• Hiver 1944. Dans un hôpital militaire, Hans Kalterer, un ancien des services de renseignements de la SS, se remet d une blessure par balle et ‘ interroge sur son avenir. Il sait que la guerre est perdue et qu’il a besoin de se racheter une conscience. Il rejoint la police criminelle de Berlin où il est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un haut dignitaire nazi. Dans le même temps, Rupert Haas s’évade de Buchenwald à la faveur d’un raid aérien et rejoint Berlin pour retrouver femme et enfant et se venger de ceux qui l’ont honteusement dénoncé. Une chasse à l’homme commence.

     

    Mon avis :

     

    Richard Birkefeld et Göran Hachmeister sont des historiens allemands, spécialisés dans l’Histoire culturelle et sociale du XXe siècle. Basés sur des faits rigoureux, le cadre de ce roman policier est particulièrement riche en enseignements sur les derniers jours de Berlin avant la chute. Salué par la critique allemande en 2003, lors de sa sortie, ce roman vient seulement d’être traduit en français par Georges Sturm.

     

    Tout comme dans les récits de Kerr, Birkefeld et Hachmeister dépeignent un univers nazi corrompu, impitoyable et particulièrement minutieux dans son organisation et sa hiérarchisation, à la limite de la paranoïa. Tout le monde soupçonne tout le monde et tout le monde espionne et dénonce sans aucun état d’âme. Une manière sans doute d’appliquer la devise nazie « L’honneur dans la fidélité ».

    Cette terrible période où Berlin fut pilonnée jour et nuit par les Anglais et encerclée peu à peu par les Russes voit les habitants pris au piège dans une souricière infernale. Hommes et femmes sont en proie à des doutes moraux concernant leur implication ou leur passivité pendant ces années. Certains voulaient juste croire en des jours meilleurs, d’autres se sont sentis investis d’une mission, reconnus enfin par un homme leur ayant rendu leur fierté. Ces derniers sont les pires, refusant de croire à l’inéluctable. L’absurde se mêle au pathétique, les représailles à la terreur. L’endoctrinement est terrifiant. « Le führer a déclaré la guerre au peuple allemand » dira un vieil homme épuisé.

     

    Dans ce climat hostile, cette apocalypse annoncée, une chasse à l’homme implacable s’engage. L’un cherche des réponses à ses questions et crie vengeance ; l’autre a pour mission de l’arrêter pour meurtre. Au jeu du chat et de la souris, y aura-t-il seulement un gagnant ?

    La fin, finement amenée, est une bonne claque historique, instructive pour les lecteurs désireux d’en apprendre plus sur l’Histoire allemande.

     

    Un bon polar construit autour d’une intrigue simple  mais porté par un cadre historique minutieux et édifiant au sein d’une ville exsangue, aux immeubles ravagés où règne une insupportable odeur de mort et de poussière dans laquelle tentent de survivre les civils impuissants et épuisés.

      

     

      

    Deux dans Berlin, BIRKEFELD et HACHMEISTER

    Pin It

    6 commentaires
  • Derrière la haine, Barbara ABELD'un côté, il y a Tiphaine et Sylvain ; de l'autre, il y a Laetitia et David. Deux couples voisins et amis, ayant chacun un enfant du même âge. Deux couples fusionnels et solidaires qui vivent côté à côte dans une harmonie parfaite. Jusqu'au jour du drame. Un tragique accident fait voler en éclats leur entente idyllique, et la cloison qui sépare leurs maisons tout comme la haie qui sépare leurs jardins, ne seront pas de trop pour les protéger les uns des autres. Désormais, les seuls convives invités à la table des anciens amis s'appellent Culpabilité, Suspicion, Paranoïa et Haine...

     

    Mon avis :

     

    Inspiré d’un fait anodin de la vie quotidienne, ce roman est une vraie claque. Il ne m’aura fallu que quatre heures pour le lire tant j’étais accrochée aux personnages et à leur devenir.

