• Cadres noirs, Pierre LEMAITREAlain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir. Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. A son sentiment de faillite personnelle s'ajoute bientôt l'humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois... Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d'étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l'argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l'ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d'une prise d'otages. Alain Delambre s'engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité. S'il se rendait compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite. Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

     

    Mon avis :

     

    Dès les premières pages, j’ai ressenti de l’empathie pour cet antihéros malmené par l’existence. Alain Delambre, c’est moi, c’est vous. Son histoire, du moins au départ, nous touche car on sait qu’elle pourrait être la nôtre. Nicole, son épouse, c’est le roc au milieu de la tempête, la force morale et l’amour qui l’aident à tenir debout. C’est pour elle qu’il vit d’expédients, de petits boulots. C’est aussi pour elle qu’il va un jour disjoncter. Il a tellement envie qu’elle soit à nouveau fière de lui.

    Au-delà du roman noir à suspens, ce roman est une critique acerbe de la société d’aujourd’hui, de la culture d’entreprise, du management et de l’esprit de compétition qui poussent les gens à écraser les autres pour garder la tête hors de l’eau. La description que fait l’auteur du chômeur, des sentiments qui l’habitent au fil du temps et des dommages collatéraux que cela provoque dans l’entourage sont d’une justesse qui fait peur.

    Mêlant réalité et fiction (cette histoire est inspirée d’un fait divers réel), entrecoupée de flashs d’actualité en lien avec le sujet (chômage, délocalisation, économie…), l’intrigue nous emporte rapidement et on n’a de cesse de connaître le sort que l’auteur réserve à son personnage.

    D’un style incisif et concis qui donne au récit un rythme soutenu, ce roman se lit d’une traite. Le découpage du récit et le changement de narrateur permet une confrontation des points de vue dont l’auteur profite pour donner son avis sur les méthodes de recrutement des cadres et les conditions de travail en entreprise. Véritable diatribe sociale, ce livre nous offre plusieurs lectures aussi intéressantes les unes que les autres.

     

      

     

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  • London Boulevard, Ken BRUENLorsque Mitch est libéré, après trois ans de cabane pour une bagarre dont il n'a gardé aucun souvenir, son pote Norton l'attend de pied ferme : appart, braquages, menus services... sa voie est toute tracée.

    Mais Mitch veut changer, vivre à l'honnête. Alors il se dégotte un boulot d'homme à tout faire chez une star déchue du théâtre, la fantasque Lillian Palmer, qui rêve de revenir sur les planches.

    Un temps, il braque, brique et couche avec sa patronne. Jusqu'au jour où son passé ressurgit avec violence.

     

    Mon avis :

     

    « London Boulevard » est un pastiche noir de Sunset Boulevard. Il vient aussi d’être adapté au cinéma avec Colin Farrell dans le rôle principal. Mais je ne l’ai pas vu.

    Entre sa sœur dépressive, son copain voyou déjanté et sa patronne fantasque qui refuse de vieillir, Mitch semble entrainer malgré lui dans un tourbillon infernal. Il voudrait rentrer dans le rang mais les événements semblent en décider autrement.

    Bien écrit, dans un style incisif qui fait mouche, truffé de références littéraires et musicales, ce roman noir pessimiste et sanglant tient en haleine et la chute inattendue est bien amenée. Il m’a cependant déçue car je l’ai trouvé excessif et caricatural.

     

      

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  • romans policiersQue se passe-t-il dans la tête d’un homme lorsqu’il perd toutes ses raisons de vivre, quand tout ce qu’il a construit s’effondre ? Que se passe-t-il quand on ne comprend pourquoi le sort s’acharne sur nous ? Qu’est-ce qui nous retient alors de ne pas devenir monstrueux ? Sur quoi construit-on sa vie lorsque plus aucune morale ne trouve prise sur nous ?...

     

    Mon avis :

     

    Waouh ! Quand j’ai déposé ce livre, je me suis sentie très oppressée. L’écriture, le style, l’histoire… tout conquiert à rendre l’atmosphère suffocante.

    Le narrateur, jamais nommé, parle à la 2e personne du singulier, comme s’il se distanciait de l’être qu’il est en train de devenir, tout en interpellant le lecteur comme si c’était lui qui s’enfonçait dans les ténèbres. Il perd toute notion de la réalité lorsque la police vient lui annoncer la mort de sa famille dans un accident de la route. Refusant la fatalité et accusant la terre entière, il fuit, se cache et coupe les ponts avec sa vie d’avant s’enfonçant dans le chaos.

     

    Ce court récit de cent pages se lit d’une traite. L’écriture même empêche de faire des pauses car les cent pages ne forment qu’une phrase ponctuée seulement de virgules. Même les rares paroles prononcées n’interrompent pas le récit. Tout va vite, très vite et plus le narrateur perd pied et s’enfonce dans une spirale autodestructrice, plus le rythme de lecture s’accélère. C’est magistralement imaginé.

