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Liliom, Ferenc MOLNAR
Tout part d’une histoire d’amour née d’un tripotage sur un manège, dans les quartiers populaires de Budapest. La petite bonne Julie s’éprend de Liliom, le bonimenteur de foire, un voyou infantile, séducteur de ces dames. Le jeune couple s’installe rapidement ensemble, mais, désormais au chômage, les fins de mois sont de plus en plus rudes. Désemparé er impuissant, Liliom devient violent envers celle qu’il aime. Lorsque Julie lui annonce qu’elle est enceinte, il songe à la vie qu’il pourrait donner à son enfant. Il se laisse entrainer dans un braquage qui tourne mal et, préférant mourir que d’être arrêté, se suicide, laissant Julie enceinte.
L’histoire se poursuit dans l’au-delà. Deux « détectives de Dieu » emmènent Liliom dans un tribunal céleste où il est jugé pour avoir battu sa femme. Seize ans plus tard, il peut quitter le purgatoire et retourner un seul jour sur terre, afin de voir sa fille, Louise, et de lui offrir quelque chose de beau. Le prenant pour un vagabond, elle refuse son cadeau. Désemparé, il la frappe…Mon avis :
Cette pièce de Ferenc Molnàr (1878-1952), écrivain hongrois, n’est pas très connue du grand public. Ce fut un échec à sa sortie en Hongrie or, sa mise en scène à Broadway en 1921 connut un grand succès, de même que sa reprise à Londres en 1926 avec Charles Laughton dans le rôle principal. Orson Welles la joua à la radio en 1939 avec Helen Hayes comme partenaire. Elle fut ensuite reprise en 1940 à New-York, avec les prestigieux Burgesse Meredith, Ingrid Bergman et Elia Kazan. Molnàr devint ainsi l’écrivain hongrois le plus joué du début du 20e siècle.
Liliom Zadowski est un fainéant à la dérive, un dragueur qui possède un grand succès auprès des femmes. Il travaille sur un manège, à la périphérie de la ville, dans un monde forain paupérisé où la misère est autant économique, sociale qu’affective. Les personnages sont des brutes, des rustres économes de mots et de sentiments.
Un tournant semble s’amorcer lorsque l’amour nait entre Liliom et Julie mais très vite la réalité rattrape le couple et la relation devient violente. Alors qu’on espère enfin un happy end avec l’annonce de la grossesse de Julie, la joie de Liliom et son envie maladroite d’être un bon père, la pièce bascule à nouveau.D’une incroyable modernité, l’histoire nous conte la vie des banlieues, des prolétaires, la misère… Elle est tragique, bouleversante, mettant en évidence le choix de chacun. Pour Julie ce sera une vie misérable par amour, pour Marie, son amie, une existence confortable après un mariage sans passion. Le monde forain qui sert de toile de fond met en exergue le besoin de ces pauvres gens de trouver un peu de rêve et de réconfort éphémères pour quelques sous.
Christophe Grégoire, dans le rôle de Liliom et la Québécoise Marie-Eve Perron, dans celui de Julie, jouent juste et sont particulièrement crédibles. J’ai aussi beaucoup aimé Anna Cervinka, Marie, dont la fraîcheur et la candeur font sourire plus d’une fois.
Par contre, je n’ai pas franchement adhéré à la mise en scène de Galin Stoev, Bulgare résident à Bruxelles et Paris, et au choix du décor unique, sans variation, que l’on soit à la foire, dans l’intimité du couple ou au paradis. Et quelque chose m’a échappé, je le reconnais humblement, dans ces personnages croquignolesques qui vont et viennent sous des masques animaliers et des tenues loufoques.
Mais au final, cette pièce émouvante dont la première avait lieu ce dimanche devant une salle du Théâtre de Liège presque comble, vaut la peine d’être découverte. Si elle vous tente, on la trouve chez Actes Sud.
Tags : Liliom, Ferenc Molnàr, pièce, challenge d'Eimelle, théâtre
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Commentaires
Très intéressant, Argali ! Je ne connaissais pas Marie-Ève Perron, ni cet auteur. Merci pour la découverte :)
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Voilà qui a l'air très intéressant!
MErci pour ta participation au challenge!