• Oyana, Eric PLAMONDONElle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la rupture. Elle est née au Pays basque et a vieilli à Montréal. Un soir de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie pour tenter de s’expliquer et qu’il puisse comprendre. Il y a des choix qui changent des vies. Certains, plus définitivement que d’autres. Elle n’a que deux certitudes : elle s’appelle Oyana et l’ETA n’existe plus.

     

    Mon avis :

     

    Une fois encore Eric Plamondon raconte une histoire forte dont on ne peut se défaire dès qu’on y a gouté. Cette fois, elle se déroule à 6000 km du Québec mais la Belle province est là malgré tout, nichée au cœur de l’histoire d’Oyana.

    Oyana signifie bois, bosquet en basque. Et comme lui, elle est à la fois dure et flexible, forte et fragile. Dans une lettre qu’elle écrit à son compagnon de vingt ans, Xavier, Oyana se raconte. Son enfance au Pays basque, son souvenir le plus fort, celui d’un cachalot venu s’échouer sur la plage alors qu’elle n’a que 7 ans, les bains dans l’eau froide, le carnaval, ses études à Bordeaux, ses amis, un incident qui la bouleverse, l’ETA, les attentats qui ponctuent les années 70 et 80… Elle lui confie tout ce qu’il ignore, qu’elle lui a toujours caché et la raison de son mensonge. Vingt trois de vie heureuse mais bâtie sur du sable. Elle, la respectable compagne d’un anesthésiste réputé, a décidé de tout dire.

     

    Comme à son habitude, Eric Plamondon part d’un moment précis dans la vie de son personnage pour raconter peu à peu qui il est et pourquoi il en est là. Il élargit lentement son objectif et dézoome pour montrer les causes qui ont amené Oyana à faire des choix, spontanés ou imposés. Il ne cache rien de ses dilemmes, de ses hésitations, des sentiments contradictoires qui l’habitent au moment où elle écrit ou lors des choix qu’elle a posé dans sa vie. Au cœur du récit, il est donc question d’identité et de liberté mais aussi d’héritage. Notre identité nous appartient-elle en propre ou est-elle forgée à partir de notre histoire familiale, de nos origines, du destin ?

     

    A travers le récit d’Oyana, on touche au cœur de l’Histoire du Pays basque, de ses traditions ancestrales qu’elles soient culinaires, folkloriques, spirituelles ou de la chasse à la baleine au large de Terre Neuve peuplée lentement par des Basques ayant émigrés là-bas. Et bien sûr la lutte pour l’indépendance, et la violence par laquelle passa l’ETA pour l’obtenir en dénonçant la répression franquiste. Et ça secoue.

     

    Avec efficacité, l’auteur nous offre un récit haletant et dynamique dans lequel on avance de révélation en révélation. Il nous parle d’engagement, de choix, d’identité et de lutte sans jamais porter de jugement sur ceux qui les prennent. Et quand on croit avoir compris où il nous mène, un retournement de situation vient nous prouver le contraire.

    Je vous conseille vivement ce récit, beau et dur, non seulement pour les divers thèmes abordés et les questions qu’il soulève mais aussi pour la langue et le style d’Eric Plamondon. Sans fioriture, en cent cinquante pages à peine, il nous offre un récit puissant qui marque les esprits.

     

     

     

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  • Cobre, Michel CLAISSEChili, 11 septembre 1973. La junte militaire renverse le gouvernement démocratiquement élu. Le président Allende se suicide dans son palais de fonction, la Moneda. Juste avant, il a confié à son jeune chargé de communication, une mission secrète, qui va entrainer celui-ci sur les routes, dans les mines et dans les geôles d’un pays désormais sans espoir social. Car le Chili bascule dans l’horreur : exécutions sommaires, arrestations arbitraires, tortures… Jorge se terre durant plusieurs semaines dans la cave d’un restaurant ami, avant de tenter de prendre, sous une fausse identité, la direction de la Bolivie. Mais le meilleur policier du pays, le commissaire Ramon Gil, a été chargé de l’arrêter. La traque commence.

     

    Mon avis :

     

    Dans les années 80, le destin a mis Michel Claisse en présence de José et de ses amis, celui-ci étant tombé amoureux de sa cousine. Très vite, après avoir raconté leur histoire, ils prennent l’auteur comme avocat. Un monde qu’il ne connaissait pas s’ouvre à lui. Quand en octobre 1988, le NON l’emporte lors du référendum sur le maintien au pouvoir de Pinochet, les exilés risquent le retour. Michel Claisse ira rendre visite à sa cousine et José et une histoire d’amour commencera entre lui et le Chili.

