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Vagabond, Franck BOUYSSE
La journée, il erre dans les rues et s’arrête parfois pour écrire des chansons, voyant à peine ceux qui sillonnent la ville d’un pas pressé. Le soir, il joue du blues dans les cafés, habité par sa musique. La nuit, il rejoint son hôtel miteux pour dormir, pour rêver d’Alicia, celle avec qui il partageait la scène il y a quinze ans, celle qui est partie et lui a brisé le cœur. Et justement Alicia est en ville pour y chanter. L’apparition de ce fantôme va pousser l’homme à replonger dans son passé, dans son enfance et ses mystères.
Mon avis :
Un homme non identifié, solitaire et vagabond, joue du blues le soir dans un club sans grâce de Limoges. Pas d’attache mais un souvenir chevillé au corps. Nostalgique, sombre, habité par ses rêves, il chante sa mélancolie entre deux verres d’alcool, s’accompagnant à la guitare. Il loge dans un hôtel miteux, quand il a de quoi de payer, ou s’affale dans la rue.
Il subit la vie enfermé dans un passé qui le hante et le vrille. Il ne fait pas face ; il fuit. Et c'est cette misère, cette déchéance qui est ici mise en avant, cette fragilité de l'existence qui fait se demander si la vie a du sens.
Ce court roman, presqu’une fable, est écrit d’une plume douce-amère, écorchée tel un air de blues. Franck Bouysse joue habilement avec les mots, rudes, âpres et mélodieux à la fois. Il nous entraîne dans les pas de cet homme et malgré la tristesse infinie qui suinte à chaque page et le fait qu’on sente que cela va mal finir, il parvient à nous séduire et à nous accrocher jusqu’au bout.
Un roman noir, beau et sombre, qui vous emmène là où on ne s’y attendait pas.
Tags : littérature française, roman noir, jazz, blues, déchéance, rupture, solitude
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Commentaires
Après ma lecture de Né d'aucune femme, je suis curieuse de lire ce que l'auteur a écrit d'autre! Grossir le ciel est très beau, parait-il!
Je le note. Je pense que j'en lirai d'autres aussi.