• Les zinzins de l'assiette, AUDRENNotre mère ne sait pas cuisiner. Mais alors pas du tout. Quand elle rentre fatiguée du bureau, c’est tous les soirs le même menu : raviolis en boîte et yaourts sans goût. Mes trois frères et moi lui avons pourtant offert un livre de recettes pour son anniversaire, mais rien n’y fait, elle refuse de l’ouvrir. Nous, on rêve de bœuf bourguignon et de clafoutis aux cerises. La seule solution est d’enfiler le tablier et de se mettre aux fourneaux.

    Mais on ne devient pas cuistot d’un coup de baguette magique. Pourtant, nos tentatives culinaires semblent avoir un effet positif sur le moral de notre mère. Elle sourit beaucoup plus qu’avant, les yeux perdus dans le vague. Et elle n’hésite pas à inviter un nouvel ami à dîner...

     

    Mon avis :

     

    Ce récit de l’Ecole des Loisirs, est un petit bijou de fantaisie et d’humour. Bien écrit, sans mièvrerie et avec un vocabulaire choisi, le texte est drôle et tellement agréable à lire qu’on le dévore rapidement. Il fond dans la bouche comme un carré de chocolat et il reste ensuite le plaisir des mots et la saveur de l’histoire.

    Ces quatre garçons, vivant au cœur d’une famille monoparentale atypique, n’ont pas leur pareil pour nous (re)donner le goût de cuisiner. Ils vont rivaliser d’idées culinaires pour changer leur quotidien et transformer les repas familiaux en moment de fête. Mais chacun sait qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Tout ne sera pas simple, vous vous en doutez.

      

    Ce récit aborde, sans avoir l’air d’y toucher, de nombreux problèmes de société mais il reste drôle jusqu’au bout. Lu en quelques heures par un enfant de onze ans, il donne envie de découvrir comment toute cette histoire va finir.

    A lire absolument !

      

    Les zinzins de l'assiette, AUDREN

     

     

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  • Le mystère des pavots blancs, Nancy SPRINGERSe choisir un nom n'est pas chose facile. D'autant que mon prénom, Enola, qui à l'envers se lit : alone - en anglais : seule - me va comme un gant. Je me vois pourtant condamnée aux pseudonymes, seul moyen d'échapper à mes frères aînés, Mycroft et Sherlock Holmes, qui se sont mis en tête de m'expédier en pension pour faire de moi une lady. Peine perdue ! J'ai maintes fois réussi à tromper leur vigilance, allant même jusqu'à résoudre des enquêtes qui laissait perplexe mon détective de frère. Or, en ce frais matin de mars 1889, dans l'East End de Londres, alors que je m'inventais encore une nouvelle identité, mon attention fut captée par un titre du Daily Telegraph : « Mystérieuse disparition de l'associé de Mr Sherlock Holmes - le Dr Watson introuvable ! » Deux personnes déjà cherchaient à savoir où se trouvait le Dr Watson : sa femme, il va de soi; et son meilleur ami, mon frère Sherlock. On pouvait désormais en ajouter une troisième : moi.

     

    Mon avis :

     

    Comme le titre l’indique, les fleurs jouent un rôle dans cette troisième aventure d’Enola Holmes. On savait notre héroïne et sa mère, férues de botanique, il en sera largement question ici. Ce qui est pour le moins original. Douée d’un grand sens de l’observation, Enola Holmes en jouera une fois de plus pour résoudre une affaire pourtant complexe. En effet, personne n’a été témoin de ce qui a pu arriver au Dr Watson. Mais notre enquêtrice a plus d’un tour dans son sac (et plus d’un déguisement) et n’épargnera pas sa peine pour retrouver l’ami de son frère, qu’elle apprécie aussi beaucoup.

     

    Enola nous rappelle aussi comment la société bien pensante du 19e siècle soignait les cas d’aliénation et quel sort était réservé aux femmes à une époque où le divorce n'existait pas. Devant le manque de droit dont disposaient les patients alors, on ne peut que frémir à l’idée que la médecine ait pu se rendre complice de bien des exactions, au nom de la santé publique ! 

