• Depuis mon coeur a un battement de retard, Valérie COHENJoli brin de femme épanouie à la carrière radieuse, la vie d’Emma semble toute tracée. Développer son entreprise de prêt-à-porter, cultiver ses amitiés, aimer paisiblement son mari et son fils. Mais une fois par an, Emme revient à ce jour, il y a vingt ans, lorsque son amour de jeunesse l’a quittée. Quand elle apprend que cet homme est actif sur un site de rencontre pour personnes mariées, la tentation est grande de revisiter ses souvenirs.

     

    Mon avis :

     

    Une fois de plus Valérie Cohen nous parle au cœur. Cette fois elle pose la question de l’impact du premier amour. Quelle trace laisse-t-il dans nos vies ? Peut-on tourner la page sans renoncer à hier ?

    Emma a tout pour être heureuse : un mari qui l’aime et ne voit pas les défauts qu’elle se trouve, un fils adolescent sans problème, une amie dévouée et un travail qui la passionne. Pourtant, elle semble passer à côté de sa vie, n’en jouit pas vraiment. La raison ? Un amour de jeunesse qui a pris fin sans préavis, sans un mot. Depuis, son cœur a comme un battement de retard. Il lui manque toujours quelque chose. Suite à une rencontre impromptue, Emma se décide à chercher son premier amour sur un site de rencontres. Mais peut-on, doit-on tenter de réveiller le passé ?

    Valérie Cohen nous raconte la vie d’une femme - qui pourrait être nous - avec tact, sensibilité et humour. Comme à son habitude, elle ne porte pas de jugement sur son héroïne mais invite les lecteurs à s’interroger : feraient-ils de même ? Comprennent-ils Emma ? Ont-ils tourné la page sur leur propre passé ? Quel est le feu qu’ils nourrissent ?

    Avec la plume fluide qu’on lui connait, elle nous propose une belle brochette de personnages particulièrement bien cernés et décrits. Dans l’univers d’Emma gravitent Yvan, son mari depuis près de 20 ans ; Arthur, son fils ; Alexandra son amie d’enfance, fidèle, drôle, bousculante ; Gilles, son ami de fac et associé, qu’elle adore ; son père qu’elle aime tendrement ; Agnès, son ancienne prof d’anglais. Tous ont une place particulière dans le cœur et la vie d’Emma, tous l’aiment, parfois mal, parfois sans le dire, mais tous sont bel et bien là pour elle. Et pourtant, celui qui occupe ses pensées est absent depuis 20 ans, parti sans laisser de trace. Ce vide qu’Emma ressent depuis lors ne semble pas se combler. Malgré les mises en garde d’Alexandra, elle va tenter de retrouver Jean-Philippe. Que cherche-t-elle vraiment ? Une explication ? L’occasion d’enfin tourner la page ? Ecrire la suite d’une histoire interrompue brutalement 20 ans plus tôt ? Ne risque-t-elle pas de s’y brûler les ailes ? De mettre tout son équilibre en péril ?

    Valérie Cohen signe un 5e roman abouti et agréable à lire. Dosant avec subtilité le suspens, les rebondissements et les révélations des uns et des autres, elle décrit de beaux personnages ayant chacun leurs qualités et leurs faiblesses, des blessures aussi qu’ils portent avec pudeur. Elle sonde l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus sensible et nous rend ces personnages particulièrement attachants. Alternant présent et passé, elle dresse lentement la situation et ses causes. Le tout s’assemble alors sous nos yeux pièce par pièce.

    Roman d’atmosphère aux émotions vraies, cet ouvrage se déguste comme une friandise.

    Merci aux éditions Flammarion pour cet envoi.


    Depuis mon coeur a un battement de retard, Valérie COHEN

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  • Toutes les couleurs de la nuit, Karine LAMBERTLe diagnostic est irrévocable. D’ici trois semaines, Vincent aura perdu la vue. Confronté à son destin, ce prof de tennis de trente-cinq ans qui avait tout pour être heureux expérimente le déni, la colère et le désespoir.
    Comment se préparer à vivre dans l’obscurité ? Sur qui compter ? Alors que le monde s’éteint petit à petit autour de lui et que chaque minute devient un parcours d’obstacles, il se réfugie à la campagne où il renoue avec ses souvenirs d’enfance. Les mains plongées dans la terre, Vincent se connecte à ses sens, à l’instant présent et aux autres. Il tente de gagner le match de sa nouvelle vie.
     

