• Mes lecturesCe « dernier amour de George Sand » passe assez inaperçu dans les biographies de l’auteure. Certes, Alexandre Manceau n’a pas l’aura d’un Musset ou d’un Chopin et n’a pas laissé autant de traces pour la postérité. Il a néanmoins partagé la vie de George Sand pendant quinze ans, ce n’est pas rien.

    Attentif, prévenant, amoureux, fort et obstiné sans en avoir l’arrogance ou l’outrecuidance, Alexandre Manceau a donné à George ce qui lui avait jusque-là terriblement manqué : la tendresse et l’affection. Pour la première fois sans doute, elle ne joue pas la mère ou l’amie auprès de lui. Elle n’a pas besoin de l’encourager, de le relever, de lui prêter une épaule et une oreille attentive. Elle se contente d’être amoureuse et de partager sa vie avec lui. Comme cela a dû lui sembler reposant.

    Volontairement restrictif, l’ouvrage se borne à nous conter la période allant de 1849 à 1865. George Sand est terriblement ébranlée par l’échec de la Révolution de 48. Elle se sent vieille, fatiguée et lasse. Financièrement la période est délicate et sa famille connait divers tourments. L’arrivée d’Alexandre à Nohant passera d’abord quasi inaperçue. Il lui faudra du temps pour s’intéresser à ce jeune homme et se rendre compte de ses multiples petites attentions. Il deviendra son secrétaire, son ami puis son amant… et cela durera quinze ans.

     

    L’écriture d’Evelyne Bloch-Dano est agréable, fluide et donne envie de tourner les pages pour en découvrir toujours plus. L’ouvrage est bien documenté, il se base notamment sur la correspondance de Sand et de son éditeur et sur les Agendas rédigés par Sand et Manceau ainsi que sur son autobiographie.

    On pourrait regretter, comme George, mon amie bloggeuse, que l’auteur parle très peu des romans de Sand écrits durant cette période, ou n’approfondisse pas certains faits importants de sa vie. Mais George est une experte en la matière. Je ne suis qu’une béotienne. J’ai découvert George Sand lors de ma visite de Nohant, il y a presque 20 ans. J’ai lu alors « La petite fadette » et « ‘La mare au diable », deux romans seulement parmi son incroyable production et la biographie que Joseph Barry lui a consacrée. Depuis je n’avais plus rien lu d’elle ou sur elle, me contentant de voir des films qui la mettaient en scène.

     

    J’ai donc pris ce livre pour ce qu’il était, le récit de l’histoire d’amour d’un écrivain célèbre et d’un jeune graveur de talent, de treize ans son cadet. En cela, je n’ai pas été déçue de ma lecture. Cette biographie est empreinte d’émotion, d’empathie ; elle nous décrit une femme énergique à la vitalité débordante, elle ne gomme pas ses défauts de mère et n’embellit pas le personnage. A travers les nombreuses références historiques et littéraires, elle ancre George Sand dans son époque, dans la vie et nous permet une découverte ou une redécouverte agréable et soignée. Je ne peux que conseiller ce livre à ceux qui voudraient à leur tour en connaître un peu plus.

    Pour une critique plus pertinente et beaucoup mieux documentée, lisez le blog de George, ici.

     

     

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  • Mes lecturesJe vis à Saint-Barnabé, un bled du Canada où même les arbres sont plus moches qu’ailleurs parce qu’ici les gens sont pauvres. En mourant, ma mère a ouvert la portière et elle est tombée dans le fossé. Ca m’agace. Même si je n’ai fait que mon devoir en la tuant parce qu’elle me l’a demandé.

     

    Mon avis :

     

    J’ai trouvé cet autre roman policier québécois à la bibliothèque. L’auteur étant réputé outre atlantique, j’ai laissé ma curiosité l’emporter. La 4e de couverture promettait un polar différent, un peu déjanté, et cela m’a tentée. Hélas j’ai vite déchanté.

    Complexé par sa vie minable, dans un quartier misérable, le narrateur rassemble tous les clichés du personnage : médiocre, jaloux, paresseux, ivrogne et pas très futé. Avec beaucoup de cynisme, il évoque la mort de sa mère comme il dirait « j’ai perdu mon chat » (et encore, je pense que cela le toucherait davantage) puis la vie de sa sœur – qu’il n’a plus vue depuis dix ans – qui est devenue actrice dans une série policière de seconde zone, intitulée « Cadavres ».

    Très vite, la médiocrité prend le dessus et on plonge dans des souvenirs incestueux, plats et vulgaires. C’est tellement sombre que cela en devient opaque. Je me suis accrochée, me disant que la suite me ferait peut-être sourire, mais la farce est énorme et le subtil devient grotesque.

