• Meurtres au Potager du Roy, Michèle BARRIEREChâteau de Versailles, mai 1683. La mode est aux jardins. Louis XIV raffole des légumes primeurs : asperges, petits pois, melons... Au Potager du Roy, puis chez un maraîcher du quartier de Pincourt à Paris, des champs de melons sont vandalisés, des jardiniers assassinés. L’existence d’un complot ne fait aucun doute. Benjamin Savoisy – premier garçon jardinier du Potager – mène l’enquête dans les coulisses de Versailles, où officient cuisiniers et maîtres d’hôtel. Elle l’entraînera jusqu’en Hollande, grande puissance coloniale réputée pour son commerce. Saura-t-il déjouer les manœuvres de séduction, percer à jour les traîtrises ? 

     

    Mon avis :

     

    C’est le second roman de Michèle Barrière que je lis. J’aime beaucoup le côté polar historique qu’elle agrémente d’informations sur les traditions culinaires de l’époque.

     

    Nous sommes en 1683, à Versailles. Epoque où Louis XIV adule son jardinier en chef, Jean-Baptiste de la Quintinie. Il n’a pas son pareil pour produire des fruits et des légumes savoureux, originaux pour l’époque et mûrs avant la saison pour satisfaire le palais du Roi.

    Tout commence par un carré de melons ravagés au château. La Quintinie, qui a mis au point une technique pour faire mûrir plus vite ce fruit, voit son travail anéanti et ses cloches de verre brisées. Il envoie son bras droit, Benjamin, acheter des melons à Paris mais quand il arrive, il apprend que le jardinier et sa famille ont été sauvagement assassinés au milieu des melons piétinés. Les rumeurs les plus sottes commencent à se répandre et empoisonnent la cour.

     

    Nous passons des allées parfumées du jardin de Versailles où la diversité des couleurs explosent à chaque carré de potager, aux rues bruyantes et sales de Paris, au gré de l’avancée de l’enquête.

    En parallèle, la vie continue au palais et les dîners se succèdent. C’est l’occasion pour l’auteure de citer et décrire les métiers de bouche du 17e siècle, les mets dégustés à l’époque, les saveurs, les arômes et les modes de cuisson… et c’est un régal.

    Pour clore l’ouvrage, un carnet de recettes de l’époque reprend les plats et préparations cités dans le roman.

     

    On déguste ce livre, les cinq sens en éveil. L’enquête n’est que le prétexte à nous entrainer dans un voyage au cœur de la gastronomie du XVIIe et ses « révolutions » culinaires. Les personnages sont réels, les informations sur l’époque également et c’est tout l’intérêt du roman. Je ne peux que vous le conseiller.

     

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  • Casse-tête à Cointe, Francis GROFFPremier roman de Francis Groff que je lis sur les six parus et je suis tombée sous le charme. Le fait que l’enquête se déroule dans ma ville y est pour beaucoup. Connaître les lieux, certaines anecdotes, les personnages… apporte un plaisir indéniable à la lecture. Mais l’écriture de l’auteur et son érudition participent également à passer un très bon moment.

     

    Stanislas Barberian, bouquiniste cultivé vivant à Paris, est de passage à Liège pour préparer une exposition sur la guillotine. Il est venu rencontrer un spécialiste de la question afin d’authentifier un document en sa possession que le propriétaire souhaite vendre. Alors qu’il s’installe, la presse fait écho de la découverte d’un cadavre sans tête à Cointe. L’enquête s’annonce compliquée. La coïncidence entre la décapitation et l’exposition sur la guillotine est trop belle pour Barberian. Il propose ses services au journaliste qui couvre l’affaire, lui proposant d’alimenter ses articles d’anecdotes sur de célèbres affaires criminelles soldées par la décapitation du coupable. Et bien sûr, se mêle à l’enquête par plaisir et curiosité.

     

    Pour les non Liégeois, Cointe est une des collines qui ceinturent Liège. Au cœur de celle-ci, un parc privé de 30 hectares, appartenant jadis à la famille Hauzeur, fut divisé en parcelles à bâtir dont la première fut achetée par l’université de Liège en 1881 pour y ériger un Observatoire. Des dizaines de propriétés à quelques centaines de milliers d’euros composent aujourd’hui ce parc et la diversité des styles d’architecture en fait un lieu d’études privilégié pour les étudiants. L’adaptation cinématographique du roman de Barbara Abel a d’ailleurs été filmée dans une de ces villas. Une basilique inachevée dominant la ville et un monument art nouveau en hommage aux victimes alliées de la Première Guerre mondiale, ainsi qu’une chapelle du XVe siècle, un hôpital psychiatrique et un complexe sportif complètent ce poumon vert apprécié des Liégeois. Sans oublié le dépôt des Archives de l’Etat dont fait état le roman. Tout est vrai et agréable à redécouvrir.

