• La colère des simples, Pascaline DAVIDDes déchets nucléaires vont être déposés à 500 m sous la terre comme à Bure. Les habitants sont partagés entre la préservation de leur espace naturel et l’argent qu’on leur propose pour partir. 

     

    Mon avis :

     

    Lazare raconte. Illettré, il fait la dictée à son épouse Simone. Sans lui dire, elle ajoute son point de vue, complète le récit. Le style oral et haché de Lazare contraste avec les passages fluides et structurés de Simone. Mais dans les deux, une grande sensibilité affleure.

    Costaud, Lazare est un paysan dur à la tâche, un homme de la terre. Sa vie s’écoule humblement, dans toute sa banalité, loin du village et des regards. Le jour où un homme vient lui demander un service contre une belle somme d’argent, il hésite. Mais la perspective de voir son environnement détruit, saccagé, pollué le bouleverse. Il accepte. Il ignore alors que les meurtrissures de son passé referont surface et que sa vie ne sera plus jamais la même.

     

    Cette fable écologique est le premier roman de Pascaline David, éditrice des Editions Diagonale. Dès les premiers mots, elle nous immerge dans un univers âpre et cruel. Celui des gens simples comme Lazare, qui ne connait que le dur labeur paysan ; celui qu’elle crée ensuite et où vont évoluer ses personnages. La faible instruction de Lazare, la précarité dans laquelle sa femme et lui vivent en font la personne idéale pour réaliser un sale boulot. Lui qui n’a jamais rien demandé à personne, subit son sort avec humilité et travaille avec courage malgré les injustices subies, va se révéler capable de la pire sauvagerie. Pour sauver le bois du village, il va rejoindre les habitants de la région et oser s’opposer aux destructeurs, se révolter contre ceux qui les oppressent.

     

    Ce récit violent est touchant par son authenticité. On ressent avec acuité la misère de ce couple et l’amour qu’ils se vouent, les petites joies simples qui font leur ordinaire et l’injustice de l’influence des puissants sur leur vie. C’est de là que surgira toute leur colère.

    L’écriture de l’auteure est belle, construite mais sans affectation, et forte dans sa puissance d’évocation. On aimerait que l’histoire soit plus longue pour la goûter encore.

     

    Je vous invite à découvrir cette nouvelle plume belge, publiée aux éditions Sans escale. Vous ne le regretterez pas.

     

    Pin It

    3 commentaires
  • Nous ne trahirons pas le poème, Rodney ST ELOI"L'ancêtre parle, invoque terre, feu, ciel, océan. Des voix résistent, résonnent ; le poème se joue, tambour, espérance et acte de foi. Rien n'est trahison dans cette traversée. Tout porte vers l'incandescence, lumière de nos humanités." 

     

    Mon avis :

     

    Rodney St Eloi n’est pas seulement le directeur de la maison d’édition « Mémoire d’encrier », il est également romancier, essayiste et poète.

    J’ai acheté son recueil en mars 2020, lors de la fête organisée par la librairie Tulitu pour son 5e anniversaire. Le confinement qui a suivi ne m’a pas donné l’était d’esprit nécessaire pour lire ce recueil de poèmes. Je l’ai donc sorti de mal PAL durant le congé de Toussaint. Et j’ai bien fait.

     

    Dès les premiers vers, je me suis sentie connectée à l’auteur. « Ecrire pour ne pas mourir/écrire sa carte d’identité pour semer les milices/…/Je veux écrire un poème qui ne trahisse/ni passé ni présent ni futur »

    La littérature est vue comme un cri, une urgence, un besoin vital. Une aide pour traverser les moments douloureux, le quotidien et ses violences, l’exil. Mêmes autochtones dans notre pays, ne vivons-nous pas tous parfois ce sentiment de ne pas être en phase avec le présent ?

     

    Rodney St Eloi donne ici une parole aux oubliés, aux silencieux. Ils nous parlent des Première nations, des migrants qui meurent en Méditerranée et de tous les opprimés que l’on préfère ignorer. Sensible mais juste, il nous rappelle que nous ne pourrons pas toujours les fuir, qu’il faudra rendre des comptes. Fier, il se met en scène aux côtés de ces hommes de l’ombre, lui le migrant haïtien du Québec.

