• Dernier tome de la trilogie de Marie-Lune, cet opus est encore plus grave que les autres.

    Trois ans se sont écoulés et la jeune femme s’est installée à Montréal. Mais elle n’est pas remise des bouleversements traversés à l’adolescence. Suivie par une psychologue, elle survit plutôt qu’elle ne vit quand une mauvaise nouvelle de plus lui parvient. Elle part alors se réfugier au lac Supérieur, la région qui l’a vue naître. Fortement ébranlée, elle est au bord de la rupture. Des sœurs cloîtrées la trouveront gisant près des chutes de la Boulée et la recueilleront jusqu’à son rétablissement.

    Sans révéler la fin, je peux quand même dire qu’après autant de malheurs, le livre se referme quand même sur une note d’espoir.

     

    Ce qui m’a le plus frappé dans cette trilogie c’est l’inconséquence des adultes qui entourent cette enfant. Malmenée par la vie, elle n’a jamais vraiment pu compter sur aucun pour l’épauler. Confrontée très jeune aux pires difficultés, elle a toujours dû prendre seule des décisions très lourdes pour une adolescente. Ce n’est qu’un roman, diront certains. Hélas, un roman très proche de ce que vivent certains jeunes que je côtoie.  

    Alors que la littérature nous parle plutôt des adulescents l’auteur traite des enfants avançant seul parmi ces adultes immatures. Dominique Demers semble aimer les sujets difficiles. La longue descente aux enfers de Marie-Lune et la rencontre qui lui permettra de faire le point n’est pas non plus un choix de facilité. Aborder le thème de la religion était un pari risqué. Pourtant, aujourd’hui comme hier, les jeunes se posent la même question du sens de la vie. Et même si la religion et la foi semblent taboues de nos jours, elles ont le mérite de proposer une réponse. A chacun de prendre ou de laisser. C’est ce que l’auteur semble dire : croyez en quelque chose, trouvez vos racines, donnez-vous un but. Rien de plus.

    Au final, cette trilogie qui a pourtant vingt ans est d’une terrible modernité. Faut-il s’en réjouir ? Ou regretter que les choses évoluent si peu ?

      

     

     

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  • Les grands sapins ne meurent pas, Dominique DEMERSLa tempête fait rage dans le cœur de Marie-Lune. À quinze ans, elle a vécu trop d’émotions en trop peu de temps. Heureusement, il y a Antoine. Lorsqu’elle plonge dans ses bras, elle a moins mal. Mais, un nouveau choc bouleverse sa vie et Marie-Lune doit prendre de graves décisions...

    Mon avis :

    Suite de « Un hiver de tourmente », ce 2e tome nous relate la suite des aventures de Marie-Lune. Après avoir perdu sa mère, elle doit affronter un nouveau passage difficile dans sa vie : elle est enceinte. A quinze ans à peine, c’est beaucoup d’émotions et de responsabilités. Elle devra choisir entre avorter ou le garder, l’élever ou le faire adopter. Antoine sera-t-il à ses côtés pour l’épauler ? Que d’épreuves pour cette adolescente !

    Une nouvelle fois, Dominique Demers nous plonge dans l’émotion. Impossible de retenir une larme devant tant de douleurs de vivre. Le personnage reste cohérent : Marie-Lune a mûri mais n’a pas encore guéri de la perte de sa mère. Elle se comporte tour à tour comme une femme déterminée et comme une petite fille apeurée. L’auteur ne porte aucun jugement, elle se fixe seulement sur le choix cornélien et la décision à prendre sans jamais s’apitoyer ou verser dans le mélo. C’est toute la force du livre.

    Bien loin des bluettes proposées aux ados d’habitude, ce livre atteint son but en leur parlant des choses difficiles qu’elles peuvent vivre. Une très belle suite.

      

      

    Les grands sapins ne meurent pas, Dominique DEMERSLes grands sapins ne meurent pas, Dominique DEMERSLes grands sapins ne meurent pas, Dominique DEMERS

     

     

     

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  •  Un hiver de tourmente, Dominique DEMERSElle s’appelle Marie-Lune, mais on dirait plutôt une Marie-Tempête. Elle habite au bord d’un lac, en plein bois, presque le bout du monde. Heureusement, il y a Antoine. Il est grand et beau, et ses yeux verts brillent comme la forêt autour du lac, les matins d’été. Un grand coup de foudre, mais le ciel est lourd de tempêtes...

     Mon avis :

    Paru au début des années 90, cette trilogie pour la jeunesse est devenue un classique de la littérature québécoise. Après avoir bouleversé trois générations d’adolescents, elle a été rééditée cette année.