     

    Journaliste, scénariste et romancier, Groff met ses talents et son expérience au service de ses romans. L’enquête est classique et ce n’est pas ce que j’ai préféré, même si elle est plaisante et tient la route. J’ai plutôt été séduite par le style de l’auteur, son humour, la vivacité du récit, la description des lieux traversés par Barberian et les faits historiques relatés avec érudition mais simplicité. On sent le travail de recherche, les repérages de l’auteur et sa minutie dans la justesse des discussions ou la présentation des faits historiques.

    Ce fut pour moi une lecture jubilatoire.

    Casse-tête à Cointe, Francis GROFF

     

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  • L'homme du Grand Hôtel, Valentin MUSSOUn auteur couronné de succès, un apprenti écrivain miné par les échecs : les deux hommes ignorent tout l’un de l’autre. Pourtant, leurs destins sont inexorablement liés et leurs routes ne tarderont pas à se croiser.

     

    Mon avis :

     

    Valentin Musso est connu pour ses thrillers psychologiques faisant la part belle aux rebondissements. Ce dernier roman ne fait pas exception. Pourtant, une fois encore, l’auteur nous plonge dans une histoire et une atmosphère sans comparaison avec les romans précédents. Et c’est bien un de ses atouts, le fait de pouvoir se renouveler à chaque fois.

    Cette fois, Valentin Musso nous propose une histoire d’amour comme trame du récit. Une relation où la personnalité et la psychologie de chacun jouera un rôle primordial et créera les tensions indispensables à tout bon thriller. Les protagonistes sont jeunes, emplis de rêves et d’idéaux et baignent dans le monde de la culture et de l’inspiration, que ce soit celui du théâtre ou de la littérature. Les références sont donc nombreuses et agréables à lire pour qui les apprécie.

    Deux récits diamétralement opposés se mêlent habillement, celui de ce jeune couple, Andy et Abigaël et celui d’un écrivain, auteur de best-sellers, qui se réveille un beau matin dans un luxueux hôtel, sans aucun souvenir de sa vie d’avant. Persuadé qu’on le drogue à son insu et qu’on le manipule, il fera tout pour découvrir le fin mot de l’histoire. Quel lien ont entre elles ces deux histoires ? Difficile de le savoir. Et quand on croit avoir compris, un événement surprenant survient, clôturant l’intrigue de façon inattendue.

     

    Je m’étais approchée de la vérité mais Musso a malgré tout réussi à me surprendre. La construction de l’intrigue est impeccable et addictive, le style fluide et le récit fait la part belle à l’humain. La beauté et la laideur se côtoient tout au long de l’histoire donnant aux protagonistes une épaisseur et une réelle crédibilité.

     

    Divertissant et émouvant, ce thriller devrait être apprécié de tous. C’est le livre idéal pour l’été.

     

     

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  • Les fêlures, Barbara ABELQui est le véritable meurtrier d'un être qui se suicide ?
    Lui, sans doute. Et puis tous les autres, aussi. Quand Roxane ouvre les yeux, elle sait que les choses ne se sont pas passées comme prévu.
    Martin et elle formaient un couple fusionnel. Et puis, un matin, on les a retrouvés dans leur lit, suicidés. Si Roxane s'est réveillée, Martin, lui, n'a pas eu sa chance... ou sa malchance. Comment expliquer la folie de leur geste ? Comment justifier la terrible décision qu'ils ont prise ?
    Roxane va devoir s'expliquer...

     

    Mon avis :

     

    Il n’est pas nécessaire de présenter Barbara Abel ni de vous dire combien je l’apprécie. Si vous me suivez, vous savez que j’ai lu tous ses livres.

    Partant toujours d’un fait de la vie quotidienne, ici un procès d’assises, elle parvient à lui donner un intérêt particulier, intriguant et à amener le lecteur à se poser mille questions au fil de sa lecture. Chaque fois qu’on croit avoir compris, on est surpris qu’une phrase, un acte, un événement vienne déjouer nos certitudes.

