• 9bis, rue de l'Enfer, François FILLEUL

    9bis, rue de l'Enfer, François FILLEULPauline est née rue de l’Enfer : pas de chance. Dans le quartier du marais. Pas celui de Paris.

    Pluie, boue et le petit peuple du désastre : quelques brutes humaines s’agitent au fond d’une campagne qui n’en est plus vraiment une, depuis que l’industrie est passée par là. Par une nuit trop arrosée, sa mère disparaît dans les marais.

    Alors, Pauline se débrouille comme elle peut pour s’extirper de là. Bonnes sœurs, satires, alcooliques…, sa route ne croise pas toujours ce que la région fait de meilleur.

    Heureusement, certaines rencontres sont plus favorables comme celle de ce grand ado dégingandé ou de Carlo, qui la fait entrer chez Google… comme femme de ménage. Dehors, c’est le déluge. Au moins, Pauline sera au sec pour le raconter.

     

    Mon avis :

     

    Il faut plusieurs pages pour comprendre que Pauline vit au 21e siècle, dans un quartier pauvre et humide, au pied des terrils, où la précarité englue ceux qui y vivent. La description faite de ce soir d’orage où Pauline raconte son histoire dans le hameau de l’Enfer est aussi glauque qu’un roman d’Huysmans. D’ailleurs le roman de François Filleul est imbibé du même pessimisme et présente des personnages tout aussi désabusés et désœuvrés noyant leur misère dans l’alcool.

    Pauline est extirpée de son milieu par le pasteur du village afin, dit-il ,de la protéger. Il la place dans un pensionnat pour jeunes filles, lui offrant la possibilité de faire des études. Il l’accueille dans sa famille le we. Son fils, un ado mal dans sa peau et vicieux prend plaisir à traquer Pauline qui fait tout pour l’éviter. Chaque dimanche, sa mère lui rend visite avec son beau-père mais reste à la grille de la maison. Malgré sa famille dysfonctionnelle, des sentiments existent entre eux même si les mots et les marques de tendresse ne font pas partie de leur quotidien. 

    Un jour, sa mère disparait…

    François Filleul est un auteur belge atypique. Aucune de ses publications ne se ressemblent : un policier socio-politique, un recueil de nouvelles à l’humour caustique et ce roman inclassable mi dystopie mi roman noir à l'humour trash et surréaliste. Il y observe un quartier proche du quart monde et une famille en particulier. Alors qu’une possibilité est donnée à Pauline de sortir de son milieu, une sorte de déterminisme l’y replonge comme si les lois familiales étaient immuables. Pauline raconte en ce soir d’orage. Où est la part de réalité et celle de fiction ? 

    L’écriture pourra-t-elle l’aider à savoir qui elle est ? A la « désembourber » de son milieu ?

    Un roman belge à tenter, une écriture unique, bien belge que l'on goûte au fur et à mesure que l'histoire se développe.

     

     

     

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