    C’est l’histoire d’une jeune fille de quinze ans, forte et déterminée. Elle vit dans un endroit idyllique, au bord d’un lac, mais rêve d’habiter Montréal la trépidante, la vivante. Fille unique, son univers s’ébranle le jour où sa maman tombe malade. Mais au même moment, elle vit son premier amour et est écartelée entré les sentiments contradictoires qu’elle ressent. 

    Dominique Demers nous montre dans ce court récit, que l’adolescence n’est pas toujours rose et que les jeunes vivent aussi des moments difficiles et douloureux. Moments que les adultes ont parfois tendance à minimiser. Cela peut les réconforter de lire que les héros d’un roman vivent aussi toutes sortes de drames.

    L’écriture légère mais dense de l’auteur fait remonter des émotions profondes comme l’amour, la peur, la souffrance, la culpabilité que l’on peut ressentir face à la vie elle-même.

    Un premier tome qui fait mouche et donne envie de suivre Marie-Lune afin de découvrir ce que sera sa vie.

     

     Un hiver de tourmente, Dominique DEMERSUn hiver de tourmente, Dominique DEMERS

     

     

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  • Le comédien malgré lui, Michel QUINTA vingt ans, malgré des études de médecine prometteuses, Ingrid se mure mystérieusement dans le silence… au grand dam de sa mère qui décide d’embaucher un comédien professionnel pour lui faire recouvrer la parole. A la suite d’un quiproquo, Baptiste Février, jardinier paysagiste, est chargé par la riche châtelaine de faire advenir le miracle qui sauvera sa fille. Mais passer des légumes à l’art dramatique se révèle périlleux, surtout quand de sombres histoires de famille surgissent.

     

    Mon avis :

     

    Michel Quint propose ici un roman pour les jeunes lecteurs dans une collection qui leur est dédiée, « Etonnantissimes » chez Flammarion. Cette collection propose aux adolescents de redécouvrir des classiques (Gaboriau, Mirbeau, Sauvageot…) et des œuvres contemporaines en lien avec des classiques de la littérature française. C’est le cas ici puisque le récit est une actualisation du « Médecin malgré lui » de Molière. Pas une adaptation mais une histoire parallèle imaginée par Michel Quint.

     

    J’aime beaucoup l’imaginaire de Michel Quint mais je n’ai pas toujours goûté son style. J’ai été heureuse de découvrir ici une autre facette de son talent. Adapté à un jeune public, le texte est fluide, enlevé, la langue vive et précise et la construction des phrases, classiques. L’humour est aussi bien présent dans ce court récit qui se lit en quelques heures.

    On retrouve au sein de ce roman l’amour de l’auteur pour le théâtre et les classiques auxquels il fait allusion (Figaro, Rodrigue…) ainsi que celui de son Nord natal, l’intrigue se situant au cœur de Lille.

    Malgré une histoire qui pourrait se jouer en un lieu clos, le récit nous emmène hors des sentiers battus et l’auteur utilise toute une palette narrative pour nous faire virevolter de page en page sans que notre intérêt ne faiblisse.

     

    Une vraie comédie classique, remise au goût du jour ; des personnages consistants ; un regard attendri de l’auteur pour ses héros… bref, un moment de pur bonheur.

     

     

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  • Breaking the wall, Claire GRATIASJuillet 1989. A Berlin Est, Markus Schloss se réfugie dans un mutisme incompréhensible suite à une crise cardiaque tandis que Klaus Weber, qui vit à l’Ouest, se laisse convaincre par une jeune documentariste française de raconter pour la première fois son passé. Chacun, au même moment, se replonge dans ses souvenirs. Pour bien comprendre le line qui existe entre les deux hommes, il faut connaître l’histoire d’Anna…

     

    Mon avis :

     

    Alternant les souvenirs de Klaus et ceux de Markus, le passé et le présent, Claire Gratias nous plonge d’emblée dans l’atmosphère pesante du Berlin de la Guerre froide. Dès le départ, le climat est tendu et l’on sait qu’un drame va se jouer sous nos yeux. Il ne peut en être autrement. D’autant qu’au centre de l’intrigue, il y a une jeune fille, Anna. Insouciante, comme n’importe quelle adolescente, Anna tient un journal et c’est par sa plume que nous découvrons la genèse de l’histoire, dans les années 70. Trois points de vue éclairant un passé commun.

     

    Malgré un décor historique très lourd, Claire Gratias parvient à nous offrir un roman captivant. Au fil des dévoilements du récit, à travers les souvenirs de ces deux hommes et du journal d’Anna, l’histoire se tisse et le lecteur recompose la chronologie des événements. L’époque joue un rôle essentiel dans cette histoire. La peur, l’insécurité, le climat de délation concourent à forger les êtres et les événements dont il est question ici. C’est ce qui rend intéressant ce classique triangle amoureux.

