• Les larmes du Lagon, Nicolas FEUZTanja Stojkaj a quitté Neuchâtel et s'est exilée en Polynésie française avec sa mère et son fils pour les protéger de la mafia balkanique. Sur un motu de Bora Bora, elle mène une vie paisible jusqu'à la découverte d'un corps près du récif corallien. La gendarmerie conclut rapidement à une attaque de requin. Refusant que l'affaire soit classée, Tanja cède à ses anciens réflexes d'enquêtrice et découvre, derrière les eaux turquoise et les plages de sable blanc de la Perle du Pacifique, l'envers de la carte postale : trafics, pauvreté, croyances occultes, matériel militaire à l'abandon, pollution du lagon. Au-dessus de tout cela plane l'ombre d'un mensonge : celui de la politique métropolitaine et des essais nucléaires français. Du paradis à l'enfer, il n'y a qu'un pas. Et un torrent de larmes.

     

    Mon avis :

     

    Le prologue nous annonce d’emblée qu’un drame s’est produit. En bon procureur, Nicolas Feuz remonte la piste des indices et des rencontres effectuées par la victime pour comprendre ce qui s’est passé.

    Tanja s’est refugiée à Bora Bora où personne ne sait qui elle est. Elle a emmené sa mère et son fils et fait croire à tous qu’ils étaient décédés. Seule Flavie, sa conjointe sait qu’elle est en vie mais, pour sa propre sécurité, ignore où elle se cache.

    Sur la plage, son fils découvre, un jour, un doigt humain. Elle, le corps d’une jeune femme mutilé. Elle en informe la police qui déclare trop vite à son goût qu’il s’agit d’une attaque de requin et classe l’affaire. Contre la promesse faite à sa mère, elle va mener l’enquête et se mettre en danger.

    En parallèle, elle aide Flavie sur une enquête suisse qui lui mène la vie dure. Pour elle, elle arpente le darknet à la recherche d’un prédateur sexuel. Enquête qui fait l’objet d’un roman parallèle « Brume rouge ».

     

    J’ai aimé l’intrigue et la manière dont Nicolas Feuz l’a construite. On découvre à la fois la Polynésie, ses habitudes et ses croyances, mais aussi son histoire avec un retour en arrière sur l’affaire du Rainbow Warrior qui défraya l’actualité durant de long mois dans les années 80. Ce bateau de Greenpeace était le fer de lance de l’organisation dans son combat contre les essais nucléaires dans le Pacifique avant qu’une attaque des services secrets français ne l’envoie par le fond.

     

    Je découvre l’auteur avec ce roman et me rend compte que son héroïne n’en est pas à sa première aventure. Qu’à cela ne tienne, je ne respecterai pas la chronologie mais les lirai malgré tout. Un auteur à noter sur la liste de mes préférés.

     

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  • Les effacées, Bernard MINIEREn Galice, un tueur kidnappe des femmes qui se lèvent tôt pour aller travailler. Des invisibles. Des effacées.

    A Madrid, un autre assassin s’en prend à des milliardaires et laisse sur les murs de leurs résidences ce message : « TUONS LES RICHES ».

    Deux tueurs, deux mondes. Et le spectre d’un embrasement général, d’une confrontation de classes inédite et explosive. Les enjeux sont vertigineux.

    Quand elle reçoit les messages d’un expéditeur anonyme, la question se pose à Lucia : serait-elle devenue un simple jouet entre les mains des deux tueurs ?

     

    Mon avis : 

    Quand j’ai reçu le roman de Bernard Minier, j’étais en joie. J’allais enfin découvrir cet auteur que j’ai rencontré trois fois en salon mais jamais lu (par manque de temps). J’ai un peu déchanté en apprenant qu'il s’agissait d’un second roman, la suite de Lucia. Malgré tout, je me suis lancée et même si certaines références m’ont manqué, j’ai pris un certain plaisir à lire ce 2e tome dont l’intrigue est indépendante de 1er.

    Dans le nord de l’Espagne, en Galice, des jeunes femmes disparaissent. Ce sont des femmes ordinaires, sans histoire, séquestrées avant d’être tuées. Lucia Guerrero est chargée de l’enquête. Mais voilà qu’à Madrid, des milliardaires sont assassinés. Y a-t-il un lien entre ces deux dossiers ? Il faut que Lucia laisse son premier dossier pour enquêter. Elle va se retrouver au cœur des deux affaires, de ces deux lieux, de ces milieux différents.