    Trouver sa place, dessiner sa voie, sans se renier, en alliant passé et mémoire, en s’enrichissant de rencontres, de moments partagés avec les autres, différents. Savoir qui l’on est et le dire fièrement. Parce que la diversité enrichit.

     

    J’ai aimé ce court recueil, ces mots forts, intenses qui résonnent encore en moi. J’ai goûté cet hommage aux souffrances tues, à la résilience et à la résistance. Je ne peux que vous inviter à découvrir toute l’humanité qui habite les mots de Rodney St Eloi. Il y a urgence.

     

    « Je recherche un amour d’encre / pour que ne s’arrête jamais le chant du monde. »

    Nous ne trahirons pas le poème, Rodney ST ELOI7e


     

    Pin It

    6 commentaires
  • Le lièvre d'Amérique, Mireille GAGNEDiane fuit. Suite à un événement traumatisant, elle a quitté son ile natale pour Montréal et s’est enfoncée corps et âme dans le travail. Totalement aliénée, sa vie entière se focalise sur son job. Diane ne s’accorde jamais cinq minutes pour se détendre ; sérieuse à longueur de temps, elle n’a aucun ami.

    Alors que le burnout la guette, elle entend parler d’une opération qui pourrait lui être salutaire.

     

    Mon avis :

     

    Ce premier roman de Mireille Gagné est construit de manière particulière. Les six chapitres du récit sont constitués de trois parties : une double page sur le lièvre d’Amérique, ses caractéristiques et son mode de vie, puis le présent de Diane alors qu’elle se réveille de l’opération et enfin un retour dans son enfance sur l’Ile-aux-Grues. Chaque chapitre est séparé du suivant par une double page représentant un dessin en noir et blanc. Cette construction originale nous permet de faire connaissance avec Diane et de comprendre sa vie présente à la lumière de son passé.

     

    Je n’ai pas envie de vous dévoiler trop longuement ce roman car j’ai savouré le fait de n’avoir rien lu à son propos avant de l’entamer. Il m’a été conseillé souvent mais personne n’a défloré le sujet et je me suis refusée à m’informer davantage pour que la découverte soit entière. Et j’ai bien fait. Si on est un peu surpris au début, cela ne dure pas. Une fois la lecture entamée, on n’a de cesse de connaitre la suite et on est tenu en haleine jusqu’à l’épilogue.

     

    Ce court roman fantaisiste de 138 pages est tout bonnement fabuleux. Inspiré d’une légende indienne, il mêle habilement la réalité du quotidien et du monde du travail à la magie des histoires ancestrales. A la fois récit initiatique, conte satirique, fable animalière et critique sociale, ce récit trace un portrait très fin d’une jeune femme en souffrance, en rupture avec sa nature profonde, tout en décrivant avec acuité la nature, sa force, sa grandeur et ses mystères.

    J’ai aimé aussi les changements de rythme et de style selon que Diane erre sur l’ile de son enfance ou perd pied dans son travail vivant les premiers symptômes du burnout. Mireille Gagné a publié auparavant trois recueils de poésie et cela se sent dans son écriture ciselée et les métaphores qu’elle emploie. (D’ailleurs, par de nombreux côtés, « Le ciel en blocs » annonce le présent roman.)

     

    Ode à la nature et à la liberté, ce court roman recèle une sagesse universelle qui vaut vraiment la peine d’être entendue. A découvrir au plus vite.


    Le lièvre d'Amérique, Mireille GAGNE7e

    Un livre sorti en 2020

    Pin It

    5 commentaires
  • Jimmy et le Big Foot, Pascal GIRARDJimmy et le Bigfoot est l'histoire d'un adolescent devenu une vedette, bien malgré lui, à cause d'une vidéo où on peut le voir danser sur internet... Le pauvre Jimmy doit aussi jongler avec l'amitié, l'amour, vivre en région et un Bigfoot sur les Monts-Valins. Vaste programme en perspective.  

