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Par argali le 25 Novembre 2017 à 00:00
Côte-Nord, mai 2015, Michel O’Toole, un journaliste québécois d’origine irlandaise, disparait sans laisser de trace alors qu’il roulait à moto sur la route 389, qui relie Fermont à Baie-Comeau. L’enquête policière n’ayant pas abouti, huit auteurs donnent leur version des faits.
Mon avis :
Ce recueil de nouvelles est un ouvrage collectif auquel des écrivains québécois parmi les plus connus ont participé, comme Chrystine Brouillet, Stéphanie Pelletier, Tristan Malavoy, ou Patrick Senécal. Huit auteurs ont été sollicités afin de trouver les causes de la disparition du journaliste Michel O’Toole. Un texte d’introduction signé Malavoy nous explique d’emblée qu’il a disparu dans le cadre d’un reportage pour le magazine L’Actualité sur la route 389. D’origine irlandaise, cet homme dans la cinquantaine était un journaliste réputé réalisant la plupart de ses déplacements à moto. Elle n’a pas non plus été retrouvée.
Avec leur style propre, leur enquêteur fétiche (j’ai croisé Maud Graham avec plaisir) ils construisent un passé à O’Toole, des amis et des ennemis, des raisons de disparaître… chaque histoire s’inspirant de ce qui a précédé. Les épisodes d’un récit écrit en italique nous font suivre le parcours d’un homme traqué ayant intérêt à quitter l’Irlande au plus vite. L’écriture vive, un peu fiévreuse, de Deni Béchard introduit ainsi les sept nouvelles de ses confrères.
J’ai passé un moment agréable à découvrir ces histoires et la manière dont chacun a donné corps à ce Michel O’Toole. Hélas toutes ne sont pas du même niveau et si j’ai beaucoup aimé l’hypothèse de Tristan Malavoy -et découvert sous sa plume la ville fantôme de Gagnon- ou le passé trouble que Perrine Leblanc lui a imaginé de si belle façon, je suis restée sur ma faim pour d’autres et n’ai carrément pas compris où Mathieu Laliberté voulait en venir avec ses extraterrestres. Patrick Senécal, lui, clôture ce recueil dans un style tout personnel.
J’aurais aimé découvrir des récits clairement plus policiers mais à la place, les auteurs ont préféré décrire la personnalité de Michel O’Toole et lancer des hypothèses sur sa fin de vie.Malgré tout, l’ensemble du recueil est cohérent et les nouvelles mises bout à bout dépeignent une vie tumultueuse et tout à fait plausible à ce mystérieux personnage. A tenter pour se faire un avis personnel.
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Par argali le 20 Juillet 2017 à 00:00
J’ai acheté récemment un ancien numéro de la revue Sang-froid et après lecture, je me suis décidée à m’abonner.
Qu’est-ce ?
Sang-froid est une revue trimestrielle (un mook) qui propose des articles de fonds sur la justice et le polar. Les articles, richement documentés, relèvent du journalisme d’investigation et nagent souvent à contre-courant. Son but est de relater les faits autrement, de prendre le temps de la réflexion dans ce monde où seul le scoop semble primer.
La revue comporte deux grandes parties : une ancrée dans le réel et l’autre dans la fiction. Ainsi, dans le numéro 4 de l’hiver dernier, elle nous propose un dossier sur les nouveaux détectives, les filatures d’aujourd’hui et les à côtés du métier mais aussi sur les trafics d’influence qu’il y a parfois derrière les services demandés.
Un article a particulièrement retenu mon attention, celui d’un attentat qui a eu lieu en France le 18 juin 1961 et qu’on a, à l’époque, fait passer pour un banal accident ferroviaire. Preuves à l’appui, l’auteur démontre que le déraillement du train Strasbourg-Paris qui a couté la vie à 28 personnes et en a blessé 170 autres est l’œuvre de l’OAS. L’article explique pourquoi cela n’a pas été divulgué, qui avait intérêt à taire les faits et à enterrer les preuves dans cette période agitée que fut la guerre d’Algérie.