     

    J’ai découvert une enquêtrice au caractère bien trempé, entière et parfois sur le fil des procédures. Lucia « la guerrière » ne pratique pas la langue de bois et cela lui joue parfois des tours. C’est une femme forte, dans un milieu d’hommes. Elle fait face au sexisme, à la pression de ses supérieurs et tente de gérer sa vie privée malgré un travail envahissant. Humaine, elle est touchée, tout comme nous, par la cruauté et les horreurs qu’elle affronte dans son quotidien.

    J'ai aimé une incursion dans le monde de l'art (un des enquêteur appartient au groupe du patrimoine historique de la Guardia Civil) et ai découvert avec plaisir le musée d'art abstrait de Cuenca.

    J’ai apprécié l’écriture de Bernard Minier, soignée, énergique, rythmée au service d’une histoire sans temps mort. Dans son récit, il jette un regard sans concession sur la société espagnole et ses inégalités et dénonce la violence faite aux femmes. Lucia en fera elle-même les frais. A cette occasion, Bernard Minier aborde le phénomène des Incels (Involuntary celibates) qui prônent la haine des femmes et leur soumission et cela fait froid dans le dos.

    Comme tout bon thriller, il nous étonne par ses rebondissements et ses surprises et nous plonge dans les tréfonds de l’âme humaine, parfois difficilement supportables.

     

    Merci à La Foire du Livre et aux éditions XO pour ce service presse.


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  • Le passager d'Amercoeur, Armel JOBEn 1988, dans la vallée de l'Aisne, le cadavre de Grâce Modave est découvert au pied d'une falaise, près de sa villa isolée. Si les gendarmes concluent rapidement à un suicide, l'attitude du veuf engendre certaines questions. Ancienne gloire du football local et propriétaire d'un magasin de chaussures, Maurice Modave a également une relation fusionnelle avec sa mère. 

     

    Mon avis :

     

    « Le passager d’Amercoeur » est le 11e Armel Job que je lis. A chaque roman, on découvre un tranche de vie, celle du héros ou de la victime, celle d’un village… Ici, un narrateur omniscient nous divulgue par petites touches la vie de Maurice Modave, dit Momo, commerçant et footballeur amateur. Comme chaque fois, l’histoire se déroule dans un passé relativement proche et cette fois dans des quartiers que je connais bien. Ce qui a ajouté du plaisir à ma lecture.

     

    Nous sommes fin des années 80. Momo qui tient un magasin de chaussures à Liège, vit à Forville dans la vallée de l’Aisne. Un soir, en rentrant chez lui, il est accueilli par la police qui lui annonce le suicide de son épouse. Mais le randonneur qui a découvert le corps commence à mener l’enquête car certains détails l’intriguent.

    Aux deux tiers du roman, j’avais compris l’intrigue. Enfin, je le pensais. Armel Job allait m’étonner avec un élément que je n’attendais pas.

     

    De facture classique, cette enquête nous permet de rencontrer des personnages à la psychologie fouillée et comme souvent chez l’auteur, avec des blessures et des fêlures cachées. C’est ce qui me plait dans les romans d’Armel Job : derrière l’histoire, l’enquête, il y a des personnages vrais, qui pourraient être nos amis ou voisins, et dont la vie, un jour, est impactée par un fait accidentel et imprévisible. Et outre l’enquête, c’est aux relations humaines qu’il porte son attention. Et c’est chaque fois différent et réussi. Quant au suspens du livre, il doit beaucoup à la manière dont l’auteur nous raconte l’histoire et nous mène vers cette fin. Une narration imparable.

    Un vrai plaisir de lecture, une fois encore.

     

     

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  • Dans mon obscurité, Valentin MUSSOEt s’il fallait affronter l’obscurité pour trouver sa vraie lumière ? 

    Trois femmes unies par un lien secret, qui devront se battre pour faire face à une menace invisible.
    Dans ce roman aux rebondissements plus inattendus les uns que les autres, Valentin Musso tisse un suspense psychologique implacable et nous manipule jusqu’aux dernières pages.
     

     

    Mon avis :

     

    Emma, jolie jeune femme dans la vingtaine sort peu et ne voit personne. Aveugle depuis un accident, elle travaille à domicile comme traductrice en braille. Christelle, sa seule amie, l’invite un soir à une fête de son bureau. Elle s’y rend avec des pieds de plomb n’aimant pas sortir de ses habitudes.

    Ludivine est lycéenne à Rennes. Bonne élève, jeune fille sérieuse, ses amis d’enfance, Solène et Lucas, sont tout son univers. Jusqu’à ce qu’un nouvel élève arrive dans sa classe.

