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Darkroom, Mémoires en noirs et blancs, Lila QUINTERO WEAVER
En 1961, Lila a cinq ans, lorsque sa famille quitte l’Argentine pour s’installer à Marion, Alabama où elle découvre la réalité du Sud ségrégationniste.
Lila grandit en même temps que le mouvement des droits civiques prend de l’ampleur. Immigrée, ni noire ni blanche, elle porte un regard perçant sur le racisme ambiant, celui du bon sens de l’enfance.Mon avis :
Darkroom, c’est la chambre noire de Nestor, le père de Lila. Celle où il a développé les photos qu’il prenait de sa famille, de son pays l’Argentine, de l’Alabama et des événements qui ont marqué ceux-ci. A partir de ces instantanés, Lila Quintero Weaver relate ses souvenirs d’enfance et d’adolescence : l’arrivée dans un pays différent, la découverte d’une autre langue et d’autres modes de vie, le regard des gens, et cette habitude, nouvelle pour elle, de classer les hommes selon leur couleur de peau. Se pose alors, pour cette petite fille et ses frère et sœurs la question de l’appartenance à une communauté. Ils ne sont pas noirs mais ne se sentent pas blancs. Comment se définir alors ?
Chacun s’acclimatera plus ou moins bien à la situation, avec sa personnalité, son caractère et les aléas de la vie. Lissy, sa grande sœur n’aura de cesse de s’intégrer et de vouloir ressembler à cette Amérique où elle est née et à laquelle elle s’identifie, leurs parents, bien qu’intellectuels, refuseront ce qu’ils considèrent comme dangereux (la télévision, la nourriture américaine…), même la langue anglaise sera vue comme un obstacle à un retour en Argentine et ils ne la parleront jamais avec leurs enfants. Au point que Lila en aura honte. Lila qui cherchera longtemps sa place dans une société ségrégationniste qu’elle refuse mais où changer les mentalités n’est pas aisé, qu’elles soient blanches ou noires.Ce roman graphique est une plongée dans l’Histoire de l’Alabama de 1961 à 1971 à travers celle d’une famille immigrée. La petite et la grande histoire se mêlent subtilement pour nous dresser le portrait d’une époque et celui de Lila qui se construira à travers elle. Son point de vue d’enfant doublé du recul de l’adulte, quelques années plus tard, donne profondeur et force au récit. Le propos n’est pas de nous compter la ségrégation par le menu, mais de nous la faire comprendre à travers plusieurs faits marquants. Un récit bouleversant et original à la fois.
Les dessins figuratifs réalisés au crayon noir sont superbes ; noirs et blancs comme le peuple américain. Ils enrichissent le propos par leur ligne pure allant à l’essentiel.
Chez le même éditeur, j’avais déjà beaucoup apprécié « Les lumières de Tyr ». Ce roman confirme que Steinkis sait choisir ses scénarios et ses illustrateurs.Un récit remarquable et d’une grande qualité esthétique à conseiller à tous et surtout aux jeunes afin qu’ils découvrent cet épisode de l’Histoire.
Merci à Babelio et aux éditions Steinkis pour cet envoi de la dernière Masse critique.
Tags : Dark room, ségrégation, Argentine, famille, roman graphique, Quintero Weaver
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Commentaires
Pour l'instant je ne suis pas du tout BD (peut-être que ça changera ?), mis à part la célèbre BD belge "Bob et Bobette"
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Tu me donnes très envie de découvrir cette histoire, et j'aime beaucoup le noir et blanc en BD.