On trouve aussi dans ce numéro une intéressante enquête sur la Corse et « la piste agricole » première piste suivie par les enquêteurs après l’assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998 et un reportage sur la police scientifique, ses méthodes, ses moyens, ses réussites, son coût... et les nuances qu’il y a entre réalité et fiction. Chaque numéro propose des thématiques qui ont marqué l’actualité des derniers mois.
Ca, c’est pour le côté justice et investigations.Côté polar, la revue nous propose une rencontre avec Peter May, un portrait de Victor Dèl Arbol et une nouvelle originale de Marcus Malte, intitulée « Cocotte ». Enfin, une dizaine de nouveautés parues ou à paraitre sont présentées aux lecteurs. Dans chaque numéro, on retrouve au moins deux présentations d’écrivains et une nouvelle spécialement écrite pour la revue. Pour les fans de romans policiers, cette revue est une mine.
Qui se cache derrière Sang-froid ?
Des passionnés avant tout, qu’ils soient journalistes, spécialistes de l’un ou l’autre domaine judiciaire ou éditorial, photographes ou illustrateurs. Citons Yannick Dehée, directeur de publication et Stéphane Damian-Tissot, rédacteur mais aussi à la signature des articles Eloïse Fagard, Danielle Thiéry, Elizabeth Greenwood, Pierre Abramovici ou Frank Hériot entre autres.
A l’époque où la presse écrite a du mal à survivre, il faut saluer cette audace de lancer sur le marché, une nouvelle publication aussi pointue. Espérons que cette revue, dont le 7e numéro paraitra à l’automne, trouvera son public et s’installera durablement dans les présentoirs des bonnes librairies.
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Par argali le 5 Juillet 2017 à 00:43
Directrice d’établissement pénitentiaire, Véronique Sousset choisit en 2008 de passer « des barreaux au barreau » en devenant avocat, pendant quatre ans. Durant cet intervalle, elle est commise d’office dans une affaire terrible qui peut faire vaciller toute foi en l’homme : elle accepte la défense d’un père meurtrier de son enfant. Elle va alors éprouver le sens de son engagement. Comment se confronter à la part la plus sombre de l’humain ? Un homme se réduit-il à son acte aussi effroyable soit-il ?
Mon avis :
Comment se faire l’avocate du diable ?
C’est au Boulevard du Polar que j’ai rencontré Véronique Sousset. Elle m’a présenté son livre comme un témoignage basé sur une histoire vraie. Une histoire vécue et qui l’a bouleversée. Et plus je l’écoutais parler plus cela me rappelait un roman lu en 2015. Son récit « Défense légitime » parle, en effet, de la même affaire que celle qui a inspiré Alexandre Seurat dans « La Maladroite », récit bouleversant que j’avais beaucoup aimé.
Véronique Sousset a défendu un père tortionnaire de sa fillette de 8 ans. Elle nous présente d’abord le dossier, sans fioriture : date, lieu, description, autopsie, photos et témoignages de l’entourage. Elle tente de laisser de côté ses émotions pour s’en tenir aux faits.
Elle parle ensuite de son client qu’elle se refuse à voir comme un monstre mais pour lequel elle n’a aucune compassion, aucune sympathie. Elle va devoir lutter contre sa répulsion et établir peu à peu un contact professionnel et chercher en lui une once d’humanité.
Puis viendront le regard des collègues, de la presse, les commentaires, la reconstitution (si difficile à supporter tant les faits sont horribles)... Et au bout du bout, les assises.Commise d’office pour défendre ce père infanticide, Véronique Sousset nous plonge au cœur de l’horreur avec dignité et retenue. Son récit est servi par une écriture précise et fluide car elle manie les mots avec intelligence et finesse. Il s’insinue en nous, touche et fait réfléchir.
Une question sous-tend tout son témoignage : « Pourquoi défendre un monstre ? » A travers ce récit, elle formule peu à peu une réponse : et si défendre n’était pas excuser ou trouver des circonstances atténuantes mais expliquer, donner du sens pour juger en connaissance de cause ?
L’auteur nous raconte l’instruction et le procès et parvient à insuffler un peu d’humanité à ce récit insoutenable. Une lecture intense qui nous incite à ne pas oublier « La foi qu’on doit garder en l’homme ».
