• « Sait-on jamais ce qu'il restera de nous ? Des vestiges écarlates, l'amour et la honte à la fois, le remords qui commence là où s'amenuise la passion. Vivre avec la simple idée qu'une fois les corps éteints, il ne subsistera peut-être rien de ce qui a tant bouleversé, quelle déconvenue. » Lorsque l'avocat Mathieu Berger reçoit la visite de Margaux Delore, il est loin de se douter qu'il ne s'agit pas d'une cliente comme les autres. La jeune femme est venue lui remettre un dernier message de sa mère, Clémence Madigan, décédée d'un cancer deux mois auparavant. Se sachant condamnée à bref délai, Clémence a profité du temps qui lui était imparti pour un dernier voyage intérieur et elle a choisi l'écriture pour laisser quelques vestiges à ceux qu'elle a aimés. 

     

    Mon avis :

     

    Aujourd’hui je vous parle d’un roman qui ressemble peu à ce que je lis d’ordinaire.

    D’abord, il s’agit d’une histoire d’amour, d’un premier amour, de ceux qui marquent toute une existence et dont on se souvient avec nostalgie, émotion et regrets. Ensuite, il s’agit d’un roman auto édité dont je ne suis pas friande en général, ayant souvent été déçue.

    Cependant, je dois reconnaître que ce roman intimiste est porteur de nombreuses qualités et a su me séduire.

    Quand Clémence, se sachant condamnée, décide d’écrire à son amour de jeunesse ce qu’elle a éprouvé pour lui durant leur liaison et après qu’il l’ait lâchement quittée sans un mot, elle se met entièrement à nu, n’omettant rien de ce qu’elle a sur le cœur. Ce n’est pas un récit revanchard qu’elle rédige mais une sincère déclaration d’amour, sans emphase, sans apitoiement, vraie tout simplement. Un retour sur les faits qui pourraient bien ébranler les certitudes de Mathieu, ce séducteur impénitent qui n’a jamais réellement aimé personne.

    Avec acuité, l’auteure nous décrit des sentiments profonds et nous offre une analyse des relations humaines d’une grande justesse. Son héroïne est attachante dans sa sensibilité et le regard sans concession qu’elle porte sur elle-même, tant dans la naïveté de sa jeunesse que dans l’espoir irrationnel qu’elle a placé dans sa relation avec Mathieu.

    Pascale Joye maitrise ses personnages et son sujet. Les différents points de vue des protagonistes s’entrecroisent et construisent peu à peu les diverses facettes d’une même histoire et son influence sur ceux qui l’ont vécue ainsi que sur leur entourage. Elle décrit avec justesse l’incidence des mots que l’on prononce, des gestes que l’on pose ou des silences que l’on prolonge sans vraiment mesurer l’impact qu’ils ont ou auront sur l’autre.

    Chaque lecteur se retrouvera à un moment ou à un autre dans ce récit. A travers Clémence, Mathieu, Margaux, Sophie ou Tom, c’est un peu de chacun de nous que l’auteure parle dans cette histoire intemporelle comme il y en a tant.

    Une belle surprise et une lecture que je vous recommande.

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  • La télégraphiste de Chopin, Eric FAYEPrague, automne 1995 : une habitante prétend " recevoir " chez elle la visite d'un compositeur illustre dont elle a le privilège de porter à l'attention du plus grand nombre les partitions qu'il lui dicte au fil de leurs rencontres. Au point de séduire une maison de disques. Sauf que le grand homme en question s'appelle Frédéric Chopin, et qu'il est mort à Paris, un siècle et demi plus tôt... Supercherie ? Mystification ? Tel est, en tout cas, le sentiment bien naturel de Ludvík Slaný, journaliste, au moment où il s'apprête à enquêter sur cette histoire pour le compte de la télévision d'un État sorti depuis peu de l'ère communiste. Commence alors une chasse au fantôme, entre matérialisme obtus et croyances en tout genre, espions reconvertis en enquêteurs privés, tenants d'un ordre ancien métamorphosés en jeunes loups du nouveau régime, où une paisible cantinière à la retraite révèle à un monde bouleversé la part d'ombre et de folie sur lequel il se réinvente.  

