• Femmes sans merci, Camilla LACKBERGPrisonnières de leur mariage, trois femmes qui ne se connaissent pas échangent des confidences sur un forum internet.

    Ingrid qui a sacrifié sa carrière de journaliste au profit de celle de son mari, découvre que ce dernier la trompe sans scrupules. Et n’aspire qu’à se venger.

    Brigitta se sait malade depuis plusieurs mois mais n’a cessé de repousser le moment de consulter un médecin. Les ecchymoses qui couvrent son corps pourraient trahir les violences qu’elle subit dans l’intimité, or Brigitta a jusqu’ici préservé l’unité de son foyer.

    Victoria a quitté sa Russie natale pour s’installer en Suède avec un homme dont elle a fait la connaissance sur un site de rencontre mais il n’est pas le mari qu’elle imaginait.

    Humiliées, battues, blessées, elles échafaudent ensemble un plan. Et le mettent en œuvre. Un procédé imparable, sans mobile apparent…

     

    Mon avis :

     

    On ne présente plus Camilla Läckberg et son héroïne Erica Falck. Ici, ce récit indépendant n’a rien à voir avec son héroïne fétiche mais reste dans la même veine, autant par l’écriture que par le thème de la violence faite aux femmes.

    Ce récit chorale donne la parole à trois femmes : une journaliste, une institutrice et une femme au foyer. Toutes ont rêvé d’un mariage heureux et toutes sont bafouées au point de songer à se venger de ce qu’elles vivent au quotidien. Ses cent cinquante pages en font plutôt une grosse nouvelle dont la lecture rapide est également addictive. Les rebondissements, l’alternance des situations et l’écriture vive de l’auteure tiennent en haleine jusqu’au bout.

     

    Rédigé dans la mouvance du mouvement #MeToo, ce n’est pas le meilleur roman de l’auteure, mais il est agréable à lire et en cette période de panne de lecture, c’était idéal pour renouer avec ma passion. J’aurais cependant aimé que les personnages aient un peu plus de consistance et soient moins caricaturaux. J’espère que ce thriller féministe ne marque pas un tournant radical dans son approche des rapports humains et la lutte des genres. Ce serait dommage.

     

     

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  • La chambre bleue, Georges SIMENONPoliciers, juge et psychiatre cherchent à comprendre l'étrange comportement de Tony Falcone, après la mort de Nicolas, le mari de sa maîtresse. Ancien ouvrier, fils d'immigré italien à la tête d'une petite entreprise de vente de tracteurs et de machines agricoles, Tony est marié à Gisèle et père d'une petite Marianne. Mais il vivait en secret, il y a quelques mois encore, une relation amoureuse avec Andrée. Etait-il amoureux d'elle ? Il ne peut aujourd'hui l'affirmer. Ses jeudis après-midi, dans la chambre bleue de l'hôtel, dont son frère Vincent est le propriétaire, étaient bercés de "je t'aime" auxquels, il ne savait quoi répondre. 

     

    Mon avis :

     

    Le roman doit son titre à la chambre où Tony et Andrée, amants maudits, se retrouvaient en cachette. Leur relation physiquement intense plait à Tony mais il n’est pas question pour lui de quitter sa famille. Quand Andrée lui demande s’il partirait avec elle, s’ils étaient libres tous les deux, ébranlé, Tony s’éloigne et fait de sa famille sa priorité. Peu après, le mari d’Andrée meurt dans d’étranges circonstances.

     

    Ce récit est paru en 1964 aux Presses de la Cité et fait partie des « romans durs » de Simenon. Déroutante, la structure du récit ne répond pas à une chronologie classique et linéaire. L’histoire se construit suivant les souvenirs de Tony et les réponses qu’il fournit aux questions des policiers et juge qui instruisent l’affaire. Par cet entrelacs d’informations, le récit se tisse peu à peu et Tony s’enferre dans le sien, peinant à prouver son innocence et de plus en plus abattu face aux faits qu’on lui reproche.

     

    Comme toujours, Simenon décrit avec rudesse et concision ses personnages, principaux et secondaires. Il prend plaisir à décrire la façon dont les villageois s’épient, se jaugent et colportent des rumeurs les uns sur les autres. Comme toujours, il se joue des travers de ses contemporains et de leurs bassesses, se plaisant à les mettre en exergue.

    Les personnages sont d’une réelle épaisseur, plus vrais que nature et cela participe au plaisir de lecture. Au passage, Simenon égratigne également la justice qui, lorsqu’elle n’instruit qu’à charge, est capable de broyer un homme en retournant contre lui ses phrases les plus anodines.

    Un bon polar, poignant et efficace.