     

    Cette aventure, comme les précédentes, se dévore joyeusement. On sent que progressivement, Enola tire des leçons de sa vie de jeune fille indépendante et développe sa réflexion sur la psychologie des humains et de la société dans laquelle elle vit. Lucide et intelligente, elle sait mettre à profit l’éducation libérale qu’elle a reçue tout en ne reniant pas tout à fait sa famille dont elle s’inquiète encore. D’ailleurs, l’auteur a glissé dans le récit deux événements mineurs mais à mon avis significatifs d’un probable rapprochement de la fratrie d’Enola dans les épisodes à venir.

     

      

    Le mystère des pavots blancs, Nancy SPRINGER

     

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  • Les Successions, Mikaël HIRSCHPascal Klein est un brillant marchand d'art, bien que conscient que certaines des œuvres qu’il expose sont parfois plus proches de l’escroquerie intellectuelle que de la véritable création artistique. Mais sa réussite matérielle ne suffit plus au héros qui s’interroge à la fois sur l’origine de la vocation picturale de son père et sur sa propre frustration de ne pouvoir peindre comme lui... Or, les réponses à ses questions se trouvent sans doute dans la toile de Marc Chagall qui ornait la chambre paternelle lorsqu’il était enfant, avant de disparaître au cours de la Seconde Guerre mondiale. Pascal part donc à la recherche de ce tableau, comme à la découverte de ses propres racines, et l'enquête sur la spoliation des biens juifs devient pour lui quête existentielle.

     

    Mon avis :

     

    Les successions, ce sont des objets dont on hérite, qui passent de mains en mains ; ce sont des histoires, des sentiments, des influences… qui nous façonnent sans qu’on en ait toujours conscience.

    Bien avant de se mettre sur les traces d’un tableau de famille dont il ne sait rien, Pascal Klein le pressent déjà :

    « Dans les entrelacs brunis, les taches de Sienne, toutes ces sanguines délavées par le soleil, Pascal voyait un résumé sidérant de ce qui faisait pour lui la valeur d’une toile de maître, c’est-à-dire la transmission, ce voyage dans le temps. »

     

    L’histoire se met en place lentement, très lentement. L’auteur prend le temps de nous présenter Pascal, sa passion, ses joies, ses fêlures… et de nous exposer quelques réflexions sur le monde, la société, l’art ou encore la famille. Puis le récit s’emballe. Sans trop s’en rendre compte, nous sommes happés dans une histoire parallèle, celle de Ferdinand de Sastres.

    Et l’on est fasciné par ce personnage flamboyant que l’on n’attendait pas. On s’interroge sur le lien avec Pascal et l’on dévore sans s’en rendre compte, emporté par l’écriture magnifique de Mikaël Hirsch. Et l’on assiste émerveillé à cet entrelacement de deux vies, à cette construction sublime de l’histoire et de l’Histoire.

    Les éléments disparates s’égrainent pour former une toile finement tissée narrant un récit palpitant, une saga familiale teintée d’une histoire de l’art.

    « De Montparnasse au Japon, en passant par la Hongrie et l’Allemagne, du nazisme au libéralisme triomphant, sans oublier la guerre froide, le tableau lui apparaissait maintenant comme un résumé saisissant du XXe siècle. Condensé d’histoire et de géographie. »

     

    L’écriture sensible et d’une grande beauté nous emmène à travers des temps et des lieux très différents pour finalement poser la question de notre propre héritage et de sa valeur.

    Ce roman parle aussi de communication, de non communication, des difficultés à dialoguer, des conventions, des incompréhensions culturelles, générationnelles, temporelles… Il est riche, foisonnant, passionnant.

    C’est un roman superbe à côté duquel je serais peut-être passée si les Agents Littéraires n’avaient eu l’excellente idée de me le proposer. Merci beaucoup aux éditions L'Editeur et à Vincent Beghin qui commence à connaitre mes goûts presque mieux que moi.