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Par argali le 22 Mai 2017 à 00:00
Comment, lorsqu'on est une femme seule, travailleuse avec une vision morale de l'existence... qu'on a trimé toute sa vie pour garder la tête hors de l'eau tout en élevant ses enfants... qu'on a servi la justice sans faillir, traduisant des milliers d'heures d'écoutes téléphoniques avec un statut de travailleur au noir... on en arrive à franchir la ligne jaune ?
Rien de plus simple, on détourne une montagne de cannabis d’un Go Fast et on le fait l’âme légère, en ne ressentant ni culpabilité ni effroi, mais plutôt... disons... un détachement joyeux. Et on devient la Daronne.Mon avis :
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a du caractère, la Daronne. Après une enfance passée dans le luxe grâce à la contrebande de son mafieux de père dont elle a subi l’autorité, elle s’occupe de sa mère, absente pour elle tout au long de sa vie, mais qui se meurt lentement dans un home. Veuve très jeune, elle a élevé seule ses deux filles grâce à un travail de traductrice judiciaire. A 53 ans, désenchantée, elle trouve les gens inintéressants et n’a aucun ami. Elle a bien un compagnon, Philippe, un policier divorcé, gentil et prévenant. Mais elle ne s’y intéresse guère.
Patience (c’est son prénom) diplômée en langue arabe, traduit à longueur de journée, des heures d’écoutes téléphoniques de dealers et de trafiquants en tous genres. Mais, payée au noir par le ministère de la Justice (cela ne s’invente pas), elle ne cotise aucunement pour sa retraite. Le hasard des écoutes et des rencontres lui donneront un jour l’opportunité de récupérer un quintal de cannabis. Elle y voit la possibilité de payer la maison de retraite de sa mère et de laisser à ses filles un toit au-dessus de leur tête.
La Daronne est un personnage original dans l’univers du roman policier. Par son travail, elle connait les arcanes du système judiciaire de l’intérieur ainsi que le monde des dealers dont elle maitrise parfaitement les codes. Droite, humaine, n’aimant pas l’argent en lui-même mais ce qu’il procure, elle va, en quelque sorte, jouer les justiciers. Observatrice des travers humains et des faiblesses de chacun, elle a une idée précise de la valeur des gens et de leurs limites. Elle en usera à merveille dans son nouveau rôle.
J’ai beaucoup aimé ce livre d’une auteure que je ne connaissais pas. Le franc-parler du personnage, l’humour de ce roman noir pourtant très sombre et les nombreuses réflexions qui le sous-tendent (Comment vivre dignement sans argent ? Comment prendre soin de ses parents âgés et de ses enfants à la fois ? La lutte contre le trafic de drogue est-elle vraiment efficace ?...) m’ont séduite.
L’écriture précise de l’auteure et le ton des dialogues ciselés font mouche à chaque fois. Les anecdotes, les partis pris volontaires, les exagérations m’ont fait sourire. On sent qu’elle parle d’un monde qu’elle connait bien (Hannelore Cayre est avocate pénaliste) et n’hésite pas à en dénoncer les aberrations. Ce qu’elle nous conte est tragique, choquant mais elle parvient à le faire avec drôlerie.
Conseillé par Michel Dufranne, ce livre vaut vraiment la peine d’être découvert. Il a d’ailleurs reçu le prix Le Point du Polar européen 2017.
Hannelore Cayre sera au salon Boulevard du Polar des 17 et 18 juin prochain.
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Par argali le 20 Mai 2017 à 18:00
"Si vous voulez retrouver votre fils et votre amie vivants, attendez les instructions. Ne prévenez pas la police."
Le message est écrit à la craie, en lettres inégales, sur l'ardoise des commissions. Et il est signé : "Renard." Pour Steve Peterson, dont la première femme a été froidement assassinée, le cauchemar recommence. Steve prévient aussitôt le F.B.I. Pendant ce temps, un jeune homme s'apprête à mourir pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Le compte à rebours est en marche.Mon avis :
La nuit du Renard est un classique de la littérature policière et un des meilleurs Mary Higgins Clark selon moi. C’est avec plaisir que je m’y suis replongée pour l’aborder en classe.