     

    Mon avis :

     

    Jimmy est un adolescent comme tous les adolescents. Un peu gauche, pas vraiment doué avec les filles, il se prend souvent des râteaux, comme disent les jeunes. Après la publication, par son ami, d’une vidéo où on le voit danser, il doit en plus subir les moqueries et les regards en coin. Il lui semble que tout le Saguenay le connait désormais. Quand son oncle va affirmer avoir vu Big Foot dans la région et l’avoir filmé, Jimmy se dit que cette nouvelle vidéo fera oublier la première. Mais…

     

    Pascal Girard nous offre une histoire toute simple avec cet album mais brillamment racontée. Il ne s’y passe pas grand-chose d’exceptionnel mais l’ambiance créée par l’auteur est chaleureuse et dynamique comme le sont les jeunes. Les faits contés sont réalistes et le pauvre Jimmy très crédible. L’album met en scène des anecdotes d’adolescence comme on en a tous. Ces années d’apprentissage de la vie ne sont pas toujours idylliques, loin de là mais elles sont communes à tous les adolescents du monde. On a donc envie, dès le départ, de savoir ce qui va arriver à Jimmy.

    De plus, le ton est juste, les réactions des personnages plus vrais que nature et la langue québécoise, avec ses expressions et ses tournures, apporte un côté savoureux à l’histoire notamment dans les dialogues entre ados. Seul petit bémol, il faut vraiment de bons yeux pour lire les phylactères tant les caractères sont petits.

    Enfin, le dessin de Pascal Girard, simple et précis, un peu naïf même, apporte un touche poétique à la routine de cet ado qui se cherche. Son univers est pur et c’est bien agréable à regarder tant son sens de l’observation est aiguisé. J’ai aimé y retrouver des paysages que j’ai traversés et la ville de Saguenay.

     

    Un album pour adolescents qui ravira aussi les parents et un fini satiné, soigné qui m’a plu.


    Jimmy et le Big Foot, Pascal GIRARD5
    BD jeunesse 

     

     

    Pin It

    1 commentaire
  • Kuessipan, Naomi FONTAINEJ'aimerais que vous la connaissiez, la fille au ventre rond.
    Celle qui élèvera seule ses enfants. Qui criera après son copain qui l'aura trompée. Qui pleurera seule dans son salon, qui changera des couches toute sa vie. Qui cherchera à travailler à l'âge de trente ans, qui finira son secondaire à trente-cinq, qui commencera à vivre trop tard, qui mourra trop tôt, complètement épuisée et insatisfaite. Bien sûr que j'ai menti, que j'ai mis un voile blanc sur ce qui est sale.

     

    Mon avis :

     

    Dans la réserve innue de Uashat, les femmes sont mères à quinze ans, veuve et grands-mères à trente. Elles se battent pour l’avenir de leur peuple, celui de leurs enfants qu’elles cherchent à préserver de l’alcool, de la drogue et de la violence qu’ils engendrent. Entre traditions et modernité, elles construisent leur identité, leur culture.

    Si vous n’avez jamais lu de récit autochtone, lisez plutôt « Manikanetish » du même auteur. Ne commencez pas par celui-ci car ce n’est pas une histoire classique et linéaire. Le contexte est absent et ne permet pas à un novice d’entrer aisément dans le livre. Quatre parties rythment l’histoire « Nomade », « Uashat », « Nutshmit » et « Nikuss ». Les personnages n’ont pas de noms, ce sont plutôt des ombres, des souvenirs : une mère, une sœur, une amie… Kuessipan signifie « à toi » en innu ou « à ton tour ». Un toi non identifié et donc universel. Le lecteur se retrouve dans la tête de la narratrice, dans ses pensées et ses ressentis et s’immerge dans la vie de la tribu innue et de ceux qui la composent : pêcheurs, chasseurs, hommes, femmes, enfants…

     

    Auteure innue de Uashat, Naomi Fontaine connait l’importance des racines, des histoires ancestrales, la valeur de la terre et la nécessité de transmettre pour ne pas oublier. Dans ce récit, elle nous parle des femmes autochtones, de leur quotidien et de leurs espoirs. Elle évoque leur vie, leurs émotions, leurs croyances, leurs craintes et le respect qu’elles ont de la nature. Entre fidélité au passé et aux traditions et envie d’aller de l’avant dans un pays qui ne leur fait pas de cadeau, elles portent leur tribu à bout de bras.

