Par argali
"Tout ce que l’on aime devient une fiction. La première des miennes fut le Japon. A l’âge de cinq ans, quand on m’en arracha, je commençai à me le raconter. Très vite, les lacunes de mon récit me gênèrent. Que pouvais-je dire du pays que j’avais cru connaître et qui, au fil des années, s’éloignait de mon corps et de ma tête ? »
Mon avis :
Fidèle au rendez-vous, Amélie Nothomb nous propose en cette rentrée son vingt deuxième ouvrage et son cinquième sur le Japon. Je ne dis pas roman car ce n’en est pas un, plutôt un reportage, un récit.
En 2012, un an après la catastrophe de Fukushima, Amélie est appelée à retourner au Japon pour la sortie de son roman « Métaphysique des tubes ». Avec une équipe de journalistes de France 5, elle entreprend un retour sur les lieux de son enfance pour un reportage qui paraîtra à son retour. *
De lieu en lieu, d’émotion en émotion, elle se livre de fond en comble, nous raconte son histoire, son enfance japonaise, les personnes qu’elle a aimées, qui ont forgé sa personnalité. Nous allons à la rencontre de Nishio-san, de Rinri… Elle nous confie ses sentiments face à ce Japon idéal qu’elle retrouve après seize ans d’absence, après le tremblement de terre de Kobé (qui a notamment ravagé sa maison) et celui de Fukushima. Un Japon en souffrance, mais fier et digne, toujours en équilibre entre traditions ancestrales et modernisme. Ce Japon en reconstruction est l'occasion d'un retour sur soi nécessaire et terrifiant.
Car le vrai sujet de ce récit est un voyage au cœur de l’intime, celui de l’enfance, celui de l’auteure. Une plongée en nostalgie, qu’elle voudrait heureuse, comme la vivent les japonais mais qui fait remonter mélancolie et tristesse. Une forme de nostalgie qui n’existe pas en japonais.
J’apprécie vraiment cette auteure qui fait partie de mes préférés et j’ai aimé partager avec elle cette intimité et faire de nouvelles découvertes sur l’art de vivre japonais. Dans ce retour au pays idéalisé, on sent l’émotion et la tendresse derrière chaque mot. Pourtant, je reste sur ma faim. Trop court, trop effleuré ? Rédigé dans une langue moins affinée ? Je ne saurais dire mais j’ai refermé ce livre avec un goût de trop peu et une pointe de déception.
* "Une vie entre deux eaux", documentaire de Luca Chiari, écrit par Laureline Amanieux.
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