     

    Ce récit poignant, au style impeccable et au rythme soutenu, est l’occasion pour les jeunes de découvrir une époque proche et pourtant totalement méconnue d’eux. Une manière intelligente d’aborder l’Histoire et de s’interroger sur notre humanité.

    J’ai vraiment adoré ce livre 

      

    Breaking the wall, Claire GRATIAS

      

      

     

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  • Terminale Terminus, Thierry ROBBERECHTLouis, un adolescent au grand corps maigre et voûté, est le souffre-douleur de ses camarades durant ses trois années de lycée. Par la faute de quelques-uns et avec la complicité de tous, son quotidien devient un cauchemar. Jusqu’au jour où il est victime d’un accident mortel.

     

    Mon avis :

     

    Alexia, la jeune sœur de Louis, est anéantie par sa mort tragique, comme le reste de la famille. Mais elle veut comprendre. Que faisait son frère dans ce quartier si éloigné du leur ? Pourquoi le chauffard qui l’a renversé ne s’est-il pas arrêté ? Pourquoi la police classe-t-elle si vite l’affaire, fataliste ?

    Elle cherche à savoir qui était son frère, son aîné d’un an, si fermé, si secret. Peu à peu va se dessiner une face inconnue de ce frère tant aimé.

     

    L’histoire alterne les pensées d’Alexia, narratrice et investigatrice, et les passages du journal intime de Louis. Les deux voix se croisent éclairant peu à peu le lecteur.

    Construit comme un polar, ce récit psychologique nous ouvre aussi les pensées intimes d’un jeune garçon fragile, mal dans sa peau, souffre-douleur muet des petites frappes de la classe devant l’indifférence des autres et du corps professoral. Même ses parents ne veulent rien voir, sans doute parce que la vérité serait trop dure à affronter. Et Louis s’enfonce, s’enlise dans son mal être. Seul N. semble être son ami. Un ami bien mystérieux dont personne n’a jamais entendu parler.

     

    Ce récit sombre et fort met le doigt sur la fragilité des relations familiales, sur la distorsion entre apparences et réalité. L’écriture est grave, le récit angoissant. Chacun en prend pour son grade : les petits voyoux, les élèves qui laissent faire, les adultes qui ne jouent pas leur rôle… Combien de Louis côtoie-t-on au quotidien ? Et si on en sauvait un ?

      

    Roman jeunesse de qualité, les ados ne s’y sont pas trompés en lui octroyant le prix Farniente 2012.

     

     

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  • Goodbye Berlin, Wolfgang HERRNDORFDeux adolescents, une vieille Lada et l’été qui s’offre à eux. Deux perdants pas même invités à la fête d’anniversaire de la plus jolie fille du lycée mais qui, cet été-là, vont vivre les moments les plus fous de leur existence.

     

    Mon avis :

     

    Traduit de l'allemand par Isabelle Einderlein, ce roman m’a surprise par sa construction et son style. Ce n’est pas le genre de roman que l’on a l’habitude de lire en littérature jeunesse. La narration n’est pas linéaire - elle suit les pensées de Maik qui raconte son été à la manière d’un road-movie - le récit ne met pas en scène des ados sympas à qui tout réussi, les bons et les méchants ne sont pas distinctement nommés…

     

    Si Maik et Andrej, surnommé Tschick, avaient été invités à l’anniversaire de Tatiana, rien ne serait arrivé. Mais voilà, ils ne sont pas invités. Les parents de Maik sont absents pour quinze jours et Andrej est livré à lui-même. Ils décident de s’offrir des vacances et partent à l’aventure avec une vieille Lada empruntée. Vielles canailles. Andrej, veut rejoindre son grand-père en Valachie. Sans carte et sans bien savoir où cela se situe, ils vont, à quatorze ans, emprunter des itinéraires et des routes improbables pour parvenir à leur destination.

     

    Ce duo surprenant, constitué d’un fils de bonne famille dont la famille se déglingue et d’un jeune Russe alcoolique, désœuvré et placé dans un home, va vivre une succession d’aventures et de rencontres atypiques qui les marqueront pour toujours. Ces rencontres et l’amitié sincère qui va naître entre les protagonistes est l’axe central du récit. On sent que toutes ces épreuves, ces faits vécus ne vont que renforcer les liens entre ces deux adolescents qui n’avaient rien en commun au départ, si ce n’est d’être considérés comme des loosers par leur classe.

     

    Les actes un peu déjantés des héros, l’écriture enlevée de l’auteur, l’humour savoureux et le regard tendre qu’il porte sur ces personnages nous emmènent dans une aventure rocambolesque à laquelle on adhère dès le départ. Spontané et plein de fraîcheur, ce récit m’a beaucoup plu.

      

      

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