Par argali
Au sein d’une mystérieuse confrérie dédiée à la cuisine sur broche, des apprentis sont formés, deviennent eux-mêmes maîtres, et la tradition se poursuit depuis des siècles.
L’enseignement est transmis par des hommes et des femmes pittoresques, de toutes les origines et de toutes les spécialités culinaires – marinades méditerranéennes, asado argentin, wagyu japonais, lama des Andes au chimichurri – non sans le caractère épicurien avide de plaisirs sous toutes ses formes.
De la Belgique de la fin du XIXe siècle jusqu’à Montréal en 1962, Sans Loi, le narrateur, retrace son parcours en tant que membre de l’Ordre du Méchoui, un récit dans lequel se fond l’histoire du vingtième siècle, mais qui reflète aussi ses grands enjeux : une modernisation inévitable et les divisions qu’elle entraine entre conservateur et réformistes.
Mon avis :
J’ai découvert Lionel Noël avec un roman d’espionnage et son fameux « Brouillard d’automne » qui se déroule lors de la bataille des Ardennes en hiver 44. Je savais que L’Ordre du Méchoui n’était pas de la même veine. J’ai été agréablement surprise malgré tout car il nous propose une histoire originale et inattendue. On assiste à la formation d’un jeune cuistot, que rien ne prédestinait à devenir un chantre du bon goût, de la cuisine et des saveurs. Dès son initiation, par un maitre allemand, à l’art de la cuisson à la broche, on le suit, pas à pas, dans son ascension. Il aura comme mentor les plus grands cuisiniers internationaux de l’époque et chacun l’initiera à sa spécialité. Cette forme de compagnonnage le verra entrer dans une confrérie renommée, l’Ordre du méchoui, consacrée aux mystères, aux codes et aux traditions de la cuisine sur broche dont il découvrira les secrets, tout au long de sa vie.
Ce roman humaniste et épicurien par excellence est un plaisir des sens : les narines frétillent à la seule évocation des aromates et les papilles palpitent à la description des plats qui mijotent. Chaque page se savoure avec délectation, des marinades méditerranéennes au wagyu japonais en passant par les venaisons italiennes et permet des découvertes culinaires pour le moins étonnantes comme les œufs balut ou le hakar islandais. (estomac fragile s’abstenir).
De la Belgique de 1892 au Montréal des années 60, le narrateur nous retrace son parcours qui se mêle inévitablement à l’Histoire de l’humanité et décrit l’évolution de la cuisine et de ses pratiques à travers le monde. C’est qu’il voyage ce « Sans Loi » pour étudier et transmettre les savoir et les savoir-faire ancestraux !
Si vous avez aimé Le voyage de cent pas de Richard Morais ou les récits de Michèle Barrière, vous aimerez davantage L’Ordre du Méchoui car en plus de nous conter l’art de la table et ses plaisirs, il est superbement écrit et très documenté. Un travail de recherche phénoménal a dû être effectué en amont de l’écriture car ce récit initiatique est truffé d’anecdotes véritables. L’expérience de cuisinier de l’auteur rend cette histoire vivante d’un bout à l’autre.
Amoureux de la littérature et de la gastronomie, ce roman onctueux et suave à souhait est une invitation aux plaisirs. Laissez-vous tenter.
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