     

    Mon avis :

     

    Tchéquie 1995. Le mur de Berlin est tombé, la révolution de Velours a eu lieu et le communisme a vécu. Cependant, les vieilles habitudes ont la vie dure et la méfiance comme la surveillance restent de mise. Quand une sympathique et naïve veuve, Véra Foltinova, prétend recevoir des visites étranges, régulièrement, d’un musicien qui lui dicte des partitions inédites, cela semble trop beau pour être vrai. D’autant que le musicien n’est autre que Frédéric Chopin.

     

    Filip Novak, rédacteur en chef de la télévision publique tchèque, charge alors un de ses meilleurs journalistes, Ludvik Slany, d’éclaircir ce mystère et d’en tirer un documentaire. Il commence alors une enquête pour démêler le vrai du faux et rien n’est laissé au hasard : surveillance, filature, écoute téléphonique… car bien sûr, Slany ne croit pas une minute à la véracité des dires de cette dame. Pour quelle raison, Chopin aurait-il décidé de revenir du royaume des morts et pourquoi aurait-il jeté son dévolu sur cette modeste employée de cantine scolaire peu douée en musique de surcroît ? Mais cette femme défie tous les pièges qui lui sont tendus, elle porte un message, bien plus important que les œuvres inconnues de Chopin.

     

    Outre une plongée dans la Tchéquie post communiste où certains sont en manque de repères, ce roman nous parle de mystification dans l’art et pose l’intéressante question de savoir si tout peut s’expliquer par la raison ? La logique rationnelle est-elle la seule possible ? C’est sur cette interrogation que le livre d’Eric Faille repose. Croyance contre science, raison contre déraison.

     

    S’inspirant d’une histoire vraie, l’auteur nous plonge dans un polar trouble où on arpente les rues de Prague à la suite du personnage principal. Il nous mène par le bout nez jusqu’au bout et malgré l’invraisemblance de la situation, on y croit.

    Pour rédiger cette histoire, Eric Faye s’est inspiré de la vie de Rosemary Brown, compositrice et pianiste anglaise. Elle aussi se disait médium et entrait en communication avec des musiciens décédés comme Chopin, Brahms ou Beethoven. Ils lui auraient demandé de retranscrire des œuvres musicales qu’ils n’avaient pu achever.

     

     La télégraphiste de Chopin, Eric FAYE

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    Fake News, Michèle COTTA & Robert NAMIASPour François Berlau, le plus jeune président de la République jamais élu, la première année du quinquennat fut un quasi-sans-faute : des résultats économiques encourageants, un leadership européen revendiqué, une France qui retrouve son rang sur la scène internationale... La deuxième année, en revanche, est infernale, ponctuée par des assassinats non élucidés de personnalités politiques de premier plan, puis par un énorme scandale le visant personnellement à travers le financement de sa campagne. S'agit-il de fake news ?

     

    Mon avis :

     

    Rédigé par deux ténors du journalisme politique, bien ancrés dans les médias et leur temps, ce roman de politique fiction est un petit bijou.

    Alors qu’un jeune président dirige la France pour la deuxième année et que médias comme citoyens sont séduits par son charisme et sa manière de diriger, l’opposition renâcle. Certains n’ont pas encore digéré leur éviction du pouvoir et cet insupportable François Berlau agace. Rentrant d’un voyage aux Etats-Unis l’ayant porté aux nues, il doit faire face au meurtre du président du Sénat, Chastrié puis d’un patron de presse. Très vite l’opinion s’emballe, on parle de financement occulte de la campagne, de relations douteuses à l’étranger… et très vite il est difficile de dénouer le faux du vrai.

