• Les Lucioles, Jan THIRIONDepuis la disparition de sa mère, Tyrone ne parle plus et semble ne plus entendre. Il a également cessé de grandir. Ce jeune garçon vit heureux avec son père, sa belle-mère, sn frère, sa sœur et son chien adoré, Biscoto. L’arrivée des Lucioles, un nouveau parti politique, va bouleverser la quiétude de ce petit monde.

    Mon avis :  

    Les éditions Lajouanie proposent des premiers romans et mettent en avant des auteurs inconnus. Elles donnent une chance à des récits sortant des sentiers battus et collant à l’actualité. Ce roman de Jan Thirion s’adresse aux enfants (de 10 à 110 ans, dit-il) mais est écrit avec intelligence et finesse. Il ne prend pas les jeunes pour des sots.

    Tyrone vit heureux dans sa famille recomposée, avec Edgar, Saskia et leur maman, et s’il n’y avait sa différence, il serait semblable à tous les enfants du monde. Mais suite à la perte de sa maman, il a arrêté de parler et sa croissance s’est stoppée également. Aujourd’hui, il a 13 ans mais en parait 7. C’est lui qui nous raconte, dans ce roman à suspens, l’histoire de sa famille et de sa ville. Parfois, il s’exprime comme un enfant de 7 ans, parfois il trouve les mots justes et semble d’avantage avoir 13 ans. Ses phrases sont courtes et ses idées concises et cela rend donc la lecture facile et rapide pour les bons lecteurs.

    La vie de cette famille va changer peu à peu. Nous sommes en période électorale et le parti des Lucioles mène campagne. Une grande kermesse est organisée où chaque enfant reçoit de petits cadeaux alors que les adultes écoutent des orateurs leur promettent une vie meilleure et plus lumineuse. Leur couleur est le noir à pois blancs. Elle se décline en foulards, fanions, pulls et se retrouve même sur les véhicules officiels du parti. Tyrone s’amuse de voir que son petit bichon, Biscoto, est à l’inverse blanc, avec un œil cerclé de noir. A la télévision, des reportages montrent les militants Lucioles en action dans les quartiers défavorisés et dans les rues. Ils portent des colis, des couvertures et apportent leur soutien aux résidents des maisons de retraite. A l’école, des adultes viennent expliquer aux enfants le bien fondé des idées du parti… Aux élections, les Lucioles sont les grands vainqueurs.
    Et lentement, les changements se mettent en place. Tyrone se voit d’abord obligé de tenir son petit chien en laisse quand il se promène dans le parc et ne peut plus gambader sur les pelouses. Il assiste impuissant au tabassage en règle d’un accordéoniste bien connu du quartier que la milice va arrêter… Saskia et Edgard partent chaque week-end s’amuser dans des stages de formation et leurs relations avec la famille se transforment peu à peu… Le jour où ses parents perdent leur travail et où ils voient deux amis handicapés quitter sa classe, Tyrone comprend que plus rien ne sera plus comme avant.

    Avec doigté, Jan Thirion décrit à la perfection la mise en place d’un régime dictatorial. De la phase de séduction, à l’horreur la plus infâme, il trouve les mots justes pour expliquer aux jeunes comment on parvient à manipuler les gens et leur ôter tout esprit critique. Criant d’actualité, ce récit met en scène un parti démocratiquement élu qui, une fois au pouvoir, montre réellement son vrai visage. Au-delà de cette dénonciation, l’auteur nous propose aussi un roman d’apprentissage. Le jeune héros va beaucoup changer tout au long du récit. Il va passer par toute une palette de sentiments, se confronter à la dureté de la vie, à la violence de certaines situations et comprendre peu à peu en qui on peut avoir confiance et de qui on doit se méfier. La présence de son chien l’aidera terriblement jusqu’au moment de sa perte. Des épisodes de grande intensité que l’auteur nous offre là.

    Ce roman extrêmement juste plaira sans aucun doute aux jeunes. Selon l’âge différents niveaux de lecture peuvent être proposés. C’est LE roman idéal pour aborder le processus démocratique, la montée des extrémismes, la mise en place d’un régime totalitaire et les conséquences sur la population. A faire lire absolument.

     

      

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  • Bergères guerrières, J.GARNIER & A.FLECHAISVoilà maintenant dix ans que les hommes du village sont partis, mobilisés de force pour la Grande Guerre. Dix ans qu’ils ont laissé femmes, enfants et anciens pour un conflit loin de chez eux... La jeune Molly est heureuse car elle peut enfin commencer l’entrainement pour tenter d'entrer dans l’ordre prestigieux des Bergères guerrières : un groupe de femmes choisies parmi les plus braves, pour protéger les troupeaux mais aussi le village ! Pour faire face aux nombreuses épreuves qui l'attendent, Molly pourra compter, en plus de son courage, sur Barbe Noire, son bouc de combat, mais également sur l’amitié de Liam, le petit paysan qui rêve aussi de devenir Bergère guerrière – même si ce n’est réservé qu’aux filles....