    Pendant une centaine de pages, nous faisons connaissance avec deux couples sympathiques, vivant leurs petits et grands bonheurs, leur complicité, leurs fous rires, les premiers pas des enfants… Nous sommes immergés dans des vies ordinaires, heureuses, pareilles à la nôtre. Et puis arrive le drame ! Comme toujours, une malheureuse et imprévisible seconde qui va changer une vie. Des vies.

    Le bonheur se pare de nuages, le tonnerre gronde et peu à peu, la tension monte jusqu’à devenir insoutenable. On assiste impuissant à un cataclysme annoncé, crédible de bout en bout. Jusqu’à l’apaisement. Et là, le livre se ferme et nous laisse chaos.

     

    Un vrai thriller psychologique, des personnages bien campés, une histoire simple et crédible (ce qui la rend insoutenable) et un rythme qui ne laisse pas le temps de respirer. On est pris dans un tourbillon d’événements, fortuits ou non, qui nous fait douter de tout, de tous, même de notre propre lucidité.

    Ce qui rend ce thriller si palpitant, ce ne sont pas les effets de style, le vocabulaire ou une construction particulière, rien de tout ça, mais le côté authentique du récit. Tout est dans la suspicion et la psychologie des personnages et on ne peut s’empêcher de penser : « Et si ça nous arrivait ? »

      

     

     Derrière la haine, Barbara ABEL

    Pin It

    20 commentaires
  • Lundi mélancolie, Nicci FRENCHEn ce lundi brumeux à Londres, la photo de Matthew, 5 ans, fait la une de toutes les télévisions, de tous les journaux : l'enfant a disparu à la sortie de l'école quelques jours auparavant, sans laisser de traces. Dans son cabinet, la psychanalyste Frieda Klein est témoin d'autres drames, ceux qui se jouent dans l'esprit de ses patients. Comme Alan, cet homme très perturbé qui lui confie son rêve : il ne cesse de songer à un enfant, roux comme lui, qui serait son fils. Curieusement, cette description correspond trait pour trait au petit Matthew. Frieda aurait-elle reçu sur son divan les confidences d'un kidnappeur d'enfant, d'un tueur peut-être ? Elle avertit le commissaire Karlsson en charge de l'affaire, mais il refuse de la prendre au sérieux... Persuadée qu'elle doit découvrir la vérité et retrouver Matthew, Frieda va essayer de percer les pensées les plus intimes d'un psychopathe. Pendant que près de là, dans les ténèbres, un petit garçon effrayé se demande si quelqu'un viendra jamais le délivrer de son cauchemar... 

     

    Mon avis :

     

    Bien que j’en aie deux dans ma PAL, je n’avais encore jamais lu un roman de Nicci French. Visiblement, celui-ci inaugure une nouvelle série, de nouveaux personnages sans doute : Frieda Klein, la psychiatre amenée à collaborer avec l’inspecteur Karlsson sur une enquête qui touche peut-être un de ses patients.

     

    A une époque où les rapts d’enfants sont, hélas, très nombreux, ce récit s’inscrit dans l’air du temps. Les auteurs ont, semble-t-il, voulu réagir, dénoncer ces faits, décrivant avec précision les tourments que cela peut amener au sein d’une famille ordinaire, au quotidien banal qui voit soudain sa vie basculer en une minute. Quoiqu’il arrive, la vie ensuite ne sera plus jamais la même.

    Cette irruption de l’extraordinaire dans l’existence semble les fasciner. On la retrouve aussi dans le personnage d’Alan, patient de Frieda, qui souffre de troubles émotionnels violents ne semblant pas avoir de cause. Il connait ou perçoit des informations en lien avec la disparition de Matthew. C’est troublant. Suffisamment pour que Frieda s’éloigne de sa ligne de conduite pour s’immiscer dans la vie de son patient et chercher à en savoir plus.

     

    Frieda Klein et Karlsson sont deux personnages attachants, à forte personnalité. Chacun dans son travail et avec sa personnalité se débat au milieu de paumés ; des gens qui se cherchent ou espèrent être retrouvés. Il leur faut être fort au milieu de cet univers de fragilité. Rassurer, protéger, encourager. Mais qui se soucie d’eux et de leur solitude respective ?

