• Rencontres littéraires

    En prélude au Mois belge, j’ai assisté le mois dernier à deux rencontres aussi différentes qu’intéressantes ayant un lien avec la Belgique.

    La première a eu lieu à la librairie Livre aux Trésors de Liège où Pierre Kroll interviewait Alain Berenboom à propos de son dernier roman « Clandestine ».

    La seconde s’est déroulée à la librairie L’Oiseau Lire de Visé où Christophe Boltanski est venu nous parler de sa nuit au musée de Tervuren, l’Africa Museum.

     

    Alain Berenboom :

    Le point commun entre mes romans est qu’ils parlent de quidam confrontés à des réalités politiques qui les dépassent, que cela se passe en Chine, en Pologne, en Afrique ou ici en Russie. Ce sont des humains qui se sont vu dépassés par un événement qui leur a sauté au visage de façon inattendue.

    Dans « Clandestine » je visite un nouveau pays, la Russie d’où Iulia mon héroïne s’est enfuie. A son arrivée à Bruxelles, elle est enfermée à la Caricole, centre de détention pour immigrés. Elle réussira à s’enfuir de ce centre et se refugiera chez son avocat, maître Biederman.

    Nous sommes en 2005, Poutine vient d’être réélu et les élections ont été faites dans la légalité. L’image de la Russie est positive en Occident, c’est celle de la reconstruction et de l’espoir d’une avancée vers le libéralisme et la démocratie. La Belgique porte un regard candide sur ce pays et ne comprend pas pourquoi Iulia s’en est enfuie. Elle sera donc sur la liste des migrants à renvoyés chez eux.

     

    Ce choix de 2005 est voulu car c’était une période de tensions politiques. D’un côté l’espoir d’un renouveau dans le pays ; puis des manifestations à la suite de la « loi de monétisation des avantages sociaux » qui supprimait des acquis pour les catégories les plus démunies comme les retraités, les anciens combattants, les invalides… et de l’autre des révolutions démocratiques dont l’Ukraine et la Géorgie ont été le théâtre.

    J’avais de quoi montrer les deux visages du pays qui promettait un changement, laissait voir des beaux jours arriver et de l’autre durcissait le ton.

    Mes personnages ne sont donc pas hors sol. Le contexte a de l’importance pour comprendre ce qui leur arrive.

     

    C’est aussi quelque part un hommage à ma mère, Russe, même si elle n’a rien avoir avec celle du livre, n’étant ni communiste ni bolchévique.

     

     

    Africa Museum :

    Ce musée de Tervuren a été érigé entre 1905 et 1908 pour y abriter la section coloniale de l’exposition universelle de Bruxelles et y relater l’histoire de la colonisation du Congo. Son but était d’éveiller la curiosité du peuple belge pour le Congo et donner envie d’aller y vivre et travailler.

    D’importants travaux de rénovation ont vu sa fermeture de 2013 à 2018. Le musée en a profité pour revoir la scénographie et décoloniser ses collections. Ce qui était le musée royal de l’Afrique central est devenu l’Africa Museum.

     

    Dans le cadre de la collection « Ma nuit au musée » les éditions Stock ont proposé au journaliste et écrivain français Christophe Boltanski de choisir un musée et son choix s’est naturellement porté sur celui-ci. Un précédent ouvrage « Minerais de sang » qui se déroule au Kivu l’avait déjà amené sur les lieux pour consulter les archives du Congo.

    Sa nuit s’est déroulée en 2021 peu après l’assassinat de George Floyd et le déboulonnage de statues en peu partout en Europe et notamment à Bruxelles.

    Après être descendu dans les mines du Kivu, il lui semblait normal de s’informer d’avantage sur ce pays et la période de la colonisation. Colonisation qui n’est pas le propre de la Belgique, c’est une histoire européenne. D’autant que les premiers conquérants du Congo ne sont pas les Belges. Cette nuit l’a fait s’interroger sur le passé, cette période avec ses avantages et ses inconvénients. « On a tous un lien avec cette histoire ».

    « J’étais accompagné du roman de Conrad, Au cœur des ténèbres qui évoque cette période de la colonisation. Il était arrivé à Matadi en 1890. »

    Ce récit est un carnet de voyage d’une nuit, mêlant impressions de l’auteur et histoire du chasseur qui tua King Kasaï, l’éléphant majestueux qui trône dans le hall du musée. C n’est pas une fiction mais cela peut se lire comme un roman.

    Un roman qui met en lumière un des joyaux de notre patrimoine.

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 3 Avril 2023 à 20:42
    Anne Desmotsetdesnot

    J'aimerais bien lire celui de Christophe Boltanski.

      • Mardi 4 Avril 2023 à 16:52

        Je le ferai après le mois belge.

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