• Code Kanun, Michel CLAISE

    Code Kanun, Michel CLAISENuit agitée pour Julie Pasteur-Dhoose, la juge d’instruction d’astreinte. Vers 2 heures du matin, elle est réveillée par Réginald Vertongen, le procureur. Un corps criblé de balles a été découvert en ville. La victime, d’origine albanaise, portait un bracelet électronique. Qui est le ou les assassins ? Pourquoi ce meurtre ?

    De Bruxelles à Tirana, d’Anvers à Bogota, le roman nous entraîne dans les mondes interlopes de la prostitution, du trafic de drogue et du blanchiment d’argent, au cœur d’une guerre sans merci, entre les mafia albanaises et marocaines dans le deuxième plus grand port du monde : Anvers.

     

    Mon avis :

     

    Ce dernier roman de Michel Claise, juge d’instruction, est passionnant. A travers les portraits de trois personnages, tous Albanais, il nous explique l’Histoire d’un pays d’Europe, malmené pendant des siècles, envahi, exploité, dominé et dont le peuple a longtemps vécu dans une pauvreté extrême. Pour fuir cette pauvreté, des milliers d’Albanais ont quitté leur pays d’origine pour l’Europe de l’Ouest ou les Etats-Unis. Leur but : gagner bien leur vie pour envoyer de l’argent au pays à leur famille.

     

    Sans édulcorer les faits et sans accabler tous les Albanais, Michel Claise nous relate une enquête pour meurtre dont les ramifications entrainent le lecteur de Bruxelles à Anvers, Tirana et Bogota. On remonte le fil de l’histoire tentaculaire et on plonge au cœur d’un trafic de drogue, d’une entreprise de prostitution, on assite à des luttes d’influence, on comprend les filières de blanchiment d’argent, les accointances entre milieux et clans et la corruption qui atteint tous les niveaux de pouvoir.

    Et puis, il y a le fameux Code Kanun qui donne son nom au roman. Ce code de règles à respecter est fondé sur quatre piliers : l’honneur, l’hospitalité, la rectitude et la loyauté. Elaboré au XVe siècle pour contenir l’anarchie et la violence de la société, il reste aujourd’hui difficilement modifiable. Divers dirigeants ont essayé de l’éradiquer mais certaines régions du nord de l’Albanie y sont très attachées. Un des usages les plus connus est « la reprise du sang » qui encadre la vendetta : un meurtre doit être vengé par le meurtre d’un homme de la famille du coupable. Ce code qui est permet de faire justice soi-même oblige régulièrement des hommes à s’enfermer dans des tours de claustration utilisée comme refuge pour garder la vie sauve car elles sont inviolables. Mais même des années plus tard, en sortir c’est signer son arrêt de mort.

     

    L’actualité rattrape le roman puisqu’un procès s’ouvre aujourd’hui pour juger une filière albanaise et ses 125 prévenus, tous accusés de divers délits et crimes. Et l’on prend la mesure de cette immense et complexe toile d’araignée qui ne respecte aucune règle, aucune loi.

    Michel Claise parvient à mettre toutes ces complexités à la hauteur de ses lecteurs au sein d’une histoire basée sur son expérience de terrain et sa grande connaissance de l’Albanie. En filigrane, il interroge l’Etat sur l’efficacité de la lutte contre la criminalité et l’influence que ces mafieux ont sur notre société.

    Un récit intelligent, passionnant et édifiant.

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 19 Décembre 2023 à 11:55
    Alex-Mot-à-Mots

    Une mafia dont on parle peu.

      • Mardi 26 Décembre 2023 à 17:01

        Oui, trop peu. Mais le hasard veut qu'un procès hors norme a lieu en Belgique en ce moment. Les prévenus, tous Albanais, sont 125, dont plus de 40 sont en prison préventive. Ils doivent répondre de trafic en tout genre, d'extorsion et de séquestration. La teneur du roman.

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