Par argali
Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller et revenir de Londres. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe une jolie maison. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu'elle aperçoit derrière la vitre : Jason et Jess. Un couple qu'elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l'être par le passé avec son mari, avant qu'il ne la trompe, avant qu'il ne la quitte. Mais un matin, elle découvre un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Quelques jours plus tard, c'est avec stupeur qu'elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu...
Mon avis :
Trois femmes sont au centre de ce roman choral, thriller particulièrement prégnant. Il y a d’abord Rachel, la fille du train, épouse bafouée, abandonnée, devenue alcoolique. Puis Anna, la maîtresse seconde épouse et maman. Et enfin Megan, la voisine, celle que Rachel observe chaque jour du train et qui semble mener la vie heureuse et parfaite dont elle-même a toujours rêvé. A tour de rôle, elles se racontent, se confient, donnant aux lecteurs leur version d’un même événement. Et l’on s’aperçoit rapidement que les apparences sont souvent trompeuses.
Je ne vais pas trop en dire sur l’histoire car ce genre de livre souffre d’être trop dévoilé. Il faut y entrer vierge de toute information, je dirais même qu’il faut éviter de lire la 4e de couverture.
Le récit est de facture classique et l’entrée en matière – une jeune femme aperçoit quelque chose d’anormal depuis le train - fait penser au roman d’Agatha Christie « Le train de 16h50 ». Mais la polyphonie apporte originalité et suspens et permet à l’auteure de dresser trois beaux portraits de femmes. Trois vies, trois parcours et autant de faux semblants. J’ai particulièrement apprécié le personnage de Rachel et le portrait qu’elle en fait. Une femme blessée qui vit sa vie par procuration et dont elle dépeint avec justesse les affres dans lesquelles l’alcool la plonge, la rendant à la fois paranoïaque et crédule. Les promesses d’ivrogne, les remords, les accès de colère ou les phases de dépression profonde sont particulièrement bien décrits de même que les trous noirs dans lesquels ses excès l’entrainent.
Ce récit a tout pour plaire : le sujet, le suspens, l’addiction (je l’ai lu en 24h) et pourtant je ne suis pas convaincue à 100%. Dès la page 69, j’avais de forts soupçons sur la solution finale et ils se sont avérés exacts. Cela a un peu gâché la surprise. Bien sûr, il y a eu des rebondissements, de nouveaux détails apportés et un éclairage final peaufiné mais l’essentiel était éventé. Je le regrette. Ce roman est riche de plusieurs influences : un petit côté Christie, un soupçon de « Fenêtre sur cour », un zeste de « Gone girl » et je ne suis donc pas surprise de le voir en tête des ventes dans de nombreux pays. Mais le suspens est trop ténu à mon goût et le dénouement un peu trop rapide, bâclant de manière dommageable le côté psychologique des dernières scènes.
Je n’ai pas l’habitude de chiffrer mes lectures mais pour appuyer cet avis mitigé, je donnerai 6,5/10 à ce premier roman. Pas vraiment une déception car il a des qualités narratives évidentes mais pas non plus un coup de cœur en raison des faiblesses de l’intrigue.
Un avis bien plus enthousiaste chez Yvan.
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