     

    Ce thriller psychologique se soucie moins de décrire le déroulement de l’enquête que les personnalités et les tourments des protagonistes. Finement observés, les comportements décrits sont plus que crédibles. Ils sont fascinants, démoniaques parfois, troublants toujours.

    Les avancées de l’enquête de l’un et du raisonnement de l’autre se succèdent entrecoupées de brefs passages relatant les pensées du petit Matthew. Ecrits à la première personne, dans un langage enfantin, ils sont particulièrement poignants. Cela concourt à l’envie de savoir s’il s’en sortira et l’on tourne les pages frénétiquement espérant aboutir à un dénouement heureux.

     

    Pour toutes ces raisons, auxquelles j’ajouterai un style agréable et vif, j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Merci à Babelio et aux éditions du Fleuve Noir qui m’ont fait parvenir ce roman dans le cadre de Masse Critique.

      

      

     Lundi mélancolie, Nicci FRENCH

     

    Pin It

    9 commentaires
  • Trouvez-moi un coupable, Margaret YORKEBrutalement abandonnée par son mari, Nina Crowther décide de prendre du champ en assurant le gardiennage d'une grande propriété. Mais rien n'est paisible, dans cette paisible campagne : les jeunes filles trouvent la mort au fond des bois et les vieux messieurs ne sont pas aussi inoffensifs qu'il y paraît... Une angoissante ambiance faite de petits riens. 

     

    Mon avis :

     

    Je ne connaissais pas Margaret Yorke avant d’offrir un de ses livres à Alex pour le swap « Partners in crime » de l’été dernier. Cette dame, qui fut présidente de l’association « Crime Writer’s Association » est née en 1924. Pour goûter son écriture, c’est important de le savoir. Son style ayant un parfum suranné un peu déroutant mais tellement british qu’on y plonge avec plaisir.

    Pendant la guerre, Margaret fut bibliothécaire dans un hôpital avant de rejoindre la Royal Navy où elle fit partie de WRNS (!) avant de devenir libraire. Une femme courageuse et déterminée, certainement indépendante et en marge de ce que la société anglaise de l’époque attendait des femmes.

     

    Nina, son personnage principal, voit son univers basculé après 24 ans de mariage. N’ayant jamais travaillé et ayant tout donné à son couple et sa famille, elle se retrouve désœuvrée et seule alors qu’elle a à peine 43 ans. Sous la plume de Margaret Yorke, elle va prendre le taureau par les cornes, surmonter appréhensions et craintes et prendre sa vie en main. On sent que l’auteure n’a pas envie d’en faire une femme larmoyante et fragile. Peu à peu, on assistera à la transformation de Nina, prenant des décisions sans l’aide de personne et se lançant dans des entreprises qu’elle ne se serait pas crue capable d’envisager !

    J’ai beaucoup aimé ce regard sur la condition de la femme dans ce roman. Il y a Nina, mais aussi Priscilla, la jolie femme ambitieuse a qui tout a toujours réussi ; Heather qui a connu des revers divers mais a toujours fait front et tenu son rang ; enfin Sarah et Jenny, les filles de Nina, chez qui on retrouve des traits de caractère de leur mère.

    Une fine observation de la société anglaise et des ses traditions.

     

    En lisant ce roman, je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement avec l’ambiance des romans d’Agatha Christie ou les aventures de l’Inspecteur Barnaby. La campagne anglaise proche de Londres, ses manoirs, ses cottages… ; les habitudes britanniques comme la broderie, le thé ; la hiérarchisation de la société ; les œuvres de bienfaisances ; les commérages ; les balades dans les champs, un labrador sur les talons… tout concourt à vous plonger dans l’atmosphère de l’Angleterre picturale de Constable.

     

    L’intérêt du roman est justement dans ces descriptions de la vie de tous les jours et des personnages, livrant peu à peu leurs petits secrets. Certes, il est question de tueur en série, de jeunes filles assassinées mais l’enquête et l’intrigue ne sont pas au cœur du récit. Elles semblent périphériques à la vie du village de Netherton St Mary où Nina s’est installée et où elle perce petit à petit les secrets des uns et des autres.