    Mon avis : 

    Je poursuis ma découverte des BD lues par mes élèves.
    Bergères guerrières nous raconte l’odyssée de Molly dans un univers fantastique et médiéval inspiré par les légendes celtiques. Ayant enfin atteint l’âge requis pour intégrer le groupe, elle va devoir se montrer à la hauteur et défendre son village et ses terres contre les envahisseurs. Très vite, ce qui pour elle semblait un jeu va prendre une dimension primordiale. Elle se rend compte que de vrais enjeux imposent cette défense, que le rôle qu’elle a accepté est une charge plus lourde qu’elle ne croit et qui implique des responsabilités.

    Ici aussi, le postulat de départ est classique : des hommes partis à la guerre, un village resté aux mains des femmes et des anciens, des habitantes qui s’organisent pour leur sauvegarde… Le scénariste y ajoute habilement l’entrée dans l’adolescence de l’héroïne et l’absence de figure paternelle qui ne peut donc contrer sa rébellion. A l’histoire du village se mêle celle de Molly : son parcours initiatique est extrêmement bien décrit. Entourée d’amis sincères, dont Liam, elle progressera dans sa recherche d’identité et son combat pour la liberté. La lecture est fluide et prenante et l’humour bien présent. Par de nombreux côtés, elle m’a rappelé le film « Dragons »

    Les décors colorés et précis donnent une belle ambiance au récit et aux combats. Le dessin dynamique et chaleureux d’Amélie Fléchais alterne les rythmes du récit riche en rebondissements. Quant aux personnages, ils sont bien campés, plausibles et raviront les jeunes lecteurs.

    Ce récit d’apprentissage et d’amitié met en scène une joyeuse troupe attachante et fait la part belle aux relations entre les protagonistes. On est loin des frêles bergères d’antan et c’est tant mieux.

     

     

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  • 54 minutes, Marieke NIJKAMP54 minutes. C’est à la fois peu et beaucoup.
    54 minutes entre terreur et espoir.
    54 minutes pendant lesquelles tout peut basculer.
    54 minutes. C’est le temps qu’il faudra pour changer à jamais la vie du lycée d’Opportunity en ce lundi matin d’hiver.

    Mon avis : 

    Encore un récit sur les tueries de masse me direz-vous. Oui mais le point de vue est différent. « Tout le monde est une idole » abordait l’après et les conséquences psychologiques pour un rescapé. « Eux » explique la genèse de l’acte, le harcèlement subi… Ici, Marieke Nijkamp nous fait vivre les 54 minutes de terreur vécues par un lycée, à travers le regard de divers jeunes dont celui du tueur.
    Et il me semble nécessaire de garder à l’esprit que nul n’est à l’abri et de pouvoir aborder en classe ce sujet grave et hélas trop fréquent.

    Tyler en veut à la terre entière. Depuis le décès de sa maman, sa vie a basculé et il en impute la responsabilité à tous. Ce jour-là, il vient régler ses comptes, méthodiquement, froidement et cela glace les sangs à la lecture.

    Le récit est rythmé, entrainant et addictif. Je l’ai lu en une soirée, incapable de le lâcher. Et j’ai terminé en larmes, le souffle coupé. Sous mes yeux se déroulait la scène. Ce roman m’a bouleversée par son authenticité, sa froideur et son implacable réalité qui nous explose en plein visage.

    Marieke Nijkamp, auteure néerlandaise, nous questionne sur la responsabilité de chacun face à ces violences. Aurait-on pu prévoir ? Aurait-on pu éviter ? Le choix du roman choral permet de suivre les différents points de vue. Non seulement ceux des personnes qui tentent une justification ou une compréhension de l’horreur par rapport à ceux qui condamnent ; mais aussi le point de vue de ceux qui sont piégés dans l’auditorium opposé à celui de ceux qui sont en dehors et tentent de réagir. Cela confère à l’histoire un dynamisme indéniable. Les réactions sont plausibles, les sensibilités intéressantes et la personnalité de chacun cohérente.

    Bref, vous l’avez compris, j’ai été séduite par ce 1er roman. J’hésite cependant à le proposer en 4e car j’ai trouvé certaines scènes très dures. Si vous l’avez lu, j’aimerais recevoir vos avis à ce propos.

    Un livre choc. A découvrir.

     

     

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  • Ninn, La ligne noire, JM DARLOT & J PILETAlors qu’ils réparent les voies du métro parisien, deux ouvriers découvrent un tout petit bébé. Onze ans plus tard, Ninn connait le métro comme sa poche. Il est devenu son univers : elle en connait tous les recoins. Mais malgré sa joie de vivre, Ninn se pose mille questions sur ses origines et sur les souvenirs qui la hantent alors qu’elle n’a jamais quitté Paris.