     

    Mon avis :

     

    Vincent a tout pour être heureux quand le diagnostic tombe : il est atteint de la neuropathie optique de Leber et deviendra aveugle à très court terme. Ce professeur de tennis adulé par ses élèves, en plein projet de couple, voit sa vie basculer.

    D’abord dans le déni, il refuse d’en parler à ses proches et quitte tout pour goûter aux derniers plaisirs de la vue. Il fonce, s’égare, se fourvoie en croyant se trouver. En colère, il évoquera d’abord sa maladie à une vague connaissance avant d’oser affronter ses proches qu’il tient à distance. Les réactions seront diverses et le fermeront peu à peu au monde. En même temps qu’il perd lentement la vue, il perd aussi l’espoir d’une vie normale et d’un amour. Il faudra la persévérance de son entourage, l’aide inattendue de certains et une prise de conscience personnelle pour enfin oser vivre et croire au bonheur. Mais rien ne sera simple et évident.

     

    L’idée du roman est née il y a 4 ans après une rencontre avec un aveugle qui a affirmé à l’auteure qu’il était plus heureux depuis sa cécité qu’avant. Karine Lambert s’est alors demandé ce qu’elle ferait, ce qu’on pouvait faire quand on avait un laps de temps si court pour changer de vie. Photographe de formation, la vue est pour elle essentielle dans son métier et cela se sent dans sa manière de décrire l’environnement de Vincent au fil des pages. Elle n’omet aucun détail.

    Ce roman nous immerge dans le noir par petites touches. Subtile, nuancé, il nous parle d’une maladie qui sera tout sauf un drame quand Vincent sera entré dans l’acceptation de son état. Grâce à ses racines et ses souvenirs d’enfance, il se créera une vie nouvelle où tous ses autres sens se déploieront.

     

    Plein d’émotions et pourtant tout en retenue, ce récit nous invite à nous demander s’il faut obligatoirement vivre un choc pour changer de vie ? Une question dont je vous laisse trouver votre réponse.

    Merci à Karine Lambert pour cette jolie découverte. Le roman sort le 17 avril.

     

    Rencontre avec l'auteure ici.

    Toutes les couleurs de la nuit, Karine LAMBERT

     

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  • Belgiques, Les Politichats, Frank ANDRIATQui est ce Monsieur Michel qui abandonne Doudou à Mons ? Qui est Schildje sauvé de la noyade par un sans-papiers ? Qui est César malade des victoires des Diables Rouges ? Qui est Chtaline victime d'une tentative de meurtre ? Et qui est cette Roquette qui insupporte tout le monde ? Neuf portraits cocasses de nos stars politiques transformées en chats. Une Belgique comme on la connaît : décalée dans son conformisme, grinçante dans la décadence. À miauler de rire !

     

    Mon avis :

     

    Ce recueil de Frank Andriat est le 5e de la série Belgiques des éditions Ker. En neuf nouvelles, introduites par des extraits des chansons de Stromae, il dresse neuf portraits de politiciens, sur un ton humoristique. Chacun a une vision personnelle du pouvoir qu’elle soit noble, égoïste, trouble ou naïve… Difficile de ne pas reconnaitre l’un ou l’autre de nos politiciens derrière ces chats et leur pratiques politiques.

    Doudou ressemble à un Premier ministre avec son coussin de soie ; Schildje, en vacances en Wallonie malgré lui manque de périr mais est sauvé par un sans papier ; Prince, qui porte bien son nom, ne fréquente pas n’importe qui ou encore Patton et Ice, deux frères ennemis…


    Frank Andriat nous propose une farce à la manière de Molière ou de La Fontaine. Une manière salutaire de critiquer la politique que l’on nous sert et dans laquelle nous ne retrouvons pas.