     

    Ce récit est la somme de trente ans de voyages, de rencontres, de témoignages et de prises de notes. Ce roman a longuement mûri avant que l’auteur ne se risque à le coucher sur le papier. Très bien accueilli par la critique, il a aussi reçu plusieurs prix dont le Prix des lycéens de Littérature.

    Ce roman raconte l’histoire de Jorge (celle de José un peu romancée). Elle débute le 11 septembre 1973 et s’achève en 1991. Il nous conte les aventures de cet homme envoyé en mission par un homme qu’il admire et refuse de trahir. Mais c’est plus qu’un récit initiatique. On découvre aussi l’histoire politique et sociale de ce pays, le coup d’Etat, et l’implication de Nixon et Kissinger dans celui-ci à cause du cuivre ! Les exactions criminelles de la junte sont également évoquées, comment les passer sous silence ? C’est aussi une ode au courage, à la détermination, à la résistance et à la fraternité. Au risque de leur propre vie, des hommes vont aider Jorge, le cacher, le soutenir. Ils vont se découvrir un courage qu’ils ignoraient posséder.

     

    Le récit nous ouvre aussi des portes sur la spiritualité et sur les arcanes de la nature (les quatre parties du récit porte le nom des quatre éléments) et les traditions ancestrales des Chiliens comme celles du chamanisme.

     

    Dans la postface, Michel Claisse interroge le lecteur sur la morale et l’éthique politique qui a poussé un pays démocratique à déstabiliser un autre pays démocratique pour venir en aide à son industrie, sans se soucier un seul instant des conséquences désastreuses que cela aurait sur la population.

    Toutes ces raisons m’ont fait adorer cette lecture, puissante, révoltante et porteuse d’espoir. Nous devrions tous la donner à lire à nos grands élèves.

     

    Enfin, après vous avoir chaudement recommandé cette lecture, je ne peux conclure que sur les propres mots de l’auteur lors de la remise du Prix des lycéens de Littérature, en mai dernier :

    « J’ai vécu avec vous des moments sacrés qui m’ont fait quitter le monde profane. Mais revenons-y cependant pour refléter le combat que je mène contre la criminalité financière ou celui que Geneviève Damas mène en faveur des réfugiés. Vous avez commencé à combattre à propos des changements climatiques. Il est temps que vous cultiviez les cris que vous avez lancés, que vous poursuiviez l’action. Je vous en prie : battez-vous ! » 

     

     

     

     

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  • Le baiser, Sophie BROCASCamille a toujours exercé son métier d’avocate avec sérieux, mais sans grande passion. Jusqu’au jour où on lui confie une affaire inhabituelle : identifier le propriétaire d’une sculpture de Brancusi, Le Baiser, scellée sur la tombe d’une inconnue au cimetière du Montparnasse. Pour déterminer à qui appartient cette œuvre, il lui faudra suivre la destinée d’une jeune exilée russe qui a trouvé refuge à Paris en 1910. En rupture avec sa famille, Tania s’est liée à l’avant-garde artistique et a fait la rencontre d’un sculpteur roumain, Constantin Brancusi. Avec lui elle découvre la vie de bohème. Cent ans plus tard, élucider les raisons de sa mort devient pour Camille un combat personnel : rendre sa dignité à une femme libre, injustement mise au ban de la société. 

     

    Mon avis :

     

    En janvier 2019, l’Express titrait « Une famille russe et l’Etat français se font la guerre à propos d’une sculpture de Brancusi. » Au même moment, le roman de Sophie Brocas sortait en libraire.

    Camille, avocate d’affaires au quotidien réglé au millimètre près, se voit un jour confier une affaire par un voisin, directeur des cimetières de Paris. Elle va devoir sortir de sa zone de confort pour répondre à cette demande qui l’ennuie prodigieusement. Mais au fur et à mesure de ses recherches, elle découvrira l’histoire d’une jeune fille russe, l’artiste dont elle ignorait jusqu’au nom avant ce jour et plongera dans l’Histoire de l’Art du débute du 20e siècle.

    Bâti autour d’une mystérieuse œuvre d’art, ce roman passionnant m’a transportée. Sophie Brocas nous tricote maille après maille un roman riche en suspens et fascinant. Mêlant réalité et fiction, histoire et art, il se lit comme un thriller tout en enrichissant le lecteur d’informations intéressantes mais jamais pesantes par leur académisme.