    Zora, maman d’une fillette de 3 ans est inspectrice à la brigade criminelle de Paris. Récemment séparée de son mari, elle ne vit que pour sa fille et son travail. Un jour, un dossier de Cold Case atterrit sur son bureau. Contre l’avis de son chef, elle va mener l’enquête en douce.

    Le hasard, les circonstances vont les mettre en contact. Comment ? Pourquoi ? C’est la question qui nous taraude jusqu’aux deux tiers du roman où les pièces commencent à s’assembler.

     

    Comme toujours avec Valentin Musso, les apparences sont trompeuses et la chute inattendue. Entré dans une atmosphère assez oppressante dès le départ, il nous présente deux histoires en parallèle, alternant les chapitres racontant l’histoire de Ludivine et celle d’Emma. La psychologie des personnages est dressée avec soin au fil des pages et l’histoire ancrée dans la société de notre époque.

    Le rythme est assez lent, nous permettant d’entrer en empathie avec les héroïnes et quelques rebondissements font voler en éclats nos certitudes au moment où on ne s’y attend pas. Cela permet au suspens de se maintenir jusqu’au bout.

     

    Un thriller délassant et tout en finesse où les rapports humains tiennent une place primordiale. Un récit différent des précédents ; Valentin Musso se renouvèle à chaque roman et c’est appréciable.

    Un bon moment de lecture.

     

     

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  • Incendie nocturne, Michaël CONNELLYAlors qu'il est aux obsèques de son mentor John Jack Thompson, Harry Bosch apprend le vol d'un dossier aux scellés par ce dernier. L'enquête non résolue concerne l'assassinat d'un jeune homme dans une ruelle connue pour ses trafics de drogue. Avec l'aide de Renée Ballard, Harry tente d'élucider cette affaire et de comprendre les raisons qui ont poussé John Jack à s'emparer du dossier. 

     

    Mon avis :

     

    Je retrouve Michael Connelly et Harry Bosch après dix ans d’interruption. Entre temps j’ai regardé avec plaisir la série télé avec Titus Welliver dans le rôle-titre. Puis une amie m’a prêté gentiment son roman et même si c’est le 25e tome et que je m’étais arrêtée au 16e, j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans cette enquête et retrouver ce policier aux humeurs imprévisibles. Comme nous tous, il vieillit, souffre du genou, n’est plus aussi alerte physiquement mais l’esprit reste vif.

     

    Comme à son habitude, Harry Bosch se lance ici dans un nouveau cold case que la veuve de son mentor lui remet après sa mort : le meurtre non élucidé d’un jeune homme, il y a 20 ans. Il est pourtant bien occupé par une enquête en cours sur la mort d’un SDF brûlé vif dans son sommeil. Obsessionnel, il n’aura de cesse de découvrir la vérité avec l’aide de la jeune inspectrice Ballard ; d’autant qu’on comprend assez rapidement que les deux enquêtes sont liées. Ils vont chacun investiguer dans les milieux glauques de Los Angeles pour trouver la vérité ; minutieusement, pas à pas, échangeant régulièrement leurs découvertes.

     

    Les chapitres alternent entre les démarches de l’un et de l’autre pour nous mener près de 500 pages plus tard à l’épilogue de l’histoire. La structure du roman est classique, structurée et l’écriture de Connelly toujours aussi agréable. Il propose quelques retournements de situation qui relancent l’intérêt sans abuser du procédé et cela rend la lecture addictive.

    J’ai découvert que ce duo d’inspecteurs en était à sa troisième enquête. L’ayant trouvé efficient et attachant, je vais me procurer les précédentes pour mieux apprécier l’évolution de leur relation.

     

     

     

     

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  • Code Kanun, Michel CLAISENuit agitée pour Julie Pasteur-Dhoose, la juge d’instruction d’astreinte. Vers 2 heures du matin, elle est réveillée par Réginald Vertongen, le procureur. Un corps criblé de balles a été découvert en ville. La victime, d’origine albanaise, portait un bracelet électronique. Qui est le ou les assassins ? Pourquoi ce meurtre ?

    De Bruxelles à Tirana, d’Anvers à Bogota, le roman nous entraîne dans les mondes interlopes de la prostitution, du trafic de drogue et du blanchiment d’argent, au cœur d’une guerre sans merci, entre les mafia albanaises et marocaines dans le deuxième plus grand port du monde : Anvers.