     

    La fin ouverte ponctue ce récit foudroyant laissant libre cours à l’imagination du lecteur… point d’orgue de l’atmosphère oppressante ressentie au fil des pages.

      

    J'ai beaucoup aimé ce roman qui confirme que Patrick Senécal est un grand auteur de thriller.

      

    Autre avis chez Richard, ici et chez Pascal là.

      

      

     

     

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  • Romans policiersLondres, fin du XIXe siècle. Emily, jeune fille d’une vingtaine d’années, parvient à intégrer le service du célèbre inspecteur Hawkins. En accompagnant celui-ci sur l’une de ses enquêtes, elle met la main sur des indices qui pourraient avoir un rapport avec la mort de sa mère décédée tragiquement alors qu’elle était enfant.

     

    Mon avis :

     

    Connaissant mon goût pour les polars et la bande dessinée, un ami m’a offert cet album de Mara, 1er tome d’une série qui ne compte encore que deux albums. Le 3e est attendu pour début 2012.

    Avec cet album, nous replongeons dans le Londres de Sherlock Holmes ou, plus proche de nous, de Enola Holmes. Hawkins est l’archétype de l’Anglais bourgeois, sûr de lui et misogyne. Mais à la différence du célèbre Sherlock, derrière son ton froid et sa rudesse, il entretient plutôt les apparences, dissimulant l’affection qu’il ressent pour Emily et sa maladresse. Malgré quelques clichés, ce duo improbable fonctionne et on se prend de sympathie pour eux.

    Hawkins est un perfectionniste, au fait des dernières études et découvertes en matière de relevé d’indices et d’interprétation objective des faits observés. Il s’intéresse à l’entomologie et est entouré d’une équipe efficace dont un médecin légiste fort avenant.

    Un des points forts de cette BD, ce sont les dessins et le souci du détail de Mara. Elle rend particulièrement bien l’ambiance de la faculté de médecine ou des bureaux de Scotland Yard ainsi que celle de Londres à l’époque victorienne. Les couleurs sombres parachèvent l’ensemble pour créer une atmosphère particulièrement propice à l’histoire.

    Un bon album qui me donne l’envie de connaître la suite et le dénouement. On ne peut laisser ainsi une enquête non résolue.

     

      

      

    Petit c d g, j'ai trouvé trois fautes d'orthographe. Cela n'est pas admissible, je trouve ! 

      

      

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  • Romans policierUn agent important des services secrets israéliens spécialisés dans la mise en échec des attentats suicide se voit confier une mission particulière. Il doit entrer en contact avec Dafna, une romancière israélienne, en se faisant passer pour un jeune auteur en quête de conseils. Il nouera progressivement des liens d’amitié avec elle et lui proposera d’exfiltrer de Gaza son ami Hani, un poète palestinien atteint d’un cancer en phase terminale, afin de le faire soigner en Israël. Sa cible : le fils de Hani, chef d’un dangereux réseau terroriste. Mais à mesure qu'il pénètre les vies de Dafna et de Hani, le mur de ses certitudes s'effrite. Les deux écrivains rallument en lui des sentiments étouffés par des années d'interrogatoires musclés, de tortures et d'assassinats. Il poursuit néanmoins sa mission, tenu par un sens du devoir et des réflexes de soldat profondément enracinés. Mais pour combien de temps encore ? 

     

    Mon avis :

     

    Un style simple et efficace, à l’écriture percutante, pour ce thriller nous plongeant au cœur du conflit israélo-palestinien. L’auteur, Yishaï Sarid est avocat et connaît visiblement son sujet.

    Le narrateur parle de sa vie, de ses missions au cœur des services secrets israéliens et c’est passionnant. Il évoque aussi le fil ténu qui le tient en équilibre instable, en permanence, entre le bien et le mal. Avec lui, nous entrons dans un cycle sans fin de violence et de répression. Et, fait assez rare, nous entendons le point de vue de tous les protagonistes de ce conflit géopolitique interminable et de cette situation humanitaire chaotique.

    La société qui nous est décrite ici est perpétuellement en plein doute, minée par la guerre, la peur, la vengeance. Mais on y trouve aussi des hommes et des femmes capables de voir en l’autre autre chose qu’un ennemi.