     

    L’écriture est simple et poétique et l’attachement de Naomi Fontaine à ses racines se ressent tout au long des pages. Les observations sont âpres, dures, la nature austère et ce sont autant de tableaux qui nous sont offerts en courts chapitres.

    Mais ce récit se mérite ; on n’y rentre pas facilement. L’auteure suggère plus qu’elle ne dit. C’est une invitation à toucher du doigt une réalité qu’elle hésite à confier. Elle interroge aussi le lien entre le français, langue des colons et la langue innue, langue des ancêtres. Elles entrent en dialogue au long du récit.

     

    Kuessipan est le premier roman de l’auteure. Elle avait 23 ans lors de sa parution chez Mémoire d’encrier. Un premier roman fort qu’il vous faudra découvrir si vous aimez les auteurs autochtones.

     

     Kuessipan, Naomi FONTAINE4
    Roman d'un auteur autochtone

     

    Pin It

    8 commentaires
  • J'irai danser (si je veux), Marie-Renée LAVOIEDiane danse comme une enclume, aime son intérieur et déteste les mariages. Surtout le sien. Son mari vient de la plaquer pour « quelqu'un d'autre » (sexe non identifié, mais prévisible, genre « maudite pétasse »). Désagrégée ou presque, Diane est secouée par sa meilleure amie. Celle-ci lui suggère de se remettre au plus vite sur le marché du sexe, en commençant tout doux par le « frenchage », le flirt. Mais sur qui pratiquer les premiers exercices en évitant trop de complications ? Sur JiPi, bien sûr ! Le charmant comptable du quatrième étage, marié et donc sans danger. Enfin, normalement…

     

    Mon avis :

     

    Après la lecture du roman de Stéphane Larue, j’avais besoin de légèreté. Je l’ai trouvée avec ce roman de Marie-Renée Lavoie, une auteure que j’adore. C’est d’ailleurs moins léger qu’il n’y paraît mais c’est très drôle. Cela ne m’arrive pas souvent de rire franchement en lisant et ça fait un bien fou en cette période morose.
    Mais il faut que je commence par un coup de gueule ! Pourquoi avoir changé le titre original ??? Les Français ont donc bien peur que nous soyons trop nuls pour comprendre ? J'aurais aimé le titre québécois "Autopsie d'une femme plate". Question de respect !

     

    L’histoire tient en quelques mots : le mari de Diane est parti avec sa maîtresse après 25 ans de mariage. Sa collègue et amie, Claudine, qui a vécu la même chose tente de lui remonter le moral.

    C’est une histoire devenue banale hélas et déjà souvent abordée. Comment rebondir après une rupture surtout au moment où les enfants ont quitté le nid et que l’on se retrouve désespérément seule ? Marie-Renée Lavoie a pris le parti de l’humour pour nous conter l’histoire de cette « femme plate » que son mari délaisse pour une greluche plus jeune. Après avoir démoli le lit conjugal à coups de masse et le canapé dans lequel elle était assise quand il lui a annoncé son départ imminent, Diane va peu à peu apprendre à vivre avec ce vide. Elle va découvrir qu’elle possède des ressources insoupçonnées, une réelle fantaisie et retrouver les joies de la séduction, poussée par son inénarrable amie. Il y aura des hauts et des bas, des quiproquos, elle passera par une phase d’effondrement, de déni puis d’espoir avant d’arriver lentement vers l’apaisement. Tout ne se passera pas toujours comme elle l’avait imaginé perdra parfois son self contrôle… mais à chaque étape, son amie et ses enfants seront là.

     

    L’histoire oscille entre désespoir et rire et les expressions québécoises, les tournures de phrase et l’esprit québécois apportent un charme tout particulier au roman.

    C’est une comédie pleine de peps, décapante et pertinente à souhait. Les situations cocasses dans lesquelles Diane se retrouve donne envie de rire franchement. On ne peut que s’identifier ou reconnaitre quelqu’un dans la justesse de ces descriptions. Mais il y a aussi de la tendresse et de l’émotion dans ce récit. Tous les personnages sont attachants, humains, forts et faibles à la fois. Ils nous ressemblent.

    En cette période, cette lecture vitaminée, énergique et drôle devrait être lue par tous pour passer un moment doux loin de la réalité oppressante du quotidien. 

