• Nulle et Grande Gueule, Joyce Carol OATES

    Nulle et Grande Gueule, Joyce Carol OATESIl ne fait pas bon rire aux Etats-Unis. Une mauvaise blague et Matt, la grande gueule du lycée qui aime plaisanter d’un rien, devient la victime du climat sécuritaire et paranoïaque qui ronge le pays. Le voilà accusé de vouloir mettre une bombe au lycée. Police et médias interviennent. Les autres élèves se détournent de lui. Un vrai cauchemar commence. Seule Ursula, surnommée « La Nulle », lui vient en aide. C’est le début d’une belle amitié entre ces deux adolescents marginaux.

     

    Mon avis :

     

    Ce roman écrit en 2002 par Joyce Carol Oates, célèbre auteure américaine, est le premier qu’elle rédige pour la jeunesse. Elle dresse ici un portrait peu flatteur d’une Amérique paranoïaque et hypocrite où le moindre mot de travers est traqué et dénoncé, où la liberté d’expression semble n’être plus qu’un vague souvenir, où la différence même est devenue un danger.

    Matt l’apprendra à ses dépens. Lui qui s’amusait d’un rien, devient, du jour au lendemain, un paria et va peu à peu se replier sur lui-même en prenant conscience de la lâcheté de son entourage.

     

    De nombreux thèmes peuvent être abordés suite à cette lecture, à commencer par les répercussions que peut avoir une calomnie. Le livre nous invite à faire preuve de discernement, d’avis critique face à la rumeur en dénonçant l’influence des médias, les réactions disproportionnées et l’injustice qui en découle.

     

    Cette histoire d’adolescents, simple et cruelle, dépeint une société malade de la peur, suspicieuse et conformiste au possible. L’auteur y fustige, implacable, les adultes qui survivent aux pressions à coup de somnifères, de Prozac ou d’alcool, la peur du qu’en-dira-t-on, omniprésente et paralysante, les relations vraies qui semblent ne plus pouvoir exister.

    Ce livre est magistral pendant les huit dixièmes de l’histoire. Remarquablement écrit, il dérange, met mal à l’aise même, tout en mettant le doigt sur quantité de caractéristiques de la société d’aujourd’hui. Puis, il redevient plus politiquement correct et se termine par un happy end à l’américaine qui casse un peu la force du propos. Je le regrette. Il reste cependant percutant et d’une grande qualité littéraire.

     

    Une histoire qui parlera aux adolescents, âge vulnérable où l’on se cherche et où le regard d’autrui est important pour la construction de la personnalité.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 10 Mars 2012 à 19:47
    Alex-Mot-à-Mots

    Une auteure parfois pas facile pour les adultes. Je suis curieuse de la découvrir avec ce texte. Je note.

    2
    Dimanche 11 Mars 2012 à 11:18
    George

    Je découvre cette édition jeunesse, j'ai ce roman en folio et il n'est pas catalogué jeunesse, mais pourquoi pas !

    3
    Dimanche 11 Mars 2012 à 21:18

    Le happy end, notamment, n'en fait pas un livre adulte. Pas plus que les émotions adolescentes longuement décrites. J'ai lu de nombreuses critiques élogieuses sur les romans de cette auteure et je vais m'en procurer certains.

    4
    Lundi 12 Mars 2012 à 09:22
    Anne et ses passions

    Quand je pense que je n'ai encore rien lu de cette auteure et pourtant j'ai 3 ou 4 de ses livres qui m'attendent dans ma PAL ; je crois que c'est son côté noir ets i juste qui me fait peur !! Je ne savais pas du tout qu'elle écrivait dans la catégorie jeunesse. Ce ne doit pas être facile à lire tout de même pour nos adolescents qui sont pour une majorité pas trop bien dans leurs baskets ?! Moi, je sais que mon fils de 15 ans a besoin de lire des mangas parce que cela lui permet de s'évader et de ne pas être confronté à la vie réelle sans arrêt.

    5
    Mardi 13 Mars 2012 à 22:27

    je note ce titre qui me fait très envie.

    6
    Mercredi 14 Mars 2012 à 15:28

    C'est mon 1er JC Oates. Mais je pense que ce ne sera pas le dernier, Anne. Bonne lecture Sophie.

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    7
    Mardi 20 Mars 2012 à 00:05

    Moi aussi je l'avais en édition Folio (mais je ne le retrouve plus !!) J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire de Matt et Ursula, merci de me rappeler si bien l'univers et les thèmes du livre. Connais-tu "Un endroit où aller" de la même Mrs Oates ? Très bien aussi !! (Il me reste "Zarbi les yeux verts" en jeunesse)

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