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En 1965, dans l’épisode bien nommé The Town of No Return de la série déjà culte Chapeau melon et bottes de cuir (The Avengers), une certaine EMMA PEEL fait son apparition. Incarnée par une actrice de théâtre remarquée, la sublime Diana Rigg, c’est elle qui impose le fétichisme de ses longues bottes de cuir, balaie d’un regard incendiaire tous les autres personnages de la série, forme un inoubliable et sulfureux duo avec le flegmatique John Steed (Patrick Macnee). Cinquième partenaire de cet agent, la jeune femme intrépide devient instantanément une immense icône de la culture pop des années 60. Sa personnalité flamboyante cristallise à jamais l’esprit de son époque : l’effervescence du swinging London, le kitsch des James Bond, l’exotisme des arts martiaux asiatiques, l’enthousiasme pour la physique quantique, l’insolence de la mode vestimentaire et, bien sûr, la libéralisation sexuelle. Car, faut-il le rappeler, Emma Peel est d’abord un jeu de mots avec « Man appeal ». À travers ses audaces, jamais femme n’a été aussi fatale.
Mon avis :
Personnage fictif de la télévision britannique, Emma Peel est l’icône féministe de la pop culture des années 60. La première Emma Peel de la série est l’actrice Diana Rigg qui donna ses lettres de noblesse à l’héroïne par sa beauté et sa combinaison de cuir noir. Veuve, Emma est sportive et maitrise les arts martiaux. Son intelligence lui permet de venir à bout des ennemis les plus retors. On sent une certaine tension sexuelle entre John Steed et elle sans que rien ne soit jamais explicite dans la série.
L’ouvrage de Stephen Sarrazin nous présente l’héroïne, la genèse du personnage, sa personnalité, l’image de la femme qu’elle véhiculait à une époque et dans un pays très traditionnalistes et paternalistes. Les relations entre Steed et elle sont aussi passées au crible.
Il nous confie des anecdotes de tournage, détaille certains épisodes et les tenues d’Emma Peel dans ceux-ci ; replonge la série dans son cadre spatio-temporelle et apporte un éclairage sur les choix des scénaristes.
Un agréable ouvrage à lire pour (re)découvrir l’héroïne d’une série emblématique qui a bercé les beaux jours des années 60 et 70.
Merci aux Impressions Nouvelles pour l’envoi de cet ouvrage qui m’a replongée en enfance.
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Trois jeunes gamers qui ne se connaissent pas reçoivent un jour un mystérieux colis. Le mystérieux professeur Teuma leur livre un nouveau jeu en réalité virtuelle baptisé « Totem » qu’ils sont chargés de tester. Abel habite en France, Elif est Turque et Yorick est Canadien.
En Turquie, un mystérieux virus contraint Elif a resté chez elle, les écoles étant fermées pour éviter la contagion. En France, on parle beaucoup de ce virus mais il semble ne pas avoir encore contaminé la population.
C’est dans ce contexte que les trois jeunes vont se lancer dans l’aventure, chacun ayant reçu un animal totem pour les représenter dans le jeu : Elif est un porc-épic, Abel un raton-laveur et Yorick un castor. Ils vont devoir s’unir pour avancer et faire des compromis. Au départ, le jeu leur semble enfantin et peu intéressant mais très vite, des faits inattendus vont piquer leur curiosité.
Kid Toussaint est Belge et est le scénariste de « Elles » et « Masques », entre autres. Il s’associe ici à James Christ, illustrateur français et auteur des « Géants » et « Strom », pour proposer cette nouvelle série aux adolescents. La thématique des jeux vidéo est, à coup sûr, un atout. Associée à des thèmes d’actualité et à un récit d’aventure, il rendra la série attrayante auprès des jeunes.
Ce premier tome, paru dans la collection "Bande d'Ados" chez Bayard, présente les protagonistes et la situation initiale laissant planer le mystère sur le concepteur du jeu, son but caché et le rôle que joueront réellement les jeunes. Espérons que le rythme de la série sera soutenu et ne tirera pas l’idée originale du départ en longueur.
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Fin du XIXe siècle. Buck, un croisé Saint-Bernard et Colley, mène une vie paisible dans un doux foyer. Mais tout bascule le jour où, victime de la traîtrise d'un homme, il se retrouve enlevé à son maître et vendu à des chercheurs d'or du Grand-Nord canadien. Il devient alors chien de traîneau dans un univers glacial et sans pitié. Saura-t-il survivre dans ce monde où règne la loi du plus fort ?
Mon avis :
Roman de ma jeunesse, « L’appel de la forêt » vient d’être adapté en BD par Pierre-Emmanuel Dequest.
Ce récit nous raconte la ruée vers l’or de 1896. Nous sommes dans la région du Klondike où les températures glaciales imposent une vie rude et pleine de tensions.