    J'irai danser (si je veux), Marie-Renée LAVOIE3

     Un roman qui a traversé l'Atlantique

    Pin It

    12 commentaires
  • Le plongeur, Stéphane LARUENous sommes à Montréal au début de l’hiver 2002. Le narrateur n’a pas vingt ans. Il aime Clive Barker et Lovecraft, le métal, les comic books et les romans de science-fiction des années soixante et soixante-dix que lui prête son père.
    Étudiant en graphisme, il dessine depuis toujours et veut devenir bédéiste et illustrateur, comme ses idoles Moebius et Tibor Csernus. Mais depuis des mois, il évite ses amis, ment, s’endette, aspiré dans une spirale qui menace d’engouffrer sa vie entière : c’est un joueur
    Il joue aux loteries vidéo et tout son argent y passe, de même que celui qu’il emprunte à sa copine Marie-Lou et à son cousin Malik. L’hiver installé, il se retrouve à bout de ressources, sans appartement.
    Il devient plongeur au restaurant La Trattoria, projeté dans un rush dès le premier soir. 

     

    Mon avis :

     

    Dans un quartier de Montréal, Stéphane est devenu plongeur dans un restaurant. Lui, le jeune étudiant, fan de Lovecraft, a décroché des études et claqué son fric au jeu. Il ment à ses proches, emprunte de l’argent qu’il ne pourra jamais rembourser et se coupe du monde. Alors qu’il croyait toucher le fond, il trouve un job de plongeur et se rend compte qu’il y a encore pire que ce qu’il a connu jusqu’ici. Il y rencontre Bébert, un cuisinier au bagout de rappeur.

    Ce roman sombre fait de descente aux enfers, de crises, d’améliorations et de rechutes rend admirablement bien l’atmosphère de la nuit et celled’un restaurant en plein coup de feu : la course, les bousculades, les cris… pour ensuite, après le service, tomber dans une torpeur d’après fièvre où se côtoie une faune fascinante d’hommes de l’ombre, serveurs, barmans, cuisiniers, plongeurs.

     

    Premier ouvrage d’un auteur de 36 ans, c’est aussi un roman autobiographique. La justesse du ton, les descriptions des lieux et des atmosphères s’en ressentent positivement. Tout sonne vrai dans le récit que nous fait Stéphane Larue des combats qu’il a menés pour refouler sa dépendance de joueur compulsif et se perdre dans le monde stressant au rythme endiablé de la restauration. Loin de l’image idyllique qu’on se fait parfois des restaurants aux salles cosy au ton feutré, nous découvrons l’envers du décor. Le stress et l’urgence se heurtent à l’exigence de la qualité dans une cuisine où se mêlent mets délicats, odeurs de friture, de vaisselle sale et de sueur. C’est un monde à part, souterrain, nocturne, un monde en décalage avec les travailleurs du jour. On y est confronté aux excès, à la débauche, à la noirceur mais il s’y noue aussi de belles amitiés.

     

    Depuis sa sortie, ce roman a reçu de nombreux prix et notamment le Prix littéraire des collégiens, ce qui est souvent un critère de qualité ; les jeunes étant très exigeants avec leurs lectures.

    Publié en 2016, ce roman m’a été dédicacé par l’auteur à la FLB qui a suivi. Depuis je me dis sans cesse qu’il faut le sortir de ma pile à lire mais ce pavé de 568 pages m’a longtemps tenue à l’écart. J’ai profité de ces congés de Toussaint pour m’y plonger. Et j’ai bien fait.

     

    J’ai vraiment beaucoup aimé ce récit à l’écriture incisive et enfiévrée, à l’atmosphère lourde et sombre où suspense et introspection se disputent l’attention du lecteur d’un bout à l’autre. J’ai aussi aimé les personnages si humains, merveilleusement dépeints par l’auteur, et la description de Montréal et de ses quartiers moins prisés par les touristes. Une fois entrée dans l’histoire, je n’ai plus lâché ce récit bouleversant et résilient terriblement réaliste.

    Un récit magnétique a découvrir si ce n’est déjà fait.

     

    Le plongeur, Stéphane LARUE2

     

    Pin It

    14 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique