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BEATRICE, Joris MERTENS
BÉATRICE prend chaque jour le train pour se rendre au travail. Dans la cohue de la gare, un sac à main rouge attire son attention. Jour après jour, à chaque passage dans la gare, il semble l’attendre. Succombant à sa curiosité dévorante, Béatrice, en emportant l’objet chez elle, ouvre les portes d’un monde nouveau...
Mon avis :
De planche en planche, on repère facilement Béatrice dans la foule parisienne qui se presse du métro au travail et du travail au métro. Son beau manteau rouge attire l’œil lorsqu’elle arpente les grands boulevards. Anonyme dans le flot permanent des travailleurs pressés, Béatrice aperçoit un matin un sac rouge abandonné sur un quai. Après une harassante journée de travail aux Galeries La Brouette, elle reprend son train et aperçoit le même sac rouge au même endroit. Ce n’est que le lendemain soir qu’elle osera céder à la tentation de l’emporter.
L’album est composé de cinq parties. La première nous présente l’univers de Béatrice, le train-train quotidien, son travail au rayon des gants, la succession de clientes, le cercle infernal métro-boulot-dodo. On sent à travers les images la cohue, la pression du métier, la vie morne de la jeune femme., le Paris des années 70 ses enseignes lumineuses criardes qui défigurent la ville… Puis vient le jour où elle emporte le sac et découvre à l’intérieur un vieil album de photos en noir et blanc.
Cet album de Joris Mertens, scénariste et graphiste belge dont c'est le premier album, est non seulement magnifique au niveau des dessins, du rendu de l’atmosphère de la capitale, du travail dans un grand magasin… mais il a aussi l’originalité d’être sans texte. De page en page, on découvre une histoire sans paroles, tout en nuances qui nous plonge dans le quotidien d’une jeune vendeuse. Morne, banal. Jusqu’au jour où elle découvre ce petit album photos au fond d’un sac.
J’ai A-D-O-R-E ce roman graphique. C’est une vraie réussite à tout point de vue. L'auteur maîtrise à la perfection l'art de la suggestion. Différentes atmosphères se succèdent, les plans de Paris sont un émerveillement, l’histoire en elle-même est tendre et touchante, empreinte de nostalgie. Malgré l’absence de paroles, ces 110 pages sont d’une richesse narrative extraordinaire.
Je compte l’étudier en classe car, tant du point de vue narratif et de l’implicite que de l’étude des cadrages, découpages, mises en perspective… il y a mille choses à dire, à faire découvrir.
Je ne peux que vous exhorter à « lire » ce bel album poétique et nostalgique qui rend un bel hommage à l’art.
Tags : roman graphique, Paris, nostalgie, art, cinéma, routine, rêve, quête, solitude
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Commentaires
il a l'air vraiment super! Je note!
Il l'est !