    Mon avis : 

    Mes élèves ont du lire une BD pour le cours de français et les choix posés m’ont amenée à faire de belles découvertes. Ainsi cet album que je connaissais mais n’avais jamais lu.

    Le thème n’est pas original : une enfant adoptée recherche ses origines ; mais l’angle d’attaque vaut le détour. D’abord, Ninn a deux oncles adoptifs, ensuite elle vit dans le métro parisien, enfin elle va découvrir un passage secret qui lui apportera peut-être des réponses à ses questions. Le départ banal glisse donc lentement vers le fantastique. Espiègle et curieuse, Ninn est une petite fille attachante. J’ai aimé l’histoire aux méandres imprévisibles et le fait que des zones d’ombre persistent (d’autres tomes suivent) amenant le lecteur à s’interroger et à chercher des indices dans l’implicite.

    Le dessin m’a plu également : soigné, dynamique, rendant le métro et le sous-sol de Paris dans les moindres détails. Forcément, les couleurs sont sombres et le décor angoissant mais cela confère à l’ensemble une atmosphère particulière, très poétique même.

    Cet album inventif, plein d’humour et de tendresse m’a charmée. Il ne me reste qu’à lire la suite.

     

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  • Lui, Patrick ISABELLEAprès avoir commis une fusillade et purgé sa peine dans un centre jeunesse, un adolescent retourne chez ses parents avec l’espoir de retrouver une vie normale. Sa libération ne laisse personne indifférent. Le public exprime sa colère sur les réseaux sociaux, tandis que les témoins de la tragédie et les proches du jeune contrevenant tentent avec douleur de comprendre ce qui s’est passé.

    Mon avis : 

    Voici arrivé le terme de la trilogie de Patrick Isabelle. Après « Eux » et « Nous », il nous propose « Lui ». Lui, c’est ce jeune garçon que l’on suit depuis le collège et dont on ne sait toujours pas le nom. Parce que « Lui », ce jeune harcelé et humilié par les caïds de l’école, sans raison apparente, cela peut être n’importe qui.

    « Lui » a purgé sa peine. Après trois ans passés en centre fermé, il espère reprendre une vie laissée entre parenthèses. Mais cela sera-t-il possible ? Le laissera-t-on faire ? Et ces années d’enfermement, brillamment racontée dans « Nous » s’effaceront elles peu à peu de sa mémoire ? Les répercussions du drame qui s’est joué il y a trois ans sont bien plus grandes qu’il ne l’imagine.
    On découvrira ce que sont devenus ses harceleurs, son meilleur ami, ses parents, son enseignante principale… En donnant la parole tour à tour à chacun, Patrick Isabelle interroge adroitement les consciences. Entre crainte, regrets, rédemption et vengeance, tout peut arriver.

    Toujours par de courts chapitres, poétiques et poignants, l’auteur nous raconte le dénouement d’un drame (hélas) ordinaire. Cette fois, le personnage principal ne s’exprime plus en « je », ce sont les autres qui parlent de lui. Ceux qui ont vécu ce drame n’ont pas oublié, la douleur est inextinguible et certaines colères explosives. On sent dès le début que le pire peut se reproduire. A moins qu’on ne puisse sortir du cercle vicieux de la violence.
    Je ne vous dirai pas ce qu’il en est car cette trilogie mérite vraiment qu’on s’y plonge et qu’on la donne à lire aux adolescents. Ces romans jeunesse ne les prennent pas pour des « niaiseux » comme dit l’auteur. Celui-ci leur parle comme à des adultes, comme il aurait aimé qu’on lui parle au même âge. Et il fait mouche !

    Je donne le premier tome à mes élèves et chaque année, cela les bouleverse et les fait réagir. J’attends avec impatience que ces ouvrages soient enfin disponibles en Europe pour les proposer tous.

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  • Le monde dans la main, Mikaël OLLIVIERPierre a tout pour être heureux. Plutôt pas mal, même si trop timide avec les filles, il a seize ans, une sœur pleine d’humour, un père et une mère unie, une vie de rêve baignée par des études musicales à Versailles…
    Enfin ça, c’était avant que sa mère ne disparaisse mystérieusement sans laisser d’adresse !
    Alors tout bascule, tut chavire et Pierre découvre que, sous une apparence très sage, sa famille cache d’inavouables secrets.
    Il lui faudra devenir un autre, moins raisonnable, plus amoureux, pour s’apercevoir qu’enfin, le monde est dans sa main.

