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Petit pays, Gaël FAYE
Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l’harmonie familiale s’est disloquée en même temps que son « petit pays », le Burundi, ce bout d’Afrique centrale brutalement malmené par l’Histoire.
Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites, les jours d’orage, les jacarandas en fleurs... L’enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.Mon avis :
Gabriel, Gaby, a dix ans et une petite sœur de sept ans. C’est un jeune métis vivant à Bujumbura. Son père, Français, y travaille comme entrepreneur depuis quinze ans et y a rencontré sa mère, réfugiée rwandaise. Ils vivent dans une belle villa au milieu d’une impasse habitée par d’autres familles d’expatriés.
Il nous raconte son quotidien d’enfant heureux ; ses loisirs avec ses copains, leurs quatre cents coups, les paysages magnifiques du Burundi, la lumière unique du soleil couchant, les mangues douces et sucrées... Une vie de douceur et d’insouciance. Puis vient la séparation de ses parents, les premières élections démocratiques burundaises, les explosions nocturnes, la guerre civile, le génocide rwandais...
Au-delà de son histoire personnelle et des violences de la guerre, ce sont les images, les odeurs, le goût des mangues qu’il nous transmet et nous restent au cœur. Les faits les plus durs sont décrits avec les yeux et les mots de l’enfance. Une enfance volée, bousculée, déracinée. C’est là, la force de ce récit. La narration de Gaby décrit la pire tragédie sans s’appesantir sur les causes, la politique... juste avec la naïve innocence de l’enfant. Ce point de vue narratif rend encore plus palpable la monstruosité des faits et la déchirure provoquée par la fuite.
J’ai aimé l’écriture expressive, sensible et infiniment juste de Gaël Faye. Certains passages sont empreints d’une réelle poésie. Le rythme constant du récit nous entraine du paradis à l’enfer, laissant la violence et l’horreur infiltrer peu à peu le quotidien de Gaby, le forçant à abandonner brutalement son insouciance.
Un premier roman magistral, entre souvenirs, nostalgie, drame humain et identité... que je vous recommande chaudement ! Et un auteur à garder à l’œil dans l’avenir.
Tags : Petit pays, Burundi, enfance, guerre civile, Rwanda, premier roman, rentrée littéraire 2016, Faye
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Commentaires
Merci, je note pour une prochaine lecture.
J'aime quand le narrateur est un enfant, tout le récit en devient empreint de fraîcheur, mais d'une implacable vérité.
6AmarillyLundi 24 Octobre 2016 à 11:18
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Un beau billet dont je partage chaque mot ..... L'écriture qui fait appel à tous nos sens m'a vraiment transportée au Burundi ... Ce roman est une perle ...