    La chambre bleue, Georges SIMENON2e 

     

     

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  • Le capuchon du moine, Ellis PETERSA première vue, c’est le crime parfait. Un riche propriétaire lègue ses biens à l’abbaye de Shrewsbury en échange d’une paisible retraite… et meurt en dégustant son repas ! Quelle main criminelle a versé dans le plat quelques gouttes de poison provenant de la pharmacie de Frère Cadfael ? Les suspects ne manquent pas, à commencer par les héritiers de la victime.

     

    Mon avis :

     

    Troisième roman historique des aventures de frère Cadfael, « Le capuchon du moine » est paru en 1980. Il nous entraine au Pays de Galles, à l’abbaye de Shrewsbury où un riche donateur vient de trouver la mort. Il semblait mélancolique depuis quelques semaines et pour le remettre en forme le Père abbé lui avait fait porter une part de la perdrix qu’on venait de lui cuisiner. Circonstances douteuses, malencontreuses aussi car elles mettent à mal la surveillance du frère Cadfael, dans la pharmacie duquel on a trouvé le poison. En effet, la racine du capuchon du moine est le nom d’un onguent qui soulage les rhumatismes mais qui est aussi un poison dangereux s’il est ingéré.

    Pour couronner le tout, ne l’accuse-t-on pas de pécher quand on apprend qu’il a jadis bien connu la veuve de cet homme et s’est retrouvé seul avec elle un moment ? Mais s’il replonge bien évidemment dans ses souvenirs de jeunesse, il n’en reste pas moins un moine désormais.

    Malgré toutes ces vilénies, frère Cadfael va mener l’enquête car non seulement il est mis en cause mais un innocent, il en est sûr, est accusé et recherché.

     

    J’ai pris plaisir à retrouver ce moine enquêteur dont j’ai lu les premières aventures et que je trouve très attachant. La narration est concise et l’enquête haletante. L’époque féodale anglaise qui sert de décor est finement dépeinte et nous permet de goûter aux lois et usages de ce XIIe siècle. L’auteure s’emploie aussi à nous montrer, avec ironie, qu’un Gallois n’est pas un Anglais, et que les lois des uns ne sont pas celles des autres. Certaines toujours valides prévalent même dans certains cas.

    Tout est donc réuni pour nous faire passer un bon moment au cœur d’une intrigue qui mêlent aussi de nombreux sentiments : amour filial, amitié, jalousie, orgueil, respect de la parole donnée…

    Un récit qu’on ne lâche pas une fois entamé.

     

     Le capuchon du moine, Ellis PETERSAbbaye de Shrewsbury

     

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  • A vol d'oiseau, Craig JOHNSONLe shérif Walt Longmire doit mener à bien une affaire des plus importantes : marier sa fille unique, Cady. Mais pendant les préparatifs de la cérémonie Walt et son ami Henry Standing Bear sont les témoins d’un étrange suicide. Audrey Plain Feather s’est jetée de la falaise avec son fils dans les bras. Si l’enfant est miraculeusement sain et sauf, il apparaît rapidement que cette mort est un meurtre déguisé. Walt se retrouve aux prises avec la nouvelle chef de la police tribale, la très belle et très zélée Lolo Long, et pour compliquer encore leurs relations, le FBI débarque en force pour suivre l’affaire. Une chasse à l’homme s’engage, qui mènera le shérif au plus profond de la réserve indienne avec pour guides un mystérieux corbeau et la sagesse des anciens.

     

    Mon avis :

     

    Après quelques années, je retrouve avec joie le sheriff Longmire et son Wyoming. Par la force des choses je suis passée de la 2e à la 8e histoire et certains détails m’ont manqué pour comprendre le cheminement personnel du héros. Mais l’enquête n’ayant aucun lien avec les aventures antérieures du sheriff cela ne m’a pas empêché de prendre plaisir à sa résolution.

    Apparemment, Walt Longmire du comté d’Absaroka s’est éloigné durant des années de la réserve indienne. Témoin de la mort d'une jeune femme, il y est ramené alors qu’il recherche un lieu pour organiser le mariage de sa fille, Cady. La jeune femme venue s’écraser au pied d’une falaise tenait son bébé dans les bras. Touché par cette affaire, il va s’assurer que le bébé, miraculé, soit en sécurité et va rencontrer la jeune chef de la police tribale, Lolo Long, au caractère peu commode. Vu son expérience et le souvenir qu’il a laissé dans la tribu, Longmire sera amené à l’assister.

     

    C’est avec plaisir que j’ai retrouvé le Wyoming, son histoire, ses traditions et les personnages fétiches de Craig Johnson. L’enquête est classique dans sa structure et ses rebondissements, c’est le regard acéré du sheriff et ses réparties qui font mouche à chaque fois. Homme droit, entier et respecté par tous, tant dans sa vie privée que son travail, il observe, écoute, juge peu et ne néglige aucune piste. En communion avec la nature, son environnement, ses racines, sa famille et les Indiens qu’il considère avec respect, il ne déroge jamais de sa ligne de conduite et marque de son empreinte toute enquête.