    Quant au style, il ressemble aux personnages. Le roman à la 1e personne est rédigé en langage parlé : « En veux-tu une ? j’ai offert », « Tu sais ce que je pense ? elle a demandé ».

    Bref, j’ai tenu bon 120 pages (la moitié du livre quand même) et trois cadavres puis je l’ai refermé. Je passe peut-être à côté d’un chef d’œuvre d’humour et d’ironie mais tant pis. C’était au-dessus de mes forces de terminer ce roman.

     

    Romans policiers

     

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  • Mes lecturesMaud Graham est inspectrice à Québec. Son mauvais caractère fait fuir en général ses collègues masculins. Seul Rouaix, son coéquipier, l’apprécie, même si parfois elle l’agace. Alors que celui-ci s’absente quelques semaines et qu’un collègue français est envoyé faire un stage dans leur commissariat, elle se voit confier une enquête pour meurtre. Une jeune actrice promise à un brillant avenir a été retrouvée étranglée dans les Plaines d’Abraham. Très vite, un second meurtre, identique au premier, a lieu. Une malédiction semble frapper les actrices issues du milieu du théâtre.

     

    Mon avis :

     

    Toujours avide de découvrir des auteurs et des romans québécois, j’ai trouvé le conseiller idéal en matière de romans policiers. ***  Hélas, trouver des romans québécois en Belgique relève souvent de la gageure. C’est donc avec une certaine euphorie, que j’ai plongé dans ce roman, emprunté à la Bibliothèque des paralittératures de Beaufays, et qui date de 1988.

    Maud Graham, l’héroïne de Chrystine Brouillet, est un personnage attachant malgré son caractère bien trempé. Elle se livre peu et ne s’appesantit pas sur elle-même, mène des interrogatoires subtils et use parfois de procédés peu orthodoxes mais reste toujours honnête et objective. Fine psychologue, elle entre aisément en empathie avec les personnes qu’elle rencontre. Célibataire après une rupture récente, elle partage son appartement avec Léo, son chat et se prend de sympathie pour Grégoire, un jeune prostitué rencontré par hasard. Je ne serais pas étonnée que ce personnage se retrouve dans les romans postérieurs.

    J’ai bien aimé ce roman à l’intrigue bien ficelée et à l’écriture simple mais énergique. Pas de temps mort, pas de répétition, l’enquête avance reconstituant peu à peu le puzzle des faits. On croit stagner ? Un élément nouveau relance la machine et on a hâte d’enfin découvrir le dénouement.

    J’ai aussi apprécié ce personnage de femme, cette inspectrice évoluant dans un milieu d’hommes, parfois macho. Elle est intelligente, subtile, et foncièrement bonne. J’espère avoir l’occasion de la retrouver bientôt.

    Enfin, j’ai trouvé plaisant de retrouver des lieux visités naguère et de pouvoir les visualiser (les Plaines d’Abraham, la rue des Lauriers, le château Frontenac…) ainsi que de dénicher ça et là des expressions typiquement québécoises et tellement savoureuses.

    Une belle découverte.

     

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  • Mes lecturesMe voilà au repos forcé pour plusieurs semaines. Essayons de tirer le positif de la situation : cela va me laisser le temps de lire encore plus ! 

    Cela n’étant pas prévu, je n’avais pas rechargé ma PAL dernièrement. Mais hier, mes 2 zhoms sont rentrés les bras chargés de cadeaux. Quel plaisir de voir ainsi apparaître des titres tirés de ma LAL et des surprises inattendues. J’espère que cela me réserve de jolies découvertes. Une chose est sûre, cette période sera très policière !

     

     

     

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  • Mes lecturesA 17 ans, Albertine a quitté sa mère et l’école pour venir s’échouer à l’embouchure d’un fleuve, dans un café miteux. Le patron, Steel, un ami de son père, l’a engagée comme serveuse. Elle n’a emporté avec elle qu’un sac et sa guitare. Elle attend patiemment le retour de son père, marin au long cours, qui a promis de rester un peu pour s’occuper d’elle. Elle fera la connaissance de Carmen, qui a fui aussi sa famille naguère et qui deviendra son amie. Elle tombera ensuite éperdument amoureuse de Dan qui l’initiera à la navigation et lui fera partager son amour de la mer.

     

    Mon avis :

     

    C’est un beau livre (couverture raffinée, couleur pastel, pages bleues translucides reprenant les paroles des chansons…) et un joli concept (le livre s’accompagne d’un CD à écouter en parallèle à la lecture). L’idée m’a emballée et je me suis laissé séduire.