      

      

    Les Successions, Mikaël HIRSCH

      

    Les Successions, Mikaël HIRSCH

     

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  • Alter Ego : Park, LAPIERE - RENDERSPark, un Coréen de 25 ans, se prélasse sous les tropiques dans une luxueuse résidence en compagnie d'autres personnes d'origines très diverses. Dorlotés par une équipe de serviteurs et soignants, ils semblent passer des vacances paradisiaques. Mais d'étranges hallucinations viennent perturber sa béatitude, comme les souvenirs d'une autre existence. Serait-ce parce qu'il a négligé de boire le délicieux cocktail fruité qu'on sert en abondance aux résidents ? D'ailleurs, que font-ils tous dans cette résidence ? S’ils sont en vacances pourquoi ces grilles et ces miradors ?

     

    Mon avis :

     

    Dès le début, on comprend que quelque chose ne va pas. Park semble souffrir de troubles de la mémoire. Est-il là pour soigner une amnésie ? Ou au contraire, cherche-t-on à lui faire oublier ses souvenirs ?

    Le récit semble moins fouillé que les précédents : on comprend rapidement ce que Park fait dans cette résidence. L'histoire est plus linéaire et sans surprise, annonçant cependant le tome consacré à Noah. Par contre, j’ai aimé le peu de dialogues et commentaires qui laissent la part belle aux dessins et nous amènent à comprendre le combat intérieur que mène Park.

    Les dessins sont superbes et l’ambiance de tension et de doute est merveilleusement rendue.

     

    Ce thriller d’anticipation tient ses promesses. Il reste captivant de tome en tome  - même si les thèmes ne sont pas particulièrement originaux (manipulations génétiques, puissance des lobbies pharmaceutiques, oppression des minorités, lutte inégale entre riches et pauvres, lutte d’influence…)

    Les personnages sont assez bien typés et leurs traits de caractères divergent ce qui évite une certaine lassitude ou redite. L’histoire tient la route et on ne se perd pas dans des rebondissements incessants ou des histoires parallèles cherchant à nous embrouiller.

    J’attends impatiemment les deux tomes suivants et le 7e qui se veut la synthèse des premiers.

     

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  • Alter Ego : Darius, LAPIERE - RENDERSDarius est un électricien corpulent, affable et sans histoire. Il pourrait vivre bien tranquille dans son petit appartement de Los Angeles, mais il s'acharne à sauver Bram, son voisin de palier, un jeune crétin abject et accroc à la came, qui se met toujours dans les pires situations. Pourquoi Darius fait-il cela ? Pour combler un besoin de paternité suite à un drame personnel ? Pour les beaux yeux d'Heather, la gentille copine de Bram ? Ou parce qu'il est en mission secrète ?

     

    Mon avis :

     

    Grâce à cet album, nous découvrons ce que ce brave homme vient faire dans cette galère. Nous l’avions rencontré dans le tome consacré à Camille et nous comprenons enfin son rôle dans l’histoire. Tout se met en place en douceur pour permettre aux lecteurs de comprendre les liens qui unissent tous ces personnages.

    Efa a rejoint le duo Lapière – Renders et ses dessins très réalistes collent au milieu urbain dans lequel évolue Darius. Petit bémol par contre pour les couleurs que je n’ai pas particulièrement appréciées. Trop criardes à mon goût.

     

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  • Uglies, Scott WESTERFELDTally aura bientôt 16 ans. Comme toutes les filles de son âge, elle s'apprête à subir l'opération chirurgicale de passage pour quitter le monde des Uglies et intégrer la caste des Pretties. Dans ce futur paradis promis par les autorités, Tally n'aura plus qu'une préoccupation, s'amuser... Mais la veille de son anniversaire, Tally se fait une nouvelle amie qui l'entraîne dans le monde des rebelles. Là-bas, elle découvre que la beauté parfaite et le bonheur absolu cachent plus qu'un secret d'Etat : une manipulation. Que va-t-elle choisir ? Devenir rebelle et rester laide à vie, ou succomber à la perfection ?