     

    Ce roman n’est pas une lecture facile pour la Belge que je suis. Les personnages sont nombreux et les fonctions qu’ils occupent ne me sont pas toutes familières. - La politique française n’est finalement pas plus simple à comprendre que la nôtre. - Malgré tout, ce récit est jubilatoire car tout y est crédible, probable, même si rien de tout cela n’est vrai. Derrière les personnages, on reconnait (en tout ou partie) quelques figures bien connues de la politique et du journalisme. Les auteurs sont expérimentés et maîtrisent parfaitement leur sujet. Ils ont dû bien s’amuser à rédiger ce roman politique. Le décor est réaliste, tant dans la description des lieux de pouvoir, des restaurants où se font et se défont les alliances que dans les relations des uns et des autres, qu’elles soient politiques ou politico-journalistiques. La vie politique y est décrite avec minutie, de même que les états d’âme de certains. On y voit comment des intérêts extérieurs au pays peuvent manigancer pour déstabiliser un homme qui n’aura alors de cesse de prouver son innocence tout en se rendant encore plus coupable aux yeux de ceux qui se sont laissé piéger. Le rôle de la presse n’est pas non plus joli-joli. Relayant de bonne foi de fausses informations, elle n’aura de cesse de minimiser sa faute pour ne pas perdre la face, faisant passer pour vrai ce qui n’était que fake news.

    Bien au fait du monde des médias et de la course à l’info, Robert Namias et Michèle Cotta n’éludent pas le rôle des journalistes dans les scandales et remous ni le danger pour les chaines de télé de chercher le scoop avant l’info de source sûre. La légèreté avec laquelle certains échafaudent des théories ne reposant sur rien, commentent des images dont on ignore tout ou se jettent comme des vautours sur les dépêches sans les vérifier ou les étayer est aussi mise en exergue sans faux fuyant. Quant aux réseaux sociaux, ils ne sont pas épargnés non plus, jouant un rôle de plus en plus grand dans l’opinion publique.

    Politique fiction ou prémonition ?

     

    Je vous le conseille vigoureusement.

     

     

     

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  • De pierre et d'os, Bérengère COURNUTUne nuit, la banquise se fracture et sépare une jeune femme de sa famille. Uqsuralik se retrouve livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Si elle veut survivre, elle doit avancer à la rencontre d’autres êtres vivants. Commence alors, dans des conditions extrêmes, une errance au sein de l’espace arctique, peuple d’hommes, d’animaux et de créatures.

     

    Mon avis :

     

    Si vous aimez les histoires évocatrices et les légendes, si la découverte d’une autre culture vous met en joie, si le chamanisme et une spiritualité différente attisent votre curiosité ou si vous aimez les portraits de femmes fortes, ce roman est fait pour vous.

    Bérengère Cournut nous offre ici un roman magnifique autant dans la forme que dans le fond. Un récit initiatique qui nous emmène aux confins des terres habitables, entre ciel et mer, sur une banquise mouvante, dangereuse, à la fois généreuse et destructrice où les esprits terrestres et marins ont des pouvoirs insoupçonnés et se jouent de la vie des hommes.

     

    L’auteure nous entraîne en Arctique, aux pays des Inuits. Dès les premières pages, nous sommes immergés dans cette culture et ce quotidien fascinants si éloignés de nous. Pour Uqsuralik la vie est une aventure de chaque jour, presque de chaque heure ; une vie dans des conditions extrêmes où Bérengère Cournut parvient à nous transporter à ses côtés, dans une existence où la mort côtoie la vie, où les forces de la nature peuvent être une bénédiction pour l’homme ou un cataclysme. Là-bas, les enfants qui naissent sont un cadeau de la nature au point qu’ils cherchent eux-mêmes leur prénom parmi ceux de leurs ancêtres décédés.

    Femme libre et mère attentive, l’héroïne est aussi attachante et forte : à la fois respectueuse des traditions et de la mémoire des ancêtres et moderne ; ne chasse-t-elle pas comme un homme et avec les hommes ?

     

    La trame narrative est simple, on suit le récit d’Uqsuralik du moment où elle a été séparée des siens jusqu’à sa mort à un âge avancé et même jusqu’au royaume des morts. La langue est vive, l’écriture soignée et le lecteur est entraîné dans l’histoire qu’il dévore d’un bout un l’autre. Les chapitres, longs ou courts, donnent le rythme de la vie de l’héroïne. Ils sont ponctués de chansons et poèmes de la tradition inuite et racontent des moments de vie ayant échappé à la narratrice.

