• Le rêve de Champlain, David HACKETT FISHERDans Le rêve de Champlain, l’historien américain David Hackett Fischer brosse un portrait profondément renouvelé et fascinant de Champlain. Champlain a lutté pour la réalisation d’un rêve insensé, un grand dessein pour la France en Amérique. Pendant trente ans, il a sillonné un territoire que se partagent aujourd’hui six provinces canadiennes et cinq États américains, tout en menant un combat non moins farouche contre les ennemis de la Nouvelle-France à la cour d’Henri IV. Lui qui est né dans un pays ravagé par les guerres de religion, il a encouragé les mariages entre colons et Indiens, il a prêché la tolérance envers les protestants. Il a inlassablement tenté de maintenir la paix entre les nations indiennes, et il a su, quand il le fallait, prendre les armes et imposer un nouvel équilibre politique, se révélant un guerrier et un stratège redoutables. Fruit d’une recherche colossale, cette grande biographie, la première depuis des décennies, est tout aussi enlevante que la vie de son modèle.

     

    Mon avis :

     

    J’ai déjà parlé de ce bel ouvrage dans la partie accueil, il y a quelques semaines. J’arrive doucement au bout – je lis un chapitre tous les jours – et il est temps d’en faire une critique plus substantielle.

     

    Cette biographie d’un homme exceptionnel se lit comme un roman d’aventures. Elle nous emmène du petit village de Brouage à Québec en passant par les Amériques. C’est un livre savant, fruit d’un colossal travail mais jamais on ne peine à le lire. Seul le nombre de pages peut sembler rébarbatif car une fois ouvert, on n’a de cesse de connaître les divers épisodes de la vie de Samuel de Champlain qui consacra toute sa vie à son œuvre, au détriment de sa vie privée, et joua plusieurs rôles complémentaires au fil de sa mission. Il n’avait pas seulement à installer une colonie française en Amérique, il devait aussi lutter contre les opposants à ce projet au sein même de la cour d’Henri IV. Un grand écart permanent entre deux continents et deux conceptions de l’avenir.

     

    Champlain n’était pas un colonisateur brutal et sanguinaire. Il a, avant tout, cherché à connaitre et à comprendre la vie et la culture des autochtones. Il a lié des amitiés, passés des accords et cherché très souvent une juste issue à l’installation de la colonie française outre Atlantique. Dans un monde de cruauté et de violence, il rêvait de paix et d’humanisme. Il porta ce rêve pendant plus de  30 ans !

    « Le seul vrai « nouveau monde », créé en Amérique dans la mixité, le métissage, le mélange des cultures, des ethnies, des espoirs et des idées, c'est celui de Champlain. » 

    Son attitude envers les Inuits et les Amérindiens tranchait singulièrement avec celle des colonisateurs qui l’avaient précédé. Le père de la Nouvelle France était un homme généreux et bienveillant, un soldat à l’esprit pacifique et un excellent navigateur.

      

    Champlain a combattu aux côtés d'hommes qu'il admirait, comme Martin Frobisher, un héros à ses yeux. Mais Frobisher, Francis Drake, ou les conquistadors espagnols, l'ont déçu par leur brutalité, et plus encore par le peu d'intérêt et d'ouverture d'esprit qu'il manifestait à l'égard des peuples d'Amérique, que Champlain rêvait, lui, de connaître et de mêler à son œuvre. L’empire bâti par les Anglais sera plus grand et plus puissant que l’œuvre de Samuel de Champlain, et à son époque, cela sera vu comme un échec. Mais du point de vue humain, les relations entre Français et indigènes ont été créatrices, intimes et riches. Ce fut une véritable leçon de vie et donc une formidable réussite. Son idée fixe que nous sommes tous frères est, aujourd’hui encore, un hymne à la vie et à l’amour qu’il nous demande de perpétuer.

     

    Si l’on devait résumer l’homme en quelques mots, on pourrait dire que ce fut un vrai héros, au sens le plus noble du terme et un homme admirable. Un humaniste en somme.