    On aimera, ou pas, ce ton volontairement caustique, parfois décalé mais toujours mu par la volonté de dénoncer un système qui ne nous représente plus. Frank Andriat nous dessine une Belgique grinçante et décadente sur un ton chat-oyant.

    Un roman belgo-belge indispensable en ce mois belge.

    A découvrir !

     

     

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  • La Belgique de Simenon, Du journalisme à Maigret, M. CARLY & C. LIBENSIl y a quelques années, les éditions Weyrich ont publié un gros volume dédié à Simenon et son univers. Pour les trente ans du décès de l’écrivain, elles viennent de scinder cet ouvrage en 4 livres format poche, plus faciles à manipuler et à emporter partout. Ils sont proposés par « Soir Mag ». Signés Michel Carly et Christian Libens, ils nous proposent une approche originale de l’auteur en resituant dans la réalité quelque 101 « scène de crime » et scènes de vie tirées de ses romans et de sa vie privée.

     

    Mon avis :

     

    J’ai lu le tome 2 intitulé « Du journalisme à Maigret ». Il nous propose trois itinéraires sur les pas de Simenon. Le premier présente quatre scènes de crime qui ont eu lieu dans sa ville natale, Liège. Ces crimes ont donné lieu à quatre romans dont le célèbre « Pendu de Saint Pholien ». Les auteurs nous relatent le crime tel qu’il s’est passé, l’illustrent de photos noir et blanc d’époque, même celle d’un cadavre à l’autopsie. A l’époque, George travaille comme pigiste et est détaché sur les lieux. Il se servira de ces affaires dans ses romans. Les auteurs présentent les libertés que Simenon a prises avec la réalité des faits et ce qui est rigoureusement exact.

    Le deuxième itinéraire nous relate la jeunesse de Simenon, ses débuts à « La Gazette de Liège », les lectures qu’ils aiment et l’inspirent, notamment les aventures du célèbre « Fantomas » ou encore Fenimore Cooper ou Walter Scott. Ils décrivent aussi les lieux où il aimait s’asseoir pour s’imprégner de la vie locale et trouver l’inspiration pour ses articles : cafés, marchés, ruelles, place St Lambert, commissariat… Une galerie de portraits des acteurs ayant incarnés Maigret à l’écran et une collection d’affiches des adaptations de ses romans clôturent cet itinéraire. Le troisième évoque la vie privée et amoureuse de Simenon, grand séducteur. Nous y découvrons Silvie, l’initiatrice qui jouera un rôle dans sa vie et son œuvre et Régine qui deviendra sa femme. Le chapitre nous emmène sur les pas des amoureux dans la ville qu’il nous présente en une dizaine de photos, d’époque ou contemporaines.

    J’ai aimé redécouvrir le jeune Simenon, qui n’est pas encore ce romancier cosmopolite qu’on connait, dans la ville où il a débuté. On sent que ses observations liégeoises ont façonné la description des décors de ses romans et nourri les sensations qu’il a décrites. C’est lors de ces années qu’il se forge un caractère et une personnalité d’adulte, lui qui étouffe dans sa famille et rêve d’indépendance. Son regard acéré sur son environnement s’est affiné, construit, durant toute cette période. Fin 1922, il quitte Liège définitivement.

    On sent que Michel Carly et Christian Libens connaissent bien Simenon, sa vie, ses œuvres. Les documents rassemblés pour illustrer l’ouvrage sont nombreux, variés et particulièrement intéressants, comme des lettres ou les photos des scènes de crimes. L’univers de l’auteur est bien rendu tout en étant vu sous un angle nouveau à travers les lieux traversés et les personnes rencontrées.

    Les itinéraires proposés peuvent être suivis aujourd’hui encore. Une belle manière de découvrir le Liège de Simenon, une façon originale de voir la ville.

     

    La Belgique de Simenon, Du journalisme à Maigret, M. CARLY & C. LIBENS

     

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  • Madonna en 30 secondes, Billy ROBINSONInterprète, compositrice, productrice, philanthrope, actrice, femme d’affaires, auteure, réalisatrice, mère… La liste des qualificatifs ne cesse de s’allonger lorsqu’on parle de Madonna, véritable bombe d’énergie qui a marqué l’histoire de la musique. De Like a Virgin à Rebel Heart, en passant pas Erotica, Music ou Confessions on a dance Floor, la Reine de la pop demeure aussi géniale que provocante.

