• Le cavalier démonté, Gisèle BIENNE

    Le cavalier démonté, Gisèle BIENNESa femme l’a quitté à cause de ses colères spectaculaires. Les gens le traitent de mécréant, de comédien, d’alcoolique, de dépressif, d’illuminé.
    Lucille, elle, pense que son grand-père est peut-être un génie. On lui a dit qu’elle avait le même caractère que lui. Elle se demande s’il se sent aussi seul qu’elle.
    Un soir, après le lycée, elle prend son courage à deux mains et pousse la porte du café où il retrouve tous les jours ses amis, des gueules cassées de la guerre de 1914. Il est là, le corps intact, l’esprit inguérissable. Ici, entre les vapeurs d’alcool et la fumée des cigarettes, règne une liberté de parole comme Lucile n’en a jamais connue.
    Nous sommes le 19 novembre 1964. Les foyers français se modernisent. Une jeune fille s’apprête à partir, à travers les villages disparus de l’Argonne, à la rencontre du passé de son grand-père.

    Mon avis :

    Dans ce roman, Gisèle Bienne touche du doigt la difficulté de vivre après la guerre, de survivre plutôt. Pour Félicien, le retour à la vie normale est impossible. Avec trois amis, ils se retrouvent au café, chez Lou et refont l’Histoire. Il est le seul physiquement intact mais il est le plus tourmenté du groupe.
    Instituteur, il a été incapable de reprendre les cours, de s’intéresser aux enfants. Il a aussi été incapable de reprendre la vie commune et de renouer des liens d’amour avec sa femme. Elle voulait aller de l’avant, oublier ce conflit. Il était incapable de faire une croix sur les combats, les morts, l’horreur. Cette guerre a fait de lui un animal féroce. Ce cavalier devenu fantassin devant l’inutilité du cheval dans les tranchées (d’où le titre) est aussi démonté contre la guerre, les gradés, chefs d’Etat et la société dans son ensemble qui n’a rien compris.
    Ayant renoué avec sa petite-fille malgré lui, il l’emmène en excursion sur les routes de Champagne et d’Argonne. Elle découvre les cimetières, la ferme de Navarin où du moins le panneau qui indique sa présence autrefois, avant la désastreuse offensive de 1915… Ils évoquent les poètes combattants, Aragon, Cendrars, Apollinaire. Il se remémore pour elle les mutineries du Chemin des Dames en 1917, renâcle contre les monuments aux morts, les cérémonies du 11 novembre, l’hypocrisie de la société…
    Pour moi, les plus belles pages sont celles qui décrivent ces escapades sur les lieux des batailles.

    Pourtant, bien que remarquablement écrit, ce roman me laisse perplexe. Destiné aux jeunes, le discours est quelque peu décousu, comme le sont les conversations à bâtons rompus que les quatre hommes enfilent à chaque fois qu’ils se retrouvent. La guerre étant leur seul sujet de discussion. Tout au long de ma lecture, je me suis demandé si mes élèves percevraient les finesses de ces échanges, les non dits, la pertinence des propos de ce vieux fou de Félicien.

    De plus, trouveront-ils plausible ce parcours initiatique d’une jeune fille qui préfère la compagnie de quatre messieurs âgés à celle d’amis de son âge ? Comprendront-ils qu’elle fuie ses propres problèmes en compagnie de cet irascible grand-père, aux côtés duquel elle est une intruse ? Que peut-elle comprendre de ces discussions, elle qui n’a que quinze ans ?

    Je prendrai cependant le pari de leur compréhension, tant le côté passeur de mémoire est riche et le réquisitoire pacifiste intéressant. Je reviendrai vous en parler dans quelques temps.

     

     Le cavalier démonté, Gisèle BIENNE

     

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 12 Avril 2014 à 09:05

    C'est une jolie histoire en tous les cas, qui donne envie d'être lue. Bon week-end à toi.

    2
    Samedi 12 Avril 2014 à 11:50
    Noukette76

    Je ne connaissais pas mais ça pourrait bien m'intéresser !

    3
    Samedi 12 Avril 2014 à 13:36
    Anne (desmotsetdesno

    J'aime la couverture et ça m'intéresse aussi, mais je me demande si je ne serais pas gênée moi aussipar les côtés un peu invraisemblables...

    4
    Mardi 15 Avril 2014 à 07:36
    Stephie

    Bien envie de le lire !! (Si tu peux ajouter le lien vers mon blog, ce serait gentil. De lien en lien, des blogueurs ont pu découvrir le challenge et se joindre à nous)

    5
    Mardi 15 Avril 2014 à 10:24

    Si tu cliques sur le logo, tu arrives sur ton blog.
    As-tu vu que Babelio a choisi le même logo que toi pour son challenge Première Guerre. Ca me mêle un peu.

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