     

    Pour lire un extrait du livre, cliquer ici : http://www.lactualite.com/culture/livres/le-reve-de-champlain 

     

      

     

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  • A la demande de certaines lectrices, voici pour compléter la liste des cadeaux, quelques idées pour les tout petits. J’ai été bien aidée dans mes choix par Malika et Noah qui préparaient leur liste à Saint Nicolas avec leur maman, pendant que je feuilletais les albums. Merci à eux pour leurs remarques si pertinentes.

     

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  • Dear George Clooney, Tu ne veux pas épouser ma mère ? Susin NIELSENViolette a une mère qui ne sort qu’avec des losers depuis son divorce. Violette n’en peut plus, mais sa mère a désespérément envie de refaire sa vie et continue à accepter de nouveaux rendez-vous.  Ce soir-là, le rendez-vous s’appelle Dudley Wiener, illico surnommé la Saucisse. Il adore les vide-greniers et les blagues nulles et ne plaît pas DU TOUT à Violette qui décide de prendre les choses en main. Elle va écrire à George Clooney pour lui demander un petit service et filer Dudley : si la Saucisse a un cadavre dans son placard, elle le trouvera !

     

    Mon avis :

     

    Le sujet – la difficulté d’accepter et de vivre après le divorce de ses parents - n’est pas neuf. Beaucoup de romans nous content l’angoisse des enfants, le déni et les affres de la vie d’une famille recomposée. Pourtant, ce roman vaut la peine d’être lu car il évoque ce drame avec beaucoup d’humour et de légèreté. Violette, la narratrice, porte un regard très lucide sur les adultes mais aussi sur elle-même. Aidée de sa meilleure amie, Phoebe, elle parvient à analyser clairement les situations et aussi ses réactions, parfois puériles, face à la nouvelle vie de ses parents.

     

    Son père, réalisateur pour le cinéma, est parti vivre à Los Angeles avec sa nouvelle épouse et leurs jumelles. Sa mère, coiffeuse, est restée à Vancouver avec ses deux filles. D’un côté, c’est luxe, paillettes et faux semblants, de l’autre on tire le diable par la queue, dans une maison qui se transforme peu à peu en taudis faute d’argent. Pour couronner le tout, Violette va sur ses treize ans, se sent moche, mal dans sa peau et est la tête de turc préférée d’un duo de chipies blondes qui sévit au collège.

     

    Violette est frustrée, délaissée, malheureuse et ne se prive pas de le faire savoir. Son père est un égoïste qui n’a d’yeux que pour ses jumelles alors que sa petite sœur de 5 ans lui voue un amour inconditionnel et sa mère joue les adolescentes, ce qui fait honte à Violette. La goutte d’eau qui fait déborder le vase est l’arrivée de Dudley, moche, ringard et amateur de calembours idiots. Violette prend le taureau par les cornes et écrit à George Clooney, le seul homme qu’elle juge digne d’entrer dans la vie de sa mère.

    Cette idée loufoque va entrainer l’adolescente dans une aventure un peu folle, tout en lui permettant de réaliser qu’aucun homme ne pourra jamais, finalement, remplacer son père à ses yeux.

     

    Susin Nielsen a commencé sa carrière en rédigeant des scénarios pour la série canadienne pour adolescents « Collège Degrady ». On sent qu’elle connait bien les jeunes – et le monde du cinéma – car ses propos font mouche. Rien n’est infantile dans les paroles et réactions de Violette, ou décalé. Elle réagit comme n’importe quelle ado pourrait le faire, dans la même situation. Les relations entre jeunes à l’école sont également très bien décrites. Le langage ado est vivant, les réactions épidermiques et l’humeur cyclotimique sont décrites avec à propos et humour. On peut aisément visualiser les scènes décrites que l’on a tous vécu un jour. Comme ado ou comme parent d’ado.

     

    Je suis très contente que Nahe m’ait envoyé ce roman lors de notre swap jeunesse. J’ai vraiment beaucoup aimé le style, l’histoire et la manière de la traiter. Quant à savoir quel est le rôle joué par George Clooney dans le récit, il vous faudra le lire pour le découvrir. 