    Craig Johnson sait créer des personnages crédibles, forts ou faibles mais de chair et de sang. Le duo Lolo Long–Walt Longmire est particulièrement jouissif car il confronte deux personnalités opposées qui vont insuffler un rythme et une ambiance au roman. Au prise avec les soucis sociaux des citoyens, ils vont découvrir des relations ambigües, sensibles, des rancœurs tenaces et des réputations non usurpées.

    Attachant et bourré d’humour, ce polar est dépaysant et mordant à souhait.

     

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  • Le Résident, Elsa VASSEURMars 2017. Jacques Cascade s'installe pour six semaines dans la résidence d'écriture de White Falls, village perdu au nord de l'État de New York. Espérant renouer avec l'inspiration, il doit aussi cohabiter avec les autres pensionnaires : Ritesh, le poète indien silencieux, Dave, le dramaturge britannique si content de sa personne, Holly, l'essayiste américaine psychorigide, ou encore Cheyenne, la discrète écrivaine américano-iranienne.
    S'il y rencontre occasionnellement de farouches supporters de Donald Trump, les excursions de Jacques dans la campagne américaine le renvoient surtout à lui-même. Au point que des traumatismes enfouis ressurgissent. Pourquoi s'est-il tant éloigné de sa sœur Danielle ? Pourquoi son père est-il parti quand il était enfant ? Et, surtout, quel terrible mystère se cache derrière la mort de sa mère ?
     

     

    Mon avis :

     

    Jacques Cascade est à un tournant de son existence. Il peine à écrire son dernier roman, son couple bat de l’aile et son passé le bloque. Son éditeur le pousse à participer à une session d’auteurs en résidence. Un défi pour Jacques le taciturne que de vivre avec d’autres auteurs dont il se moque bien et de se concentrer sur l’écriture de son roman dont il n’a même pas le sujet. Au fur et à mesure que les jours passent, il se noue pourtant avec Ritesh, paisible et silencieux, ainsi qu’avec Cheyenne avec laquelle il fait de longues marches dans la nature.

     

    Plusieurs choses dans l’organisation de la résidence interpellent Jacques : le sentiment d’être épié, les allées et venues de Will, le responsable faussement cordial et directif à l’excès, ainsi que des coïncidences qui le ramènent bizarrement à son enfance. Le confinement à la résidence Oscar Wilde est pesant. Des flashbacks de plus en plus fréquents vont peu à peu faire remonter à la surface des moments de vie en famille. Pourquoi ? Aurait-il refoulé un fait grave, un traumatisme ? Et si les mots allaient tout faire basculer ?

     

    Ce thriller intimiste se penche avec finesse sur la psychologie du personnage principal et les méandres de sa pensée tout en ne laissant pas de côté ceux qui gravitent autour de lui. Lentement, Elsa Vasseur pose le décor, l’atmosphère, joue des apparences et distille au compte-goutte les informations qui permettent aux lecteurs de comprendre ce qui se trame en filigranes. A la fois comédie satirique et roman existentiel, ce récit est original et agréable à lire. L’écriture fluide et descriptive de l’auteure m’a plu de même que les découpages de la narration. Peut-être y a-t-il quelques longueurs et épisodes dispensables mais l’ensemble est cohérent. Un bon moment de lecture.

    Merci aux éditions Robert Laffont pour cet envoi.

     

     

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  • De ton fils charmant et clarinettiste, Richard STE MARIEPolicier à la carrière peu exemplaire, Marcel Banville, un célibataire endurci qui ne s’est guère fait d’amis au fil des ans, a repoussé à l’extrême limite le moment de prendre sa retraite tant il appréhende l’ennui qui s’ensuivra. Or, c’est à quelques semaines de la date fatidique qu’il hérite de l’enquête sur les meurtres sordides de prêtres associés à des actes pédophiles, enquête qu’il sait ne pouvoir résoudre avant de remettre son insigne.
    C’est donc en toute illégalité que Marcel décide de reprendre son rôle quand, en feuilletant par désœuvrement les albums photos de sa mère – dont le suicide en pleine force de l’âge constitue le douloureux mystère de sa jeunesse –, il réalise que de nombreux religieux gravitaient à cette époque autour de sa mère.
     