     

    Mon avis :

     

    Riche en rebondissements, ce premier volet d’une saga qui compte actuellement cinq tomes est aussi foisonnant de thèmes donnant à réfléchir. Intelligemment construit, il nous emmène dans un monde codifié où la recherche de la beauté physique annihile toute autre quête, toute autre aspiration. Persuadés dès leur plus jeune âge qu’ils sont moches par nature, les enfants sont éduqués dans le culte de la beauté obligatoire, sésame tant attendu pour rejoindre le monde des rêves artificiels et des bonheurs utopiques et de là celui des adultes bien dans leur corps.

    Le diktat de l’esthétique, l’importance du regard de l’autre, la quête d’une identité… sont les thèmes d’ouverture qui nous entraînent rapidement vers d’autres, comme les risques du protectionnisme et du repli sur soi, la perte de la mémoire sociétale, la liberté de choix et de jugement ou encore l’écologie.

      

    Passionnant, bien écrit, rendant avec justesse les états d’âme et les hésitations des adolescents héros du récit, ce roman d’anticipation dystopique nous décrit une société hyper hiérarchisée, cloisonnée ou mensonges et manipulations ont fait des hommes des moutons dociles et inoffensifs.

    Les Rouillés que nous sommes feront sans doute des parallèles avec « Le meilleur des mondes » d’Huxley mais le propos reste original et la jeunesse des héros un gage d’intérêt pour les adolescents.

      

    Surprenant de lucidité sur le monde actuel et ce qu’il pourrait devenir, ce roman ado est d’une grande justesse et les jeunes ne s’y sont pas trompés. Ce sont eux qui m’ont incitée à le lire et je ne le regrette pas. J’ai beaucoup aimé. De nombreux sujets de discussion peuvent être initiés par cette lecture et les jeunes ont beaucoup à en dire.

      

    Un très bon roman de science-fiction à lire absolument !

      

      

     Uglies, Scott WESTERFELD 

     

     

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  • Le voyage de l'éléphant, José SARAMAGOEn 1551, le roi du Portugal Jean III offre à l'archiduc Maximilien d'Autriche, neveu de Charles Quint, un éléphant d'Asie, Salomon, qui vit depuis deux ans à Belém avec son cornac Subhro. De Lisbonne à la capitale autrichienne, en passant par les plateaux de la Castille, la Méditerranée, Gênes et la route des Alpes, Salomon, objet d'absurdes stratégies, traverse l'Europe au gré des caprices royaux, des querelles militaires et des intérêts ecclésiastiques, soulevant sur son passage l'enthousiasme de villageois émerveillés.

     

    Mon avis :

     

    Ce court récit avait tout pour me plaire. Une histoire originale basée sur des faits historiques, une écriture poétique et alerte, un sujet prétexte à dénoncer l’hypocrisie des relations humaines, hyper hiérarchisées… Cette fable fait de l’éléphant Salomon offert à l’archiduc d’Autriche par le roi du Portugal Joao III, le témoin des travers des grands de ce monde, des bassesses de certains et des manipulations en cascade. L’histoire se passe au 16e siècle mais pourrait très bien avoir lieu de nos jours avec peu d’aménagement.

      

    Alors pourquoi ne suis-je pas plus emballée ? Parce que la typographie de l'ouvrage est abominable !  Quelle est la volonté de l'auteur ? Je l’ignore. Mais il m’a été difficile de lire jusqu’au bout deux cents pages de texte continu, sans paragraphe au sein des chapitres, où la ponctuation fantaisiste place des virgules entre les phrases et où la mise en page ne distingue pas dialogue et récit. Sans parler des majuscules inexistantes quel que soit le nom propre utilisé.

    Certains trouveront peut-être cette raison futile, qu’ils essaient ! L’œil est gêné, la lecture malaisée et le plaisir de lire se dilue dans des efforts constants pour comprendre le sens des phrases courant parfois sur une dizaine de lignes.

    Si une belle écriture ne fait pas un bon livre, une excellente histoire est également desservie par une forme imparfaite.

     

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