’originalité tient au traitement du sujet et à son côté surnaturel.
La première partie nous montre l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, la mobilisation en France, l’enthousiasme des troupes puis le début du conflit, ses morts, ses horreurs… La deuxième nous ouvre les portes d’un monde onirique et fantastique sur lequel plane l’ombre de Comès et d’Hausman. Envouté par l’harmonie de la nature et ses beautés, Baptiste va passer un long hiver enchanté parmi les elfes et les êtres magiques, loin de la guerre et de la barbarie des hommes. Un jardin de paix et d’harmonie, seul endroit où il pourra transcender sa douleur. Le fantastique est-il si éloigné de cette guerre sanglante ? Tout le monde a en tête la légende des Anges de Mons dont l’album fait référence aussi.Mêler réalité historique et fantastique était osé. Patrick Mallet a réussi le pari en nous offrant un album (deux dans la version originale) tendre et émouvant où le monde réel manque cruellement de poésie et de beauté. L’émotion passe autant par les dessins que par le texte au style soigné, une voix off qui nous donne force détails en peu de mots.
La thématique de la mort et celle de l’enfance sont aussi omniprésentes dans le récit. Par trois fois, des enfants sont confrontés à la mort : les enfants de l’archiduc, Jules, le fils de Baptiste et la fille du roi des elfes. Une manière de montrer les dégâts collatéraux d’un tel conflit et le tribut versé par les civils innocents, notamment les enfants.
La fin, bien que triste, transcende la dure réalité en permettant une réunification familiale porteuse d’espérance et de féérie.Une bande dessinée à découvrir pour son originalité et sa maîtrise de l'histoire.
Tags : Le long hiver, Première Guerre mondiale, fantastique, historique, bande dessinée, Mallet
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Commentaires
C'est un "one-shot" comme on dit, pas une série ? (c'est enquiquinant parfois, les séries)