    Un récit intimiste, une écriture légère et précise comme la broderie anglaise, pour un récit atypique mais combien divertissant.

     

    Merci à Alex, du blog Mot-à-Mots de m’avoir prêté ce roman.

      

      

    Trouvez-moi un coupable, Margaret YORKETrouvez-moi un coupable, Margaret YORKE

      

     

    Pin It

    5 commentaires
  • Le pacte boréal, Anna JANSSONAlors que le froid et la neige de décembre submergent la côte, la petite ville suédoise de Kronköping est soudain plongée dans la terreur. Des inconnus sont pendus ou mutilés selon des méthodes qui rappellent les pires châtiments de la mythologie scandinave. Est-ce l'œuvre d’une secte ? Et pourquoi avoir choisi ces hommes et ces femmes sans histoires ? Ou bien s'agirait-il d'un tueur solitaire adepte des traditions nordiques les plus sanglantes ? La belle Maria Wern fait partie de l'équipe de policiers chargée de mener l'enquête. Sacrifiant ses vacances de Noël, elle doit au plus vite déchiffrer les signes étranges que les tueurs laissent sur les scènes de crime …

     

    Mon avis :

     

    Une question tout d’abord : pourquoi les récits nordiques se passent-ils presque toujours en hiver, aux environs de Noël ? C’est le quatrième auteur que je lis qui place son intrigue à cette période !

     

    Paru en 2010, ce roman vient de sortir en poche et c’est à cette occasion que Livraddict l’a proposé en partenariat. Poursuivant ma découverte des auteurs nordiques, je me suis laissé tenter.

    L’intrigue se déroule dans la petite ville portuaire de Kronköping, tirée de l’imagination de l’auteure. Tout comme chez Camilla Lackberg, le personnage principal d’Anna Jansson, est une jeune femme, Maria Wern. Mariée et mère de famille, elle tente d’harmoniser au mieux sa vie de famille et son métier qui exige des horaires assez flexibles. En famille, elle doit composer avec une belle-mère envahissante et tyrannique, au travail, avec un patron macho et bourru. Trouver le juste équilibre entre les deux sera une part importante du récit parallèle à l’enquête.

     

    Dès les premières lignes, nous sommes plongés dans la description d’un crime crapuleux et horrible, perpétré selon des rites qui rappellent la mythologie scandinave. Les indices pourtant nombreux ne permettent pas aux enquêteurs de dénouer rapidement l’affaire. La scène se déroule en plein bois et les témoins ne sont pas légion. Il faudra attendre qu’un lien soit établi avec une autre affaire ayant défrayé la chronique neuf ans plus tôt, à Uppsala, pour que l’enquête rebondisse et s’emballe.

     

    Ecrit comme un thriller, ce roman policier mène le lecteur vers des crimes toujours plus glauques, plus angoissants. Les indices semés le perdent en conjectures pour ensuite lui offrir un rebondissement inattendu. Le rythme s’accélère au fil des pages : après une lente mise en place, l’histoire nous entraine dans un tourbillon de révélations et une course contre la montre haletante entre Maria et le tueur.

     

    L’intéressant dans ce roman réside aussi dans l’introduction des rites et symboles de la mythologie nordique. J’ai vraiment appris sur ce domaine en lisant ce roman car il m’a poussée à m’informer sur les divinités et traditions dont il est ici question. Pour éviter que les lecteurs non avertis ne décrochent au fil du livre, l’auteure a eu la bonne idée de faire intervenir dans l’enquête, un historien spécialiste de la mythologie scandinave. Régulièrement, il apporte les éclairages nécessaires pour la bonne compréhension des faits. (Mais un petit tour sur le net n’est pas superflu pour bien comprendre les arcanes de ces récits anciens.)

     

    Mêlant passé et présent, traditions et vie moderne, ce polar nous pousse à comprendre le processus mental du tueur, son mode de pensée et le moyen de le prendre à son propre jeu. L’écriture précise et alerte de l’auteur nous offre un roman vif et passionnant et une intrigue qui tient ses promesses jusque dans les dernières pages.