     

    Nous découvrons le Paris de 1910, l’art moderne qui prend son envol avec Brancusi, le Douanier Rousseau, Matisse mais aussi les bouleversements musicaux de Satie ou Stravinski, sociétaux avec Léon Bloom ou encore des féministes dont la célèbre Voltairine de Cleyre. Un Paris où se réfugient de plus en plus de Roumains ou de Russes fuyant pour les uns, des conditions de vie très difficiles, pour les autres les risques d’un emprisonnement, ou pire, à l’heure où la Révolution russe se prépare.

    Toutes ces informations nous sont données par Tatiana, princesse russe envoyée par sa mère, chez sa tante à Paris, croyant ainsi la soustraire aux influences néfastes des révolutionnaires et de son grand oncle Tolstoï ayant plongé la famille dans une infamante disgrâce. Au prix de beaucoup de tractations, Tatiana s’inscrit à la faculté de médecine afin de disposer d’un peu de liberté. Elle confie alors à son journal ses découvertes, ses émotions, ses colères et ses espoirs.

    J’ai aimé le prétexte à cette histoire, la manière dont l’auteure l’a traitée et ces deux beaux portraits de femmes qui s’entrecroisent. A un siècle de distance, l’une et l’autre sont en quête de liberté, d’indépendance et de justice. J’ai adoré.

    Une histoire inachevée puisque dans la vraie vie, rien n’est tranché en ce qui concerne la sculpture, puisqu’aujourd’hui, en art, seul compte le profit.

     

     

    Le baiser, Sophie BROCAS 

     

     

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  • Par-delà nos corps, Bérengère CORNUTElisabeth a vingt ans quand elle rencontre à paris Werner, lieutenant poète et peintre allemand. Mais la Première Guerre mondiale éclate… Des décennies après, Elisabeth adresse une lettre à Werner, en réponse à celle, pleine d’idéal, qu’il lui avait envoyée du front juste avant de disparaître. Elle y décrit ce que sa vie est devenue après leur rencontre et comment les épreuves ont fait d’elle une femme plusieurs fois aimante et aimée, traversée par le désir, le miracle de la maternité, la mort et l’absence.

     

    Mon avis :

     

    Lors d’une réunion de famille, ses membres trouvent une boite qui renferme trois lettres. Ils nous partagent celle d’Elisabeth, leur aïeule, en réponse à la missive d’un soldat allemand rencontré avant la guerre, il y a de ça vingt-cinq ans. *

    Dans une écriture délicate et raffinée, Elisabeth revient sur la rencontre que son mari et elle avait faite avec Werner. Elle décrit l’absence laissée par la mort de son jeune époux et la disparition de Werner dont la dernière lettre est arrivée peu après l’avis de décès. Cette absence, ce vide ont pris tant de place en elle qu’Elisabeth est partie au front pour tenter de les combler et de se confronter à ce qu’avait dû être leur souffrance.

    Puis elle a erré jusqu’à rencontrer Gorki qu’elle épouse et dont elle a des enfants. Elle raconte les pays parcourus, réels ou imaginaires, les océans traversés, l’immensité de la mer et celle de la forêt qui l’ont soutenue, aidée à se construire après ces départs.

     

    Ce court récit est merveilleux de poésie et d’onirisme. Il nous brosse le portrait d’une femme amie, épouse, amante et mère que les épreuves ont forgée et ancrée dans la réalité. Une femme libre qui a choisi la vie et trouvé l’amour après la perte et le deuil. Tout en nuance, ce texte sensible nous faire vivre une histoire d’amour par procuration, histoire jamais consommée et que le temps a rendue immortelle. Il magnifie aussi une jeune femme forte qui lutte contre la mélancolie et la tristesse et affronte la vie avec courage et optimisme.

    *En 2017, le texte de Werner avait été publié par Pierre Cendors aux éditions Tripode. Celui de Bérengère Cornut y répond. Je ne l’ai pas lu encore. Je vais me le procurer pour mieux appréhender ce témoignage amoureux.

     

     

     

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  • Cahiers Dyscool pour l'apprentissage du français, Un cahier d’entrainement spécialement conçu pour les enfants dys ou en difficultés d’apprentissage, écrit par des enseignants et adapté par une enseignante spécialisée. Le tout accompagné de corrigés détachables avec des conseils et des astuces pour aider l’enfant et prolonger l’apprentissage.