     

    Mon avis :

     

    Sans être une fan absolue comme Billy Robinson, auteur de cet album, j’aime beaucoup Madonna car elle me fascine. Dès les premières lignes, je me suis laissé entraîner dans son univers. Après une préface signée par Michel Laprise, metteur en scène de la tournée MDNA en 2012, on entre dans l’univers de la star, monstre sacré de sa génération, à la carrière longue, riche et éclectique.

     

     

    Sept chapitres composent et rythment l’ouvrage : La famille, les influences, la sexualité (et les controverses qu’elle entraîne), les amours, le cinéma et le théâtre, les tournées, la femme d’affaire et la femme engagée. Nous avons là un brillant résumé du parcours de l’artiste, originale, provocante, dérangeante et de celui de la femme qu’elle est, à la fois amoureuse, mère et femme défenseure des causes qui lui tiennent à cœur. Par la lecture de cet ouvrage, j’ai appris que Madonna avait des origines québécoises par ses arrières grands-parents et qu’elle avait fait du théâtre à Broadway je l’ignorais.

     

     

    L’album présente un résumé d’une page pour chaque thématique ou sujet abordé -54 rubriques au total - illustré par des photos de Nathalie Duperré. Bien documenté, il permet de découvrir toutes les facettes de la star et d’embrasser sa carrière en un rien de temps.

     

     

    Derrière les descriptions et les renseignements fournis, on sent l’ardente admiration que l’auteur porte à Madonna, lui qui a fondé en 1996, le premier site Web francophone consacré à la chanteuse. A n’en pas douté, elle a rythmé les grands moments de sa vie. Et de la nôtre car qui ne se souvient pas d’avoir dansé sur Like a Virgin ou chanté dans sa chambre Don’t cry for me Argentina après avoir vu le film où elle interprétait très justement Eva Peron. (Madonna recevra d’ailleurs pour ce rôle, le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie musicale)

    Culottée, créative, provocante, en avance sur son temps… les adjectifs ne manquent pas pour décrire la Reine de la pop. On aime ou pas mais force est de constater qu’elle n’a jamais rien fait à moitié, repoussant ses limites à chaque nouvel album, chaque nouvelle tournée. Sans parler de ses prises de position politiques et sociales. Parler de Madonna, c’est aborder tout cela. Mais aussi de son engagement pour la cause homosexuelle, les organismes caritatifs qu’elle a fondés, l’adoption d’enfants du Malawi… On se demande où elle puise l’énergie pour mener de front tous ses engagements sans cesser de réinventer sa carrière, sa musique et ses choix.

     

    Un ouvrage qui nous la montre sous toutes ses facettes et qui a le mérite d’être complet et précis sans être long et redondant. Bravo à Billy Robinson pour cette synthèse parfaite de Madonna.
    Ouvrage paru chez Hurtubise

     

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  • Des traversées et des mots - RecueilCes voix racontent les traversées – de pays, de mers, de frontières ou d’enfers – qui, presque toujours, aboutissent à l’exil. Ces voix sont celles d’hommes et de femmes qui ont vécu, subi ou accompagné les fuites, les cheminements, les tortures et les rêves, brisés parfois. Et qui les écrivent. Ces voix sont celles d’écrivains (d’Irak, de Syrie, du Nigeria, du Congo, d’Espagne, de Belgique ou d’ailleurs) qui disent, de toute la force de leurs mots écorchés, la puissance de l’espoir. Et l’irréductible besoin de fraternité.

     

    Mon avis :

     

    Ce recueil paru aux éditions Mardaga a été réalisé dans le cadre du projet « Ecritures migrantes » de la Foire du Livre de Bruxelles. Il donne une voix aux auteurs muselés par les circonstances de la vie qui se retrouvent chez nous, en Belgique.