     

    D’autres récits parlant des familles en crise : « Les zinzins de l’assiette », « Le cri du hibou », « A comme voleur », « Une toute petite histoire d’amour », « Crime City », « L’Amerloque » et bien d‘autres…

     

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    A glisser dans la hotte ou au pied du sapin...La saint Nicolas approche à grands pas, suivie de près par les fêtes de fin d’année. C’est le moment de choisir les cadeaux qui raviront petits et grands. Afin d’aider le Grand Saint et son ami le Père Noël, je vous propose ici mes derniers coups de cœur qui raviront, je pense, les enfants de tout âge.

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  • Journal intime d'un arbre, Didier VAN CAUWELAERTIl s’appelait Tristan, il avait trois cents ans, il avait connu toute la gamme des passions humaines. Une tempête vient de l’abattre, et c’est une nouvelle vie qui commence pour lui. Planté sous Louis XV, ce poirier nous entraîne à la poursuite du terrible secret de ses origines. Des guerres de religion à la Révolution française, de l’affaire Dreyfus à l’Occupation, il revit les drames et les bonheurs dont il a été le témoin, le symbole ou la cause. Mais, s’il est prisonnier de sa mémoire, il n’en reste pas moins lié au présent, à travers ce qui reste de lui : des racines, des bûches, une statue de femme sculptée dans son bois, et les deux êtres qui ont commencé à s’aimer grâce à lui…

     

    Mon avis :

     

    De quoi se compose la conscience d’un arbre ? Est-il doué de sentiments, de mémoire ? Et si les objets et les arbres pouvaient parler, que nous raconterait-il ? Ne nous sommes-nous pas tous posé la question, un jour ou l’autre ?

      

    Tatiana de Rosnay pense que les maisons ont une âme et se souviennent, Didier Van Cauwelaert donne la parole à un poirier. Son histoire, ses secrets dévoilés nous font voir le monde de manière nouvelle, nous donne une autre version des faits écrits ou racontés par les hommes. Trois cents ans de souvenirs, cela en fait des choses à raconter.

    Mais ce qui est mieux encore, c’est que le récit ne s’achève pas avec la mort de l’arbre. Il va au-delà grâce à ses bûches et à une statuette qui sera témoin, des années encore, de la vie comme elle va autour de lui.

    Original et intéressant, ce livre dépasse le roman à proprement parler pour nous instruire de faits réels comme la capacité qu’ont les végétaux à produire des hormones qui stériliseront leurs insectes prédateurs ou l’affaire des Convulsionnaires de Saint Médard ou un autre regard porté sur l’affaire Dreyfus. Plaisant à lire, écrit dans un style fluide qui donne envie de tourner les pages pour en découvrir davantage, ce roman m’a parfois désarçonnée par le non respect de la chronologie. Cela part dans tous les sens au gré des souvenirs qui affleurent, l’un entraînant l’autre. Comme lors d’une conversation entre proches.

      

    Au diable l’Express et le test de la page 99, j’ai passé un agréable moment avec ce roman qui sort un peu des sentiers battus et nous pose au final, une question toute simple : quelle est la bonne façon de mourir ?

     

    Merci aux Editions Michel Lafon  pour cet envoi.

      

    Journal intime d'un arbre, Didier VAN CAUWELAERT

      

      

      

      

    Afin de terminer mon challenge "Petit Bac" initié par Ennalit, j'inscris ce livre dans la catégorie "Végétal".

      

    Journal intime d'un arbre, Didier VAN CAUWELAERT

      

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    Le dernier brame, Jean-Claude SERVAISColette a été élevée dans une famille d’accueil. Adulte, elle cherche à entrer en contact avec sa mère. Mais pour communiquer avec elle, elle n’a d’autre choix que d’entrer dans l’univers obsessionnel que celle-ci a construit autour de “Monsieur Blanche”, le best-seller de l’écrivain Bernard Chalenton auquel elle voue un véritable culte. Ce qui n’était, au départ, qu’un substrat thérapeutique va prendre une dimension inattendue quand surgit, derrière l’icône, le pervers manipulateur.