     

    Ce roman intense et poétique est ma première lecture adulte de la rentrée et un coup de cœur. Sa très belle couverture et son papier de qualité complètent le plaisir de lecture que j’ai eu. Je ne peux que vous conseiller de vous lancer à votre tour dans cette découverte.

      

     

    De pierre et d'os, Bérengère COURNUT

     

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  • Dans la tête de Sherlock Holmes - L'Affaire du ticket scandaleux, Lieron & DahanUn simple diagnostic médical du Docteur Watson se révèle être bien plus que cela. La découverte d’une poudre mystérieuse sur des vêtements et d’un ticket de spectacle très particulier amène Sherlock Holmes à penser que le patient n’est pas l’unique victime d’un complot de grande ampleur.

     

    Mon avis :

     

    « Dans la tête de Sherlock Holmes » est une BD particulièrement originale où scénariste et dessinateur nous plongent réellement dans les mécanismes de la pensée de Sherlock.

    « L’affaire du ticket scandaleux » comprend deux tomes. Ce premier plante le décor. On y retrouve Holmes en proie à l’ennui et à ses addictions avant qu’une affaire ne vienne le sortir de sa torpeur. Le docteur Fowler, ami de Watson, s’est retrouvé au poste de police, en chemise de nuit, la clavicule démise, sans avoir aucun souvenir de sa soirée et de la manière dont il a chu. Revoilà Sherlock observant, réfléchissant, déduisant, ses neurones tournant à plein régime.

     

    Cette enquête n’est pas une adaptation d’un récit de Conan Doyle mais bien une histoire inédite. Pour le plus grand plaisir des amateurs, nous retrouvons les codes et le contexte de l’original ainsi que la personnalité des protagonistes que nous connaissons bien. Les auteurs se sont concentrés avec beaucoup d’ingéniosité et d’humour à pénétrer visuellement le mental du détective afin de suivre le fil de son raisonnement. Son cerveau étant, comme il l’appelle, sa mansarde. On suit donc en temps réel le rouage de ses réflexions édifiantes et logiques. Un astucieux fil rouge permet de suivre le fil de ses idées, les cases n’étant pas forcément dans l’ordre habituel d’une BD.

    J’ai beaucoup apprécié le graphisme, les couleurs et la créativité artistique de Benoit Dahan. Les découpages sont originaux, le cadrage souvent plein de trouvailles, le décor londonien de 1890 est soigné. Et que dire de la couverture ! Superbe ! Quant à l’histoire elle tient en haleine distillant à la fois suspens, indices et interrogations.

    J’ai hâte de découvrir le second tome.

     

     

     

     

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  • 100 activités pour enfants DYS, C. Zamorano & F. ChéeBeaucoup de famille l’ignorent mais un enfant sur dix est atteint de troubles dys. Difficultés à parler, à lire et à écrire, à dessiner ou à lacer ses chaussures…
    Pour l’accompagner dans ses apprentissages, il existe pourtant des solutions faciles à mettre en place, à la maison comme à l’école.
    Ecrit par une orthophoniste, ce guide propose des activités organisées par catégorie (confiance en soi, lecture et écriture, expression orale et écrite, logiques et mathématiques, vie pratique), des solutions concrètes pour répondre aux besoins de l’enfant de la maternelle au collège, les conseils et recommandations de Françoise Chée, fondatrice de site « Astuces pour dys », du matériel pédagogique à télécharger gratuitement.

     

    Mon avis :

     

    Les auteures Cécile Zamorano et Françoise Chée sont orthophonistes et familières des enfants à troubles dys. Partant du principe que la prise en charge rapide d’un enfant dys est un enjeu majeur dans la lutte contre l’échec scolaire, elles expliquent ce que sont ces troubles et quels signes révélateurs peuvent permettre leur détection. Viennent ensuite des conseils sur le suivi médical nécessaire afin de réaliser le plus tôt possible un diagnostic fiable et le mode emploi pour utiliser cet ouvrage au mieux.