    Mon avis : 

    Pierre, 16 ans, a une vie ordinaire : des parents, une sœur, des grands-parents. Il vit à Versailles et étudie le piano. Pour son anniversaire, il va chercher une nouvelle chambre chez Ikea (cet épisode dans le magasin est un morceau d’anthologie). Sa mère énervée de voir que rien ne rentre dans le coffre s’éloigne… et disparait. Toute la vie de Pierre va s’en trouver bouleversée bien plus qu’il ne l’imagine.

    Ce départ inattendu et surprenant de la part d’une épouse et d’une mère attentionnée, aimante, presque parfaite, inquiète. Après l’incompréhension, la colère, la peine, vient la réflexion sur les causes. Sous l’impulsion de Pierre les langues se délient, des secrets de famille sont dévoilés et les masques tombent. Pierre comprend aussi que le hasard joue souvent un rôle curieux dans la vie.
    Mikaël Ollivier décrit avec précision les petits défauts de chacun, les anecdotes familiales, ce qui constituent les bons et moins bons moments… Il nous livre un portrait de famille plausible et finement observé. L’ado mal dans sa peau, mal à l’aise avec les filles, ayant besoin de repères pour avancer va prendre de la maturité. Face à son père déprimé, il prend les choses en main et se montre à la hauteur.

    Ce roman d’apprentissage intimiste devrait plaire aux adolescents à partir de 14 ans. Le talent de Mikaël Ollivier y est, une fois de plus, présent. Les émotions sont mises en scène avec doigté, qu’il s’agisse de rupture, de peur, d’abandon, de tendresse ou d’amour. Mais c’est le personnage de Pierre qui m’a le plus plu. D’une grande sensibilité, il fait preuve au fil du temps d’une force de caractère insoupçonnée et d’une belle vivacité d’esprit. Les adolescents devront se reconnaitre en lui.

    Petit bémol pour la fin ; à mon avis, le dernier chapitre est de trop. On aurait pu finir sur le réveillon de Noël.

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  • Virginia Wolf, Kyo MACLEAR & Isabelle ARSENAULTVirginia, la sœur de Vanessa, est d’humeur féroce – elle grogne, elle hurle à la lune et elle fait des choses très étranges. Elle est prise d’un cafard si intense que toute la maison semble sens dessus dessous.
    Vanessa fait tout ce qu’elle peut pour lui remonter le moral.

    Mon avis : 

    Il y avait longtemps que je n’avais plus lu d’album illustré ; depuis que mon fils n’en lit plus, en fait. Mais j’ai été attirée par la délicatesse des dessins d’Isabelle Arsenault. Et finalement, c’est le tout qui m’a séduite.

    Un matin, Virginia se réveille d’une humeur de loup. Tout l’ennuie, elle grogne et ne veut voir personne. Sa sœur va alors tout mettre en œuvre pour la dérider. Mais rien n’y fait. Jusqu’à ce que Virginia lui confie qu’elle voudrait voler jusqu’à Bloomsberry, un endroit magnifique selon elle. Vanessa n’a aucune idée d’où se trouve ce jardin mais elle le crée avec ses peintures et ses pinceaux.

    Cette histoire d’une petite fille extrêmement triste sans raison apparente, est d’une grande sensibilité. C’est sa sœur qui nous raconte cette journée particulière et comment elle déploie des trésors d’imagination pour rendre le sourire à Virginia. Les dessins sont en accord avec le texte. Chaque idée nouvelle est illustrée de dessins colorés ; chaque échec de dessins noirs sur fond monochrome blanc ou bleu pastel. Lorsque Virginia semble au fond du trou, on ne distingue plus que des silhouettes et celle de Virginia se distingue par ses oreilles de loup. (On découvrira à la fin de quoi il s’agit.)

    La lecture au premier degré de ce très bel album permet aux enfants de se rendre compte qu’il est normal d’être parfois triste ou sombre sans savoir forcément pourquoi. Et qu’a contrario, on peut rendre le sourire à quelqu’un de mal dans sa peau. On peut aussi voir la beauté de la nature ou l’art comme un moyen de chasser ses idées noires.
    Mais cette histoire est aussi celle de Virginia Woolf. L’auteure souffrait de troubles mentaux, elle était bipolaire, sa sœur était peintre et, dans les années vingt, chacune faisait partie d’un groupe d’artistes nommé Bloomsbury. De plus, on ne fait aucune allusion aux parents des fillettes dans cette histoire et Virginia Woolf a perdu ses parents alors que sa sœur et elle étaient adolescentes.

    Cet album raconte une histoire forte joliment mise en images. On sent d’un bout à l’autre l’amour et la tendresse qui unissent les deux sœurs. Les dessins sont plein de fantaisie et d’originalité et s’associent merveilleusement bien au texte. Virginia Wolf est une histoire intelligente et touchante. Et heureusement, elle se termine mieux que la vie de la vraie Virginia.

     

    Virginia Wolf, Kyo MACLEAR & Isabelle ARSENAULT

     

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