Steve Peterson a perdu sa jeune femme, étranglée par un inconnu dans leur maison du Connecticut. Tous les témoignages - notamment celui de Neil, leur petit garçon, qui était présent lors de l'assassinat de sa mère et qui en garde une vision épouvantée - accablent Ronald Thompson, lequel est finalement condamné à la chaise électrique mais ne cesse de clamer son innocence.
A l’occasion du procès, Sharon, une jeune journaliste qui milite contre la peine de mort, a fait la connaissance de Steve qui a fondé une association en faveur de la peine de mort. Au fil du temps, tous deux sont tombés amoureux l'un de l'autre. On est à la veille de l'exécution. Et voilà que ce jour-là Sharon et le petit Neil sont kidnappés par un déséquilibré, qui signe Renard les messages qu'il lance par téléphone pour réclamer une rançon...
Une fois entamé, il est difficile de lâcher ce roman. L’intrigue est habile et l’atmosphère lourde à souhait. Un contre la montre implacable débute dès l’enlèvement et on n’a de cesse de savoir si on pourra sauver à la fois la famille de Steve et le condamné à mort.
L’auteur a choisi la narration externe à la 3e personne mais chaque chapitre apporte le point de vue d’un nouveau personnage qui raconte sa vision des faits. La structure non linéaire du récit est également intéressante puisque l’auteur a choisi de mêler un compte à rebours sur les faits avant l’exécution et le récit des journées de recherches.
Tout comme à ma première lecture, à sa sortie, j’ai été happée par le récit. Avec l’expérience du genre, j’ai davantage remarqué les ficelles d’écriture mais cela ne m’a pas empêchée de passer un bon moment tant le rythme est soutenu.
S’il fallait réécrire cette histoire aujourd’hui, quarante ans plus tard, sans doute serait-elle plus complexe : la technologie, les progrès de la police scientifique et les profileurs aidant. Mais il faut reconnaitre que, si les romans de Mary Higgins Clark se sont affadis au fil du temps, elle a créé un style dont les premiers ouvrages ont marqué durablement la littérature policière.
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Par argali le 26 Avril 2017 à 00:00
Le facteur Melville Tournepierre profite des beaux jours pour gravir le col de la Flèche au guidon de sa bicyclette et distribuer le courrier aux habitants du plateau. Il y grimperait deux fois s’il le fallait car cet été une jeune femme a élu domicile dans la maison de sa tante. Mais ce matin-là, quelque chose cloche… Un pied ravissant apparaît dans l’entrebâillement de la porte, et le facteur découvre le corps sans vie de Rosalinde Miller. Au même moment, Georges Conte, le boulanger, se tue au volant de sa voiture. Le Commissaire Santino Cuffaro, dont l’arrivée récente fut remarquée dans la cité – sa compagne est transsexuelle – est chargé d’enquêter. Au début de l’après-midi, deux jeunes désœuvrés membres d’un groupe d’extrême droite, les Fils de l’Aigle, perdent accidentellement la vie, l’un se tue à mobylette, l’autre est défenestré. Et chaque fois Melville se trouve sur les lieux…
Mon avis :
Les éditions Luce Wilquin font partie des éditions belges où je puise le plus de romans à lire. Grâce à elle, j’ai découvert nombre d’auteurs belges débutants ou aguerris.
Ici, c’est non seulement un auteur que je découvre, mais une collection que je ne connaissais pas : « La série noire ». Le roman est paru en « Noir pastel » en 2014.Rosalinde Miller est le premier roman policier de Stanislas Cotton. Né en 1963, il a reçu le Premier Prix d’art dramatique au Conservatoire royal de Bruxelles et travaillé une douzaine d’années comme comédien avant de se consacrer entièrement, depuis une vingtaine d’années, à l’écriture dramatique.
Un fou dans la manche, suite des aventures du Commissaire Cuffaro est paru en 2015.Un meurtre, quatre morts accidentelles, un village. Un facteur. Il pédale avec vigueur. Tenir le rythme. On compte sur lui. La journée passe. Les morts s’égrainent. Le même jour. Concours de circonstances ?