     

    Merci à Livraddict et au Livre de Poche pour cette découverte !

      

     

     Le pacte boréal, Anna JANSSONLe pacte boréal, Anna JANSSON

    Pin It

    5 commentaires
  • L'art et la manière, George V HIGGINSJackie Cogan, homme de main de la Mafia, est chargé d’enquêter sur un vol qui s’est déroulé lors d’un tournoi de poker clandestin. Dans un monde sans foi ni loi régi par les gangsters, il ne reculera devant rien et n’épargnera personne pour débusquer le coupable.

    Avec un franc-parler sans égal, l’efficacité d’un homme d’affaires peu scrupuleux, un sens aigu des faiblesses humaines et un style aussi glacial que son regard, Cogan se lance à corps perdu dans sa quête. Dans le grand bazar des bas-fonds de Boston où prospèrent petites escroqueries en tout genre et violence animale, Cogan fait le ménage pour restaurer l’honneur de ses commanditaires.

     

    Mon avis :

     

    Je n’aime pas être déçue par un livre. Encore moins quand je l’attendais impatiemment. D’autant plus quand il est écrit par un maître du genre que je ne connaissais pas encore et que je tenais à découvrir. Et pourtant…

     

    Déformation professionnelle sans doute, quand je lis un roman, j’aime que la langue soit agréable, la grammaire correcte. Même si c’est un polar.

    Ici, nous sommes plongés dans la pègre de Boston et tous les protagonistes semblent avoir arrêté l’école à 8 ans, tant le niveau de langage est faible. Tous parlent mal, utilisent l’argot à tour de bras, font des fautes de grammaire (« à cause que », mauvais emploi du subjonctif et des pronoms relatifs, contractions fréquentes…), n’utilisent jamais la négation… et c’est valable pour le chef, ses gros bras ou les flics de service. Seul, le conducteur de la Toronado grise s’exprime correctement. (On comprend le fin mot à la fin). Quand l’histoire est bâtie sur 90% de dialogues, c’est très fatiguant à lire.

     

    Ajoutez à cela que ces truands, minables et sans cervelle, respectent la sacro sainte loi du silence et donc ne révèlent que peu de choses oralement, parlant de manière évasive, sans citer de noms, évoquant des faits sensés être connus de tous et donc non expliqués, et vous aurez compris que cette lecture est d’une extrême difficulté. L’auteur n’explique rien, ne fait aucun commentaire. Il se place en permanence en spectateur, extérieur à l’intrigue, qui relaterait juste ce qu’il entend.

     

    L’intrigue, qui ne repose quasiment que sur les dialogues, est aussi complexe. Il faut du temps, beaucoup de temps pour cerner les relations qui existent entre les personnages, comprendre ce qu’ils trafiquent, quelles occupations les font vivre…

    L’histoire s’articule autour de Jackie Cogan, homme de main de la mafia, chargé d’enquêter sur un braquage qui a eu lieu lors d’un tournoi de poker clandestin. Héros désabusé et cinglant, il mènera son enquête sans état d’âme, au milieu des avocats véreux, des gros bras et des escrocs à la petite semaine, remplissant seulement la mission qu’on lui a assignée. Vision sans concession de l’Amérique, l’histoire nous conduit dans les bas fonds de Boston, au sein d’une pègre où certains piétinent les codes d’honneur.

    Paru dans les années 70, ce roman vient d’être enfin traduit en français par Pierre Bondil, et paraît chez Michel Lafon au moment où l’adaptation cinématographique sort sur les écrans américains. « Killing them softly » avec Brad Pitt concourt au Festival de Cannes. Cela n’est sans doute pas dû au hasard.

    Remis dans son contexte (les années 70) le roman est novateur. Un tel niveau de langue n’était sûrement pas chose courante à l’époque. Des personnages qui s’expriment comme ils parleraient dans la vraie vie, cela a dû être une petite révolution en soi. Aujourd’hui, cela l’est moins.