     

    85 activités simples sont expliquées clairement sur une page alors qu’en vis-à-vis une photo illustre ce qui est attendu par l’enfant. 15 conseils-astuces terminent l’ouvrage pour faciliter les apprentissages des enfants dys.

     

     

    J’ai trouvé cet ouvrage clair, précis et particulièrement facile à utiliser, que ce soit par les parents ou les enseignants. Les idées proposées sont simples et donc accessibles à tous ; pas besoin de matériel coûteux. Il n’est pas non plus nécessaire de réaliser toutes les activités, il faut plutôt choisir celles qui semblent appropriées à l’enfant. Jouer et grandir, faciliter la motricité fine et l’observation est le but des activités proposées.
    Issu de la collection Dyscool, ce livre m'a été gracieusement envoyé par les éditions Nathan et je les en remercie. 

    Un ouvrage que devrait posséder tout enseignant.

     

     

     

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  • Oyana, Eric PLAMONDONElle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la rupture. Elle est née au Pays basque et a vieilli à Montréal. Un soir de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie pour tenter de s’expliquer et qu’il puisse comprendre. Il y a des choix qui changent des vies. Certains, plus définitivement que d’autres. Elle n’a que deux certitudes : elle s’appelle Oyana et l’ETA n’existe plus.

     

    Mon avis :

     

    Une fois encore Eric Plamondon raconte une histoire forte dont on ne peut se défaire dès qu’on y a gouté. Cette fois, elle se déroule à 6000 km du Québec mais la Belle province est là malgré tout, nichée au cœur de l’histoire d’Oyana.

    Oyana signifie bois, bosquet en basque. Et comme lui, elle est à la fois dure et flexible, forte et fragile. Dans une lettre qu’elle écrit à son compagnon de vingt ans, Xavier, Oyana se raconte. Son enfance au Pays basque, son souvenir le plus fort, celui d’un cachalot venu s’échouer sur la plage alors qu’elle n’a que 7 ans, les bains dans l’eau froide, le carnaval, ses études à Bordeaux, ses amis, un incident qui la bouleverse, l’ETA, les attentats qui ponctuent les années 70 et 80… Elle lui confie tout ce qu’il ignore, qu’elle lui a toujours caché et la raison de son mensonge. Vingt trois de vie heureuse mais bâtie sur du sable. Elle, la respectable compagne d’un anesthésiste réputé, a décidé de tout dire.

     

    Comme à son habitude, Eric Plamondon part d’un moment précis dans la vie de son personnage pour raconter peu à peu qui il est et pourquoi il en est là. Il élargit lentement son objectif et dézoome pour montrer les causes qui ont amené Oyana à faire des choix, spontanés ou imposés. Il ne cache rien de ses dilemmes, de ses hésitations, des sentiments contradictoires qui l’habitent au moment où elle écrit ou lors des choix qu’elle a posé dans sa vie. Au cœur du récit, il est donc question d’identité et de liberté mais aussi d’héritage. Notre identité nous appartient-elle en propre ou est-elle forgée à partir de notre histoire familiale, de nos origines, du destin ?

     

    A travers le récit d’Oyana, on touche au cœur de l’Histoire du Pays basque, de ses traditions ancestrales qu’elles soient culinaires, folkloriques, spirituelles ou de la chasse à la baleine au large de Terre Neuve peuplée lentement par des Basques ayant émigrés là-bas. Et bien sûr la lutte pour l’indépendance, et la violence par laquelle passa l’ETA pour l’obtenir en dénonçant la répression franquiste. Et ça secoue.

     

    Avec efficacité, l’auteur nous offre un récit haletant et dynamique dans lequel on avance de révélation en révélation. Il nous parle d’engagement, de choix, d’identité et de lutte sans jamais porter de jugement sur ceux qui les prennent. Et quand on croit avoir compris où il nous mène, un retournement de situation vient nous prouver le contraire.

    Je vous conseille vivement ce récit, beau et dur, non seulement pour les divers thèmes abordés et les questions qu’il soulève mais aussi pour la langue et le style d’Eric Plamondon. Sans fioriture, en cent cinquante pages à peine, il nous offre un récit puissant qui marque les esprits.

     

     

     

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