     

    Mon avis :

     

    Loin de l’inspecteur philosophe Pagliaro, auquel nous étions habitués, Marcel Banville est un flic médiocre, peu regardant sur les procédures, ex délinquant et solitaire. Alors que l’heure de la retraite approche, il se voit en charge d’une enquête pour faits de pédophilie et meurtres qui éclabousse le clergé. Il n’aura cependant pas le temps de la résoudre avant son départ. Mais elle continuera à occuper son esprit et le poussera à renouer avec son passé.

     

    J’ai été surprise par le ton et la véhémence de ce polar, loin de ce dont Richard Ste Marie nous avait habitués. Banville éructe plus qu’il ne parle, est cynique, vulgaire dans ses propos et n’a pas la probité de Pagliaro. Je n’ai pas réussi à le trouver sympathique. L’enquête qu’il mène est aussi bien plus sombre et les faits immondes. C’est l’occasion pour lui de régler des comptes avec le milieu clérical. Les personnages de Richard Ste Marie sont plus que crédibles et le récit est rythmé malgré les flashbacks qui hantent l’esprit de Banville entre souvenirs d’enfance et cauchemars.

     

    Comme dans ses romans précédents, Richard Ste Marie fait référence à son passé de musicien, une des nombreuses vies de l’auteur. Il campe aussi l’histoire dans le quartier Limoilou de son enfance à Québec. Sans doute, le sujet est-il aussi en lien avec des faits s’étant déroulés quand il était adolescent même s’il précise que tout n’est que fiction. On sait que le Québec a été profondément marqué par la domination du clergé sur les écoles, l’éducation et la vie quotidienne des familles et que cela a laissé des traces hostiles (jusque dans les jurons typiquement québécois). L’auteur plonge dans ce milieu et ces années-là, pour tisser l’intrigue de son polar. Un pari osé car les blessures sont loin d’être refermées.

     

    J’aime la plume de Richard Ste Marie, ses intrigues à la construction impeccable qui propose toujours des retournements ou des fins inattendus et sa manière de conter si bien des histoires dans l’histoire. Tout sonne juste et ses personnages ont une réelle épaisseur et de plus, il sait se renouveler. Mais le sujet était trop lourd et trop grave pour que ce 7e roman soit parmi mes préférés. J’attends impatiemment de retrouver Francis Pagliaro. Et si ce policier philosophe venait faire un séjour en Europe ?


    De ton fils charmant et clarinettiste, Richard STE MARIE6e

    Un polar noir  

     

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  • Le séminaire des assassins, Petros MARKARISAu retour d’un paisible séjour dans son Epire natale, le commissaire Charitos découvre avec plaisir qu’il est enfin promu directeur intérimaire de son service. Comble de bonheur ; Katérina sa fille adorée attend un heureux événement.
    Une atmosphère détendue bientôt troublée par un premier meurtre, suivi d’un deuxième puis d’un troisième. Ces trois crimes semblent connectés : les victimes sont d’anciens professeurs devenus ministres.

    Cette fois le projecteur est braqué sur l’université grecque.

     

    Mon avis :

     

    J’apprécie toujours me plonger dans les enquête de Kostas Charitos et dans les rues grouillantes d’Athènes.

    Moins mordant que ses premiers romans, ce polar nous donne à voir la misère des universités grecques qui, sous financées, voient des enseignants retraités rester en poste pour que les étudiants aient cours. Des étudiants répartis en deux groupes, ceux qui veulent seulement un diplôme et ceux qui ont à cœur d’apprendre et de se former vraiment. Des groupes politisés gangrènent aussi les auditoires et tout le monde craint de parler en public afin de ne pas devenir une cible potentielle des rumeurs. Dans cette situation assez glauque, voilà qu’un professeur de droit est assassiné. Bientôt rejoint par deux autres cadavres. Et à chaque fois, une lettre de revendications est envoyée aux médias.
    Qui donc peut bien se cacher derrière ces meurtres d’enseignants ? Et pour quel motif ? Simplement parce que ces trois professeurs ont quitté l’université pour embrasser une carrière politique ? N’y a-t-il aucune autre raison derrière ces meurtres ?

     

    Charitos vient d’être nommé sous-chef par intérim après le départ en retraite de son supérieur, Guikas. Il marche donc sur des œufs car il sait qu’on le surveille et qu’on attend qu’il fasse ses preuves à la tête de son département. Mais l’affaire s’annonce difficile.

     

    Traduit par Michel Vokovitch, ce récit se lit vite. La forme est simple et fluide, l’enquête linéaire et on y trouve moins d’assertions économico-sociales que dans les précédents récits rédigés en pleine crise. Même l’humour qui caractérise Markaris m’a semblé moins présent.

    Bref, j’ai passé un bon moment mais j’espérais mieux étant fan de sa trilogie de la crise.

     

    Merci à Babelio et aux éditions du Seuil qui m’ont permis de gagner ce roman via Masse critique.

     

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