Cadre spatio temporel concis : 24h dans un village de basse montagne du sud de la France. Une énigme : y a-t-il un lien entre toutes ces personnes ? Qui a tué Rosalinde Miller ? Les accidents en sont-ils vraiment ?
Impression mitigée.L’histoire se lit facilement et la question en suspens ne trouve sa réponse qu’à la fin du récit. Cependant, la 4e de couverture en dit tellement qu’il n’y a plus grand-chose à découvrir. De plus, je n’ai pas du tout adhéré au style de l’auteur. Ses phrases courtes, minimalistes, souvent nominales, le style haché, ce n’est pas pour moi. Sans doute y a-t-il une volonté de raconter l’urgence, de donner du rythme à l’ensemble. 24h, c’est court. Mais je ne m’y suis pas sentie à l’aise. Et le langage familier ne m’a pas davantage séduite. Là aussi, on pense : « Cela colle aux personnages, des êtres frustes, grossiers... » Mais on tombe dans la vulgarité gratuite à certains moments. Trop is te veel. En tout cas, pour moi.
Je vous invite malgré tout à découvrir cet auteur non seulement parce qu’il est belge mais parce que ce style plaira sans doute à d’autres.
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Par argali le 18 Avril 2017 à 00:00
Lorsque l'enfant disparaît...
Lorsque, ce jour-là, Denise Desantis entre dans un magasin, elle est pressée et elle laisse son dernier-né dans la poussette, devant la porte.
Lorsqu'elle ressort, la poussette est vide. Les investigations du juge commencent par l'interrogatoire de Denise Desantis, la mère. C'est une femme ordinaire, effacée.
Mère de quatre enfants. Tout prouve son innocence. C'est une femme sans histoires. Et pourtant...Mon avis :
Je découvre seulement ce roman d’Armel Job paru en 2009 et réédité aux éditions Mijade.
Le Vendredi Saint, David, quatrième et dernier enfant de la famille Desantis disparait. Très vite, deux opinions s’affrontent : celle du juge d’instruction qui pense à un enlèvement, celle de l’inspecteur Harzée qui penche pour la culpabilité de la mère.Très vite, et cela perdurera tout au long du récit, le lecteur hésite entre ces deux thèses. Denise est une femme pauvre mais digne, une bonne épouse et une mère de famille exemplaire. Mais elle a pourtant laissé le petit de treize mois dans sa poussette, devant le magasin, au lieu de le rentrer. Les enfants sont bien élevés, bien traités, aimés. Pourtant, il n’existe aucune photo de David.
Nous assistons à ce triste week-end pascal où l’enquête se met en place. La procédure lente et méticuleuse interroge les uns et les autres, les réinterroge, les confronte. Vient ensuite la reconstitution, bouleversante. On doute, on est à l’affût du moindre indice et on se met à la place de cette mère en détresse, on compatit à sa douleur et à celle de la famille.
Au départ d’une histoire simple et tragique, Armel Job joue avec les nerfs du lecteur avec finesse. Il devait jubiler en écrivant cette histoire caustique à souhait où la psychologie des personnages est précise et détaillée. Et ce sont ces personnages terriblement humains qui font la force du roman. Ces êtres simples, ces hommes et femmes ordinaires sont vrais et ambigus, sincères et dissimulateurs. Ils ont des forces, des failles et nous renvoient très souvent à nous-mêmes. L’atmosphère est donc lourde et terriblement réaliste.
A la fois dramatique et intimiste, ce roman nous offre une intrigue qui tient en haleine jusqu’au bout, notamment en raison de nombreux malentendus qui le parsèment parce que les apparences sont trompeuses, parce que notre vécu nous pousse à tenir pour vrai l’un ou l’autre fait, même illogique ou insensé, parce que nous sommes prompts à juger trop vite.
Armel Job a décroché le prix des lycéens de littérature en 2011, pour ce roman. Ce n’est pas un hasard.
Il contient la part de mystère que nous aimons tous et réveille en nous la part d’ombre qui sommeille. Je vous le recommande chaudement à mon tour.
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