     

    Mon avis :

     

    Ce dernier roman de Michel Claise, juge d’instruction, est passionnant. A travers les portraits de trois personnages, tous Albanais, il nous explique l’Histoire d’un pays d’Europe, malmené pendant des siècles, envahi, exploité, dominé et dont le peuple a longtemps vécu dans une pauvreté extrême. Pour fuir cette pauvreté, des milliers d’Albanais ont quitté leur pays d’origine pour l’Europe de l’Ouest ou les Etats-Unis. Leur but : gagner bien leur vie pour envoyer de l’argent au pays à leur famille.

     

    Sans édulcorer les faits et sans accabler tous les Albanais, Michel Claise nous relate une enquête pour meurtre dont les ramifications entrainent le lecteur de Bruxelles à Anvers, Tirana et Bogota. On remonte le fil de l’histoire tentaculaire et on plonge au cœur d’un trafic de drogue, d’une entreprise de prostitution, on assite à des luttes d’influence, on comprend les filières de blanchiment d’argent, les accointances entre milieux et clans et la corruption qui atteint tous les niveaux de pouvoir.

    Et puis, il y a le fameux Code Kanun qui donne son nom au roman. Ce code de règles à respecter est fondé sur quatre piliers : l’honneur, l’hospitalité, la rectitude et la loyauté. Elaboré au XVe siècle pour contenir l’anarchie et la violence de la société, il reste aujourd’hui difficilement modifiable. Divers dirigeants ont essayé de l’éradiquer mais certaines régions du nord de l’Albanie y sont très attachées. Un des usages les plus connus est « la reprise du sang » qui encadre la vendetta : un meurtre doit être vengé par le meurtre d’un homme de la famille du coupable. Ce code qui est permet de faire justice soi-même oblige régulièrement des hommes à s’enfermer dans des tours de claustration utilisée comme refuge pour garder la vie sauve car elles sont inviolables. Mais même des années plus tard, en sortir c’est signer son arrêt de mort.

     

    L’actualité rattrape le roman puisqu’un procès s’ouvre aujourd’hui pour juger une filière albanaise et ses 125 prévenus, tous accusés de divers délits et crimes. Et l’on prend la mesure de cette immense et complexe toile d’araignée qui ne respecte aucune règle, aucune loi.

    Michel Claise parvient à mettre toutes ces complexités à la hauteur de ses lecteurs au sein d’une histoire basée sur son expérience de terrain et sa grande connaissance de l’Albanie. En filigrane, il interroge l’Etat sur l’efficacité de la lutte contre la criminalité et l’influence que ces mafieux ont sur notre société.

    Un récit intelligent, passionnant et édifiant.

     

     

     

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  • L'affaire Echallier, Stanislas PETROSKYFévrier 1888, Claude Moiroux, vannier sans histoires, est sauvagement agressé en son domicile de Saint-Romain-aux-Monts-d’or, près de Lyon. Appelé sur les lieux du fait de l'étrangeté des blessures reçues par le vieil homme, le professeur de médecine Alexandre Lacassagne se trouve confronté à un cas inédit. Avec l'aide de son assistant Ange-Clément, un ex-Apache au passé mystérieux, le scientifique va tenter une expérience hors du commun pour l'époque et mettre en place des techniques d'analyses encore utilisées aujourd'hui par les polices scientifiques du monde entier.

     

    Mon avis :

     

    Stanislas Petrosky nous propose ici la deuxième enquête d’Alexandre Lacassagne, basée sur les rapports rédigés par celui-ci à la fin du 19e siècle. Pour ceux qui l’ignoreraient, le professeur Lacassagne est Lyonnais et l’un des fondateurs de la médecine légale moderne et de la police scientifique. Ses recherches et méthodes d’investigation ont projeté la médecine légale dans le 20e siècle et sont encore utilisées aujourd’hui.

    L’affaire abordée ici est véridique. Seul le personnage d’Ange-Clément sort de l’imagination de l’écrivain. C’est Ange-Clément qui raconte. Petrosky veille cependant à coller au plus près de la réalité, n’hésitant pas à citer ses sources. Malgré cela, la narration est fluide et emporte aisément le lecteur qui est immergé au cœur du Lyon de 1899, retranscrit avec fidélité. La résolution du crime tient en haleine et les 200 pages s’avalent en quelques heures. Le récit est suivi d’un dossier d’enquête, de photos et de rapports. C’est précis, minutieux même.

     

    Je vous invite à découvrir ses excellents écrits si ce n’est déjà fait.

     

     

     

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