• Un été au Kansaï, Romain SLOCOMBE

    Un été au Kansaï, Romain SLOCOMBE« En ces splendides jours d’été, comment imaginer qu’au-delà de l’horizon si bleu et calme, les flots sont souillés d’huile et de sang, les avions piquent et explosent, les corps noircis de mazout dérivent jusqu’aux plages paradisiaques pour y finir rongés par les crabes ?… »
    Friedrich Kessler a vingt-quatre ans lorsqu’il débarque au Japon en 1941, nommé à l’ambassade du Reich. Sa carrière de diplomate lui a évité d’être enrôlé dans l’armée. Amateur de jazz et des récits des Mille et Une Nuits, Kessler a voulu partir le plus loin possible… Les femmes s’intéressent à ce rêveur ; que ce soit la robuste Helma, épouse délaissée de l’ambassadeur, ou la jolie Hiltraud que ses collègues surnomment l’« infirmière SS ». Mais les combats se rapprochent : Berlin, où vit la sœur de Friedrich, est déjà sous les bombes, Tokyo va brûler à son tour lors des grands raids américains du printemps 1945.

    Mon avis :

    Un jeune diplomate allemand, en poste à Tokyo, écrit chaque mois à sa sœur Liese restée à Berlin. Il lui raconte son travail, l’atmosphère de la ville impériale en ces années de guerre, ce qui se trame, se dit, se complote... et lui conte ses confidences sentimentales dans ce Japon, replié sur lui-même, avec ses traditions, ses croyances et le culte de l’obéissance passive que le peuple voue à l’empereur.

    A travers les lettres, on découvre la vision du monde des Allemands, alors certains de remporter la guerre et celle des Japonais, insouciants ou inconscients de ce qui se vit réellement en Europe et de ce qui adviendra. Malgré ses prises de positions patriotes, difficile de savoir si Friedrich est réellement nazi ou s’il profite du système à des fins professionnelles et personnelles, trop content de ne pas être au front. Raffiné, cultivé, il semble au-dessus de tout ça, subjugué par un pays qui lui ressemble et dont le mode de pensée le séduit. Assez rapidement, il se fait une place dans la bourgeoisie locale et quand il ne se consacre pas à sa collection de gravures d’Hiroshige, il médite sur la responsabilité des hommes. Mais qui est vraiment ce dandy mondain, amateur d'art ? Cet intellectuel esthète qui se pavane dans les salons et salles d'exposition, alors que là-bas, en Allemagne, les nazis accomplissent leur monstrueuse besogne dans l’horreur des camps...

    Dans ce roman sensible et terrible à la fois, Romain Slocombe dresse le portrait d’une civilisation menée au désastre par le fanatisme de ses dirigeants. Le style réaliste et sobre colle particulièrement bien au récit et nous mène aux dernières pages, bouleversantes, que l’on lit la gorge serrée.

    Ce récit aurait pu être un presque coup de cœur si Friedrich avait eu un peu plus de consistance, d’épaisseur. Mais ce jeune homme naïf, planqué, sans grande envergure, m’a semblé bien fade.

    Merci aux éditions Arthaud et à Masse critique pour cet envoi.

     Un été au Kansaï, Romain SLOCOMBE10e

     

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 3 Octobre 2015 à 08:36
    Marilyne

    Ah, contente de croiser un billet sur cette lecture. Je viens de la terminer, j'ai vu qu'il y avait un " mais, je reviens te lire dès que j'ai écrit ma chronique !

    2
    Samedi 3 Octobre 2015 à 21:09
    Anne (Desmotsetdesno

    Je viens de repérer ce roman en librairie, je me suis retenue mais il m'intéresse et je suis contente aussi de lire ton avis !

    3
    Lundi 5 Octobre 2015 à 09:33
    Alex-Mot-à-Mots

    J'ai aimé ce roman pour son arrière-plan historique.

    4
    Lundi 19 Octobre 2015 à 20:21

    Hiroshima, Tokyo, Berlin 45... tout ça est bien décrit. Pas neuf pour moi qui lis beaucoup sur le sujet, mais intéressant. J'ai juste trouvé le personnage principal inabouti.

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