    Ce dernier roman ne fait pas exception. Roxane et Martin s’aiment d’un amour fou. Pourtant, un matin, Garance, la sœur de Roxane, les découvre inertes, étendus sur le lit, une lettre d’adieu à leur côté. Comment expliquer ce geste ? Si Roxane sera sauvée in extrémis, ce n’est hélas pas le cas de Martin. Mais mutique, elle ne révèle rien de ce qui les a poussés à l’irréparable. Commencent alors l’enquête, les questionnements de l’entourage et la culpabilité, les accusations, les doutes et la vérité derrière les apparences.

     

    Au-delà du thriller psychologique, ce 14e récit de Barbara Abel aborde des sujets sensibles ; le suicide bien sûr et ce qui pousse à passer à l’acte, les secrets de famille ensuite, les liens toxiques qui fragilisent, les rêves déçus, mais aussi le deuil. Passant du présent au passé au fil des chapitres, l’auteure reconstitue la vie de chacun et l’origine des fêlures qu’ils n’ont pu surmonter. Les personnages sont consistants, attachants et déstabilisants. Leurs portraits sonnent juste et émeuvent tant les blessures d’enfance ont façonné ces adultes vacillants.

     

    Si vous aimez la plume de Barbara Abel et les thrillers psychologiques, vous aimerez celui-ci. Une fois encore, l’auteure nous montre combien les familles ont une influence sur les adultes qu’on devient et comme les apparences peuvent être trompeuses. Un très bon moment de lecture en ce congé pascal.


    Les fêlures, Barbara ABEL

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  • Un peu après la fin du monde, Patrick DELPERDANGE« J’aurais pu tenter le coup, tout à l’heure au bord de la rivière, et descendre jusqu’à la berge afin de tendre la main à ce type qui s’agitait dans l’eau tourbillonnante pour reprendre pied, même au risque de me retrouver au fond. J’avais la gorge sèche en y repensant. Steve avait toujours eu l’ascendant sur moi et son simple regard avait suffi à m’arrêter. Qui était cet homme et pour quelle raison mon frère l’avait-il laissé se noyer sans la moindre compassion ? Il fallait qu’entre eux se soit passées des choses très graves. »

     

    Mon avis :

     

    J’avoue avoir été d’abord surprise par ce récit introspectif au point de l’avoir pris pour un recueil de nouvelles. Le fait de changer de personnages d’un chapitre à l’autre et de découvrir des histoires qui semblent ne pas avoir de lien entre elles m’a un peu perturbée. Puis je me suis laissé guider par l’auteur et j’ai lu son roman en une soirée. Mais cela reste un OLNI car rien n’est habituel dans celui-ci. Ni la chronologie, ni le genre - dont le titre fait penser qu’on a affaire à de la dystopie - ni les personnages et leurs secrets.

    Sept chapitres courts composent cet ouvrage et mettent en scène à chaque fois un personnage dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il a une vie difficile souvent emplie de non-dits. Le dernier chapitre fait écho au premier et lui apporte quelques éclaircissements. Il en va de même des autres qui présentent des parallèles entre des situations ou un aspect différent des personnages cités précédemment, le point de départ étant la noyade d’un inconnu.

    Le point commun entre tous est la mort, subie, souhaitée ou marquant leur vie. L’angoisse est également une composante de chaque récit et crée une atmosphère troublante, conflictuelle à l’instar des personnages décrits. Le puzzle se reconstitue peu à peu mais une fois le livre refermé, on ne peut s’empêcher de se demander si rien ne nous a échappé.

     

    Malgré cette complexité voulue, l’ensemble est agréable à lire car servi par la plume précise et singulière de Patrick Delperdange. La chronologie complexe est parfaitement maitrisée par l’auteur et donne à ce roman noir un côté surréaliste qui ne déplaira pas aux lecteurs belges. Difficilement résumable, si ce roman vous tente, découvrez-le par vous-mêmes.

     

     Un peu après la fin du monde, Patrick DELPERDANGE

     

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  • Respire, Niko TACKIANLe sable très blanc, l’océan turquoise. Voici ce que découvre Yohan à son réveil. Un endroit paradisiaque où il va entamer une nouvelle vie. Avoir une deuxième chance d’être heureux. Pour arriver sur cette île inconnue, il a signé avec une mystérieuse société qui promettait de le faire disparaître et d’effacer toute trace de son passé. 