    Il rassemble des nouvelles, des poèmes, des témoignages… d’auteurs d’ici et de là-bas. La préface est signée par Victor Del Arbol, auteur espagnol bien connu et Geneviève Damas, Xavier Deutsch ou Françoise Lalande signent un texte comme d’autres auteurs réfugiés.

     

    « Je n’ai qu’une seule nationalité. C’est l’Humanité » écrit Ali Talib, auteur irakien qui pensent que l’avenir ne peut se construire que sur le partage et les échanges. Telle est la philosophie de ce recueil.

    Ces textes sont empreints d’émotion, de force et d’espérance à l’image de leurs auteurs. Ces hommes et ces femmes que la vie a malmenés, déchirés, transformés en voyageurs malgré eux. Ils nous donnent à entendre le récit de traversées parfois insensées ; de voyages dangereux dans le but de simplement survivre. Pour que la vie gagne toujours.

     

    Un recueil que je vous conseille, notamment si vous êtes enseignants. Les bénéfices de la vente seront reversés à « Médecins du Monde » pour ses programmes destinés aux personnes migrantes en Belgique.

     

     

     

     

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  • Onnuzel, Thierry ROBBERECHTOnnuzel, c’est un gamin de huit ans. Il vit dans le Molenbeek des golden sixties avec sa mère et sa petite sœur. Onnuzel ne comprend rien au monde, mais il se pose beaucoup de questions, du genre : où est mon père ? pourquoi est-il parti ?

     

    Mon avis :

     

    Drôle de titre me direz-vous. Effectivement.

    N’étant pas Bruxelloise, je n’avais jamais entendu ce mot avant de recevoir le livre choisi sur Masse Critique.

     

    « L’onnuzel, ignore tout, ne comprend rien, mais il est obstiné... ; » nous dit l’auteur. Onnuzel, c’est une expression bruxelloise très proche de « fada », qui vient du flamand et signifie « imbécile ».

    Le gamin de 8 ans dont il est question ici est un peu niais, naïf et pas très futé. Mais il observe et cherche à comprendre ce qu’on lui cache. Ce que sa mère lui cache. Ce qu’il veut comprendre lui c’est pourquoi elle méprise autant les hommes. Où est son père ? Pourquoi est-il parti ? Qui était-il ? Qu’est-il arrivé quand il était petit et dont il ne se souvient pas ? Il a l’impression que s’il savait, s’il retrouvait ce père absent, sa vie changerait car ne pas savoir le bloque, le mine et occupe toutes ses pensées. Et la douleur que sa mère affiche chaque jour se dissiperait sans doute. « Il a disparu le père, mais il est partout. » Cette mère désespérée et désespérante, tellement enfermée dans ses remords et ses déceptions qu’elle élève ses enfants dans la haine du père disparu tout en donnant aux apparences celle d’une mère parfaite, se sacrifiant pour ses enfants. Pauvres petits déjà investis d’un si lourd passé qu’ils doivent porter malgré eux.

     

    Le récit se passe dans les années 60, à Molenbeek, bien loin des « Golden Sixties ». Baudouin est roi, le Congo est indépendant depuis peu et les anciens, ceux qui y ont vécu, sont d’une grande nostalgie quand ils évoquent ces années-là. Thierry Robberecht dresse le portrait triste mais juste d’une société et d’une famille sans joie, terne, vivant de souvenirs et de regrets. A l’image de la mère qui a fait un mauvais mariage et se retrouve perdue, seule dans la vie.

     

    Le roman est raconté d’un point de vue de l’enfant, exposé à la condescendance des uns et à l’hostilité des autres. Un enfant à qui les adultes ont volé l’insouciance par leur non-dit étouffants et leurs reproches incessants.

    Ce très court roman flirte avec le journal intime mais il est raconté à la 3e personne. C’est sans doute ce qui m’a gênée. Le récit lie intimement le regard naïf de l’enfant et celui de l’adulte a posteriori, le style haché, bref, d’une narration enfantine et les belles tournures, les figures de style léchées de l’adulte. C’est déstabilisant.

     

    Cependant ce roman évoquant une relation toxique d’une mère enfermée en elle-même reste émouvant et fort tant le besoin d’amour et la haine restent proches d’un bout à l’autre.

     

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