    On ne sort pas indemne de cette lecture, qui est aussi un beau message de paix et d’espoir. Longtemps après l’avoir refermée, on vit encore aux côtés de Dafna, Hani, Yotam et les autres…

     

     

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  • FilmsEntouré d’un épais mystère, Carson McNeal est plus qu’un écrivain à succès, c’est un phénomène. Maître du thriller armé d’un style précis que l’on compare à Steinbeck, l’homme est l’objet de toutes les curiosités. Pourtant, personne ne l’a déjà rencontré, ni même approché. Afin de réaliser le coup de la rentrée littéraire pour le magazine Tales & Writer, Kerry Stevens, une jeune journaliste texane, imagine un stratagème futé pour s’immiscer chez l’éditeur de McNeal et dérober les bonnes feuilles de son prochain roman. Elle est bien décidée à trouver une piste pour rencontrer ce mystérieux surdoué. En dévorant les pages encore inédites, Kerry met des visages sur les mots, en imaginant à quoi pourrait ressembler Afia, l’héroïne palestinienne du roman. La lecture de ces pages noires va accompagner son enquête pour retrouver la trace de Carson McNeal.

     

    Mon avis :

     

    Cette bande dessinée se lit comme un bon polar à suspens.

    Dès le début, le mystère qui entoure ce Carson McNeal, brillant auteur de romans à succès, est entier. Personne ne l’a jamais vu ou entendu, l’anonymat fait même partie de son contrat.

    C’est sans compter sur la détermination de Kerry, qui veut prouver au monde, et surtout à son père, qu’elle a du talent. Ayant en sa possession le premier chapitre de son prochain roman, elle va chercher à le percer à jour grâce à ses écrits.

    L’histoire est aussi l’occasion de remettre en lumière la Guerre du Liban, une des pages les plus sombres de l’Histoire du Moyen Orient. Mais elle n’est hélas qu’effleurée ; j’aurais aimé qu’elle soit un peu plus approfondie.

    Très vite, l’enquête de Kerry et le roman de Mc Neal se mêlent habilement. Les histoires se frôlent, se superposent, entrent en résonnance, entrainant le lecteur dans mille supputations.

    Enfin, les protagonistes se dévoilent peu à peu, jusqu’au dénouement ouvert mettant en lien réalité et fiction.

     

    Pour figurer les deux histoires entremêlées, deux styles graphiques différents ont été choisis. Les couleurs aussi ont leur importance, élément narratif à part entière. Le tout cohabite dans une parfaite harmonie et rend la lecture passionnante.

     

    L’écriture comme rédemption, la recherche de la vérité, la quête de l’identité… sont autant de thèmes abordés dans cet album où chacun puisera ce qu’il voudra.

     

     

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  • romans policiersDenise entendit son fils geindre dans sa chambre. Elle monta le son de la télévision. On commentait à l’aide d’images précises le déroulement d’une greffe de rein. Peut-être que son fils aurait un jour besoin d’une telle opération... Elle devait pouvoir suivre les explications des médecins, et même leur suggérer des traitements. N’occupait-elle pas tous ses loisirs à lire des ouvrages médicaux ? À visiter les sites Internet traitant de pharmacologie ? Elle ne prétendait pas remplacer les spécialistes, mais elle croyait que ces hommes débordés n’avaient pas le temps de recouper autant d’informations qu’elle. Kevin continuait à gémir. Denise soupira, monta de nouveau le son.

     

    Mon avis :

     

    Troisième romans de Chrystine Brouillet que je lis. Une histoire, un cran en-dessous du collectionneur mais qui se lit bien. Deux enquêtes qui se mêlent. Le passage d’une à l’autre, d’un personnage à l’autre, rend l’intrigue dynamique et intéressante.

    On retrouve ici les collègues et amis apparus dans les romans précédents. Les relations s'affirment, se nouent, les antipathies s'accroissent... On apprécie les retrouvailles...

     

    Dans «…les icebergs » Maud Graham fait la connaissance de Grégoire qui l’accompagnera dans les romans suivants. Ici, elle s’inquiète pour Maxime et Kévin. Chaque histoire voit apparaître un enfant auquel Maud s’attache et pour lequel elle se bat jusqu’au bout. Elle éprouve de l’empathie pour ces jeunes et va au-delà de son rôle de flic pour les protéger le mieux possible des dangers qui les menacent. On sent la fibre maternelle dans chacune de ses interventions les concernant.

    Maud Graham est intelligente et fine sans être vaniteuse, elle a un sale caractère qu’elle assume et une fidélité à toutes épreuves en amitié. On ne peut que la trouver sympathique.

     

    Pas de gros scandale, de poursuites spectaculaires, de crimes bien gore dans les romans de Chrystine Brouillet - quoique « Le collectionneur » soit sanglant - mais une approche intimiste de la psychologie des personnages, suspects et policiers compris, et une intrigue qui se dévoile peu à peu rebondissant là où on ne s’y attend pas et repartant sur une autre piste, plausible et logique où le lecteur ne se perd pas. Une manière d’écrire qui la distingue de ses contemporains, une touche féminine bien présente et toujours un agréable moment de lecture.

      

      

    romans policiers

      

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