     

    Mon avis :

     

    J’ai été séduite par les deux cahiers que j’ai reçu des éditions Nathan que j’avais demandés par curiosité. La mise en page de ces cahiers est aérée et le plus neutre possible, pas d’image ou de dessin. Les couleurs choisies permettent à l’enfant de repérer les titres (surlignés en jaune) et sont aussi un repère spatial par des lignes de couleurs limitant la feuille : en haut, les consignes, exemples et matière (en bleu, le ciel) les exercices (en noir, en bas vers la terre). Chaque consigne est précédée d’un pictogramme vert (à gauche) rappelant à l’élève ce qu’on attend de lui. Et on s’arrête au rouge (à droite de la feuille).

    La police de caractère (Arial) est en taille 16 pour faciliter la lecture et les phrases sont volontairement courtes. Pas de phrases complexes. Les consignes des exercices permettent à l’enfant de comprendre rapidement et de travailler une tâche à la fois. Il lui est permis de s’évaluer à la fin de chaque séquence, grâce à des smiley souriants.

    J’ai vraiment apprécié ces cahiers qui seront bien utiles pour mes élèves. Celui de CM2 notamment (5e primaire) est un rappel des principales règles de grammaires (compléments du nom, relation sujet-verbe, complément d’objet (c’est français), compléments circonstanciels, types et formes de phrases, sans oublier la conjugaison et l’orthographe et il conviendra parfaitement à mes élèves en difficultés.

    J’ai trouvé le tout adapté et accessible aux enfants dys.

    Dans les pages détachables au centre du livret, on trouve aussi des conseils aux parents, vu que les carnets sont conçus comme aide à domicile. Rien n’empêche cependant de s’en servir en classe.

    Isabelle Petit-Jean, professeur des écoles est directrice d'ouvrage, Stéphanie Martin, en tant qu'enseignante spécialisée auprès des enfants dys, a relu l'ouvrage conçu pour les CE2 par Cécile Charrière et pour les CM2 par Bruno Fazio. 


     

     

     

     

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  • Raisons obscures, Amélie ANTOINEDeux familles ordinaires à l’heure de la rentrée scolaire.
    Deux familles où chacun masque et tait les problèmes pour ne pas inquiéter les autres.

    Deux familles où règnent des secrets.

     

    Mon avis :

     

    J’ai lu ce roman sur les conseils de mon époux et de @lafeelit qui m’a aussi incitée à ne pas lire la 4e de couverture avant. Et elle avait raison. Il faut entrer dans ce roman sans rien savoir de plus que ce que j’ai écrit ci-dessus. Je vais donc tenter de vous en parler sans rien dévoiler de l’histoire. Ainsi on apprécie mieux les émotions distillées par ce récit.

    Deux familles, cinq adolescents, neuf vies qui se côtoient, se mêlent, s’opposent, s’aiment et se déchirent. Impossible de ne pas se reconnaître dans l’un ou l’autre des personnages. Peu à peu on entre dans l’intimité des familles. La famille de Yanis Kessler a déménagé de Toulouse dans le nord, pour la ville d’où est originaire Laetitia, la mère. Elle compte deux filles, Marjorie et Orlane et un garçon, Ezio, qui ne sont pas très heureux de ces changements. La famille Mariani vit dans la même ville. Claire, la mère, a quitté son emploi pour s’installer à son compte et travaille à la maison. Avec son mari Frédéric, ils ont une fille, Sarah et un fils, Clément. En juin, on a diagnostiqué à Sarah le diabète. Toute la famille s’en trouve bouleversée.

    L’histoire commence à la rentrée des classes et l’on suit chaque cellule familiale de mois en mois jusqu’en juin. Dans la deuxième partie, on repart de la rentrée et on suit le quotidien d’un ado de chaque famille, jetant un regard personnel sur les événements familiaux.

    J’avoue que la première partie où l’auteure installe le cadre et les personnages m’a laissée perplexe. Je me demandais où Amélie Antoine voulait nous emmener. Elle décrit bien les petits bonheurs et tracas d’une famille, la routine, l'école, le voisinage, les préoccupations professionnelles… Mais je ne voyais pas vers quoi ce qu’elle tissait lentement nous dirigeait. Et puis arrive la deuxième partie où les ados prennent la parole. Deux voix s’expriment en alternance sur la vie familiale, les relations fraternelles, le collège, les premières amours, les copains… Bref ce qui fait le quotidien des jeunes. Et là, tout s’éclaire. On découvre les non-dits, la difficulté de faire sa place dans la famille, les rêves, les déceptions, les mots blessants, la souffrance, la solitude, la difficulté d’être différent…

    Si l’écriture simple et le style un peu journalistique de l’auteure ne m’ont pas séduite et si le roman comprend nombre d’erreurs de concordance des temps, rendant un peu longue la première partie, j’ai été happée par l’histoire ensuite. On sait, dès les premières lignes du livre, que quelque chose va arriver. On ne sait ni quoi, ni à qui. Et quand cela éclate, on est pétrifié par l’émotion, incapable d’arrêter la lecture avant de savoir. On n’a rien vu venir jusque-là et même si on craint que l’issue ne soit tragique, on espère que non, qu’un happy end viendra rétablir la situation. On avance dans la lecture le cœur serré… jusqu’à la fin.

    Un roman implacable sur les non-dits et les faux-semblants, sur les apparences trompeuses et sur la cécité et l’inertie de chacun. Une vraie gifle.

    Ne cherchez pas à en savoir davantage avant de lire ce livre. Foncez. Il vous clouera sur place, interdit.

     

     

     

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  • La sonate oubliée, Christiana MOREAUÀ 17 ans, Lionella, d’origine italienne, ne vit que pour le violoncelle, ce qui la distingue des autres adolescents de Seraing, la ville où elle habite en Belgique. Elle peine toutefois à trouver le morceau qui la démarquerait au prochain grand concours Arpèges. Jusqu’au jour où son meilleur ami lui apporte un coffret en métal, déniché dans une brocante. Lionella y découvre un journal intime, une médaille coupée et... une partition pour violoncelle qui ressemble étrangement à une sonate de Vivaldi. Elle plonge alors dans le destin d’Ada, jeune orpheline du XVIIIe siècle, pensionnaire de l’Ospedale della Pietà, à Venise, dans lequel "le prêtre roux", Antonio Vivaldi, enseignait la musique à des âmes dévouées. 

     

    Mon avis :

     

    « La sonate oubliée » est le premier roman de Christiana Moreau. Il nous emmène à Venise au 18e siècle, au bord du Grand Canal et à Seraing de nos jours, en bord de Meuse. Le parallèle est osé, original et intéressant.

    Kevin et Lionella ont grandi dans cette cité métallurgique, fleuron de l’industrie sous John Cockerill au 19e siècle. Mais eux n’ont connu que la grisaille, les fermetures successives, le chômage et les difficultés de vie de leur entourage. Lionella s’évade par la musique grâce à ses talents de violoncelliste et Kevin rêve grâce à cette jeune fille qu’il admire et aime en secret. Un jour, il découvre sur une brocante un mystérieux carnet et une partition pour violoncelle qu’il lui offre. Il ne sait pas que ce cadeau va bouleverser leur vie.

    Ce roman réunit à travers la musique et à travers les siècles, deux jeunes musiciennes passionnées. L’une, Ada, a vécu à Venise et suivi les cours de musique du Maestro Vivaldi. L’autre, Lionella prépare le prestigieux concours Arpèges qui, si elle le remporte, lui ouvrira les portes d’un monde dont elle n’ose rêver. Grâce au cadeau de son ami d’enfance, elle lit le journal intime d’Ada et plonge au cœur du 18e siècle où elle découvre le destin tragique de la jeune orpheline.

    Mêlant judicieusement les époques, Christiana Moreau nous fait voyager à travers une ville et une époque, riches en histoire et en culture. Elle nous parle de Vivaldi, compositeur et maitre de la musique baroque et rend hommage à ces jeunes orphelines de l’Ospedale della Pieta, qui, lorsqu’elles montraient un talent musical, suivaient des cours au sein de l’institution. Cette éducation musicale poussée en faisait des musiciennes de talent réputées, mais les règles de l’institution les obligeaient à vivre cloîtrées et à ne jouer pour un public que dissimulées derrière un paravent.

    Instructif, romanesque et agréable à lire, ce roman au charme certain nous offre l’opportunité de découvrir deux lieux que tout oppose. Leur atmosphère, leur histoire, la vie qui s’y déroule au quotidien sont bien rendues et les deux histoires s’imbriquent joliment l’une dans l’autre. Quant aux personnages, ils sont attachants grâce à leur personnalité à la fois déterminée et fragile.

    Un beau moment de lecture.

     

     

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