     

    Mon avis :

     

    La saison du brame, c'est l'instant fatidique où le cerf dominant gagne au combat la suprématie sur les autres mâles et la jouissance exclusive des femelles de la harde. Mais qu'advient-il du maître quand la vieillesse le fait ployer devant un adversaire plus jeune ? (NDE)

    C’est là tout le propos du récit. En une belle métaphore, Servais nous conte deux histoires en parallèle : celle qui se noue entre Colette, sa mère et l’écrivain, et celle de la forêt qui vibre sous le brame, rituel éternel de passage de force pour la survie de l’espèce.

     

    Cette double approche lui donne l’occasion de dessiner (je dirai presque peindre) la forêt et les sous bois à l’époque où elle explose littéralement de mille feux. Les palettes de couleur et de lumière fusionnent avec brio pour nous offrir des dessins d’une criante réalité. Fascinante, la nature nous apparaît ici dans tout son éclat ; personnage à part entière du drame qui se joue devant nous. Car c’est bien d’un drame dont il s’agit ici. Orgueil, vanité, perversion, autorité et traîtrise nous offrent un cocktail âcre dont l’auteur ne sortira pas indemne. Et par l’analogie qu’il fait, Jean-Claude Servais nous rappelle que l’homme et la nature sont intimement liés.

    Cette bande dessinée se lit comme roman, puis se déguste une seconde fois comme une exposition d’instantanés sur la forêt ardennaise. L’album est magnifique et sera très certainement primé.

    S’étant inspiré de l’œuvre d’écrivains et de scientifique connus pour illustrer son récit, Servais leur rend hommage à la fin de l’album d’une bien belle façon.

     

     

    Le dernier brame, Jean-Claude SERVAIS

     

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  • La rencontre des Kinra Girls, MOKAC'est le jour de la rentrée à l'Académie internationale Bergström ! Cinq jeunes filles talentueuses venues des quatre coins du monde ont quitté leur pays pour y faire leurs premiers pas. Loin de chez elles, elles vont découvrir leurs différentes cultures, et devenir amies pour la vie...

     

    Mon avis :

     

    Je feuilletais ce livre quand deux amies d’une dizaine d’années sont arrivées, cherchant le tome 3. La plus délurée des deux m’a convaincue de craquer pour cette série, me vantant l’histoire amusante, pleine de rebondissements et « très moderne ». « Si c’est pour votre fille, elle va adorer. » m’a-t-elle assuré. Comment résister ?

     

    Ce roman, premier d’une série écrite par Moka - que l’on ne présente plus - et joliment illustré par Anne Gresci, est drôle et intelligent. L’histoire n’est pas sans rappeler « Fame » : académie réputée où les élèves doivent donner le meilleur d’eux-mêmes, cours mêlant l’art, sous toutes ses formes, et les bases élémentaires, amitié et inimitié, rêves et jalousie… mais elle met en scène presqu’uniquement des jeunes filles.

     

    Différentes mais aux talents exceptionnels, les cinq héroïnes sont inséparables. Ouvertes sur le monde, elles partagent les richesses de leur culture respective et apprennent à respecter les différences.

    Le roman est émaillé de mots et d’expressions en espagnol, anglais, sanskrit, tamoul, japonais… repris, intelligemment, dans un index en fin de livre. De même, les thèmes culturels abordés dans l’histoire font l’objet d’un appendice où ils sont présentés de manière plus complète.

    Cette série à tout pour plaire aux filles. Il y est question d’un groupe d’inséparables, formant un club avec son langage codé (le mullee-mullee), ses règles, son lieu de rendez-vous secret… Tout ce que l’on a toujours rêvé d’avoir quand nous étions enfants. Le livre est, en soi, un objet magnifique, à la couverture et aux dessins attrayants et colorés. Mais le petit plus unique, selon moi, c’est l’élégant marque-page, fixé à un ruban rouge, qui accompagne chaque tome et est à chaque fois différent. On voudrait s’offrir la série entière rien que pour eux.

     

    J’ai découvert depuis, que les KINRA Girls forment tout un concept, avec site internet, poupées représentant les héroïnes et produits dérivés. Sept tomes sont parus en même temps, apparemment, il n’y en aurait pas d’autres. A moins que le succès que connait déjà la série ne pousse Moka à imaginer de nouvelles aventures. 

      

      

     La rencontre des Kinra Girls, MOKALa rencontre des Kinra Girls, MOKA

     

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