     

    Mon avis :

     

    Envie de changer de vie ? De vous faire oublier ? De recommencer à zéro ? De vous évaporer ? C’est ce qu’a choisi de faire Yohan, écrivain célèbre et adulé suite à un premier roman bestseller pour lequel le succès n’a plus jamais été au rendez-vous ensuite.

    Il découvre l’annonce d’une agence qui promet de s’occuper de tout en échange de 10 000 euros. Ce n’est pas cher payé pour commencer une vie ailleurs. Après avoir répondu à un long et fastidieux questionnaire, il signe.

    Sans trop savoir comment il arrive sur une ile paradisiaque. Le soleil brille, la nature est luxuriante, les voisins rares, parfois étranges mais sympathiques et il ne doit se préoccuper de rien que de lui-même. Il a été rebaptisé Acab et a comme mission de remplacer le détective privé précédent. Cool.

    Mais très vite, Yohan-Acab s’interroge sur le mode de vie sur l’ile, sur l’approvisionnement du seul commerce et qui regorge toujours de fruits frais, sur les maisons en ruine qu’il croise au gré de ses promenades, sur l’histoire de cette ile et sa localisation. Il décide alors de mener à bien sa mission et de découvrir ce qu’on lui cache.

    Je découvre Niko Tackian avec ce thriller haletant même si j’apprécie depuis toujours ses talents de scénariste pour la série Alex Hugo.

    Ce roman bien ficelé et sans temps mort est un plaisir de lecture. L’auteur crée un suspens de bout en bout tout en évitant les classiques rebondissements que l’on pourrait attendre. On croit plusieurs fois toucher au but mais un élément vient faire voler en éclat nos certitudes. Au-delà de cette intrigue, Niko Tackian nous invite à réfléchir sur nous-mêmes, nos attentes de la vie, nos petits arrangements avec notre conscience, nos lâchetés… Bref sur ce qui fait la nature humaine et la recherche inlassable du bonheur.

    Un très bon thriller, une découverte de l’auteur derrière le scénariste et un récit original à découvrir. Je vous le recommande.

    Merci aux éditions Calmann Levy et à leur attachée de presse pour cet envoi.

     

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  • La trajectoire du Papillon, Patrick PARMENTIERBruxelles. Alidor succombe après avoir été roué de coups par des jeunes. Est-ce l’approche de la retraite, le suicide de sa fille ou une pulsion instinctive qui pousse l'inspecteur Van Achter à s’engager dans cette affaire. Fouiller dans le passé de la victime, suivre Sergio, le chef de la bande, un jeune sans histoire. Derrière les apparences se cache parfois le mécanisme pervers qui agit dans l'ombre. 

     

     

    Mon avis :

     

    Un jeune homme perdu, mal dans sa peau, dérape un soir de guindaille. Il vient de fêter son anniversaire, il a beaucoup bu. Pour montrer qu’il est un homme, un chef, il provoque un vieil homme qui passe son chemin sans réagir et là c’est le drame. Roué de coups par la bande, pour rien, l’homme décède sur le trottoir. L’intervention des passants n’aura rien changé.

    L’inspecteur Van Achter, un policier proche de la retraite et malheureux, décide de faire la lumière sur cette affaire et surtout de comprendre comment on peut en arriver là, si jeune. Il se met à la recherche de Sergio, le meneur de la bande, mystérieusement disparu. Il découvre alors de sombres affaires et s’interroge sur la victime. Était-elle aussi insignifiante qu’elle en avait l’air ? Quelle machination Van Achter va-t-il mettre à jour ?

    Pendant ce temps, Sergio fait le point sur ses actes, caché par de la famille à des kilomètres de chez lui.

    J’ai apprécié le fait que cela se passe à Bruxelles (et en Belgique) et que l’auteur décrive les lieux, les ambiances des quartiers, la vie nocturne... L’écriture de Patrick Parmentier est soignée, précise et donne envie de tourner les pages pour en savoir plus sur les personnages et ce qu’ils cachent. Il nous plonge au cœur d’affaires sordides dans une Belgique bousculée, blessée.

    Au cœur de ce roman policier initiatique, on découvre aussi de l’amour, du mensonge, de la passion et cela rend ce récit palpitant. Ainsi, il relie l’intrigue aux histoires d’amour des personnages. Et ce qui semblait être un fait divers banal prend une autre tournure.

    Une belle découverte que cet auteur belge qui signe ici son 5e roman.

    Merci aux éditions Memory et à la campagne "Lisez-vous le Belge ?" pour cet envoi.

     

     

     

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