• Soeurs de miséricorde, Colombe SCHNECK

    Soeurs de miséricorde, Colombe SCHNECK« Elle n’a pas le choix, elle doit partir. À Santa Cruz, tout est fermé, plus rien ne circule, l’argent, les gens, même les fruits pourrissent sur les arbres. Les femmes partent les unes après les autres, de plus en plus loin. Comment trouver du travail, un logement, quand on ne connaît personne ? Ni la langue, ni les rues, ni ce qu’on mange, ni les règles ? »
    Née en Bolivie dans une famille indigène, Azul a grandi dans un paradis où les fruits, les fleurs, les couleurs, les goûts prospéraient. Immigrée économique, laissant mari et enfants, langue et robes indiennes, rites et prières, elle va découvrir l’Europe et ses riches propriétaires. Comment montrer à ses patronnes ce que leurs yeux ne voient pas du monde ? Comment conserver la bonté reçue dans l’enfance ?

    Mon avis :

    Azul travaille à Paris comme femme de ménage chez madame Isabelle. Dans le RER, elle croise trois jeunes filles qui lui rappellent un épisode de son passé et repense à son enfance, sa vie. Tout ce qui l’a amenée ici à Paris.

    Nous sommes alors plongés au cœur de la Bolivie, dans une famille Quechuas, qui vit du troc des fruits du jardin. Azul a cinq ans au début de l’histoire et raconte son quotidien, ses jeux dans le fleuve Rio Chico, l’école des Sœurs au village où elle apprend l’espagnol, ses huit frères et sœurs et sa mère, veuve, qui travaille d’arrache-pied pour les nourrir et les éduquer. Elle est heureuse, insouciante. Elle rêve d’apprendre, toujours, de partir vivre à la ville pour poursuivre ses études. Elle sait que même en travaillant dur, en étant respectueuse, elle ne peut échapper à son monde. Mais elle s’accroche à son rêve. « L’éducation ouvre les cœurs et les bonnes volontés. » A douze ans, elle part pour Santa Cruz, rejoindre sa sœur ainée, Natalia qui a 16 ans et travaille comme femme de ménage. Grâce à elle, Azul et Julio, les deux plus jeunes pourront étudier. Azul deviendra secrétaire, Julio avocat. Mais la vie est dure, la crise éclate, les indigènes ne sont pas respectés.
    Azul a conscience d’être une Quechua, elle est fière de ses ancêtres qui ont fondé Cuzco au 13e siècle, la première ville inca. Elle est déterminée à les honorer, à se battre pour réussir, à ne jamais baisser les bras, malgré les adversités. Et Dieu sait s’il y en aura.

    C’est en rencontrant une Bolivienne à Paris que Colombe Schneck a eu l’idée d’écrire ce roman. Elle-même petite fille d’immigrés, elle s’interrogeait alors sur ses origines et ce qui avait finalement fait d’elle une Française. L’histoire d’Azul est celle d’une immigrée parmi d’autres, ce qu’elle vit, des milliers d’autres le vivent : l’éloignement, le déracinement, le choc entre deux cultures, deux mondes et surtout deux modes de vie. Chez elle, on pensait que la richesse n’est pas l’accumulation de biens mais de liens à l’autre. Ici, on vit le repli sur soi, l’égoïsme. Azul tente de s’adapter même si elle souffre. Et elle donne, généreusement, sans compter, gardant pour elle ses soucis pour ne pas alourdir le fardeau des autres. Toujours, elle fait bonne figure, reste optimiste, se montre forte. Chaque jour est un nouveau combat qu’elle doit gagner.

    Cette histoire d’une grande tendresse porte un regard plein de respect sur ces femmes qui quittent tout pour l’amour de leurs enfants, de leurs familles. Que de sacrifices elles s’imposent ! On ne peut qu’être touché par Azul et entrer en empathie avec elle. Mais elle nous livre aussi une belle leçon de vie et de courage.

    C’est pour cela que j’ai beaucoup aimé ce récit ainsi que pour les paysages colorés des hauts plateaux andins, la saveur des fruits du verger, les descriptions de la vie en Bolivie et le rappel des valeurs véritables que l’Europe semble avoir oubliées. J’ai moins goûté le style haché aux phrases courtes et l’écriture de l’auteure. Mais la force de l’histoire les fait passer au second plan.

    Une lecture nécessaire pour relativiser nos petits soucis quotidiens, remettre les valeurs humaines à l'avant plan et rendre aux immigrés la dignité qu’on leur refuse trop souvent. A lire.

    Soeurs de miséricorde, Colombe SCHNECK3e

    Merci aux éditions Stock et à NetGalley pour cet envoi numérique.

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Jacqueline
    Dimanche 16 Août 2015 à 08:11

    A lire ton beau billet, je pense que ce roman devrait me plaire ....yes

    2
    Jacqueline
    Dimanche 16 Août 2015 à 08:13

    De cette auteure, j'ai lu et beaucoup aimé "La Réparation" ...

    3
    Dimanche 16 Août 2015 à 09:33
    Estellecalim

    Ce roman est au programme de mes prochaines semaines et je suis ravie de lire ton billet parce que je ne savais pas trop à quoi m'attendre smile

    4
    Dimanche 16 Août 2015 à 10:38

    Je suis contente de vous avoir donné envie et me réjouis d'en parler avec vous.

    5
    Dimanche 16 Août 2015 à 13:08
    eimelle

    il fait partie de mes repérages, tu confortes mon envie!

    6
    Lundi 17 Août 2015 à 09:30
    Noukette

    J'ai découvert l'auteure il y a peu, ce titre ne fait partie de ceux que j'ai repérés mais tu sais donner renvie ;-)

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    7
    Mardi 18 Août 2015 à 22:04
    Alex-Mot-à-Mots

    Qui sait, cette lecture pourrait me réconcilier avec l'écriture de Colombe.

    8
    Mardi 18 Août 2015 à 23:53

    L'écriture ne m'a pas emballée. Mais j'ai aimé l'histoire.

    9
    Samedi 3 Octobre 2015 à 11:58

    Je suis passée un peu à côté de cette sortie... ton billet me donne envie de découvrir...

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