J’avais le souvenir d’un récit d’aventures, d’un chien d’exception… mais la relecture des décennies plus tard montre que le récit est bien plus complexe. Le cadre spatio-temporel réaliste témoigne de la violence des conditions de vie des chercheurs d’or : agressions, vols, meurtres sont fréquents.
Volé à son maitre, le juge Miller, Buck rejoint une meute de chien de traineau. ¨Pour résister à la brutalité de sa nouvelle condition, Buck doit s’adapter, s’endurcir et lutter. Il apprend à voler de la viande, à se battre jusqu’à ce qu’un autre maître correct et non violent l’achète. Mais quand celui-ci est tué par des amérindiens, Buck redevient un loup.
A travers les aléas de la vie de Buck, l’auteur met en lumière le courage d’un chien. A travers le symbole de cette vie animale, il exalte une volonté indomptable, un courage infini et un besoin vital de liberté, dans la société impitoyable de l’Amérique du début du siècle dernier.
Malgré la nécessité d’élaguer le récit pour passer de 230 pages à 46 planches, Pierre-Emmanuel Dequest reste fidèle à l’œuvre. Bien sûr, l’histoire se focalise surtout sur Buck (les personnages humains sont très secondaires) mais l’auteur parvient par ses dessins à rendre la beauté et la grandeur de la nature. J’ai beaucoup aimé les dessins, magnifiques paysages glacés, et le rendu des sentiments canins, très expressifs.
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Alba Donati menait une vie trépidante. Pourtant, à la cinquantaine, elle décide de tout quitter pour retourner à Lucignana, le village de Toscane où elle est née, et ouvrir sa librairie dans une jolie bâtisse à l’orée des bois, sur la colline.
Avec seulement 180 habitants dans les environs, son entreprise semble vouée à l’échec. Ouverte en 2019 grâce à un financement participatif, la librairie affronte un incendie qui la détruit en partie, puis, un mois plus tard, les restrictions du confinement. C’est alors que s’organise autour d’Alba un étrange et vertueux mouvement de solidarité.
Mon avis :
Quel merveilleux récit !
La narratrice a décidé de changer de vie, de respirer. Elle quitte son métier d’éditrice pour ouvrir sa propre librairie. Le lieu de son choix laisse perplexe : elle l’installe au cœur d’un petit village de Toscane, lieu de son enfance. Sa librairie, elle la rêve différente et va miser sur le service, les conseils, les produits dérivés de qualité et surtout mettre en place un service de commandes en ligne. Très vite, cette improbable décision fera connaître le village dans tout le pays et au-delà. Des bénévoles viendront l’aider, de vraies relations amicales se noueront avec les clients…
Durant une année, Anna Donati a tenu un journal. Elle y raconte cet incroyable coup de poker, son changement de vie et d’habitudes, son enfance, son amour de la lecture, … Chaque journée se conclut par l’énumération des titres vendus et commandés ce jour-là. J’y ai croisé avec plaisir des amis de passage ou de longue date (Tracy Chevalier, Jane Austen, Emily Dickinson, Michela Murgia, Pia Pera, Dario Franceschini…) et noté d'autres à découvrir.
L’auteure partage avec tellement de simplicité et d’intelligence son histoire et ses coups de cœur littéraires que l’on ne peut qu’être séduit par cet essai lumineux. Elle parvient en six chapitres à nous donner l’envie irrépressible de visiter cette librairie toscane, petit coin de paradis.
Moi qui aime les récits qui parlent de littérature, de librairie, d’amour des livres… j’ai particulièrement goûté cet essai.
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Norilsk, nord de la Sibérie. La ville la plus peuplée de cette région du globe. L’une des plus polluées de la planète. Un ancien goulag où les bâtiments soviétiques s’effondrent. On ne peut s’y rendre qu’avec l’autorisation du FSB – le KGB d’aujourd’hui. Une énorme mine tenue par des oligarques. Une population majoritairement constituée de mineurs. Espérance de vie lamentable. Deux mois par an de nuit totale. Un froide qui, l’hiver, peut atteindre – 60°.
Pour affronter cet enfer, Caryl Férey avait sa botte secrète : La Bête.
Mon avis :
Après avoir sillonné l’hémisphère sud, le grand voyageur qu’est Caryl Férey s’est aventuré en terres hostiles de Sibérie (-20° quand il arrive à Norilsk). Rien ne l’y destinait au départ mais il a accepté la proposition des éditrices de la maison d’édition Paulsen, spécialisée dans les récits de voyage. A lui qui déteste le froid, elles proposent ni plus ni moins de se rendre dans « la ville la plus pourrie du monde ? Une cité minière qui pollue à elle seule autant que la France ». Avec son compagnon de voyage, borgne et bourru, qu’il surnomme « La Bête », il part donc affronter les grands froids et la Russie de Poutine.
L’écriture de Férey reste énergique et nerveuse, malgré l’engourdissement dû au froid. Le récit humoristique de ses sorties bien arrosées alternent avec ses rencontres avec les autochtones et la relation sérieuse de leurs commentaires sur la vie, le travail, la rudesse du climat à Norilsk. Cette cité minière aux mains d’oligarques, un ancien goulag de Staline qui n’est accessible qu’avec une autorisation du FSB. On y exploite depuis les années 30 des gisements de nickel, de cuivre et de palladium.
Philosophe, il met en perspective ces confidences avec la réalité politique de la Russie. Les Russes rencontrés n’aiment pas Poutine mais sont contents qu’il les ait débarrassés de la Mafia et des dangers quotidiens qu’elle représentait. De deux maux finalement, il faut choisir le moindre. Au fil des pages, on sent qu’il abandonne peu à peu ses préjugés sur les Russes qui accueillent chaleureusement ces deux touristes français égarés dans leur froid polaire.
Ce récit de voyage improbable est agréable à lire. La sensibilité de l’auteur pour ces oubliés, ces forçats qui ne font pas de vieux os nous le rend attachant et on s’étonne de tourner si vite la dernière page.
Paru en 2017, il est prémices au roman Lëd, sorti lui en 2021. Je pense le lire prochainement car je suis sûre d’y trouver d’autres souvenirs de cet incroyable voyage.
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Lorsque Alex Haley était enfant, sa grand-mère avait coutume de lui raconter des histoires sur sa famille, des histoires qui remontaient à travers les générations jusqu’à l’ »Africain ». Elle disait que cet homme avait vécu de l’autre côté de l’Océan et qu’un jour où il était allé couper un tronc dans la forêt pour se tailler un tambour, quatre hommes l’avaient assailli, battu, enchaîné et trainé jusqu’à un bateau d’esclaves en partance pour l’Amérique.
Mon avis :
Ce roman nous permet de suivre une famille d’esclaves sur plusieurs générations. L’auteur décrit leurs conditions de vie, le travail forcé, la vente, les viols, les séparations des membres de la famille et bien sûr, la ségrégation dont ils sont victimes. L’histoire commence à l’époque de l’esclavage jusqu’à l’époque contemporaine.
Alex Haley a publié ce roman en 1976. De nombreux documents historiques, dont il fait mention à la fin de son livre, ont été consultés pour étayer l’histoire de sa famille transmise de génération en génération. Trois parties forment le récit : l’enfance de Kounta en Gambie, sa vie d’esclave et l’histoire de ses descendants.
Le personnage à l’origine de l’histoire est Kounta Kinté, jeune homme libre de 17 ans jusqu’à son enlèvement. On suit son cheminement, sa lutte pour la survie et pour garder son identité. On (re)découvre l’esclavage, de sa naissance à son abolition, à travers les hommes, femmes et enfants qui peuplent le récit.
J’ai beaucoup aimé découvrir l’enfance de Kounta, son pays, ses coutumes et traditions. J’y ai appris beaucoup de choses. La seconde partie sur le voyage à bord d’un bateau négrier et sur le sol de Virginie ne m’a rien appris que je ne savais déjà mais elle m’a tout autant bouleversée que mes précédentes lectures sur le sujet.
Même si j’ai appris que l’auteur avait été critiqué sur la véracité de certains faits j’ai apprécié ma lecture. Ce récit est éprouvant et suscite de nombreuses émotions. C’est un formidable témoignage sur le commerce triangulaire, l’histoire du peuple noir, les souffrances engendrées par l’esclavage et l’inhumanité des Blancs de l’époque. L’écriture est agréable et aisée et on ne voit pas passer les 750 pages du roman. Un livre puissant à découvrir si le sujet vous intéresse.
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Afin de faire connaître Klimt et son univers à mes élèves de 2S, je leur ai proposé la lecture et l’analyse de l’album « Le gardien de l’arbre ». Ce conte oriental est illustré par Anja Klauss à la manière de Klimt. On y retrouve des formes, des personnages, des couleurs caractéristiques du peintre autrichien. Il s’adapte parfaitement à l’aspect onirique et symboliste de l’œuvre « L’arbre de vie ».
Ce fut l’occasion d’effectuer ensuite des recherches sur internet à propos de l’artiste, de ses œuvres, du palais Stoclet de Bruxelles, de l’Art nouveau … et de sensibiliser les élèves à un mouvement artistique fondamental pour la modernité de l’art du XXe siècle. Les élèves ont abordé le vocabulaire des couleurs, des formes, de l’architecture, de la description des oiseaux… afin de rédiger ensuite un avis argumenté de l’univers de Klimt.
Ils ont enfin laissé libre cours à leur créativité et réalisé leur propre arbre de vie.
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