     

    Bref, si l’intrigue est intéressante, la forme fut tellement une torture pour moi, que je ne l’ai pas vraiment goûtée. Sans doute faudrait-il une deuxième lecture pour la savourer vraiment, mais c’est au-dessus de mes forces pour l’instant.

      

    Malgré tout, merci aux éditions Michel Lafon pour ce partenariat qui m'a fait découvrir cet auteur.

     

     

    Pin It

    9 commentaires
  • Mystère rue des Saints-Pères, Claude IZNERDébut de l’été 1889. Victor Legris, libraire rue des Saints-Pères, se rend à l’Exposition Universelle où la Tour Eiffel, qui vient d’être achevée, tient la vedette. Au premier étage, il rencontre parmi la foule Kenji Mori (son associé) et son vieil ami Marius Bonnet qui vient de lancer son propre journal. « Le Passe-Partout ». Mais tout à coup, une femme s’écroule sous le coup d’une étrange pisûre. S’ensuit une série de morts inexpliquées qui marqueront les débuts de Victor Legris en tant qu’enquêteur.

      

    Mon avis :

     

    Premier tome des aventures de Victor Legris, libraire. Par cette lecture, je découvre à la fois cet enquêteur au style particulier et l’auteur (je devrais dire les auteurs) que je ne connaissais pas.

     

    Cette plongée dans le Paris du 19e siècle m’a beaucoup plu par son atmosphère festive. L’écriture est très visuelle et je me voyais déambuler à l’Exposition Universelle entre les badauds de l’époque, les fiacres, les élégantes Parisiennes… Le décor historique est bien documenté et c’est passionnant d’entendre parler de Van Gogh, aux premiers temps de l’impressionnisme, de Charles Garnier, de Gustave Eiffel et de tous ceux qui faisaient la une à l’époque.

    On sent aussi que le colonialisme vit ses heures de gloire et que le regard des Français sur les colonies et les protectorats est très paternaliste. L’image donnée par le « village nègre » est assez éloquente. L’électricité s’invite à cette exposition et en devient la reine ; le chemin de fer Decauville enchante les Parisiens… Bref, nous sommes vraiment immergés dans l’Exposition Universelle, et c’est un des charmes de ce roman. Un autre est aussi les fréquentes références faites à des auteurs et des ouvrages disponibles dans la librairie. Les avis de Victor, Kenji et Joseph, le commis, sont souvent discordants mais apportent un éclairage intéressant sur les débuts d’auteurs qui deviendront ensuite de grands classiques.

     

    Le mystère auquel Victor Legris est confronté est double, en fait. D’une part il essaie de dénouer le mystère de la mort de cinq personnes, apparemment sans lien les unes avec les autres si ce n’est celui d’avoir été mystérieusement piquée par une abeille avant leur mort. D’autre part, il est intrigué par l’attitude bizarre et inhabituelle de son père adoptif Kenji Mori. Serait-il lié de près ou de loin à tout ça ?

     

    Le récit prend le temps de nous immerger dans l’ambiance de l’époque, de nous familiariser avec le Paris de 1889. L’intrigue n’est pas échevelée mais finement amenée et l’on se glisse dans l’enquête au rythme de Victor Legris, en prenant le temps de rêver et de flâner entre deux réflexions plus intenses. L’intrigue est linéaire et sans rebondissement. Les indices disséminés ça et là permettent de la goûter pleinement et si l’on comprend bien avant la fin de quoi il retourne, il faut cependant attendre le dénouement pour en comprendre le mobile.

     

    On sent déjà que ce premier récit en appellera d’autres car beaucoup de questions restent sans réponse en ce qui concerne l’enfance de Victor et le passé de Kenji Mori. Sans doute découvre-t-on ces deux personnages au fil des aventures et je m’en réjouis.

      

      

    Mystère rue des Saints-Pères, Claude IZNER Mystère rue des Saints-Pères, Claude IZNERMystère rue des Saints-Pères, Claude IZNERMystère rue des Saints-Pères, Claude IZNER

     

    Pin It

    12 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique