Par argali
La vie comme une image : une mère parfaite, une petite fille modèle, un père gentil, l’observance stricte des règles de bienséances. Rien, en apparence, pour donner matière à un roman. Et pourtant... De cette vie réglée comme du papier à musique s’échappent de désagréables et persistantes odeurs. Le mur du silence qui l’enveloppe se lézarde et laisse entrevoir que ce soi-disant éden, tout entier édifié sur le mensonge, engendre une souffrance qui conduira au meurtre.
Mon avis :
J’ai découvert Jocelyne Saucier avec « Il pleuvait des oiseaux » un de mes coups de cœur 2012. Conseillée par Billy à la Foire du Livre de Bruxelles, j’ai acheté son premier roman paru en 1996. Un court roman de cent pages qui nous fait entrer dans la vie d’une famille ordinaire. En apparence.
Au début, quelques longueurs m’ont fait hésiter à poursuivre, les menstruations n’étant pas un de mes thèmes de prédilection. Mais passé ce premier chapitre, je suis entrée dans cette histoire onirique avec plaisir.
Tout aurait pu être terriblement banal dans cette famille - loin de donner matière à un roman - si le père n’avait pas décidé de quitter son univers aseptisé et sans surprise. Fuyant ce choc, mère et fille vont vivre dans le déni et l’installation progressive d’un imaginaire auquel elles s’accrochent l’une pour l’autre sans qu’on ne sache vraiment si elles sont dupes. Cela leur permet de garder la tête haute et une vie respectable. Peu à peu, cependant, on sent craquer le vernis et poindre un quotidien insignifiant et irréel qui mènera au drame.
Nous montrant ce qu’une disparition peut avoir comme impact, Jocelyne Saucier mêle aussi à l’histoire ses souvenirs d’enfance dans les années 50, dans une petite ville de province.
Un roman intimiste et feutré, original, à déguster comme une madeleine à l’heure du thé.
Le blog d'Argali © - Hébergé par Eklablog