    J’ai été agréablement surprise par les chansons. Une voie pure, subtile, des textes poétiques qui collent à l’histoire, agréables à écouter entre chaque chapitre. L’idée fonctionne bien et la lecture terminée, on prend plaisir à réécouter les chansons. Chloé Stéfani séduit et fera certainement parler d’elle par la suite.

    L’héroïne, Albertine, est attachante, marchant sur un fil ténu entre fragilité et force, mélancolie et révolte. On voudrait la rassurer, la réconforter. Mais l’écriture m’a laissé un goût d’inachevé. Le texte est poétique, ou se voudrait tel, mais les dialogues sont plats, les descriptions convenues, et les personnages manquent singulièrement de consistance. L’histoire de chacun est contée en pointillés et on s’attarde plus sur les détails superficiels du quotidien que sur ce qui les a façonnés en profondeur. Je suis restée sur ma faim.

    Cela dit, je pense que ce roman plaira aux jeunes, les filles essentiellement, qui se retrouveront sans doute dans les tourments de l’adolescence que traverse Albertine. N’oublions pas qu’il a été écrit avant tout pour les jeunes.

    A conseiller vers 14-15 ans.

     

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  • Mes lecturesLorsqu’on a quatorze ans, des neurones d’écureuil, une meilleure amie obsédée par les garçons et qu’on enchaîne les gaffes, la vie n’est pas facile tous les jours. Depuis le décès de son père, Aurélie Laflamme se demande d’où elle vient. Aurait-elle été oubliée sur terre par des extraterrestres ? Pour couronner le tout, sa mère semble avoir des poussées d’hormones. Cela aurait-il un lien avec Denis Beaulieu, le directeur de l’école, dont elle semble de plus en plus proche ? Pas question pour Aurélie de se laisser elle aussi ramollir le cerveau ! Mais personne n’est à l’abri du coup de foudre… Au milieu de ce tourbillon, Aurélie ne désire qu’une chose : trouver sa place dans l’univers.

    Mon avis :

    Ce journal intime nous relate un trimestre dans la vie d’Aurélie, une adolescente de 14 ans. A l’âge des premiers émois, des premiers questionnements sur la vie, la société, les autres, elle porte un regard assez lucide sur ceux qui l’entourent et plutôt négatif sur elle-même. L’adolescente dans toute sa splendeur. Bien que déjà souvent traité en littérature, le sujet est abordé avec distance et humour. On sent que l’auteure n’est pas bien vieille, ses souvenirs sont encore frais.

    Même s’il est évident que ce roman s’adresse aux jeunes – aux filles même – on ne peut s’empêcher de s’y retrouver un peu que ce soit dans la fille qu’on a été ou dans la mère qu’on est devenue et cela en fait une lecture intergénérationnelle.

    Un bel ouvrage, à la couverture attrayante et soignée qui donne envie de le prendre en main. Un livre bien écrit, au style vif et agréable. Une bouffée d’air frais. Il devrait être lu par les jeunes et leurs parents. Il donnerait sans nul doute sujet à partage, rire et discussions. A lire dès 13 ans.

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  • WikioInvitée au Salon du Livre de Paris, la littérature nordique explose en ce moment, tel un feu d’artifice. Effet de mode ou reconnaissance tardive de réels talents ?

     

    L’influence de cette littérature est réelle dans les genres populaires (terme très souvent péjoratif) que sont la littérature de jeunesse ou le roman policier. Mais dernièrement, le succès mondial de Stieg Larsson et de son « Millénium » et plus récemment de Sofi Oksanen avec « Purge », on remit en lumière la littérature du Nord et fait s’interroger les spécialistes sur une identité possible entre les auteurs scandinaves ainsi que sur ces talents émergents.

    Personnellement, je n’ai lu que deux auteurs de l’Europe du Nord : Karen Blixen et « La ferme africaine » et Sandi Toksvig avec « Le canari d’Hitler ». Cela me semble bien trop peu pour émettre un avis pertinent ou de valeur. Je me contenterai donc de dire simplement que j’ai aimé ces deux romans et que j’ai pris plaisir à les lire.

    Alors pourquoi ne pas avoir enchaîné avec les auteurs à la mode ?

     

    Peut-être justement, parce qu’ils sont à la mode et que je m’en méfie comme d’un produit de marketing rutilant, bien pensé et trop bien léché dont je n’aurais que faire. Mais il est tout à fait possible que je sois dans l’erreur. Cet engouement pour la littérature nordique n’est peut-être simplement due qu’à la découverte  tardive de réels talents n’ayant, jusqu’ici, pas trouvés de traducteur ni de maison d’édition intéressée. La France aurait-elle eu peur de la concurrence ?

    Je vous laisse juges. Vous qui avez lu les auteurs nordiques et qui les avez aimés ou abhorrés, dites-moi ce que vous en pensez !

     

     

     

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